27 juin 2021
Non, toutes les punaises ne sont pas ravageuses au jardin ! Certaines se rangent même plutôt parmi les auxiliaires. La petite Deraeocoris ruber par exemple. Pas facile à prononcer. Dommage. Mais puisqu’elle n’a pas de nom populaire à la hauteur de ses mérites…
Il est vrai qu’elle est si petite ! 7-8 mm pas davantage. Et si la femelle, toute rouge orangé, se distingue assez facilement, le mâle passe plus inaperçu avec sa livrée plus ou moins partagée entre noir et orangé selon les individus.
Outre la silhouette allongée qui évoque celles des Lygus, deux points communs d’un sexe l’autre : les antennes dont les deux premiers articles sont épaissis par une fine pilosité et la pointe rouge des élytres.
Assez craintive, la petite punaise se cache à l’arrière d’une tige ou d’une feuille dès que vous approchez. Sinon, au potager, elle patrouille sur les légumes et les fleurs à la recherche de petites mouches, de pucerons et, surtout, de larves de tenthrède. Décidément aussi utile que discrète !
23 juin 2021
On se souvient des foucades de ces Messieurs, l’été dernier, sur la planche des artichauts en fleurs. Les mâles de la Mégachile poignets-laineux (Megachile lagopoda) sont de retour au jardin. Pas de femelle encore à l’horizon. Les bougres n’en sont que plus irascibles !
En attendant les généreux capitules mauves, ils sont quelques prétendants à vouloir s’approprier les touffes de Gaillarde, de Scabieuse et de Gaura. Intolérants entre eux, ils ne supportent pas davantage les autres butineurs. Cela dit, les halictes ne manquent pas de répondant. Les bourdons non plus.
Les kékés reviennent inlassablement à la charge. Pourtant leurs fameux « poignets laineux » n’impressionnent personne. Drôle de coquetterie en vérité que ces tarses avant, élargis, abondamment hérissés de soies blanches !
Un comble. C’est à peine si les trublions prennent le temps de butiner eux-mêmes. Chaque chose en son temps sans doute. D’abord établir et défendre un territoire. En prévision de l’émergence de ces dames.
19 juin 2021
Un long style blanc en émerge. Petite coquetterie : son extrémité bifide semble sortie d’un encrier bleu violacé. Ce même bleu anime la discrète pilosité de chaque faucille.
Sur les solides hampes rameuses, les fleurs s’ordonnent par groupes de trois, au creux de courtes bractées vertes. Dès l’éclosion, c’est d’abord le rendez-vous des syrphes qui viennent y lécher les petits sacs jaunâtres de pollen. Une friandise si joliment mise en scène !
Certains syrphes poussent plus loin la gourmandise. Après tout, le nectar n’est pas si loin. Mais c’est là davantage le domaine des bourdons. Sans oublier la grosse Abeille charpentière. Entre fèves, petits pois et Penstemon, elle est un peu ici chez elle…
15 juin 2021
Rassemblées en petites têtes un peu lâches, les minuscules corolles s’animent de deux lèvres blanc rosé. L’une, trilobée, retient l’attention des butineurs. L’autre forme un auvent protecteur à l’entrée du long tube nectarifère..
Comme l’abeille domestique, le Fadet commun, le Bombyle noir ou le Bourdon terrestre ne se posent pas de question. Le nectar, c’est tout au fond, entre les deux lèvres ! Étamines ou style bifide n’y font guère obstacle. L’essentiel n’est-il pas que le pollen profite du remue-ménage pour se diffuser d’une corolle l’autre ?
Comme celles de la sarriette, les fleurs de thym perdent tout intérêt culinaire à la cuisson. Mieux vaut les parsemer, fraîches, au moment du dressage. Pour parfumer délicatement grillades et salades.
12 juin 2029
Il est parfois des réputations surfaites. Surtout quand le marketing des créateurs de variétés florales s’en mêle ! Il faut cependant bien avouer que la Scabieuse colombaire (Sciabiosa columbaria) semble bénéficier d’un sacré magnétisme auprès des papillons !
Ils ne sont pas les seuls. Les abeilles sauvages aussi en apprécient le nectar. À commencer par l’Halicte de la Scabieuse. Évidemment. Elle est facile à reconnaître avec ses doubles bandes abdominales. Jaune d’or et jaune vanillé. Sa langue est suffisamment longue pour aller puiser au fond des petites corolles tubulaires.
À ce jeu-là, pas de difficulté naturellement pour la trompe des papillons ! Ils s’y attardent longuement. Imaginez… Des dizaines de puits de nectar à visiter. Serrer les uns contre les autres. Dans une profusion de fanfreluches. Surtout en périphérie où les lobes des petites fleurs s’allongent et virevoltent comme les dentelles bouillonnantes d’un jupon bleu-lilas.
10 juin 2021
Dans la trilogie sucrée des allées du jardin, après le Petit trèfle jaune et le Trèfle violet, voici venu le temps du Trèfle blanc (Trifolium repens). On l’appelle également le Trèfle rampant mais n’est-ce pas le propre de tous les trèfles que de ramper ? Et c’est ainsi que les cousins composent aujourd’hui un tapis toujours vert et moelleux entre les planches cultivées.
La cohabitation des trois se passe plutôt bien avec des floraisons successives qui font le régal des butineurs. La dominante des allées est actuellement plutôt blanche. Nuancée de rose ici et là.
Une multitude de petites têtes rondes se partagent les faveurs des abeilles, des bourdons, des syrphes et des papillons. À ce rythme-là, les minuscules fleurs blanches à l’étendard fièrement dressé ne tardent pas à être fécondées. Elles fléchissent alors, invitant les visiteurs à se concentrer, palier après palier, sur les étages supérieurs.
Naturellement, il faut attendre que toutes soient fanées pour passer la tondeuse. Assez haute pour ne pas rogner le tapis. De quoi stimuler de nouvelles floraisons. Surtout s’il pleut.
8 juin 2021
Même silhouette fuselée, même vivacité que son cousin le Moro sphinx. Mais les ailes du Sphinx gazé (Hemaris fusiformis) sont transparentes et bordées de rouge-sang. Blanchâtre en face ventrale, l’épaisse fourrure ébouriffée est ceinte d’une large ceinture brun-rouge. Sans oublier le toupet de poils noirs à la pointe de l’abdomen !
La composition de la face dorsale est identique avec une dominante olivâtre. Ce vert brun mat se diffuse sur la naissance des ailes et vient coiffer une petite ronde dominée par deux solides antennes noires en forme de massue.
Champion du vol stationnaire, il aborde ici une fleur de Sauge des bois. La longue trompe coudée va s’insinuer entre les deux lèvres bleu violacé avec une précision millimétrique. Une goutte de nectar sans même poser les pattes ! Et le voilà qui passe déjà à une fleur voisine. Puis une autre. Avant de disparaitre comme il est venu. Comme par enchantement.
5 juin 2021
On ne risque pas de la confondre avec la commune Sauge des prés (Salva pratensis). Même si, de prime abord, la Sauge des bois (Salvia nemorosa) lui ressemble un peu. Mais les solides tiges de la seconde ne sont pas ramifiées. Pas de toucher poisseux non plus. Par contre, ses étroites feuilles lancéolées, joliment gaufrées, dégagent une forte odeur aromatique. Un simple effleurement suffit.
Par étages successifs, ses petites fleurs vont par quatre. Perpendiculairement ordonnées autour de la tige à section carrée. D’un bleu soutenu, tirant sur le violet, elles sont fidèles à la tradition des sauges. Labiacées donc, avec une large lèvre inférieure trilobée pour accueillir les butineurs. Et, juste au-dessus, une lèvre repliée en forme de faucille pour abriter les étamines. L’extrémité bifide du style unique en émerge, prête à caresser la fourrure poudrée de pollen ici du petit Bourdon des prés. Les sauges font décidément merveille au jardin !
4 juin 2021
Le papillon frelon ! Parmi les noms vernaculaires de la Grande sésie du peuplier (Sesia apiformis), celui-ci a le mérite d’être imagé sans trahir la réalité. Car, comme toutes les sésies, il s’agit bien d’un papillon. Mais, noir, jaune et roux, elle ressemble en effet à un gros hyménoptère. Y compris par son vol lourd et bruyant. Est-il besoin de préciser qu’elle ne pique pas ?
Un long et épais abdomen cerclé de jaune, cantonné de petites ailes transparentes aux solides nervures rousses : le corps est finement velu, jusque sur les pattes et la face. Sans oublier le petit toupet de la pointe abdominal.
En ce début juin, c’est la saison des amours. L’accouplement a lieu tête-bêche et c’est Madame qui mène la danse ! Le petit Monsieur ne peut pas faire autrement que de suivre le mouvement, parmi les herbes, au pied des peupliers du jardin. Les larves grignoteront l’écorce avant d’y creuser des excavations puis de pénétrer dans le bois où elles séjourneront jusqu’à la nymphose du prochain printemps.
3 juin 2021
Mieux que les coccinelles, les syrphes et les téléphores ! Moins connue du jardinier et pourtant… Ce n’est pas pour rien que la Chrysope commune (Chrysopa perla) est parfois appelée le Lion des pucerons. Si vous avez la chance de l’apercevoir, surtout faites-lui bon accueil.
Transparentes, quadrillées de solides nervures noires, les longues et larges ailes ne cachent rien d’une silhouette fusiforme à la dominante bleu vert tachée de noir. À peine perceptible sur la végétation printanière. Les yeux sont dorés ? En effet. Reste que la tête est bien trop petite pour qu’ils attirent l’attention !
Une petite tête dont on perçoit toutefois, en s’y attendant un peu, les puissantes mandibules. Les armes du lion. Mais si la Chrysope est carnivore, ses larves ne le sont pas moins. Elles chassent prioritairement les pucerons et, bonnes filles, ne rechignent pas devant trips, acariens, aleurodes, petites chenilles et autres ravageurs.
1 juin 2021
La floraison du Cerfeuil des bois s’achève au bord du halage. Place à une modeste ombellifère inféodée aux zones humides. L’Œnanthe de Lachenal (Œnanthe lachenalii) dont les tiges ramifiées, un peu lâches, sont actuellement malmenées par la pluie et le vent.
Cela dit, même rabattues parmi les graminées, les petites ombelles blanches au cœur parfois rosé ne manquent pas de charme. De minuscules coroles. Cinq pétales ronds. Plus longs et échancrés en périphérie. Cinq étamines, deux styles dressés. Et un généreux nectar facilement accessible… Pas étonnant que les butineurs y soient nombreux !
Cela dit, comme tous les membres de la famille, l’Œnanthe de Lachenal est à prendre avec des pincettes. Racines charnues, tiges creuses cannelées, feuillage gracile, ombellules florales puis fructifères… Tout chez la belle est toxique. Et pourtant, abeilles, mouches, guêpes, tenthrèdes, mêmes coléoptères et papillons ne s’en souviennent guère. Ont-ils trouvé l’antidote ?
30 mai 2021
Une superbe petite guêpe. Car il s’agit bien d’une guêpe ! Très loin du noir et jaune habituel. Dans la famille Chryside, on arbore plutôt le vert et le rouge. Parfois le bleu, l’or ou le cuivré. Toujours avec des reflets métalliques caractéristiques et une fine ponctuation. Ici ce pourrait être la Chryside enflammée (Chrysis ignita). Le distinguo est affaire de spécialistes, mais, va pour l’Enflammée, puisqu’il s’agit de la plus commune.
Le vert métallique, mâtiné de bleu, envahit toute la partie avant, thorax et tête, mais aussi les pattes et la face ventrale de l’abdomen. Sur sa face dorsale, celui-ci compte seulement trois larges tergites. Les deux premiers d’un éclatant rouge mordoré, le troisième taché de noir.
Comme toutes les autres Chrysides, c’est une « guêpe coucou ». Si certains membres de la famille sont spécialisés, elle semble plus éclectique. Avec le même mode opératoire. La femelle pond dans le nid d’une guêpe ou d’une abeille maçonne. Ses larves s’y développent aux dépens des occupantes. En s’efforçant de les garder vivantes le plus longtemps possible. Et, pendant ce temps là, l’Enflammée butine…
29 Mai 2021
Il semble avoir une prédilection pour les fleurs jaunes. Alors, évidemment, en ce début mai, au jardin comme dans les prairies alentour, ce sont les boutons-d’or qui ont sa préférence. La fine silhouette allongée du Calameute pygmée (Calameuta pygmaea) s’y détache avec délicatesse.
Vue du dessus, la dominante est d’un noir bien franc et luisant. Ailes, thorax, pattes, tête et longues antennes épaissies en forme de massue à l’extrémité. Et pourtant, c’est son long et lumineux abdomen orange qui le caractérise le mieux. D’autant qu’il dépasse franchement des ailes et, surtout, que le Calameute n’hésite pas à le relever pour plonger vers la source de nectar !
Apparaît alors l’ovipositeur pointé de noir, une sorte de « scie » avec laquelle les femelles perforent les tiges de graminées ou de céréales pour y déposer leurs œufs. À l’origine, c’est là une espèce typiquement méditerranéenne. Mais, depuis quelques années, elle remonte vers le nord. Et la voilà dans le Marais poitevin.
26 mai 2021
Si vous voulez faire plaisir aux bourdons, particulièrement aux Bourdons des champs, offrez-leur une Sauge de Jérusalem (Phlomis fructicosa) ! Comme toujours avec les sauges, le nectar y est abondant. Mais il se mérite ! Un jeu d’enfant cependant pour les bourdons qui ont tôt fait d’en découvrir le sésame.
Ce n’est pourtant pas si simple en l’occurrence. Car, s’épanouissant en couronnes successives, les fleurs reposent sur la « boule » compacte des couronnes suivantes encore en boutons. De sorte que chaque lèvre inférieure, jaune d’or, a une mobilité toute relative. D’ordinaire, en y atterrissant, les butineurs ont déjà à moitié ouvert la porte vers le tube nectarifère. Là, rien ne se passe encore. Il faut soulever franchement l’étroit « casque » jaune pâle pour accéder au Saint des Saints !
Ce faisant, le bourdon fait mécaniquement tomber les quatre étamines et le style unique qui s’y abritent. Ainsi, au fil des passages, le pollen se diffuse d’une fleur l’autre… En attendant, gare ! Une araignée-crabe (petit mâle) est postée sur la fleur suivante. Pour elle aussi la Sauge de Jérusalem est une bénédiction.
25 mai 2021
Dans la famille Carabe, on est plutôt carnivore. Une chasse généralement nocturne de larves en tous genres, de chenilles, de limaces et d’escargots. Le Diachrome allemand (Diachomus germanus) fait donc exception. Mais, pour être végétarien, il n’en est pas moins bon auxiliaire au jardin !
Son truc à lui, ce n’est pas la sève, les racines, les feuilles ou les fleurs. Mais les graines. De préférence avant maturité. C’est pourquoi, en ce début de printemps, on le rencontre sur les premières ombellifères des bords de chemin où les graines encore vertes commencent à être légion. Sinon, le Diachrome allemand fréquente évidemment les graminées des prairies.
Excellent marcheur, il patrouille aussi au sol, y compris au jardin, et fouille la terre en quête de graines superficielles dispersées par le vent ou les oiseaux. Par là, il limite la prolifération des plantes adventices, venues d’on ne sait où et dont la spontanéité finit par faire concurrence aux cultures potagères.
22 mai 2021
Encore un hôte du jardin sans nom vernaculaire. Va donc pour son appellation latine. Ectemnius continuus punctatus. Excusez du peu. Comme toutes les petites guêpes du genre Ectemnius, elle creuse son nid dans le bois mort. Pour y installer sa progéniture qu’elle approvisionne avec quantité de petits syrphes.
Elle se distingue notamment par ses tarses noirs et ses tibias nettement jaunes. Par ailleurs, sur fond noir, le jaune intervient parcimonieusement. Au premier article basal des antennes, par petites touches sur le pourtour du thorax et sur l’abdomen naturellement. Encore que les bandes y soient discontinues, le troisième segment en étant même dépourvu. Enfin, comme le souligne son qualificatif latin, le thorax velu est finement ponctué.
Ici sur une ombelle d’Œnanthe de Lachenal (Œnanthe lachenalii) qu’elle butine assidument, voilà une charmante petite guêpe… qui n’est pas forcément bienvenue au jardin. Au regard de sa consommation de syrphes - une dizaine par larve, soit une centaine par nid - ce n’est pas vraiment un insecte auxiliaire !
21 Mai 2021
Encore un papillon réputé « de nuit » dont on peut facilement faire la rencontre sous le soleil. Et pas seulement en cas de malencontreux dérangement ! La Goutte d’argent (Macdunnoughia confusa), alias la Confuse, vole et butine volontiers le jour. Elle semble particulièrement apprécier ici le nectar du Lychnis fleur de coucou. Au point de se laisser approcher au plus près…
Pas trop quand même ! La voilà qui se cache alors parmi les herbes, accrochée à une tige de grateron. L’occasion d’apercevoir la fourrure fauve de son revers. Une silhouette trapue et de grands yeux rouges.
Ce n’est évidemment pas sous cet angle que la Confuse a acquis sa réputation. Avec mille-et-une nuances de brun, auxquelles se mêlent gris bleuté et rouille, l’avers se distingue surtout par une étrange tache blanche aux antérieures. Comme une coulure laiteuse. D’autant plus lumineuse qu’elle intervient sur un fond crépusculaire. La fameuse goutte d’argent !
19 mai 2021
Car celle-ci ne vole pas. Ni ailes, ni élytres. Petites pattes et petites antennes, elle a plus de la larve que du coléoptère. Mystères de l’amour, l’accouplement a lieu actuellement pour une ponte avant l’été.
Commence alors une longue vie de squatteur dont profite, sans le savoir, le jardinier ! Car chaque larve du Panache jaune s’attaque bientôt au premier petit escargot venu. Pour le dévorer et s’installer dans sa coquille. À chaque mue, un escargot plus gros. Le cycle peut durer 3 à 4 ans. Et quoi de plus confortable qu’une coquille vide, sous la litière de feuilles mortes, pour passer l’hiver ?
18 mai 2021
Malgré sa petite taille, 7-9 mm, elle ne passe pas inaperçue. Surtout sous le soleil. La Chloromyie agréable (Chloromyia formosa) ne tient pas son nom de son comportement il est vrai tranquille. Elle est avant tout agréable à l’œil. Pour peu qu’on s’y arrête un peu.
Au repos, les ailes brun clair sont le plus souvent repliées sur l’abdomen. Comme pour mieux attirer l’attention sur le thorax. Vert bronze métallique. Deux petits pincements latéraux y donnent, avec la suture du scutellum, vert lui aussi, une allure de masque énigmatique.
Finement velus, les grands yeux n’en sont pas moins à l’unisson de ce look rutilant. Jointifs, ils indiquent ici un mâle dont l’éclatant abdomen, tout aussi métallique, hésite entre doré et cuivré. Les femelles sont en tous points identiques, sauf les yeux écartés et l’abdomen bleuté.
Active butineuse, familière des milieux boisés, plutôt humides, cette petite mouche abandonne sa progéniture sur le bois mort et le couvert de feuilles mortes. Les larves participent ainsi à l’élaboration de l’humus du sol.
16 mai 2021
Son cousin, le petit Téléphore fauve, grand amateur de pucerons, est familier du jardin où il patrouille parfois en grand nombre à la belle saison. De plus grande taille, un bon centimètre et demi, le Téléphore moine (Cantharis rustica) est tout aussi utile. Et ses larves davantage encore !
En ce début de printemps, noir mâtiné de rouge, avec un petit cœur au centre du pronotum, on le rencontre surtout sur les ombellifères, notamment celles du Cerfeuil des bois. Il s’y gave de nectar, mais - également carnivore - il n’hésite pas à croquer les petits insectes de rencontre. Notamment les chenilles.
Sa progéniture se développe au sol. On aimerait lui montrer le chemin du potager. Et plus particulièrement celui des semis de salades, de carottes et de radis. Car si elle fait son ordinaire de petits insectes et larves en tous genres, elle a surtout un péché mignon : les petites limaces et les escargots !
14 mai 2021
Même comportement que sa cousine, la petite Tenthrède de la ronce (Arge cyanocrocea), mais un physique très différent. Active butineuse, la Tenthrède rustique (Macrophya montana) apprécie ainsi les ombellifères du printemps. Notamment le Cerfeuil des bois. Et, pour installer sa progéniture, elle privilégie actuellement la végétation naissante des haies et des fourrés. Particulièrement la ronce.
La comparaison s’arrête là. Car, avec une silhouette plus allongée, la dominante ici est noire rehaussée de jaune vif. Par petites touches autour du scutellum, sur les pattes et, par bandes transversales, à l’avant puis à l’arrière de l’abdomen.
Du moins pour la femelle. Car le mâle est presque entièrement noir. À l’exception des pattes avant et médianes très pâles. Et d’une petite coquetterie aux pattes arrière : une tache blanche sur les tarses avec un discret rappel à l’extrémité des tibias.
En ce début de printemps, ces Messieurs vont et viennent, d’une ombelle l’autre, le long du halage. Chamaillerie garantie lorsque survient une belle. Jusqu’à ce qu’elle choisisse. Ou pas. C’est alors reparti pour un tour.
12 mai 2019
Ni guêpe ni abeille. Les tenthrèdes n’ont d’ailleurs pas de « pincement » entre abdomen et thorax. Elles ne chassent pas pour nourrir leur progéniture. Ni ne l’approvisionne en pollen et nectar ! Les femelles pondent plus simplement au revers des feuilles. Et les larves - aux allures de petites chenilles - en feront leur affaire… Est-il besoin de préciser sur quelles feuilles la Tenthrède de la ronce jette son dévolu ?
Moins à craindre donc au potager que ses cousines défoliatrices de l’oseille, du rosier, du groseillier ou de la rave ! On aurait presque envie de l’encourager pour limiter l’envahissement de la volubile sauvageonne dans les haies du jardin.
Pour l’heure, tout juste émergée, elle prend des forces en sirotant le nectar des premières ombellifères. Toute petite, moins d’un centimètre, elle est facile à reconnaitre avec ses solides antennes, et, surtout, sa livrée bicolore. Noire et orangée. Jusque sur les pattes et les ailes !
11 mai 2021
Avec pareils attributs, des antennes plus longues que le corps, on songe à l’Eucère longicorne (Eucera longicornis) déjà rencontrée au jardin voilà un an sur une fleur de pommier. Pourtant, ici, pas de pourpoint roux. Mais une fourrure plutôt grisâtre, sur le thorax et les premiers segments de l’abdomen. Alors ? Par prudence, on l’appellera simplement Eucère sp.
Dans la famille, ce sont les mâles qui sont ainsi « encornés ». Ils patrouillent actuellement au jardin autour des fleurs de Trèfle des prés. Peu amènes, ils se font la chasse les uns les autres. Chacun son territoire. En attendant l’émergence des femelles ! En ce tout début mai, cela ne devrait plus tarder.
Et pendant ce temps-là, l’Ophrys abeille (Ophrys apifera) commence à fleurir ici et là. C’est le bon moment. La petite orchidée sauvage profitera de l’impatience de ces messieurs. Les coroles, il est vrai, sont si joliment trompeuses ! Et le pollen passera d’une fleur l’autre au gré de ces pseudo-copulations.
9 mai 2021
On a déjà vu un de ses cousins, le Chrysotoxe intermédiaire, sur les fleurs du jardin. Un syrphe de taille respectable. Près d’un centimètre et demi. Le Chrysotoxe prudent (Chrysotoxum cautum) présente la même allure de guêpe. Avec rayures et taches jaunes sur fond noir, ailes ambrées et longues antennes dressées à l’avant. Jusqu’à la face triangulaire jaune, barrée de noir, à l’image d’un clypéus et de solides mandibules. Belle illusion !
Comment le distinguer de son cousin ? Des ailes moins contrastées. Le jaune du scutellum réduit à un simple liseré. Des fémurs orangés à la naissance noire. Et les antennes un peu moins longues. Surtout le troisième article.
Au-delà de ce distinguo, voilà à nouveau un syrphe utile au potager. Fidèles à la tradition familiale, les larves du Chrysotoxe prudent sont en effet à la fois terricoles et amatrices de pucerons. Ceux notamment des carottes, mais aussi des racines du chou, des laitues et des haricots !
7 mai 2021
Il manquait assurément à cette chronique. Encore fallait-il être là au bon moment, lors d’un de ses discrets passages au jardin ! Car, paradoxalement, le Grand Damier, alias la Mélitée des centaurées (Melitaea phoebe), n’est pas du genre m’as-tu-vu, malgré ses couleurs à la fois vives et chaudes.
Dans un quadrillage noir assez serré, le dessus des ailes alterne ainsi les lignes de « cases » orangées, jaunes ou fauves. Les formes en sont diverses, du rectangle au carré, en passant par pastilles et surtout lunules à la marge.
Le revers des postérieures est très différent. Sur fond fauve clair, on distingue notamment une ligne courbe caractéristique de grosses lunules jaunes pointées de rouge orangé.
Débusqué presque par hasard, au petit matin, tapi dans la végétation basse des parties enherbées du jardin, le Grand damier n’est pas parti bien loin. Au pied d’une haie, il a trouvé à la fois refuge et nectar, au raz du sol, parmi les herbes, auprès d’une petite colonie de Gléchome lierre terrestre.
6 mai 2021
Il suffit de se promener actuellement dans une prairie pour l’apercevoir voleter parmi les déjà hautes herbes. La Phalène picotée (Ematurga atomaria) démarre in extrémis, presque sous vos pas, pour aller se cacher un peu plus loin. Plutôt au raz du sol, à l’arrière d’une feuille de rumex ou sous le couvert d’une touffe de graminée.
Il ou elle ? Une fois n’est pas coutume, les deux sexes sont faciles à distinguer. Monsieur présente ainsi une livrée dorée, piquetée de brun et parcourue d’ondes transversales brunes. Il arbore surtout de superbes antennes en forme de peigne. Madame est plus sobre. Même décor ondoyant et moucheté sur un fond plutôt grisâtre. Et des antennes simplement filiformes.
Très fréquente en cette saison, la Phalène picotée passe parfois par le jardin. Y compris le jour. Aucun risque pour le potager. Ses chenilles préfèrent la végétation des champs. En particulier le lotier.
C’est la pleine saison du Cerfeuil sauvage, alias le Cerfeuil des bois (Anthriscus sylvestris), aux bords des chemins et le long du halage. La première ombellifère du printemps. Il n’a certes pas la prestance de la Grande berce. Ni l’enivrant parfum de la Reine-des-prés. Mais quel succès auprès des butineurs !
Nectar et pollen sont en effet très faciles d’accès. L’Éristale des arbustes, ici, comme sa cousine l’Éristale des fleurs, y ont leurs habitudes. Et, à l’occasion, même le grand Machaon ne résiste pas à la tentation. Quand à la Punaise Arlequin, elle est là un peu chez elle. Parfois en importantes colonies, elle est notamment très friande de la sève du cerfeuil. Et plus encore, bientôt, de ses petites graines encore vertes.
Pour l’heure, à défaut d’être dense, la floraison laiteuse fait ce qu’elle peut pour retenir l’attention. Chaque inflorescence est subdivisée en une quinzaine d’ombellules satellites chacune portant une dizaine de petites fleurs. Et, pour faire bonne mesure, les pétales périphériques sont deux fois plus gros !
4 mai 2021
Pas de pluie depuis bientôt deux mois. Ou si peu. Le syndrome du paillasson menace le jardin ! Heureusement, même quand le sol commence à craqueler, pour le nectar, on peut toujours compter sur le Trèfle des prés (Trifolium pratense), alias le Trèfle violet. La Trifa comme on dit ici en Poitou.
Il rampe dans les allées du jardin avec deux cousins. Le Petit trèfle jaune (trifolium dublium) et le Trèfle blanc (Trifolium repens) plus tardif. Oh certes, il peut, comme ses deux comparses, vite devenir envahissant si l’on y prend garde. Mais le jeu en vaut la chandelle.
Pour une abondante source printanière de nectar dont raffolent les bourdons. Mais aussi l’Anthophore aux pattes plumeuses. Et pour le plaisir d’allées qui restent vertes malgré la sècheresse et les piétinements. Cela dit, même si le trèfle développe de très longues racines capables d’aller chercher l’eau en profondeur, il peut pleuvoir. Et plutôt deux fois qu’une !
2 mai 2021
Dans la grande famille des Argus, c’est un des rares à ne présenter aucune trace de bleu. Ni chez le mâle, ni chez la femelle. Les deux sexes de l’Argus brun (Aricia agestis) arborent ainsi semblablement des avers brun foncé, marqués d’un tiret noir au centre des antérieures.
Cette dominante sombre met d’autant mieux en valeur le chapelet de vives taches orangées en marge des quatre ailes. D’où le surnom de ce discret petit papillon : le Collier de corail.
Le revers est moins contrasté. Notamment les lignes marginales de taches orangées, plutôt pâles sur un fond fauve clair. Avec — marque de fabrique des Argus — un semis de petites taches noires cerclées de blanc. Comme autant de petits yeux.
Si les deux sexes sont semblables, peut-être s’agit-il ici d’une femelle. Elle semble en effet inspecter une des plantes hôtes de l’espèce. Une solide touffe de Géranium découpé. Un feuillage assez fourni, bien vert. Excellent garde-manger pour les chenilles de la génération estivale.
2 mai 2021
Deux formes bien distinctes pour une même espèce. L’une claire, l’autre sombre. La Mouche des narcisses (Merodon equestris) se donne ici et là des allures de bourdons. Robe rousse et fauve pour le Bourdon des champs. Dominante noire, rehaussée d’un collier jaunâtre et d’un « cul roux » pour le Bourdon des prés.
Les deux formes cohabitent actuellement sur la sarriette en fleurs. Et ce n’est pas forcément bon signe de les voir prendre leurs aises au jardin. Car si l’une est l’autre sont d’excellents butineurs, leurs larves sont autrement redoutables !
La ponte a lieu en fin de printemps sur la hampe ou le feuillage desséché des narcisses, des tulipes ou du lys. Les larves n’ont plus qu’à descendre jusqu’aux bulbes. Pour y creuser des galeries, s’y installer et s’en nourrir. Raison de plus pour déterrer les bulbes en début d’été, les inspecter, éliminer ceux qui sont « habités » et stocker au sec les plus sains. Avant leur replantation automnale.
1 mai 2021
Avec son allure de petite guêpe et malgré son nom, le Clyte bélier (Clytus arietis) n’a rien de téméraire. Attablé ici sur une pâquerette, tant pis pour le nectar et le pollen à la moindre alerte ! Il se tourne alors vivement vers les pétales blancs, grimpe un peu et prend son envol…
La silhouette allongée, ce petit coléoptère dépasse tout juste le centimètre. Hors antennes. Sur fond noir, il se distingue par une série de lignes jaunes. Fines à l’avant comme à l’arrière du thorax. Plus larges sur les élytres. La seconde retient particulièrement l’attention : deux épaisses « virgules » y forment un V inversé lorsque les élytres sont fermés.
Le Clyte bélier se nourrit tout le printemps, de fleur en fleur, pour disparaitre en juillet. Non sans avoir installé ses futures larves dans quelque tas de buches, une vieille souche ou une branche mal en point. Elles participent ainsi, au jardin comme ailleurs, à la décomposition des bois morts.
30 avril 2021
Voilà déjà un mois et demi que les premiers butineurs ont émergé au jardin. Abeilles sauvages, syrphes et bourdons. Puis papillons. Heureusement, il y avait les fleurs sauvages pour les accueillir. Les arbres des haies et du verger ont progressivement pris le relai. Et maintenant les premiers légumes.
À commencer par les fèves. Avec une généreuse floraison, en rangs serrés à l’aisselle des feuilles. Même si, à première vue, le fonctionnement de ces drôles de fleurs n’est pas évident. Et pourtant…
Il suffit de relever la large « casquette » blanche veinée de brun. En poussant avec la tête. Puis d’appuyer avec les pattes sur la piste d’atterrissage marquée de deux gros points noirs. Et voilà ! Le Saint des Saints s’ouvre comme par magie. Il n’y a qu’à se servir. Le nectar est tout au fond. Au passage et à leur insu, les butineurs diffusent le pollen d’une fleur à l’autre. Les févettes, c’est pour bientôt.
29 avril 2021
Simple question de calendrier. La Mouche de Saint-Marc (Bibio marci) tient son nom de la date approximative de son émergence printanière. Vers le 25 avril donc. Elle fréquente les milieux plutôt humides, bois et prairies mais aussi les jardins.
On la reconnait sans peine. Notamment à son vol maladroit. Et à son look sans pareil. Entièrement noire, velue, le thorax proéminent, avec des ailes fumées et de gros yeux rapprochés comme ici chez les mâles. Plus petits et disjoints chez la femelle.
Terricoles, ses larves apprécient les sols riches en matières organiques. Grégaires, elles peuvent causer des dégâts sur les racines du potager. C’est le revers des apports réguliers de fumier que la femelle a tôt fait de repérer pour installer sa progéniture.
À ne pas confondre avec l’Empis marqueté (Empis tessellata) : si la silhouette bossue est comparable, la dominante est plus grisâtre, avec un thorax rayé, des yeux rouges et des reflets roux aux ailes. C’est surtout un précieux auxiliaire, butineur autant que grand consommateur d’insectes. Notamment de moustiques.
27 avril 2021
ce ne sont pas les chatons proprement dits qui les intéressent. Plutôt les écailles de leurs bourgeons.
Des petits fuseaux jaune-vert, recouverts d’une sorte de crème rougeâtre, luisante et collante. Une résine patiemment collectée à coup de mandibules et façonnée en petites boulettes brun-rouge que chaque abeille transportera sur ses pattes arrière jusqu’à la ruche.
La collecte commence assez tôt au printemps, directement sur l’arbre, puis au sol actuellement avec les écailles des chatons femelles, les derniers dispersés par le vent après fécondation.
Mêlée à de la salive et de la cire, la résine deviendra propolis. De quoi tapisser et aseptiser la maison commune. On a peine à imaginer, quand on l’achète brut ou en produits dérivés chez un apiculteur, que tout commence par la minutieuse récupération et le recyclage d’un déchet végétal !
26 Avril 2021
Avec un peu de soleil, sa livrée parait moins tristounette. Dans une dominante brun grisâtre, le Point de Hongrie (Erynnis tages) présente alors un sobre décor chiné aux antérieures. Ces bandes alternativement sombres et claires sont toutefois assez brouillonnes. Les spécialistes de la broderie — dont ce discret petit papillon tire son nom — apprécieront !
Un avers brun tacheté, plus ou moins délavé, voilà la marque de fabrique de la famille des Hespéries. Avec de subtiles différences d’une espèce à l’autre. Il se distingue ici par une ligne marginale de petits points blancs. Y compris aux postérieures sur un fond brun quasi uniforme.
Au raz du sol où il butine les petites fleurs mauves du Gléchome Lierre terrestre, le Point de Hongrie se remarque à peine. Gare à ne pas le déranger. Car, avec son vol rapide et ses brusques changements de direction, il aura tôt fait d’échapper à votre regard.
24 avril 2021
Elle est ici sur une feuille de Rumex. Son péché mignon. Mieux vaut ainsi voir la Corée marginée (Coreus marginatus) sur l’oseille sauvage que sur celle du jardin. D’autant qu’elle ne tarderait pas à trouver une autre de ses gourmandises : la rhubarbe ! Cela dit, les dégâts seront négligeables, la piqueuse-suceuse vit en solitaire ou en petit nombre.
En cas d’invasion, la collecte est assez facile tant la grande punaise brune est peu farouche. Il suffit alors de l’inviter à aller voir ailleurs. Au bord des chemins ou sur une prairie humide alentour.
La Corée marginée ressemble un peu à la Punaise des noisettes rencontrée voilà quelques jours sur un pommier du jardin. Elle est cependant plus foncée et la pointe de ses antennes orangées est noire. Mais c’est surtout son abdomen qui retient l’attention. Plat, largement débordant, il forme une marge ovale et festonnée sur les côtés des élytres et de la pointe des ailes. D’où son nom.
22 avril 2021
C’est sans nul doute le plus petit bourdon du jardin. Même la reine du Bourdon des prés (Bombus pratorum) peine à friser le centime et demi ! Cela ne l’empêche pas d’être très précoce. On la voit ainsi chaque année, dès fin février, début mars, au rendez-vous du romarin en fleurs. Les pattes arrière chargées de pollen.
Les premières colonies sont maintenant fondées. Et voici les ouvrières qui émergent… Plus riquiqui encore. Moins d’un centimètre assurément. D’autant qu’elles ont l’habitude de butiner avec l’abdomen ramené vers l’avant. Une petite boule de poils !
La dominante est noire, avec un collier jaune vif aux épaules et un large toupet roux sur l’arrière-train. À ne pas confondre avec les petites ouvrières du Bourdon des saussaies. Voire du Bourdon terrestre. Celles-ci sont presque aussi mini et tout aussi actives actuellement. Mais le collier jaune est plus terne. Avec une ceinture à l’avenant. Et surtout, pas de toupet roux ; juste le « cul blanc ».
20 Avril 2021
Elle est moins flamboyante que sa cousine l’Osmie cornue (Osmia cornuta) dont l’abdomen rouge-brique tranche sur un thorax d’un noir bien franc. Également plus petite (surtout le mâle qui frise tout juste le centimètre), l’Osmie rousse commune (Osmia bicornis) n’en est pas moins aussi hyperactive au jardin.
Les fleurs des pruneliers puis des pruniers sont passées. Celles des poiriers également. Heureusement, en attendant l’aubépine et le cornouiller sanguin des haies, voici les pommiers !
Le gel du début avril n’en a pas eu raison. Des milliers de fleurs blanches nuancées de rose. De quoi donner le tournis à l’Osmie rousse commune. Elle ne tient pas en place. À peine posée, aussitôt repartie. Comme si elle avait peur de manquer !
Sa robe toute en nuances mêle brun et fauve au thorax. Puis, rythmé de bandes de fourrures jaune-orangé sur les premiers segments, l’abdomen s’achève sur une sobre plage noire. Sans oublier la brosse ventrale orangée, indispensable à la collecte du pollen.
19 avril 2021
Nos amis anglais l’appellent le Syrphe des marais. Comme toutes les mouches de son genre, l’Hélophile suspendu (Helophilus pendulus) apprécie en effet les prairies humides. Il y installe ses larves, dans les eaux chargées de matières organiques des baisses ou des fossés envasés. Cela dit, devenu adulte, foin des flaques croupies ! C’est un butineur raffiné qui apprécie nectar et pollen autant que les bains de soleil… Les uns n’empêchent d’ailleurs pas l’autre pour cet incorrigible adepte du farniente. Le voici sur un des pommiers en fleurs du jardin. Sa superbe livrée le distingue sans risque de confusion. Avec un thorax noir barré de gris et, surtout, un élégant jeu de taches jaunes abdominales. Sur fond noir, le jaune d’or s’y mêle au beige et à l’orangé. Enfin, en bon syrphe, c’est un virtuose du vol stationnaire. Au point, d’où son qualificatif vernaculaire, de paraitre « suspendu » dans les airs. Pour mieux sélectionner sa piste d’atterrissage. Pas question de laisser le butinage au hasard. Ni la sieste.
16 avril 2021
S’il est des accouplements furtifs, comme ceux de l’abeille Anthidie par exemple, c’est loin d’être le cas pour le Gonocère, alias la Punaise des noisettes (Gonocerus acuteangulatus) ! Ces deux-là sont restés accolés des heures durant, immobiles ou presque, au creux d’une fleur de pommier…
Pas de quoi troubler la petite Osmie cornue. Excusez le dérangement, M’sieur dame ! Juste le temps de siroter une ou deux gouttes de nectar. Et la voilà déjà partie. Les deux tourtereaux n’ont pas eu le temps de broncher.
Un peu comme la Grande tortue, toute proportion gardée, la Punaise des noisettes passe l’hiver à l’état adulte sous la litière de feuilles mortes. Elle se réveille au printemps et ne tarde pas à s’accoupler. Pour bientôt mourir. La nouvelle génération apparait au cours de l’été. Les noisettes sont alors jeunes et vertes. Faciles à percer donc pour le rostre du Gonocère qui se délecte des amandes tendres et juteuses.
15 avril 2021
On a beau aimer les grandes ombelles, comme celles de l’Angélique qui pousse tout à côté, il faut bien se résoudre à choisir… Mais, à vrai dire, avec quelques savoureuses tartes à la rhubarbe dans la balance, il n’y a pas photo !
C’est donc maintenant qu’il faut opérer. En ce tout début de printemps, la vielle souche sort de sa longue léthargie hivernale. Quelques feuilles tirebouchonnées, déjà de belle taille, commencent à se déployer. Et, au beau milieu, deux solides hampes prennent leur élan. Elles mettent les bouchées doubles. À ce rythme-là, elles friseront les deux mètres avant l’été. Quitte à épuiser la souche et compromettre la vigueur des feuilles. Avec des côtes riquiqui à la clé.
Mieux vaut sans tarder y couper court. Tant pis pour les fleurs. Mais l’énergie ainsi économisée se reportera sur les pétioles qui n’en seront que plus épais, fermes et charnus. Rendez-vous bientôt pour une première récolte.
14 avril 2021
Dans la famille Éristale, voilà sans aucun doute les plus précoces et les plus familiers du jardin. Le thorax velu brun-roux, l’abdomen conique noir orné de deux taches triangulaires jaunes : l’Éristale tenace (Eristalis tenax) et l’Éristale opiniâtre (Eristalis pertinax) se ressemblent tant que leurs noms eux-mêmes prêtent à confusion !
Il faut dire qu’outre leur massive silhouette, ils ont des comportements très comparables. Vol bruyant, aisément stationnaire, ils ne sont guère farouches. Et si vous les dérangez pendant leur bain de soleil, leur toilette ou leur long butinage, ils s’éloignent pour… revenir exactement au même endroit. Obstinément. Tenace et opiniâtre !
Alors comment les distinguer ? L’Éristale tenace a les tarses des pattes avant jaune-orangé quant l’Éristale opiniâtre les a noirs. Le second présente une face claire. Celle du premier est plutôt sombre.
Comme tous les membres de la famille, leurs larves - les fameux vers à queue de rat ! - apprécient les eaux chargées en matières organiques en décomposition. De véritables petites stations d’épuration !
11 avril 2021
Délavée et déchirée, sa livrée semble bien mal en point en ce début de printemps. Il est vrai que la Grande tortue (Nymphalis polychloros) est un des rares papillons à traverser les quatre saisons en une seule génération. Au sortir de l’hiver, voilà donc bientôt la fin du voyage…
Après un bel été de batifolage, jusqu’en novembre, puis une longue dormance sous un couvert de feuilles mortes, le moment est venu de passer le relai. Sans doute l’accouplement a-t-il déjà eu lieu. Les premières feuilles de peuplier et de saule accueilleront bientôt leur lot de chenilles. Pour l’émergence d’une flambante nouvelle génération en juin-juillet.
En attendant, bien qu’éclopé, les ailes malmenées sans doute par un prédateur, l’ancêtre peut espérer se la couler douce pendant quelques semaines encore. En s’adonnant à ses deux péchés mignons : les bains de soleil et le sirotage des écoulements de sève sur le tronc des grands peupliers.
9 avril 2021
À bien y regarder, il y manque en effet quelque chose. Pas de lèvre supérieure ! Du moins est-elle à peine esquissée, comme atrophiée. La corole se résume dès lors à une lèvre unique, fortement trilobée, veinée de violet. Mais pas le moindre auvent pour protéger style et étamines, à l’entrée du calice. Les butineurs n’en trouvent pas moins le chemin du nectar. Sans encombre.
Réputée comestible, la Bugle rampante reste cependant plutôt insipide tant crue que cuite. La belle sauvageonne compte surtout au nombre des médicinales. Sa principale vertu lui vaut d’être dédiée « au charpentier » dont elle est censée cicatriser les plaies.
7 avril 2021
Quel superbe bleu ! Intense, profond. Puis discrètement violacé au centre. Par petites grappes au pied des haies, les coroles étoilées du Grémil bleu pourpre (Buglossoides purpurocaerulea) ont quelque chose de fascinant pour les butineurs. La promesse de nectar semble aussi grande que l’entrée du calice est étroite !
La couleur pourpre évoquée par le nom vernaculaire tient aux fleurs encore en bouton, mais aussi au long tube nectarifère à l’arrière de la corole. Quant aux fines feuilles lancéolées, d’un joli vert bien franc, elles concourent à la présence très graphique de cette sauvageonne printanière. Elles étaient jadis récoltées et séchées en vue d’une infusion. D’où l’appellation populaire de Thé d’Europe.
En fleurs tout le printemps, le Grémil drageonne de toutes parts et finit par constituer un magnifique (mais envahissant) couvre-sol. Il s’acclimate très bien au jardin où il apprécie les expositions ensoleillées. Actuellement, au bord des chemins, il fait bon ménage avec la Stellaire hollostée, le Gléchome lierre terrestre et la Bugle rampante.
5 avril 2021
L’amour ne tient parfois qu’à un fil… En l’occurrence, le long style verdâtre d’une fleur de mirabellier ! Madame Abeille charpentière (Xylocopa violacea) y accroche ses mandibules. Le temps de se décider.
Car ce n’est pas le premier mâle qui tente ainsi sa chance. Vite éconduits. Cette fois, ce pourrait être le bon. Oui mais, comment faire, dans cette improbable position ? Le tandem s’envole bientôt. Toujours accolés, Monsieur et Madame ne vont pas très loin. Le premier bouquet de fleurs venu fait l’affaire. Pourvu qu’il soit possible de s’y agripper confortablement.
Après une étreinte plus expéditive que romantique, le butinage reprend ses droits. C’est que Madame va plus que jamais avoir besoin d’énergie. Creuser un nid dans le bois d’un arbre mort. Y aménager les cellules des futures larves. Les approvisionner en nectar et pollen… Pour un passage de relais prévu en fin d’été. Et la nouvelle génération passera alors l’hiver en dormance. À l’abri de quelque terrier de rongeur ou d’un tas de bois. Jusqu’en mars-avril.
3 avril 2021
La Viole rouge (Spilostethus pandurus). Joli nom pour une punaise. Impossible de la confondre avec sa cousine la Punaise de la Jusquiame. Encore moins avec le Gendarme. Elle s’en distingue notamment par sa taille respectable. Un bon centime et demi. Hors antennes.
Pourquoi la Viole rouge ? Peut-être en raison des deux bandes verticales noires, fortement échancrées, qui marquent son corselet. La tache centrale rouge qui en résulte évoque (un peu) la silhouette de l’instrument de musique.
Peut-être aussi pour le côté baroque de son agencement coloré. Profusion de détails, courbes, contre-courbes : un savant désordre fait de contrastes et d’estompes. Depuis les élytres jusqu’à la petite tête pointue.
Mais la Viole rouge sait aussi faire preuve de sobriété. Elle porte une simple tache blanche sur la membrane de ses ailes sombres. Pas si difficile à identifier finalement. Un point, c’est tout.
2 avril 2021
Vaine exploration ici pour la petite Andrène cul-rouille. Il est vrai que les fleurs mauves du Gléchome lierre terrestre (Glechoma hereracea) ne se livrent pas à la première abeille sauvage venue ! Si le pollen y est facilement accessible, sur la croix blanche des anthères, à l’entrée de la corolle, c’est une tout autre affaire pour le nectar…
Il faut en effet une sacrée langue pour aller le puiser. Bien au-delà du vestibule veiné de pourpre qui annonce l’entrée de l’étroit et long, très long tube nectarifère. Le Gléchome a ainsi la générosité sélective. Il distille son trésor sucré notamment pour l’Anthophore à pattes plumeuses et le Grand bombyle. Sans oublier les papillons !
Pour son retour printanier, il rampe discrètement et dresse de loin en loin ses courtes hampes fleuries. Au pied des haies comme dans les parties enherbées du jardin. Une nouvelle sauvageonne pour varier le menu des butineurs. Du moins ceux qui ont la langue assez leste !
30 mars 2021
Elle partage avec sa cousine la Cardamine hérissée, les sobriquets de Cressonnette et de Faux-cresson. La Cardamine des prés (Cardamine pratensis), alias encore le Cresson des prés, est actuellement en fleurs sur les prairies humides du marais.
En touffes légères, elle forme çà et là d’élégantes colonies prises d’assaut par les premiers butineurs, abeilles sauvages et papillons. À commencer naturellement par la petite Aurore qui lui est inféodée et lui doit son nom latin, Anthocharis cardamines.
Quant aux noms populaires de cette jolie herbacée, ne vous bercez pas trop d’illusions ! Le goût épicé de la Cardamine - dont on ne récolte que les petites rosettes basales - rappelle certes le cresson. Mais il est trop puissant pour en faire un légume à part entière. Voilà cependant un bon condiment qui donne du peps aux salades. De la même manière, avec parcimonie, les petites fleurs rose violacé, légèrement veinées, apportent couleurs délicates et saveurs piquantes aux crudités du printemps…
28 mars 2021
Ces dernières années, on la voyait apparaître mi-mars, sur le mirabellier en fleurs. Mais, prudent, celui-ci semble mettre sa floraison en stand-by dans l’attente des gelées annoncées ces jours-ci. Alors, pour patienter, l’Andrène cinéraire, alias l’Andrène cendré (Andrena cineraria), jette son dévolu sur les pissenlits.
Il s’agit là d’un mâle. Bien plus corpulentes, les femelles n’ont en effet pas encore émergé. Double attente donc pour le petit monsieur ! Raison de plus pour prendre des forces. Mais, pour atteindre le précieux nectar, distillé au fin fond du capitule, le voilà entièrement poudré d’or. Ainsi va la pollinisation des pissenlits !
Parmi les abeilles sauvages du jardin, l’Andrène cinéraire se distingue par sa dominante poivre et sel. Si l’abdomen noir est quasi glabre, luisant, légèrement bleuté, le thorax est rehaussé de deux bandes de fourrure en broussaille grise. Avec une petite tête hirsute à l’unisson, tout ébouriffée de noir et de gris.
25 mars 2021
Le romarin a quelque chose de magique. Ses petites fleurs mauves n’ont en effet pas leurs pareilles au jardin pour retenir l’Anthophore à pattes plumeuses (Anthophora plumides). Et faciliter ainsi son observation. Car la petite abeille sauvage est d’ordinaire on ne peut plus fugace…
Particulièrement vive, elle ne tient pas en place, passe d’une fleur à l’autre et change de cap à donner le tournis ! Du moins prend-elle un peu plus son temps ici sur le romarin. Comme enivrée par un nectar si parfumé et revigorant. Une aubaine certains matins frisquets.
Trapue et de belle taille, avec une quinzaine de mm, elle présente une fourrure dense qui lui donne une allure de bourdon. Il s’agit ici d’un mâle dont la livrée grisâtre se réchauffe de fauve sur le thorax. Les femelles sont généralement plus sombres. À noter enfin, autre signe distinctif de Monsieur, les longues soies noires formant d’étranges franges sur les tarses des pattes médianes. D’où le clin d’œil de son nom vernaculaire.
22 mars 2021
On dirait une petite guêpe. Mais la Nomade à pattes orangées (Nomada goodeniana) est bien une abeille sauvage. Avec de larges bandes abdominales, une par segment, sensiblement rétrécies au centre. Une livrée noire et jaune, mâtinée de rouille sur les ailes, les pattes et les antennes.
Comme tous les membres de la famille Nomade, voilà une « abeille coucou » dont les pattes sont dépourvues de brosses de collecte. À quoi bon ! Pas besoin de récolter de pollen, en effet, quand il suffit d’aller pondre dans un nid déjà aménagé et approvisionné…
En ce début mars, entre deux festins sur les fleurs de pissenlit, Madame Nomade patrouille à la recherche d’un terrier-nurserie en cours d’installation. Avec une préférence pour ceux des Andrènes. Elle profite de l’absence de la maîtresse des lieux pour s’y introduire. Et y déposer ses œufs. Les larves ne se poseront pas de questions. Elles détruiront le couvain pour profiter d’un garde-manger bien garni !
Précieux pissenlits !
20 mars 2021
Quatre à cinq récoltes de tendres Dents-de-lion pour la salade. Pas de quoi mettre à mal, le moment venu, la généreuse floraison des pissenlits du jardin. Et c’est tant mieux ! Car, en attendant l’explosion blanche des fruitiers, c’est le régal garanti pour la trompe des premiers butineurs.
Même le Grand bombyle ici n’y résiste pas. Mais ce sont surtout les abeilles sauvages qui font bombance. Pour varier les plaisirs presque printaniers du romarin, des pruneliers des haies et de l’incontournable Ficaire fausse-renoncule.
Il est vrai que, si l’on veut des pollinisateurs bientôt pour les tomates, les fèves, les petits pois et les haricots, mieux vaut les habituer et les retenir très tôt au jardin. Et, pour cela, rien de mieux que les fleurs sauvages.
Alors, gare à la tondeuse ! Coupe haute pour ne pas abimer les rosettes et pas tout le jardin en même temps pour qu’il y ait toujours une partie enherbée en fleurs !
18 mars 2021
Avec son mauve lumineux, la première floraison des touffes de Scabieuse du jardin ne pouvait laisser les premières butineuses indifférentes ! À tout seigneur, tout honneur, évidemment. Le petit Halicte de la Scabieuse (Halictus scabiosae) n’a donc pas manqué ce rendez-vous inaugural. Aussi précoce soit-il.
Auparavant, les capitules de pissenlit l’ont poudré de pollen jaune, entre la visite des pâquerettes et celle de la phacélie. D’un mauve à l’autre.
Il s’agit ici d’une femelle. Fécondée l’été dernier, elle a hiverné et, malgré l’ambiance un peu frisquette de ce début mars, elle se met au travail sans retard. Aménagement d’un terrier, façonnage de petites loges, et, déjà, collecte de pollen pour approvisionner les futures larves. Les brosses des pattes sont efficaces ! La récolte va bon train.
L’Halicte femelle se reconnaît notamment à ses antennes coudées, mais, surtout, à ses doubles bandes feutrées abdominales. Jaune plus ou moins vif à l’avant, beige clair à l’arrière. Avec un court sillon longitudinal caractéristique à la pointe de l’abdomen.
12 mars 2021
Un arrière-train roux pour une abeille sauvage ou un bourdon ? On a ainsi déjà pu rencontrer au jardin l’Anthophore fourchue, l’Osmie cornue et sa cousine l’Osmie rousse. Mais également le Bourdon des pierres, le petit Bourdon des prés et le Bourdon grisé… Aucun risque de confusion cependant avec l’Andrène cul-rouille (Andrena haemorrhoa) ! L’attribut de cette très petite abeille solitaire est en effet le plus original qui soit : un discret toupet orangé à la pointe d’un abdomen par ailleurs noir luisant et quasi glabre.
Les soies des pattes aussi sont orangées. Et l’épaisse toison fauve de la face comme du thorax prend des reflets roux sous le soleil printanier. Avec moins d’un centimètre de long et une silhouette fluette, l’Andrène cul-rouille fait figure de gringalet au regard de la plupart des butineurs de ce début mars. Il n’en compte pas moins parmi les plus actifs.
10 mars 2021
Pourtant assez commun, le syrphe Meliscaeva auricollis n’a pas de nom vernaculaire. Avec la traduction de son épithète latine, auricollis, on peut toutefois tenter de l’appeler Syrphe à collier doré. Encore que ledit collier ne saute pas aux yeux ! Peut-être une allusion à l’arrière plat de la large tête, jaune pâle comme la face, formant un liseré plus ou moins doré à la jonction de l’étroit thorax aux sombres reflets métalliques.
Autres signes distinctifs : de grands yeux bordeaux, de longues ailes hyalines et de fines pattes jaunes cerclées de noir. Élancé et plat, l’abdomen retient évidemment l’attention, avec quatre paires de taches jaunes sur fond noir luisant. Les taches médianes sont parfois jointives, avec des bords postérieurs nettement obliques.
Très précoce, le Syrphe à collier doré installe sa progéniture dans les haies du jardin et sur les arbres alentour. Les larves y font la chasse aux pucerons, particulièrement sur le lierre, l’aubépine et le Saule marsault.
7 mars 2020
Début mars. Les parties enherbées du jardin commencent à se « réveiller ». Avant de sortir la tondeuse, il est temps de protéger les futures orchidées sauvages… Oh, pour l’heure, elles ne payent pas de mine ! Des rosettes encore rases, tapies parmi le couvert d’herbes, de mousses et de feuilles mortes.
Avec ce printemps prématuré, elles rongent leur frein alors qu’ici et là pissenlits, boutons d’or, violettes et primevères s’en donnent déjà à cœur joie. Il faudra patienter quelques semaines pour que ces dizaines de rosettes lâchent enfin la bride à leurs superbes et étonnantes hampes florales.
Ophrys abeille, Orchis pyramidal et Orchis bouc… Chaque printemps, le jardin accueille trois espèces d’orchidées sauvages. Au sortir de l’hiver, mieux vaut donc marquer l’emplacement de chaque spécimen, avec un simple piquet de bambou planté auprès de chaque rosette. Pour éviter les piétinements et, surtout, le moment venu, les coupes intempestives de la tondeuse !
Le Taupin sanguin
4 mars 2021
Les premières fleurs de prunellier sont d’ordinaire pour les abeilles sauvages et les papillons. Notamment l’Azuré des Nerpruns. Mais, dans la haie voisine du jardin, le Taupin sanguin (Ampedus sanguineus) aura été le plus rapide cette année. À peine écloses et déjà consciencieusement broutées par le petit coléoptère !
Très proche cousin de l’Ampède sanglant (Ampedus sanguinolentus), il lui ressemble beaucoup. Notamment par le rouge vif de ses élytres fortement striés. Le large fuseau noir a cependant ici disparu, réduit à une simple lisière plus ou moins marquée à la suture.
Comme tous les membres de la famille, notamment le Taupin des jardins, ses larves sont tristement célèbres sous le sobriquet de « Fil de fer ». Mais rien à craindre ici pour les racines des légumes et pour les pommes de terre ! La progéniture du Taupin sanguin préfère le bois mort et les racines des résineux.
28 février 2021
Inutile d’attendre donc. Même si, en théorie, nous ne sommes qu’au cœur de l’hiver : la cueillette des fines rosettes des « dents-de-lion » peut commencer !
À chaque saison ses trésors dans les parties enherbées du jardin. Il n’y a qu’à se baisser, un couteau en main, pour préparer le déjeuner. Parée et rincée à grande eau, la récolte s’accommode d’une simple vinaigrette, relevée d’une échalote ciselée et d’une pointe d’ail nouveau. Les premiers brins arrivent justement à disposition !
Évidemment, quelques lardons rissolés et une pincée de piment d’Espelette ne gâtent rien. Avec, suprême gourmandise, un œuf meurette au milieu.
21 février 2021
Familière du Marais poitevin, la Cigogne blanche apprécie plutôt les paysages ouverts. Particulièrement les vastes prairies des marais desséchés. À l’ouest de la Venise verte. L’exception confirmant la règle, c’est pourtant là, à quelques encablures du jardin, qu’un couple vient d’élire domicile, dans le marais boisé des Épineaux, entre Magné et La Garette.
La construction du nid va bon train. Au sommet d’un vieil arbre mort décapité par la tempête. Pas besoin d’aller chercher les matériaux très loin. Un récent chantier d’émondage de frênes têtards a laissé une multitude de branchettes à disposition.
Tant mieux. Monsieur et Madame ont ainsi tout leur temps pour explorer leur nouveau terrain de chasse. Entre deux parades nuptiales.
Le jeu n’est pas très discret. Avec de longs claquements de becs qui s’entendent loin à la ronde. Et d’étranges contorsions énamourées du cou… Tout cela à proximité d’une piste cyclable rejoignant Coulon. Heureusement, les prairies alentour sont encore gorgées d’eau après les inondations du début février. De quoi préserver quelque temps l’intimité du jeune couple !
Vivaces, annuelles, bisannuelles, vous aimez les fleurs, ces pages peuvent vous intéresser.
Les conseils d'amatxi :
Pensez à mettre un fagot de branches dans les bassins en bétons par temps de grand gel afin d’éviter qu’ils ne fendent.
Faites vos plantations d’arbres et arbustes tant que le sol n’est pas gelé.
Surveillez l'état sanitaire des bulbes et rhizomes mis à l'abri du gel.
Mettez des noyaux de pêche à stratifier.