31 mai 2019
Injustement considéré comme parasite, le lierre utilise surtout arbres et vieilles bâtisses comme supports. Ainsi le cabanon près de la maison ou le tas de bois du hérisson au jardin où ses racines courent au sol. C’est là que le faux parasite se fait parasiter par un vrai : une drôle de fleur, l’Orobanche du lierre (Orobanche hederae).
De hautes et solides tiges poilues, sans feuille et donc sans chlorophylle : la sournoise puise sa nourriture grâce à des suçoirs en prise directe sur les racines du lierre. Extérieurement, elle se résume à ses épis floraux d’allure un peu terne, mais qui gagnent à être vus d’un peu plus près.
Les fleurs et leurs bractées mêlent ainsi des nuances de blanc crème, de jaune, de bleu et surtout de rose violacé. Le long tube des corolles se termine en deux lèvres lobées et chiffonnées ouvrant sur étamines brunes et stigmate jaunâtre. Les graines prendront le temps de germer. Jusqu’à ce qu’une racine de lierre passe à proximité !
30 mai 2017
Voilà une mouche bien singulière au jardin ! La Trichopoda pennipes n’a pas de nom vernaculaire français. Son appellation scientifique souligne une de ses particularités : des « pieds plumeux ». Les tibias de ses pattes arrière sont ainsi affublés de longues soies noires.
La belle collectionne bien d’autres distinctions. Des ailes largement écartées au repos, orangées, noires et blanchâtres. Un corselet noir rayé de jaune. Un abdomen paraissant d’autant plus court qu’il est « ramassé » au repos. Des pattes aux pointes jaunes. Et, surtout, deux petites « coquilles » orangées protégeant ses stabilisateurs.
Mais c’est à son mode de vie que la Trichopoda pennipes doit sa célébrité. C’est en effet un parasite très spécialisé. Elle pond ses œufs sur la Punaise verte ponctuée (Nezara viridula). Et ses larves se développent aux dépens de la ravageuse. Originaire d’outre-Atlantique, elle a d’ailleurs été introduite en Europe pour cela. Notamment pour la protection des cultures de courges. La voici au jardin. Bienvenue.
29 mai 2019
Malgré son nom, ne nous attardez pas trop sur la couleur des poils de l’Agapanthie à pilosité verdâtre (Agapanthia villosoviridescens). Difficile d’y déceler le vert ! Qu’importe. Ce n’est pas vraiment ce qui frappe quand on rencontre ce spectaculaire longicorne. Mais ses très longues antennes annelées, dans une alternance bleutée et noire.
La ponctuation jaune de ses étroits élytres fait écho aux lignes d’un jaune plus franc qui marquent son corselet. Pour parachever l’harmonie, ses solides pattes font la synthèse colorée de l’ensemble, avec des nuances noires, jaunes et bleues.
S’il donne parfois l’impression de piaffer et de vouloir foncer tête baissée, « cornes » en avant, il est plutôt d’un naturel paisible. Familier des milieux humides, il fréquente discrètement prairies et buissons.
Il est ici sur une feuille d’ortie. Comme ses larves, il en apprécie la floraison pourtant a priori peu amène. Mais l’Agapanthie à pilosité verdâtre visite aussi des inflorescences plus avenantes. Encore un amateur de pollen !
28 mai 2017
Il rampe discrètement dans les prairies comme au bord des chemins. Au jardin, le Mouron rouge (Anagallis arvensis) peut devenir envahissant. Sans risque toutefois de concurrence et d’étouffement pour les légumes. Il est si gracile !
Son port rameux et léger évoque le Mouron des oiseaux. Mais gare ! Si celui-ci est comestible, et même savoureux, avec de petites feuilles au goût de noisette ajoutées à la salade, le Mouron rouge, lui, est toxique. Y compris pour les oiseaux qui d’ailleurs en boudent les graines.
Cela dit, il n’y a guère de confusion possible. Surtout lorsqu’il est en fleurs : de charmantes petites étoiles rouge-orangé, au cœur pourpre et aux étamines jaunes bien saillantes. Rien de comparable avec les minuscules corolles du Mouron des oiseaux, blanches, aux pétales profondément échancrés.
Et puisqu’il s’agit de consommer (ou non ) les feuilles, il suffit de les retourner : celles du Mouron rouge ont un revers immédiatement reconnaissable, parsemé de petits points noirs. Mieux vaut s’abstenir.
27 mai 2017
Tranquille. Au bord de la haie, la petite Zigène du trèfle (Zygaena trifolii) n’est pas du genre à s’envoler à la moindre alerte. En tout cas, jamais très loin. Surtout s’il y a du trèfle à proximité.
Quant aux oiseaux, il semble que la livrée noire bleutée, marquée de cinq taches rouge sang, suffit à la dissuasion. Attention, mauvais goût ! Et toxique. Cela dit, il faut bien une première expérience malheureuse pour s’en rendre compte… Dans le farniente comme dans le butinage, ça n’a pas l’air de l’inquiéter.
Familière des prairies humides, la Zigène du trèfle se distingue de ses cousines par le nombre et la disposition des taches rouges des ailes antérieures. Mais les postérieures sont toujours uniformément rouges. Bordées de noir. On les perçoit bien ici à la faveur d’un butinage acrobatique !
Pas de dégâts en perspective au potager. Les chenilles sont plutôt inféodées aux plantes sauvages. En particulier le Lotier des marais. Et le trèfle naturellement.
26 mai 2019
Ce ne sont pas les fleurs les plus rustiques du jardin et de la maison. Ni les plus parfumées. Mais, en ce jour de la fête des Mères, voilà assurément une des plus raffinées. Les plus généreuses surtout !
Cette année encore, les Pierre-de-Ronsard n’ont pas failli à leur réputation. Avec leur feuillage d’un vert intense, finement denté, et leurs innombrables boutons blanc crème ourlés de rouge. Et quelles fleurs ! Un ravissement à tous les stades de leur épanouissement. Jusqu’à ce que, ultime gracieuse révérence, elles s’évanouissent dans une pluie de pétales blancs.
Les superbes rosiers grimpants ont pourtant vécu une difficile fin d’hiver. À la faveur d’un janvier trop doux, à proximité des mahonias, ils ont en effet « profité » de leur invasion de cochenilles et de fumagine. Toutes les feuilles plus ou moins atteintes étant supprimées, plusieurs toilettages successifs au savon noir ont assaini les tiges charpentières. La magie du printemps a fait le reste.
25 mai 2019
Comment butiner tranquille ou prendre un bain de soleil sans (trop) craindre les prédateurs quand on est une mouche ? De ce point de vue, la Volucelle bourdon (Volucella bombylans) a trouvé le truc. Elle ressemble à un bourdon. Comme son nom l’indique. Ou plutôt à plusieurs.
Cette grosse mouche velue, fréquente dans les jardins, existe en effet sous au moins deux formes. Noire avec la pointe de l’abdomen roux comme le Bourdon des pierres. Ou bien avec le « cul blanc » et une large bande thoracique jaune comme le Bourdon des saussaies.
Dans tous les cas, elle est plutôt trapue, avec de gros yeux globuleux, des ailes légèrement veinées de noir et de courtes antennes plumeuses.
Mais son mimétisme n’est pas seulement affaire de sérénité ! Ainsi « déguisée », elle peut surtout approcher l’entrée d’un terrier de bourdon sans se faire remarquer. Elle y dépose ses œufs et les larves, comme celles de la Volucelle enflée, iront faire le ménage dans le nid. Sans toucher au couvain. Si tout va bien.
24 mai 2019
Il est des mâles qui roulent les mécaniques avec leurs gros bras. Pour l’Oedémère noble (Oedemera nobilis), l’ostentation virile passe plutôt par les « cuisses ». Ou plus exactement les fémurs des pattes postérieures. Impressionnants !
Luisants, incroyablement gonflés, ils sont vert-métallique comme l’ensemble du corps. En particulier les élytres qui vont s’amenuisant vers l’arrière, découvrant abdomen et ailes membraneuses.
Pourtant de taille comparable, la femelle parait presque fluette sans les prétentieux attributs du mâle. Cela dit, l’un et l’autre ont les mêmes goûts. Leur péché mignon, c’est le pollen. Pas étonnant donc de les voir ici affairés parmi les étamines d’un mûrier sauvage !
Inoffensif, l’Oedémère noble se laisse aisément approcher lorsqu’il broute les fleurs du jardin ou des haies. Moins vorace que la Cétoine dorée ou le drap mortuaire, il se contente des petits sacs de pollen. Noble et délicat !
23 mai 2017
Le plus difficile, pour le Thomise variable (Misumena vatia) du jardin, c’est de se hisser tout là-haut. Et de passer l’obstacle des pétales. Pas si facile avec pareil abdomen ! Ensuite, il lui suffit de beaucoup de patience. En digne membre de la famille des « araignées crabes », il n’en manque pas.
Figée au cœur de la fleur de cosmos, la petite araignée est étrangement belle. Le corps blanc nacré, barré d’une ligne latérale rouge-orangé, le thorax et les « pattes de crabes » presque translucides. Prête à saisir le premier butineur venu.
C’est un bourdon. Bien plus gros qu’elle. Pas de quoi l’intimider pour autant. L’attaque est foudroyante. Les longues pattes avant enserrent la proie. Une morsure à la nuque. Et c’est fini. Les pattes se déplient vers l’arrière. Il n’y a plus qu’à déguster.
Dans la bataille, la fleur s’est légèrement couchée. Bien campé à l’arrière des pétales, le Thomise variable ne perd pas de temps. Il commence aussitôt à « saigner » le bourdon. En commençant par l’abdomen. Cela va durer des heures.
À chacun sa gourmandise
22 mai 2019
En cette fin mai, un peu partout dans les haies, la floraison du Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea) succède à celle du prunellier, du merisier et de l’aubépine. En compétition avec les grandes ombelles du sureau, elle se taille malgré tout un joli succès auprès des abeilles. Mais pas seulement.
Elle n’a pourtant pas une odeur particulièrement agréable. Qu’importe. Comment résister à ces petites étoiles d’un blanc si pur ? Du moins n’y a-t-il pas trop à se poser de questions pour trouver le chemin du nectar. Et encore moins pour le pollen dont les quatre petits sacs sont dressés bien en évidence. Il n’y a qu’à se servir !
La Cétoine dorée ne s’en prive pas. La Trichie commune (Trichius zonatus), sa cousine au thorax velu roussâtre, non plus. Pas de détail avec elles : tout est bon à brouter. L’Hélophile suspendu est plus délicat. Amateur de nectar, bien sûr, il n’en prend pas moins ici une étamine pour une sucette ! À chacun sa gourmandise.
21 mai 2019
Dans les parties enherbées du jardin, de petits piquets invitent la tondeuse à prudence. Il y a là quelques précieuses rosettes dont il vaut mieux préserver les abords. Place à l’Orchis pyramidal ! Depuis quelques jours, les frêles orchidées dressent haut leur fine hampe dans leur oasis ensauvagé.
Plus coniques que pyramidaux, les épis floraux commencent à s’épanouir par la base. Avec de petites fleurs uniformément rose pâle, sans tâches ni marbrures. Seule exception à cette sobriété, la lèvre inférieure est profondément trilobée.
Les échancrures pointent ainsi l’entrée d’un éperon que nombre d’insectes jureraient nectarifère. Un éperon si long et filiforme qu’il convient parfaitement aux papillons. Or, l’Orchis pyramidal ne produit aucun nectar. À défaut, son inflorescence est un leurre efficace. Elle imite assez bien celle d’espèces plus généreuses. Notamment le Trèfle des prés et surtout le Sainfoin. Comme l’Ophrys abeille à sa manière, voilà donc une nouvelle belle mystificatrice au jardin !
20 mai 2019
C’est un des plus petits bourdons du jardin avec le Bourdon des saussaies. Tout aussi précoce et infatigable butineur, le Bourdon des prés est à l’œuvre depuis la fin février. Toujours en mouvement, il sait aussi prendre son temps quand le filon en vaut la peine. Notamment sur les inflorescences de la ciboulette et de la phacélie.
Sur fond de fourrure noire, il se distingue aisément à la pointe rousse de l’abdomen et, surtout, à son collier jaune. Cela dit, c’est quasi une cagoule qu’arbore le mâle, tant le jaune envahit le thorax et même la tête. Une bande intermédiaire, au jaune plus ou moins soutenu, apparaît parfois à l’avant de l’abdomen.
Le petit Bourdon des prés « loge » le plus souvent sous terre. Celui-ci a de sacrées « sacoches » accrochées aux pattes arrière. La récolte de pollen a été bonne. Ce n’est pas tant pour sa consommation personnelle. Les larves sont insatiables au fond du terrier !
19 mai 2019
Ce n’est pas vraiment une Maraîchine ! La Sauge des prés (Salvia pratensis) s’élève ici auprès de la Sèvre niortaise. Certes. Mais sur une langue de plaine calcaire pénétrant dans le marais pour venir mourir en pente douce au bord du fleuve.
Si les larges rosettes de son feuillage gaufré - moins aromatique que celui de la Sauge officinale - restent pour l’essentiel plaquées au sol, ses hauts épis sont spectaculaires. Autour de solides hampes ramifiées, un peu poisseuses, une multitude de fleurs à deux lèvres, amples, mais étroites, s’ordonnent en de ravissantes couronnes échelonnées. D’un bleu violacé intense.
On trouve parfois la Sauge des prés en jardinerie, comme le Lychnis fleur de coucou, pour donner un air champêtre aux massifs et platebandes. Sinon, actuellement et jusqu’au début de l’été, on peut l’admirer un peu partout au bord des chemins. Et même des routes.
18 mai 2019
Elle est venue là spontanément. En compagnie de l’Oxalis corniculé et de la Violette. Les trois sauvageonnes ont pris leurs aises au pied des murs de la maison comme au long de la ruelle conduisant au port.
En cette saison, la Campanule des murailles prend évidemment le dessus. À vrai dire, elle ne disparait jamais vraiment. Après la canicule estivale, elle fait souvent un baroud d’honneur au milieu de l’automne. Et l’hiver dernier, on l’a même vu refleurir à Noël !
Abeilles, syrphes et bourdons s’en donnent à cœur joie dans ce foisonnement bleu rosé. Et qu’importe si les petites clochettes fanent vite une fois fécondées : d’innombrables petits boutons violacés sont déjà prêts à prendre le relais.
La Campanule des murailles ne craint qu’une chose : la pluie battante qui malmène son port fragile et écrase ses touffes légères. Cela dit, la pluie peut venir. On ne va pas s’en plaindre !
17 mai 2017
Deux bonnes raisons pour ne pas toucher aux jonquilles du jardin après la floraison. Laisser les bulbes se régénérer. Mais laisser aussi leur chance aux pieds d’Ophrys abeille (Ophrys apifera) implantés là spontanément, étendant leur station à travers celle du muguet tout proche.
Elle n’a sans doute pas la prestance de l’Orchis incarnat. Voilà pourtant, une orchidée pour le moins séduisante. Et singulière. Car, si comme son nom l’indique, l’Ophrys abeille attire les butineurs, ce n’est pas vraiment pour butiner !
Sous un petit casque verdâtre abritant étamines et pistil, l’attention est évidemment retenue par le large labelle coloré. À l’avant de trois tépales rosés jouant les faire-valoir, c’est la piste d’atterrissage des insectes. Surtout des abeilles mâles. Et pour cause.
Par le jeu des formes et des couleurs, par une pilosité rousse et même par l’odeur, chaque fleur se donne en effet des allures d’abeille femelle. Et ces messieurs n’y résistent pas. En atterrissant, ils se démènent comme de beaux diables. Le temps de réaliser la supercherie, ils ont suffisamment secoué les étamines pour libérer le pollen et assurer ainsi la fécondation. L’Ophrys abeille n’a donc pas d’éperon nectarifère. Pour quoi faire ? Sa stratégie du trompe-l’œil est tout aussi efficace !
16 mai 2019
Voilà un joli papillon de nuit que l’on peut accueillir sans crainte au jardin ! L’Acidalie dégénérée (Idaea degeneraria) butine quand vous dormez et se repose discrètement le jour, les antennes sagement repliées. Ici au bord d’une haie. Et, surtout, ses chenilles n’apprécient guère les légumes. Elles préfèrent les ronces, la Bourdaine et les Epiaires. Fanées, voire sèches de préférence. Chacun ses goûts.
Oh bien sûr, sa livrée n’a pas le charme suranné de l’Alternée. Dans une dominante également un peu délavée, elle ne manque pas cependant de raffinement. On a ainsi l’habitude de la distinguer à ses quatre petites taches noires. À peine visibles sur le large bandeau brun-roux des ailes antérieures. Très nettes dans une échancrure dudit bandeau sur les postérieures.
Tout est donc à la fois nuances et forts contrastes dans ce sobre décor qui fait se succéder lignes et bandeaux, foncés à l’avant, gris-beige à l’arrière. Avec une fine bordure orangée à l’avant. Subtile coquetterie pour une dégénérée !
15 mai 2017
Sitôt écloses, dans les haies et les fourrés, les chenilles de la Psyché lustrée (Psyche casta) n’ont qu’une hâte. Se tisser un cocon protecteur. De la soie douillette certes, mais pour plus de sécurité, l’extérieur est très vite garni de débris divers et de fétus d’herbes sèches. Leur « maison » pour la vie, agrandie et réaménagée au fur et à mesure de la croissance.
Un fourreau confortable et sûr autant qu’un fardeau encombrant à traîner, tant bien que mal, d’une feuille dévorée à l’autre. À la moindre alerte, repli stratégique à la manière d’un escargot. Ni vue ni connue !
Lorsque viendra le temps de la métamorphose, au bout de deux ans, Monsieur quittera son fourreau pour devenir petit papillon noir. Oh pas longtemps. Juste assez pour rencontrer Madame qui, elle, sortira à peine. À reculons. Sans ailes ni d’antennes. À quoi bon. L’affaire faite, elle rentera à la maison. Pour pondre. Et mourir. Monsieur ne lui survivra guère. Fichue destinée !
14 mai 2019
Elle n’a certes pas la hardiesse du houblon pour l’escalade dans les haies comme au bord du halage. Mais elle grimpe comme elle peut. En prenant appui une ronce ou une grande ombellifère. En s’enroulant autant d’un tronc. Sinon, la Morelle douce-amère rampe et étale ses tiges rameuses sur la berge.
Ses superbes petites fleurs violettes ont un certain succès auprès des pollinisateurs. D’abord épanouis en fines et élégantes étoiles, les cinq pétales se retournent bientôt vers l’arrière. Comme pour mieux mettre en avant l’essentiel : les sacs de pollen jaune vif, réunis en une sorte de manchon d’où émerge un fin style blanc-verdâtre.
La Morelle douce-amère produira ainsi de belles grappes de petites baies vertes puis rouge-orangé qui feront le régal des oiseaux l’hiver prochain. Car il faudra attendre leur pleine maturité, mieux encore une bonne gelée, pour qu’elles perdent leur toxicité. Quand la disette hivernale s’installe, il y a encore la morelle !
13 mai 2019
Dressé sur ses hautes pattes, le Leptis pointillé (Rhagio tringarius) est ici à l’affût. Au bord d’une haie ou sur les légumes du jardin, cette petite mouche orangée apprécie les postes d’observation ensoleillés.
Ses énormes yeux verts (joints chez le mâle) lui « mangent » toute la tête d’où émerge une large trompe. Pas de confusion possible au regard de son long abdomen jaune-orangé à la pointe noire effilée, marqué de points noirs sur le dessus et d’une ligne pointillée noire sur le côté. D’où son nom.
Avec des ailes fortement nervurées, parfaitement transparentes, le Leptis pointillé n’est guère adepte des longues pérégrinations. Mais il a le vol vif et précis. Toujours prêt à fondre sur les minuscules diptères volant à proximité. Voilà donc un précieux auxiliaire au potager. Les « mineuses » du poireau et de la carotte, comme celles de l’oseille ou de l’oignon, n’ont qu’à bien se tenir !
13 mai 2019
En ce début de saison, les légumes primeurs sont si tendres, si juteux, qu’ils ont à peine besoin d’être cuits ! Même les carottes deviendront fondantes tout en restant fermes. Le plus long est finalement de ramasser (mais quel plaisir au petit matin) et d’écosser petits pois et févettes.
Mettre d’abord l’oignon rouge émincé à fondre au wok avec les carottes. Un petit quart d’heure pas plus. Ajouter les grains, l’oignon nouveau et l’ail vert ciselés, le thym effeuillé, sel, poivre et piment d’Espelette. Remuer doucement cinq minutes. C’est prêt !
Pour varier les plaisirs, il est également possible d’ajouter, en début de cuisson, quelques tronçons de rhubarbe. Si, si ! Ils apporteront leur note légèrement acidulée à un plat aux saveurs par ailleurs plutôt sucrées.
Vive le printemps qui fait merveille en cuisine avec ce qui tombe sous la main au jardin ! Pourquoi pas également un cœur de laitue et un fond d’artichaut citronné passé à la mandoline… Pour les pommes de terre nouvelles, il faudra attendre encore un peu.
11 mai 2019
Le temps est déjà loin où il n’avait que le romarin et quelques fleurs sauvages à se mettre sous la trompe. Sur le pont dès la sortie de l’hiver, le petit Bourdon des saussaies voit enfin sa ténacité récompensée. Voilà venu le temps de la tournée des grands-ducs ! Il passe ainsi allègrement des trompettes du Weigelia aux larges corolles de la Clématite, en passant par les pétales chiffonnés du Mûrier et les éclatantes grappes jaune d’or du Cassia.
Presque aussi menu que le Bourdon des prés, il adopte sans complexe la livrée de l’imposant Bourdon terrestre. Sur fond noir, son collier jaune orangé fait ainsi écho à la large bande rousse de l’abdomen. Sans oublier le « cul blanc » naturellement.
Hyperactif, les pattes chargées de pollen, il n’oublie pas les légumes du potager. Après fèves et petits pois, il commence à s’en donner à cœur joie sur un de ses péchés mignons. Les tomates !
Le Cardinal à tête rouge
On le remarque souvent d’abord en vol. Un point rouge éclatant, rapide, direct. Le Cardinal à tête rouge ne va jamais très loin. Et, lorsqu’il a trouvé une ombellifère ou une feuille basse à sa convenance, il peut y rester des lustres. Peu farouche, il se laisse facilement admirer.
Rouge orangé sur les élytres, plus vif et luisant sur le corselet et la tête. Joli contraste avec le noir des pattes, des petits yeux et des longues antennes en forme de peigne. Impossible de le confondre, même pas avec son quasi-jumeau, l’autre Cardinal, en tout point identique, hors sa tête noire !
Principalement amateur de pollen et de nectar, placide, il est inoffensif. Ses larves, elles, sont carnassières, traquant les insectes xylophages entre écorce et bois des vieux arbres. C’est peut-être ce qui l’a conduit au jardin, du côté du verger où l’écorce des vieux cerisiers malades tend à se décoller…
9 mai 2019
Il est des qualificatifs qui, pour être explicites, sont injustement peu flatteurs. C’est le cas avec la Volucelle enflée (Volucella inflata). Dommage pour cette très belle mouche. Elle a certes l’abdomen replet. Davantage encore que celui de la Mouche des chenilles. Mais, en vérité, les rondeurs lui vont à ravir !
Deux gros yeux brun-rouge disjoints (c’est une femelle) sur une face jaune-orangé. Y compris les courtes antennes. Des ailes transparentes fortement nervurées, teintées d’orange puis comme taguées de noir. Une double ligne rouge-brique sur les bordures du corselet, lui-même marqué d’un charmant petit cœur orangé, en lisière du scutellum brique. Et enfin, deux demi-lunes orangées à l’avant de l’abdomen noir. Avouons que tout cela ne manque pas d’harmonie.
La Volucelle enflée ne déroge guère aux lois du genre : vol rapide, butinage des ombelles et larves commensales faisant le ménage (cadavres, divers déchets) dans les nids de guêpes et de bourdons. Tout pour plaire. Il faudrait vraiment être gonflé pour ne pas l’apprécier !
8 mai 2019
C’est plutôt un papillon nocturne. Mais l’Alternée, alias la Phalène du gaillet (Epirrhoe alternata) vadrouille encore au petit matin dans les fourrés et le bosquet proches du jardin. Peu farouche, elle se laisse facilement approcher. Cela en vaut la peine. Car son rapide vol grisâtre ne laisse rien deviner de ses élégants atours.
Voilà en effet tout un luxe de couleurs et détails digne d’une livrée d’apparat. La belle semble ainsi avoir jeté sur ses épaules une écharpe de délicates dentelles. Certes, l’ensemble manque singulièrement d’éclat. Mais, d’un feston l’autre, les nuances de blanc et de crème sont harmonieusement rehaussées d’ocre, de brun et de noir bleuté. Un charme suranné jusque sur les yeux beiges encanaillés d’une petite mouche noire.
La famille des Phalènes est extrêmement nombreuse. La plupart arborent ainsi des ornements sophistiqués. Elles ont aussi en commun le comportement original de leur progéniture. Au moindre danger, comme celle-ci (indéterminée), les chenilles arpenteuses s’immobilisent « en mode brindille ». Comment mieux tromper la convoitise des prédateurs ?
7 mai 2019
C’est un cousin du Silène latifolia, alias le Compagnon blanc des pieds de haie. Le Lychnis fleur de coucou fait allusion à l’oiseau squatter de nid dont les premiers chants saluent la floraison printanière. Il faut bien reconnaître que, de ce point de vue, c’est un peu abusivement que la Primevère élevée, plus précoce, lui a chipé le sobriquet. Surtout cette année.
Légère et aérienne, la colonie voisine ici avec l’Orchis incarnat dans l’ancienne prairie humide, devenue peupleraie, à deux pas du jardin. Rose vif veiné de pourpre, ses ravissantes corolles se signalent de loin. Même si leurs cinq pétales se réduisent à quelques fines lanières.
Certaines versions horticoles sont disponibles sur le marché. Il est vrai que la rusticité du Lychnis fleur de coucou et sa facilité à se ressemer plaident pour une contribution aux massifs d’allure sauvage. Pour peu que le sol soit humide et bien ensoleillé. Et dire que nos amis Anglais n’y voient que des « lambeaux » !
6 mai 2019
Comme un air de Saints de glace avant l’heure. En ce début mai, le vent en est presque piquant. Pour les insectes, mieux vaut se tenir à couvert. Dans un coin du jardin, cramponnée à la tige d’une graminée, bien à l’abri d’une haie, la Libellule fauve semble ainsi attendre des heures meilleures. Ou bien une proie.
Il s’agit ici d’une femelle. Le mâle est en effet à dominante bleue. L’âge aidant sans doute, thorax et abdomen jadis orange vif sont devenus plus bruns. Mais les ailes finement nervurées n’ont pas changé. Tachées de noir à leur attache et plus discrètement à leur pointe, elles se distinguent évidemment davantage par leur bordure jaune.
Comme le Gomphe à pattes noires, la Libellule fauve est une carnassière tranquille. Inlassablement à l’affût, elle attend qu’un insecte passe à sa portée. Au bord de la Sèvre ou d’un fossé, mais aussi au jardin. Les ailes rabattues, on la sent prête à bondir. Sans doute est-elle moins transie qu’on l’imagine !
6 mai 2019
La becquée tranquille au creux du nid, c’est fini ! Dans quelques jours, il faudra se débrouiller seul. En attendant, séance d’apprentissage ce matin pour un des rejetons. C’est le merle qui s’y colle.
Pour commencer, la leçon va au plus facile. Les platebandes du jardin. Il suffit de faire voler les feuilles mortes pour déloger vers et insectes. Le petit regarde attentivement sans vraiment comprendre ce qu’on attend de lui. Dès qu’un ver apparaît, il le réclame à grands cris. Bon prince, le merle le lui donne. Une, deux, trois fois… Mais bientôt il se lasse. Et, sous les yeux interloqués du merleau, il engloutit la gourmandise. A toi de jouer maintenant !
Le petit se lance, comme pour jouer, encouragé par les sautillements frénétiques du merle. Victoire ! Allez, encore, encore… Mais bientôt, sans crier gare, le merle s’envole. Tout penaud, le merleau en reste figé. L’apprentissage de la solitude aussi… Elle ne durera que quelques minutes. Bon, c’est assez pour aujourd’hui. On reprendra demain.
5 mai 2019
C’est, comme la fameuse Pentecôte, l’une des premières orchidées du printemps. Avec une belle vivacité, l’Orchis incarnat élance ici sa solide et haute tige dans une peupleraie proche du jardin.
Le foisonnement herbeux alentour semble lui céder la place avec respect. Il est vrai qu’il en impose. Ses longues feuilles engainantes, élégamment dressées, s’élèvent jusqu’à saluer l’inflorescence. De petites fleurs roses s’y pressent en un épi dense d’où émergent les ergots verdâtres des bractées.
Légèrement trilobée, la piste d’atterrissage des pollinisateurs est sans équivoque. Réuni par une longue boucle sinueuse, un réseau de petits points pourpres y tient lieu de guide. Il conduit vers l’entrée de l’éperon nectarifère que protègent deux pétales réunis en forme de casque.
Familier des prairies humides, l’Orchis incarnat tend, comme elles, à se raréfier. Il reste relativement commun dans le Marais poitevin. Encore que celui-ci doit se sentir bien seul au bord de son ancienne prairie devenue peupleraie.
4 mai 2019
Sans doute l’un des hôtes les plus étranges du jardin. Comme si la Mouche scorpion (Panorpa vulgaris) portait un masque de la Commedia dell’arte ! Une tête minuscule, deux très longues antennes, deux yeux globuleux rougeâtres et, surtout, un « bec » orangé démesuré…
Ce rostre impressionnant est pourvu de solides mandibules propres à déchiqueter les proies. Généralement des insectes morts ou mal en point. Quitte à les chiper sur une toile d’araignée. Mieux vaut alors, il est vrai, garder ses distances. La Mouche scorpion est ainsi un peu l’équarrisseur du jardin, en complément du Staphylin noir qui lui patrouille au sol.
Est-il besoin de préciser que, malgré son nom populaire, la Mouche scorpion est parfaitement inoffensive ? Aucun danger de piqure donc avec le bulbe rouge exhibé un peu prétentieusement par le mâle. Il pointe à l’extrémité de l’abdomen, redressé à la manière d’une queue de scorpion, entre les ailes blanchâtres tachées de noir. Mais ni pince, ni dard. Tout bonnement ses humbles génitoires, pour reprendre les mots de Brassens.
2 mai 2019
Heureusement, il peut prendre appui sur les hautes herbes des prairies et des bords du halage ! Ses tiges rameuses peuvent ainsi hisser tant bien que mal leurs inflorescences presque au-dessus de la mêlée. Le Géranium découpé est un modeste. Ses petites fleurs s’épanouissent deux à deux et ne durent guère. Mais elles se renouvellent constamment.
Rose vif, tirant parfois sur le mauve, elles présentent cinq pétales légèrement échancrés, discrètement striés de lignes plus foncées. La corolle s’ouvre ainsi sur dix étamines aux petits sacs de pollen bleu violacé, serrant de près cinq stigmates blancs disposés en étoile.
Bien sûr, il est plus à l’aise en liberté que dans une jardinière. Il y laisse volontiers la place aux pélargoniums horticoles ! Mais, comme l’Herbe à Robert, sa voisine au pied de haies, c’est bien un géranium. Un vrai. Il suffit de froisser et de sentir son feuillage profondément découpé - d’où son nom - pour s’en convaincre.
1 mai 2019
Pas l’air sympathique le Tachina magnicornis ? Allons donc ! Songez qu’on l’appelle aussi la Mouche des chenilles… Elle n’est pas la seule certes. Mais elle a une spécialité qui a rend bigrement utile au jardin : les Noctuelles !
Elle n’a que l’embarras du choix pour « loger » ses larves. Car la famille des Noctuelles est aussi diverse que leurs chenilles sont redoutables pour nombre de légumes, des tomates aux choux en passant par les betteraves et les épinards notamment. Souhaitons qu’elle puisse aussi visiter le jardin à la tombée de la nuit, à l’heure où les fameux vers gris sortent de terre pour prendre les salades au collet !
Le Tachina magnicornis est facile à reconnaître, avec cet abdomen orangé, marqué d’une large ligne centrale de losanges noirs. Un abdomen courtaud, replet, hérissé de quatre rangs d’épaisses soies noires.
En cette saison, les femelles inspectent haies, prairies et jardins en quête de chenilles où pondre un à un leurs œufs. On aurait envie de les aider. Allez, sus aux Noctuelles !
12/01/2019
Dumotteron
Il ne faut pas confondre Le Gaillet Gratteron et Le Guilleret Gratton ! Meilleurs voeux au Jardinier du Marais et au Père Narcisse
27/08/2018
Mamina
Bonjour. Ce fut une balade savoureuse, merci. J'ai noté quelques légumes qui sont dans mon tout nouveau jardin, ça met du baume au coeur. Bravo pour les commentaires ourlés de pointe d'humour et de fraîcheur. C'était comme si j'y étais.
28/06/2018
CAYLUS
tres belles images commentaires adéquats bcp d'humour merci michel si ça peut vous rassurer le sud n'a pas été gaté mais le soleil est revenu jardinement votre
08/06/2018
Loune
Toutes ces choses qui me paraissaient banales au jardin prennent avec vous une autre dimension....Je vais m’attarder un peu plus devant ces petits détails maintenant.
01/06/2018
Ledrôledegratton
Cette chronique d'un jardin dans le Marais poitevin est un vrai enchantement. Si ce jardinier-poète cultive la terre avec autant de bonheur que les mots, la récolte devrait être belle ! Au plaisir de se saluer un jour prochain en bord de Sèvre...
Vivaces, annuelles, bisannuelles, vous aimez les fleurs, ces pages peuvent vous intéresser.
Les conseils d'amatxi :
Pas facile de désherber les plates-bandes d'iris. La solution : Arrachez et divisez les touffes d’iris, conservez les plus beaux éclats et replantez-les dans une terre bien drainée même pauvre et ensoleillée.
Récoltez les graines de fleurs annuelles qui vous ont plu et après séchage complet dans un endroit sec et ventilé à l'ombre, stockez-les en sachet papier kraft.
Au verger, enlevez les sachets de protection des pommes et poires pour qu'ils finissent de mûrir.
Prolongez les floraisons des jardinières et des massifs en supprimant les fleurs fanées. Arrosez massifs et jardinière après une pluie avec un engrais liquide à base de mélasse bio.
Surveillez l'état sanitaire de vos plantes, car ces conditions climatiques sont propices à l'apparition de maladies comme le mildiou, l'oïdium, la rouille, etc. Faites des traitements avec une décoction de prêle et avec un duo bouillie bordelaise + soufre.
Longues antennes coudées et long abdomen plat à bandes grises : Monsieur Halicte de la scabieuse vient d’émerger. Avec une mission : s’accoupler et… mourir dès l’automne. Seules les femelles fécondées passeront l’hiver, pour pondre au printemps prochain. La génération suivante apparaîtra au cœur de l’été.