30 avril 2019
Encore un redoutable prédateur bienvenu au jardin ! Contrairement au Caloptéryx éclatant, le Gomphe à pattes noires ne chasse pas en vol. Mais à l’affût. Ici au pied d’une haie. Bien campé sur lesdites longues pattes noires, il fait ainsi souvent coup double en prenant volontiers le soleil.
Aisément reconnaissable à sa dominante jaune et noir, il se distingue aussi par les croissants de ses gros yeux verts tirant sur le brun. On remarquera encore l’extrémité de son long abdomen, épaissie en forme de massue, sans tache jaune sur le dessus. Il s’agit ici d’un mâle dont la « pièce copulatoire » - comme disent sans rire les entomologistes - est bien visible. Ainsi que la bordure distinctive incurvée de ses ailes postérieures.
Il n’a qu’une haie à « sauter » pour venir au jardin. Histoire peut-être de varier son menu des bords de Sèvre. Et de faire un tour aux abords de la petite mare.
29 avril 2017
Une cloque blanchâtre qui s’élargit inexorablement. Au point d’envahir une feuille en quelques jours. À l’intérieur, un petit vers jaunâtre. La larve d’une Mineuse de l’oseille. À vrai dire, le terme renvoie à plusieurs insectes parasites. Le plus souvent une petite mouche, mais aussi un minuscule papillon. Avec un point commun : un œuf injecté entre les deux épidermes de chaque feuille. En l’occurrence, la bestiole a infesté une bonne partie de la platebande.
Il n’y a pas de recette miracle. Sinon cueillir et brûler toutes les feuilles « cloquées ». En fouillant bien au cœur des touffes pour n’en oublier aucune. Finalement, plusieurs dizaines de feuilles sont atteintes. Pas de catastrophe. Il en reste suffisamment pour la cuisine !
Mais il faudra redoubler de vigilance. Car dans leur dernier stade, les petites larves quittent leur feuille quasi « vidée » pour s’enterrer et devenir bientôt une nouvelle petite mouche qui à son tour… Mieux vaut casser le cycle avant qu’il ne prenne trop d’ampleur.
28 avril 2019
Non, ce n’est pas une coccinelle sans tache… Ce bel insecte rouge vif cache bien son jeu. À l’inverse de son quasi-sosie, en effet, il est membre d’une famille à la très mauvaise réputation : les Chrysomèles !
Pas de danger ici toutefois. Du moins pour le potager. Comme son nom le suggère, la Chrysomèle du peuplier ne s’attaque pas aux légumes. Mais au feuillage du peuplier ou du saule. Bec fin, elle choisit plutôt celui des rejets, plus tendre et plus accessible. C’est sans doute ce qui l’amène aux abords du jardin.
Ses diverses cousines sont généralement beaucoup plus petites. Et tout aussi belles. Avec des couleurs variées souvent métalliques. À chaque tribu son menu végétarien de prédilection : l’oseille, le haricot, le romarin… Comme souvent, ce sont les larves les plus voraces. Après leur passage, il ne reste plus grand-chose, sinon la dentelle des nervures ! Peu de solutions. Vigilance, collecte avant la ponte et décoction de pyrèthre en cas d’invasion.
27 avril 2019
Le Populage des marais lance ses derniers feux au bord des conches et des rigoles. L’Iris faux-acore prend le relais. Les pieds dans l’eau, mais pas trop, les larges et solides glaives de son feuillage se dressent majestueusement au pied des berges. À faire pâlir d’envie l’Iris des jardins. Envahissant jusqu’aux fossés les plus reculés, ils s’aventurent parfois sur les prairies humides, mais, moins à l’aise que dans la vase, ils y restent souvent plus chétifs. Ce qui ne les empêche pas de fleurir.
Sur la robuste hampe florale, de longs fuseaux verts laissent pointer un jaune vif qui ne tarde pas à l’épanouir. Loin de fioritures de certaines formes cultivées, la fleur de l’iris apparaît alors dans toute sa pureté. À maturité, les graines contenues dans de grosses capsules se disperseront au fil de l’eau. Mais l’Iris faux-acore peut aussi compter sur ses rhizomes charnus et coureurs pour assurer sa propagation. Les fossés envasés du marais deviennent ainsi son royaume !
26 avril 2019
Ses cousines n’avaient pas attendu le printemps pour s’aventurer au jardin. La « géante » de la tribu vient de les rejoindre. À vrai dire, la Véronique petit-chêne ne se hisse guère plus haut que la Véronique de Perse et la Véronique à feuille de lierre. Mais ses fleurs, bleu clair, parfois violacé, s’épanouissent plus généreusement.
Elles ont évidemment un air de famille. Les quatre pétales présentent ainsi des stries plus foncées pointant la voie du nectar. Et deux sacs de pollen se dressent de part et d’autre d’un style unique, dans l’axe de la piste d’atterrissage. Autrement dit le pétale inférieur, plus étroit et plus pointu.
Petite coquetterie de la Véronique petit-chêne : des poils oui, mais pas en bataille ! Elle les dispose donc en deux lignes diamétralement opposées tout au long de sa tige. Quand à ses feuilles, l’évocation du chêne relève de la même imagination que le lierre chez sa cousine !
26 avril 2019
À vrai dire, elle plus verte que jaune et ses reflets évoquent davantage le bronze que l’or. Qu’importe. La Cétoine dorée a des allures de bijou. D’autant qu’on la découvre le plus souvent parmi les fleurs. Et pour cause !
Comme sa cousine, le Drap mortuaire, elle n’est pas là pour la poésie, ni pour butiner, mais bien pour brouter pétales, étamines et pistil. Pas de quoi s’affoler tant qu’il n’y a pas véritablement d’invasion. Sinon, il suffit de ramasser le surnombre. Elle est si facile à repérer et à « cueillir » !
Celle-ci n’a pas encore perdu sa pilosité juvénile sur ses élytres marqués de blanc crème. Larve encore il y a peu sans doute, elle participait alors à la décomposition du tas de compost. On lui pardonnera donc volontiers quelques fleurs grignotées !
24 avril 2019
La glycine se mêle au Kolwitzia amabilis, alias le Buisson de beauté, dans la petite cour près de la maison. Superbe duo printanier aux couleurs tendres pour une floraison aussi généreuse que parfumée.
Les interminables tiges coureuses de la glycine prennent un malin plaisir à s’insinuer dans la ramure souple de son compère. Mieux vaut y veiller, avec une taille de fin d’hiver puis en fin de floraison, pour éviter un envahissement intempestif. Car le Buisson de beauté a besoin de se sentir libre pour donner le meilleur de lui-même.
Il en vaut la peine ! Sur fond de feuillage vert foncé, ses grappes serrées sont réjouissantes. D’abord rouge vif, la multitude de boutons éclate bientôt en de foisonnantes guirlandes de petites fleurs blanches délicatement nuancées de rose. Les corolles à deux lèvres lobées s’ouvrent largement sur le tube nectarifère. Avec une subtile dentelle orangée sur les trois lobes de la lèvre inférieure. Pour guider les pollinisateurs.
23 avril 2019
Le jardin n’a rien à craindre avec la Piéride du navet. Contrairement à ce que suggère son nom, elle n’installe pas ses chenilles au potager. Pas plus sur les navets que sur d’autres légumes. Elle préfère les crucifères sauvages comme l’Herbe à l’ail ou la Cardamine des prés.
Nettement plus grande que la Piéride de la moutarde, elle ne se distingue pas facilement de la Piéride du chou qui, elle, mérite bien son nom. La moindre envergure et les taches noires des ailes ne suffisent pas. Car la livrée de la belle aux yeux bleus change d’un sexe l’autre, d’une génération l’autre…
Le distinguo le plus constant se situe au revers des ailes. Sur fond jaune pâle, les nervures sont en effet généreusement poudrées de gris. Pas de panique donc. Bien au contraire. La Piéride du navet est la bienvenue. Non seulement elle est indifférente aux légumes mais, sauvages ou non, les fleurs du jardin peuvent compter sur elle.
22 avril 2019
Semée en automne, la phacélie a couvert une large partie du jardin pendant la mauvaise saison. Coupée en fin d’hiver puis incorporée aux planches avec le terreau de feuilles mortes de l’an passé, selon les conseils du Père Narcisse, elle apporte actuellement son énergie aux premières plantations. Et aux premiers semis.
Une petite planche subsiste. Pour le plaisir de son dense feuillage souvent pointé de pourpre. De sa floraison surtout. Mauves veinées de violet, très parfumées, les corolles s’épanouissent une à une. Le temps pour ses épis, en crosses serrées, de se dérouler et se redresser. Émerge alors une petite forêt d’étamines et de styles, largement débordants, également mauve-violacé.
Ce sera un crève-cœur, bientôt, de broyer la belle pour « récupérer » la planche. Mais il n’est évidemment pas trop tard pour un nouveau semis. Puisque la phacélie n’est pas seulement un engrais vert, ne mérite-t-elle pas, ici et là, de fleurir le jardin tout l’été ?
21 avril 2019
La nouvelle s’est vite propagée. La Sarriette est en fleurs ! Même le Bourdon des pierres a fait le déplacement. Il est pourtant plus gros que chacun des petits épis floraux… Mais il a la technique. Noir, la pointe de l’abdomen rousse flamboyante, il prend appui sur un épi voisin. Aucune difficulté alors pour plonger sa longue langue au cœur des minuscules fleurs roses. Quitte à changer régulièrement de position pour n’en oublier aucune.
Les abeilles ne sont pas en reste ! Moins lourdes évidemment, elles s’installent directement sur un épi, pour l’explorer méticuleusement, sans même le faire ployer. Mais qui voilà ? La petite Mouche stercoraria. Comme quoi la Scatophage du fumier a des goûts bien plus raffinés qu’on l’imagine !
Laissons les butineurs se régaler et les épis se développer encore un peu. Ils feront bientôt une excellente tisane. La cueillette des hampes florales stimulera alors la pousse du feuillage. De quoi parfumer tous les plats de l’été. À commencer par les mogettes.
20 avril 2019
À première vue, on pourrait croire à une petite araignée maçonne. C’est un peu cela, mais uniquement pour la finition ! Car le nid façonné par l’Agroeca brunnea n’est pas entièrement constitué de boue. En bonne araignée, elle a filé un cocon. Une petite lanterne suspendue à un brin d’herbe. À l’intérieur, une cinquantaine d’œufs. Le mets préféré, hélas, des larves du Gelis, une petite guêpe de la grande famille des Ichneumons.
Alors, pour mieux protéger sa progéniture, la petite Agroeca brunnea recouvre le cocon d’un crépi de boue. Une protection illusoire sans doute compte tenu de l’efficace tarière avec laquelle l’ennemi injecte ses œufs. Mais que faire de plus ?
Une fois l’enduit en place, jusque sur les fils d’encrage, la petite araignée chocolat abandonnera le cocon et partira en chasse. Pas de toile en effet, mais un patient affût. Parmi les feuilles mortes et les herbes basses. Et dans le feuillage des légumes du jardin.
En savoir plus le parasitisme des Gelis sur les cocons d'Agroeca brunnea avec le site european-arachnology.org
19 avril 2019
Un papillon blanc. Une Piéride. Oui, mais laquelle ? Ni celle du chou, ni celle du navet. Elle est bien trop petite. Guère plus de deux centimètres d’envergure. Avers des ailes, abdomen, pilosité de la tête : la Piéride de la moutarde est blanche jusqu’au bout des pattes !
Trois exceptions cependant. D’abord le revers des ailes. De larges lignes grisées y forment un discret réseau, comme estompé, à peine perceptible sous le soleil. Ensuite les antennes. En forme de massue, on croirait leur pointe incandescente, brune puis roux-orangé. Enfin les yeux ! Si ceux de la petite Aurore sont verts, ceux-ci n’en sont pas moins attendrissants. D’un étonnant gris bleu. Constellés de petits points plus sombres.
La Piéride de la moutarde affectionne les pieds de haie et les prés refermés du marais. Elle y butine notamment le Grémil pourpre bleu. En attendant la Moutarde noire qui ne devrait plus tarder à fleurir.
18 avril 2019
C’est fois, le coup d’envoi est donné. Le lilas est en fleurs. Des grappes rose-carmin délicieusement parfumées. De quoi renouveler les bouquets des tulipes finissantes. Mais, c’est également, selon la tradition, LE signal pour la plantation des pommes de terre.
À vrai dire, pour tenter le diable, deux petits rangs sont déjà en terre. Depuis une dizaine de jours. En ce début de printemps particulièrement doux, la terre est suffisamment chaude dans le marais. On n’est certes pas encore définitivement à l’abri des gelées matinales, mais comment résister à la tentation des petites pommes de terre primeurs ?
Les Saints de glace sont dans moins d’un mois. La plantation à plus grande échelle peut débuter. Pour ne pas mettre tous les œufs dans le même panier, elle va s’échelonner sur une quinzaine de jours. Même si, a priori, il n’y a plus grand risque. Puisque le lilas est en fleurs.
17 avril 2019
Son histoire est très comparable à celle du Sialis de la vase. En plus expéditif. Et le vol en plus. La Grande éphémère, alias la Grande mouche de mai, comme l’appellent les pêcheurs, n’abandonne en effet son état larvaire que pour l’ivresse des ballets aériens au cours desquels a lieu « la grande affaire » !
La femelle meurt sitôt la ponte au fil de l’eau et le mâle attend la fin dans une sorte de paisible indolence. C’est sans doute le lot de celui-ci. Les pattes avant redressées, l’abdomen arqué, prolongé de trois longs cerques, il est comme endormi sur une fleur de tulipe.
Un coup de vent et le voilà sur le trèfle du jardin. Fortement nervurées, transparentes, tachées de brun, ses longues ailes avant dominent largement les petites ailes arrière. Même dérangé, le cœur n’y est pas ! Il se déplace à peine, sans un battement d’ailes dont le poids finit par le renverser. Il se redresse mollement et reprend sa posture. C’est sans doute son heure. Sous le soleil. Un après-midi d’avril.
La Bugle rampante
16 avril 2019
Elle côtoie le Lamier pourpre et le Lierre terrestre au pied des haies. Pas de risque de confusion. La Bugle rampante dresse un bel épi serré où le bleu violacé des petites fleurs se mêle au vert puis au bronze d’un feuillage qui fonce et rétrécit en progressant vers le sommet de la pyramide.
Comme chez ses voisines, les fleurs de la Bugle rampante présentent deux lèvres ouvrant sur un long tube nectarifère. La lèvre inférieure à trois lobes reçoit les butineurs. Au-dessus, la lèvre supérieure est atrophiée. Pour ne pas dire inexistante. Pas d’auvent protecteur donc pour étamines et styles qui en débordent largement.
Cela dit, la belle se propage surtout, comme son nom le laisse entendre, au fil de l’enracinement de ses longs stolons. Un bon couvre-sol donc. Vite envahissant.
Jadis prisées pour ses vertus cicatrisantes, ses feuilles fraiches sont parfois encore utilisées pour relever les salades. À petite dose toutefois. Et à condition d’en apprécier l’amertume.
Les Demoiselles métalliques
15 avril 2019
Les Demoiselles sont de retour au jardin. Et les plus belles qui soient. Galoptérix éclatant : le nom leur va comme un gant. Avec leur allure d’engin de science-fiction. Ah, cette curieuse attache des ailes au niveau du thorax ! Avec également leur superbe couleur électrique. Bleu soutenu pour Monsieur. Vert bronze pour Madame.
Leurs ailes très finement nervurées - largement marquées de bleu foncé chez le mâle, translucides et uniformément verdâtres chez la femelle - en font d’excellents voiliers. Et de redoutables prédatrices puisqu’elles chassent en vol. Elles sont peu discrètes, certes, mais aussi vives que légères. Et rien ne doit leur échapper avec de tels yeux. De véritables petites billes pour une vue à 360° sans doute.
La Sèvre est toute proche. Tant mieux donc si elles traversent régulièrement le halage et la haie pour venir au jardin. Leurs solides mandibules participent à l’équilibre du potager.
14 avril 2019
Cinq pétales blancs échancrés à la manière de la Stellaire holostée. Si elle n’a pas la prestance de sa voisine des haies, la Silène latifolia - alias le Compagnon blanc - a une sexualité autrement plus complexe ! Il est vrai qu’étamines et styles ne cohabitent pas. Fleurs mâles et femelles doivent ainsi impérativement s’en remettre aux pollinisateurs.
Ce handicap étant, la belle ne prend aucun risque face à la concurrence. Elle sait bien qu’elle ne fait guère le poids sous le soleil. Malgré la délicate collerette marquant l’entrée du tube nectarifère. Elle attend donc le crépuscule pour s’épanouir pleinement et commencer sa production de nectar. Mais également de parfum. L’arme suprême pour attirer les papillons de nuit !
La fructification du Compagnon blanc est bien connue des enfants : des petites capsules brunes bordées d’une couronne dentelée. Et bourrées de graines. Au choix : des maracas miniatures ou des sifflets du plus bel effet. Avec un peu d’entrainement bien sûr.
13 avril 2019
Vivent les abeilles sauvages ! En voici une parmi les plus actives. Du moins le petit Andrène cendré devient-il vite familier, aisément identifiable à l’abondante fourrure de son thorax. Un large bandeau noir entre deux bandes grises. Avec un toupet frontal assorti.
La pilosité est plus clairsemée sur l’abdomen dont les reflets métalliques scintillent au soleil. Et celle des pattes arrière constitue de véritables brosses qui ne tardent pas à se charger de pollen de fleur en fleur.
Réputé être l’abeille « des sables », l’Andrène cendré n’en creuse pas moins son terrier au jardin. Il n’est pas le seul ! Les abeilles sauvages sont solitaires, certes, mais la plupart voisinent aisément, toutes espèces confondues. Sous les arbres fruitiers, là où la végétation peine à s’installer, parfois même dans la terre meuble des planches cultivées, des dizaines de petits cratères de terre fine signalent autant de dortoirs doublés d’une nurserie. C’est plutôt bon signe. Si on veut des butineurs au jardin !
12 avril 2019
Elle se dresse au bord du halage. Parmi les orties. Histoire peut-être de rendre la comparaison plus facile. Et de dissiper le doute. Les feuilles terminales de l’Allaire officinale - l’Herbe à l’ail comme on dit en Poitou - ressemblent en effet bigrement à celles de l’ortie. Étrangement, quelques étages en dessous, le feuillage prend une forme très différente, plus ronde, comme un gros cœur crénelé.
Rondes ou pointues, une petite cueillette s’impose. Ciselées, les feuilles d’Allaire donnent à la salade un léger goût d’ail, d’autant plus agréable qu’il ne vous poursuivra pas tout l’après-midi !
L’inflorescence est composée de multiples petites fleurs blanches aux quatre pétales en croix. Une crucifère. Plus proche du chou ou du navet donc que le l’ortie ! Une cousine de la moutarde. D’ailleurs, ses minuscules graines peuvent en tenir lieu pour relever une sauce. Pas forcément faciles à récolter au bord des chemins ! Alors que quelques feuilles… Un excellent condiment au détour d’une balade.
11 avril 2019
Il est comme prostré, ici sur le dossier d’une chaise du jardin, là sur une feuille d’ortie. À peine sorti de la Sèvre toute proche et c’est déjà presque la fin pour le Sialis de la vase. Larve encore voilà peu, il s’est métamorphosé en ce bel insecte aux ailes magnifiques. Disposées en toiture. Comme une verrière fumée aux allures Art nouveau.
Las ! Pour être séduisantes, ses deux paires d’ailes semblent l’encombrer lorsqu’il prend son envol. Piètre voilier bringuebalé au moindre coup de vent ! Il ne vole d’ailleurs jamais bien loin. À quoi bon. Le seul et unique but de sa courte existence, c’est de trouver l’âme sœur. Au plus vite. L’extase et la ponte ont lieu sur les herbes du rivage. Les larves se mettront à l’eau pour deux ans. À se repaître de petits invertébrés.
Sa mission accomplie, le Sialis de la vase n’a alors plus goût à rien. Pas même à manger. Une sorte de profond et fatal spleen. Tout ça pour ça !
Le Myosotis des champs
10 avril 2019
En bord de Sèvre, il faudra attendre un peu avant de voir fleurir celui des marais. Plus précoce, le Myosotis des champs commence à dérouler sa floraison. Comme le veut la loi du genre, il a en effet une manière singulière de s’épanouir.
Lorsqu’une première fleur apparaît, au sommet de la tige ou d’un de ses rameaux, elle ouvre la voie à une grappe de minuscules boutons, enroulés en une crosse très resserrée. Fleur après fleur, le serpentin se dresse progressivement. D’abord rosées, les corolles au cœur jaune blanchissent pour virer rapidement au bleu pâle, parfois plus soutenu. Des lilliputiennes. Deux fois plus petites que leurs cousines des marais.
Naturellement familier des prairies, le Myosotis des champs a aussi ses habitudes dans la ruelle derrière la maison. Elle y côtoie le Mouron des oiseaux, la Cardamine hérissée et la Drave printanière. Autant de sauvageonnes à la modeste floraison parmi lesquelles Violette et Herbe à Robert feraient presque figures de prétentieuses !
9 avril 2019
Un coup d’œil trop rapide peut le faire passer pour un Staphylin, l’équarrisseur du jardin. Mais le Méloé n’en a pas le tonus ! Il serait bien incapable de redresser son abdomen tel un scorpion pour impressionner un importun. C’est plutôt comme un fardeau qu’il traîne. Surtout ici la femelle, chargée de milliers d’œufs.
Les petites larves grimperont sur les fleurs sauvages, notamment de pissenlit, non pour s’en repaître, mais pour « sauter » sur les abeilles de passage. Jusqu’au nid. Et là, œufs, miel, pollen… Bombance !
Indolent, le Méloé ne peut guère compter sur la fuite, ni la contre-attaque, en cas de dérangement. Mais il sait très bien faire le mort. Un liquide huileux, toxique et répulsif, suinte alors de certaines de ses articulations. Une dissuasion à peu de frais avant de reprendre tranquillement son chemin. L’occasion d’apprécier ses reflets bleutés, la fine ponctuation de ses courts élytres et de son thorax. Et le chapelet de ses antennes.
8 avril 2019
S’il fallait désigner la « chouchou » du jardin, ce serait assurément l’Anthophore plumeuse. D’abord parce que la solide abeille sauvage est une butineuse hors pair. Elle était là déjà fin février et, depuis, elle n’arrête jamais. Par tous les temps.
Et comment résister au charme de cette petite peluche ? Son abondante fourrure, jusque sur la face, mêle gris cendré, fauve et brun roux. Trapue, avec ses petits yeux noirs, luisants, elle ne manque pas d’allure. Ce n’est pourtant pas à sa fourrure que la belle doit son qualificatif. Plutôt à l’apanage du seul mâle : de longues soies plumeuses sur les pattes médianes.
Mâle ou femelle : quelle vivacité ! La « stakhano » n’a pas de temps à perdre. Elle prépare sa longue trompe avant même d’arriver sur la fleur. Droit au but. C’est l’affaire d’une à deux secondes. Et vite à la suivante. Avec une prédilection pour le romarin. Mais le jardin lui prépare de nouvelles gourmandises. La bourrache et les tomates, c’est pour bientôt !
7 avril 2019
Voilà quelques années, un vent d’exotisme japonisant a dû souffler sur le jardin. Avec le Jasmin d’hiver, le Forsythia, mais également le Prunus serrulata qui amorce actuellement sa floraison.
Alors que poiriers, mirabellier et cerisiers en ont presque fini avec la leur - a priori sans dommage après le coup de frayeur d’une gelée blanche l’autre nuit - voici donc un nouveau point de ralliement pour les pollinisateurs de tous poils !
Syrphes, bourdons et abeilles en ont vite trouvé le chemin. Il est vrai que le Prunus serrulata ne fait pas les choses à moitié. Même les boutons floraux participent à la séduction. Leurs grappes rose vif battent énergiquement le rappel. Et les premières fleurs font le reste. Leurs corolles blanc rosé flottent dans le vent. Le moindre rayon de soleil en sublime l’éclatante sensualité.
Hélas, la pluie et les orages annoncés pour la semaine prochaine pourraient gâcher la fête. On ne va pas trop s’en plaindre. Le jardin commençait à avoir soif.
6 avril 2019
Elle côtoie l’Orpin blanc sur la toiture du cabanon. L’Herbe-à-Robert s’aventure jusque dans les taillis proches du jardin. C’est un géranium, sauvage certes, mais plus « vrai » que le pélargonium dont les jardineries commencent à regorger à l’intention des balcons !
Les hypothèses ne manquent pas pour expliquer son nom populaire. En passant par l’inévitable et sulfureux Robert-le-Diable. Encore lui ! Comme si le flamboyant papillon ne lui suffisait pas. Il est vrai que l’odeur est de mise : les feuilles, surtout lorsqu’on les froisse, diffusent en effet des relents musqués qui n’évoquent pas forcément la sainteté !
Pour couronner le tout, les tiges poilues sont baignées d’un intense rouge-sang. Les sépales des boutons floraux également. Un rouge-sang qui paraît même suinter du feuillage… Heureusement, roses, plus ou moins violacées, les petites fleurs sont charmantes. On leur donnerait le Bon-Dieu sans confession. Gare malgré tout. Excellent couvre-sol, l’Herbe-à-Robert est vite envahissante.
5 avril 2019
Le nom populaire de cette Cétoine n’est guère engageant. Le Drap mortuaire ! Il est vrai que sa livrée est assez tristounette. Pas de quoi rivaliser avec sa cousine, la rutilante Cétoine dorée.
Il s’agit ici d’un jeune presque adulte qui n’a pas encore perdu la dense toison claire de sa puberté. Seule petite coquetterie : une constellation de taches claires, disposées en deux lignes caractéristiques sur le thorax.
Comme toutes les Cétoines, il aime les fleurs. Hélas, il ne se contente pas du nectar. Il broute. Alors, là où il passe, il n’y aura pas de fruit. Rien d’inquiétant pour quelques individus isolés. Sinon, pas d’autre solution alors que le ramassage. Heureusement, il est facile à voir et à « cueillir » lorsqu’il est à table !
Quant à ses larves, elles ne dédaignent certes pas les racines des légumes, mais, s’il y a un tas de compost, c’est plutôt là, en bonnes Cétoines, qu’elles préféreront prospérer. Et le compost n’en sera que meilleur.
Fourmis et pucerons
4 avril 2019
Bien sûr, on peut compter sur Syrphes et Coccinelles, efficaces sur les colonies naissantes de pucerons. Mais quand les fourmis s’en mêlent, le nombre et l’organisation aidant, il est souvent trop tard.
C’est le cas ce matin sur un pied de fèves. Un grand classique. Des centaines de pucerons noirs. Pas de prédateurs à l’horizon. Et pour cause ! Une dizaine de fourmis veillent au grain, vont et viennent, comme autant de bergers qui rassemblent et protègent le troupeau.
Une protection intéressée à vrai dire. Car, en retour, elles attendent du miellat, cette excrétion sucrée que les pucerons produisent à foison après avoir sucé la sève des fèves ! Alors, quand le troupeau d’esclaves est bien en mains, reste aux maîtres à le « traire ». Quelques tapotements d’antennes bien placés et il n’y a qu’à se servir. Aujourd’hui, seul un rameau est infesté. Il suffit de le sacrifier et de le brûler. Pour le reste, vigilance, vigilance !
Le chantier du grillon
3 avril 2019
Ça n’a l’air de rien, mais l’aménagement et l’entretien d’un terrier c’est du boulot ! Depuis quelques jours, le grillon du jardin n’arrête pas. À l’intérieur évidemment, mais aussi aux abords.
Creuser, façonner, consolider… Que de débris ! Le grillon a une technique éprouvée pour leur évacuation : la sortie à reculons. Les pattes arrière repoussent énergiquement les gravats jusque sur le seuil. Elles sont solidement équipées pour pareille besogne. De véritables râteaux.
Pas question de laisser un monticule devant l’entrée. À chaque sortie, tout est nivelé en une sorte de petite esplanade. En fin d’après-midi, le chantier est bien avancé. Les brins de paille qui obstruaient en partie l’entrée ont disparu. Le terrassier a fait place nette. Terminé ? Ce sera sans doute un travail de tous les jours. Un désordre est si vite venu. Il suffit d’un orage, du passage de quelque animal nocturne, voire des bottes du jardinier ! Mais, c’est promis, il fera désormais attention.
2 avril 2019
Nouvel envahisseur au pied des haies. Les souches du Grémil bleu pourpre viennent de se réveiller. Un peu comme la Stellaire holostée qu’il côtoie volontiers, ses rameaux rampants émettent de hautes tiges dressées, ponctuées d’étroites feuilles lancéolées.
La floraison qui débute tranche avec le jaune et le blanc des fleurs voisines. Regroupées en petites grappes feuillues, les corolles à l’aspect un peu chiffonné hésitent entre bleu pâle et bleu violacé. Avec des nuances pourpres plus ou moins soutenues. D’où son nom.
D’autant plus qu’à l’arrière de chaque « vitrine » bleue, la corolle se prolonge en un long tube nectarifère pourpre. Une coloration étoilée plus claire en signale l’entrée très étroite vers où convergent plis et nervures des cinq lobes. Suivez le guide ! Postés dès l’entrée du vestibule, étamines et stigmate attendent patiemment. Au garde-à-vous. Le moindre passage complice d’une trompe gourmande devrait suffire à véhiculer le pollen !
1 avril 2019
Dans la grande famille des Éristales, voilà « la » mouche des prairies humides. Le nom même de l’Hélophile suspendu évoque cet attachement aux zones de marais où ses larves prospèrent dans les fossés. Pourquoi « suspendu » ? Tout bonnement en hommage à sa grande maîtrise dans l’art du vol stationnaire !
Les prairies humides d’accord, mais aussi le jardin. Elle ne résiste pas actuellement au nectar des fruitiers en fleurs. Moins à l’aise avec les petits-pois et les fèves, elle les abandonne volontiers aux abeilles et aux bourdons.
Outre la fameuse nervure en vague propre aux ailes des Éristales, l’Hélophile suspendu se distingue évidemment par les rayures jaune -clair de son thorax et les taches « en sablier » de son abdomen, jaune-ocre puis crème en écho à sa toison faciale.
Cette livrée en noir et jaune lui vaut Outre-Manche le surnom de « Footballeur ». Ici, elle évoquerait plutôt le ballon ovale. De La Rochelle à Mont-de-Marsan.
12/01/2019
Dumotteron
Il ne faut pas confondre Le Gaillet Gratteron et Le Guilleret Gratton ! Meilleurs voeux au Jardinier du Marais et au Père Narcisse
27/08/2018
Mamina
Bonjour. Ce fut une balade savoureuse, merci. J'ai noté quelques légumes qui sont dans mon tout nouveau jardin, ça met du baume au coeur. Bravo pour les commentaires ourlés de pointe d'humour et de fraîcheur. C'était comme si j'y étais.
28/06/2018
CAYLUS
tres belles images commentaires adéquats bcp d'humour merci michel si ça peut vous rassurer le sud n'a pas été gaté mais le soleil est revenu jardinement votre
08/06/2018
Loune
Toutes ces choses qui me paraissaient banales au jardin prennent avec vous une autre dimension....Je vais m’attarder un peu plus devant ces petits détails maintenant.
01/06/2018
Ledrôledegratton
Cette chronique d'un jardin dans le Marais poitevin est un vrai enchantement. Si ce jardinier-poète cultive la terre avec autant de bonheur que les mots, la récolte devrait être belle ! Au plaisir de se saluer un jour prochain en bord de Sèvre...
Vivaces, annuelles, bisannuelles, vous aimez les fleurs, ces pages peuvent vous intéresser.
Les conseils d'amatxi :
Pas facile de désherber les plates-bandes d'iris. La solution : Arrachez et divisez les touffes d’iris, conservez les plus beaux éclats et replantez-les dans une terre bien drainée même pauvre et ensoleillée.
Récoltez les graines de fleurs annuelles qui vous ont plu et après séchage complet dans un endroit sec et ventilé à l'ombre, stockez-les en sachet papier kraft.
Au verger, enlevez les sachets de protection des pommes et poires pour qu'ils finissent de mûrir.
Prolongez les floraisons des jardinières et des massifs en supprimant les fleurs fanées. Arrosez massifs et jardinière après une pluie avec un engrais liquide à base de mélasse bio.
Surveillez l'état sanitaire de vos plantes, car ces conditions climatiques sont propices à l'apparition de maladies comme le mildiou, l'oïdium, la rouille, etc. Faites des traitements avec une décoction de prêle et avec un duo bouillie bordelaise + soufre.
Longues antennes coudées et long abdomen plat à bandes grises : Monsieur Halicte de la scabieuse vient d’émerger. Avec une mission : s’accoupler et… mourir dès l’automne. Seules les femelles fécondées passeront l’hiver, pour pondre au printemps prochain. La génération suivante apparaîtra au cœur de l’été.