30 septembre 2019
Elle est là tous les jours. Par tous les temps. Inlassablement, la petite ouvrière de la Guêpe commune récolte les fibres d’un… piquet de tomate ! Toujours le même. Elle change simplement de face selon l’orientation du soleil.
Le nid ne doit pas être loin. Impossible à trouver. A priori du côté de la peupleraie voisine. En ce début octobre, la colonie est-elle donc toujours en expansion ? Ou bien est-ce l’entretien du nid qui nécessite ainsi la fourniture régulière de « papier mâché » ?
L’ouvrière ne semble pas se poser de question. De ses fortes mandibules, elle tire, coupe et broie les fibres de bois. Rien ne peut la perturber. Elle passe là de longs moment, plaquée au piquet, consciencieusement. Et lorsqu’elle s’envole, c’est pour revenir, encore et encore.
Est-ce la même qui, délaissant la pulpe sucrée des pommes tombées au sol, vient de s’abonner au précieux nectar du lierre nouvellement en fleurs ? Elle ne l’aurait pas volé.
29 septembre 2019
Son nom évoque les précieux tissus brochés de la Renaissance. La Brocatelle dorée (Camptogramma bilineata) présente en effet une livrée donnant une impression de relief dans un camaïeu de motifs ocre. Parfois nuancé de rosé, l’ensemble est parcouru de plusieurs lignes blanches sinueuses, soulignées ou non de brun sombre. Jusque sur l’abdomen.
Voilà un membre de la grande famille des Phalènes. Ses chenilles vertes appartiennent ainsi au club si caractéristique des « géomètres ». Rien à craindre : elles n’arpentent pas le potager. Plutôt les prairies et fourrés alentour où elles se nourrissent volontiers de plantains, liserons et rumex, notamment l’oseille sauvage.
La silhouette triangulaire, les fines antennes rabattues vers l’arrière au repos, c’est un discret papillon de nuit. Cependant, comme l’Alternée, il n’est pas rare de la rencontrer voletant au jardin dans la matinée. Dérangée, elle va se réfugier sur une feuille voisine. Et le plus souvent dessous. Ni vue ni connue.
28 septembre 2019
Voilà une sauterelle plutôt familière des zones humides. Madame Conocéphale bigarré (Conocephalus fuscus) pond d’ailleurs sur les carex des prairies et des rives. Elle est bien armée pour cela. De solides mandibules pour inciser la gaine foliaire. Et un long oviscapte roussâtre, en forme de poignard, pour y injecter les œufs.
Avec la tête conique caractéristique de la famille des conocéphales, elle se distingue par la bande brun foncé couvrant nuque et sommet plat du pronotum. Dans le prolongement, les ailes brun clair dépassent assez nettement la pointe de l’abdomen.
Le reste est vert clair, assez vif, à l’exception roussâtre des yeux, de la pointe et des articulations des pattes. Ainsi que des antennes, très mobiles, trois fois plus longues que le corps !
Pas de laîches au jardin. Le Conocéphale bigarré le visite néanmoins de temps à autre. Omnivore, il grignote quelques fleurs, notamment les dahlias, sans rechigner sur les petits insectes de rencontre. Il apprécie ainsi tout particulièrement les pucerons.
27 septembre 2019
La petite Clytre des saules (Clytra laeviuscula) est surprise ici en pleine ponte. Entre ses pattes arrière. Elle retient ainsi ses œufs, car, avant de les disséminer, il lui faut les préparer. Elle va donc minutieusement les enduire de ses excréments puis les lâcher sur le passage d’une colonie de fourmis.
Celles-ci vont alors les estimer bons matériaux de construction et les transporter jusqu’à la fourmilière. Sitôt l’éclosion, les larves parasites s’échapperont des parois où elles avaient été incluses pour commencer leur festin. Non sans s’enduire très vite de terre et de leurs propres excréments pour se constituer une gangue protectrice propre à échapper aux mandibules des fourmis !
Un thorax noir et luisant d’où la tête dépasse à peine. Des élytres allongés, rouge orangé, marqués de deux points noirs à l’avant et de deux taches plus larges et plus diffuses à l’arrière. Pour sa part, la Clytre des saules se nourrit du feuillage d’arbres divers, saule, peuplier, chêne, orme, noisetier… Mais aussi de pollen. Notamment de marguerite.
26 septembre 2019
Hormis la couleur, il a tout du taupin, le cauchemar du jardinier. Normal, c’est un de ses cousins. Mais les larves de l’Ampède sanglant (Ampedus sanguinolentus) ne sont pas radicicoles. Si elles ont, elles aussi, une allure de « fil de fer », elles ne prennent pas les salades au collet. Et ne minent pas non plus les pommes de terre !
Saproxylophages, elles se développent entre écorce et bois des arbres pourrissants. Elles participent ainsi, avec les champignons notamment, au recyclage des bois morts et leur transformation en humus.
Ce petit coléoptère (10/12 mm) est lié aux zones humides. On le distingue aisément à ses élytres rouge vif, striés et fortement ponctués. Et bien sûr à sa longue tache noire en forme de fuseau. À ne pas confondre avec son très proche parent, l’Ampède rouge sang (Ampedus sanguineus) dont les élytres ne sont pas tachés de noir. Mais les deux sont par ailleurs très comparables, avec un thorax noir velu et d’assez longues antennes en dent de scie.
La Mouche soldat noire
25 septembre 2019
Autre temps, autres mœurs. Quand la Mouche soldat noire (Hermetia illucens) a reçu son nom vernaculaire, la féminisation des métiers et des fonctions n’était pas encore à l’ordre du jour… On la qualifierait plutôt aujourd’hui de « soldate noire ». Nonobstant son caractère parfaitement inoffensif !
Sa taille (environ deux centimètres) et ses longues antennes dressées peuvent prêter à confusion. Pourtant, ni guêpe ni abeille, c’est bien une mouche. À dominante noire mais les tarses jaune pâle, avec une fine pilosité grise sur les flancs, le thorax et la face. Les yeux sont par ailleurs joliment marbrés de vert et de bleu. Et les ailes rousses laissent entrevoir la pointe rougeâtre du long abdomen.
Le nom lui vient peut-être de ses larves. Des bataillons d’asticots noirs qui prennent d’assaut les matières organiques en voie de décomposition. En cela, la Mouche soldat noire est la bienvenue au jardin où sa progéniture participe activement à la maturation des tas de compost.
24 septembre 2019
Cinq étamines dressées sur le pourtour d’un petit disque conique suintant de nectar. C’est là toute la raison de vivre de la Collète du lierre ! L’apparition de la petite abeille sauvage est parfaitement synchronisée avec l’éclosion des grappes florales du lierre. Sur les haies, le tronc des frênes et des peupliers.
En cette fin septembre, tout juste sortie de terre, la voilà donc à pied d’œuvre. Premières anthères bourrées de pollen. Premières gouttes de nectar. De quoi préparer la bouillie des futures larves. Mais chaque chose en son temps. Entre deux butinages, les femelles prospectent activement le jardin. En quête d’un coin tranquille où creuser leur terrier. Les mâles patrouillent aussi. Prêts à saisir la moindre opportunité.
L’automne dernier, c’était sur une planche de choux. Des dizaines de petits cratères. Ensemble, mais chacune chez soi ! Cette année, il semble que ce soit la même planche. Du moins l’agitation y est-elle plus soutenue qu’ailleurs depuis quelques jours. Parmi les haricots cette fois !
23 septembre 2019
Le houblon ne compte pas au nombre des cultures traditionnelles du Marais poitevin. Il y est malgré tout très présent dans sa forme sauvage. Il monte à l’assaut des haies et court sur les berges. Cela dit, la Pyrale du houblon (Pleuroptya ruralis) a une autre corde à son arc. Elle installe volontiers ses chenilles sur les orties. Comme sa cousine du même nom.
Lesdites chenilles sont faciles à repérer. Elles enroulent en effet les feuilles dont elles se nourrissent et où elles se métamorphosent ainsi à l’abri des prédateurs. Vert pâle, un peu translucides, elles laissent transparaître de longues veines bleutées.
Réputée nocturne, la Pyrale du houblon se laisse aussi aller à butiner le jour. Elle réfugie alors sous la première feuille venue au moindre dérangement. Parcourues de lignes sombres sinueuses, bordées de marques en U, ses ailes blanc crème sont légèrement diaphanes. Avec de discrets reflets nacrés.
22 septembre 2019
Après le fauchage du début de l’été, la Bardane à petites têtes (Arctium minor) a retrouvé toute sa vigueur au bord du halage. Comme son nom l’indique, ses capitules ne sont guère spectaculaires. Les abeilles ne les apprécient pas moins.
Les fleurs proprement dites pointent en petits bouquets serrés. Chacune d’entre elles se résume à une étroite corolle tubulaire, violacée et finement dentée. En émergent les étamines d’un pourpre très foncé. Soudées, elles forment elles-mêmes un tube enserrant un long style blanc unique.
Contrairement aux cirses et aux chardons, la Bardanne à petites têtes ne comptera pas sur le vent pour disperser ses graines. Elles resteront groupées au creux de l’involucre globuleux qui, pour l’heure, tient lieu de « vase » très graphique aux fleurs. Le moment venu, la plante étant desséchée et les pédoncules très cassants, il suffira qu’un animal ou un promeneur s’y frotte… Les petits crochets des bractées feront alors leur office. À la manière d’un scratch.
21 septembre 2019
Son cousin le Grand bombyle, rencontré en fin d’hiver, n’était déjà pas bien gros ! C’est dire si le Petit bombyle (Bombilius minor) est particulièrement discret lorsqu’il butine au jardin. Un centimètre tout au plus. Hors la trompe naturellement : l’attribut caractéristique de la famille. Déployée droit devant, elle permet un butinage précis et rapide, quasi sans s’arrêter de voler. C’est à peine si les très longues pattes se posent sur la fleur.
La discrétion du Petit bombyle tient aussi aux couleurs neutres de son abondante fourrure. Des reflets roussâtres sur des nuances de brun et de gris. Beaucoup plus passe-partout que la tenue sombre piquetée de blanc du petit Bombyle noir.
Pour le reste, le voltigeur est moins « nounours » qu’il en a l’air ! La femelle pond en effet à proximité des nids d’abeilles sauvages. La dure loi de tous les bombyles. Ses larves trouvent vite le chemin. Elles commencent par dévorer tout ce qui traîne pour terminer par le couvain. Ainsi va l’équilibre du jardin.
20 septembre 2019
Son allure de petite guêpe le met (un peu) à l’abri de la convoitise des prédateurs. On aurait tort de redouter le Syrphe ceinturé (Episyrphus balteatus). Non seulement il ne pique pas, mais c’est sans doute l’un des plus efficaces auxiliaires du jardin !
Comme tous les syrphes, c’est d’abord un infatigable butineur. On le repère assez facilement à son vol stationnaire au-dessus des fleurs qu’il semble choisir avec soin. Peut-être vérifie-t-il qu’une Araignée crabe ne l’y attend pas ! Les yeux bordeaux, la face blanche, il est surtout remarquable par son étroit abdomen ceinturé de noir et de jaune orangé.
Mais ce n’est pas tout. Comme le Syrphe des corolles par exemple, sa présence au jardin est tout bénéfice pour lutter contre les pucerons. D’autant plus que la femelle est peu regardante. Rosiers, haricots verts ou tomates… Qu’importe la couleur des pucerons ! Une seule larve, estime-t-on, peut en dévorer un bon millier. Qui dit mieux ?
19 septembre 2019
Nous sommes bien en automne ! Les taches triangulaires orangées de l’Éristale opiniâtre (Eristalis pertinax) sont à peine visibles en cette saison. La dominante est au brun foncé presque noir pour ce gros syrphe qui se donne des allures d’abeille.
Les reflets roussâtres du thorax velu se diffusent sur le fin duvet de l’abdomen conique et sur les ailes légèrement fumées. Seuls les tarses des pattes avant et médianes se distinguent par leur couleur jaune vif.
Excellente butineuse, l’Éristale opiniâtre est un peu moins délicate pour l’installation de ses larves ? Voire. Car si, en effet, elle pond dans les eaux stagnantes les plus « chargées », et même dans le purin, elle contribue du même coup à leur épuration. Les fameux « vers à queue de rat » - ladite queue leur permet de respirer à l’air libre - s’y nourrissent en effet des matières organiques en décomposition. Aussi utile que peu ragoutant !
18 septembre 2019
Si la plupart des abeilles récoltent et transportent le pollen sur leurs pattes arrière, la Mégachile du rosier l’amasse sur la face ventrale de son abdomen. C’est d’ailleurs ce qui frappe tout d’abord chez cette petite abeille sauvage. Un ventre rebondi, jaune vif, à force de poussière d’or accrochée aux longs poils, raides et roussâtres, de sa brosse collectrice.
Les précieuses provisions sont réparties dans les cellules des futures larves qui s’en nourriront. Au creux d’un bambou par exemple où la nurserie est soigneusement aménagée. À chacun son matériau de prédilection. Si l’Isodonte mexicaine utilise des brins d’herbe sèche, la Mégachile préfère plutôt les feuilles de rosier. D’où son nom. Elle y découpe de petits confettis dont elle tapisse les parois du nid. Sans véritable dommage pour le rosier. Sinon esthétique en cas de prélèvement massif. Cela dit, mieux vaut quelques mégachiles qu’une attaque de rouille, l’oïdium, de mildiou ou de taches noires !
17 septembre 2019
Rouge évidemment, mais beaucoup moins vif et uniforme que son proche parent, le Sympetrum sanguin. Le thorax du Sympétrum commun (Sympetrum vulgatum) est même franchement brun, avec les sutures latérales soulignées de noir. Les yeux et la tête aussi sont brunâtres, avec une barre frontale noire descendant légèrement le long des yeux à la manière d’une moustache.
Le brun plus au moins clair s’étend sur les côtés des premiers segments d’un l’abdomen par ailleurs rougeâtre, parfois nuancé de jaune orangé. La femelle est elle plutôt jaunâtre.
Chasseur à l’affût, le Sympétrum commun passe de longs moments, accroché à une graminée ou quelque autre plante de moyenne hauteur. Il en a sélectionné une dizaine au jardin et passe de l’une à autre au fil de son patrouillage. Dans le périmètre de ses postes d’observation, pas question de tolérer un autre mâle ! La moindre incursion est immédiatement repérée. Et l’incongru vertement raccompagné vers la sortie… .
17 septembre 2019
Malgré sa relative petite taille, un centimètre et demi tout au plus, l’Halicte de la Scabieuse (Halictus scabiosae) ne passe pas inaperçue. Cette fluette abeille sauvage est en effet assez remarquable par le profil allongé, souvent arqué, de son étroit abdomen barré de bandes grises. Surtout chez le mâle dont, en outre, les solides antennes noires se recourbent en forme de crochets.
Le thorax sombre est abondamment velu. Une fourrure grisée que l’on retrouve sur la nuque et sur la face. Membraneuses, légèrement fumées, les fines ailes sont repliées au repos, accentuant ainsi une silhouette effilée. Elles sont évidemment loin de recouvrir le long abdomen.
Allez savoir pourquoi, lorsqu’elle passe au jardin, l’Halicte de la Scabieuse jette essentiellement son dévolu sur les cosmos. Peut-être est-elle sensible à l’harmonie des couleurs…. Fémurs noirs, tibias et tarses jaune paille : ses pattes sont en effet au diapason des petits fleurons qu’elle butine avec tant d’assiduité ! .
15 septembre 2019
Les forcenés de la tondeuse trouveront sans doute les allées du jardin mal entretenues. Il est vrai qu’à la faveur notamment des récentes (petites) pluies, les crépis viennent d’y lâcher la bride à leurs inflorescences. Notamment le Crépis capillaire (Crepis capillaris). Oh, elles ne prennent guère de hauteur. Une trentaine de centimètres seulement. À force d’être régulièrement décapitées, elles savent bien qu’il vaut mieux rester modestes !
Négligé ou pas, le jardin est plutôt réjouissant ainsi piqueté de centaines d’éclats dorés. Du moins jusqu’en fin d’après-midi. Car les boutons se referment alors sagement pour s’épanouir à nouveau le lendemain au lever du jour. Et les butineurs accourent aussitôt.
Rien ne presse donc pour ressortir la tondeuse. D’autant qu’à l’étage en dessous, le paillasson tarde à reverdir. Attendons donc de nouvelles pluies pour que Trèfle blanc, Potentille et Petit trèfle jaune sortent enfin de leur léthargie. Et prennent le relai auprès des abeilles et syrphes et papillons.
14 septembre 2019
La petite Rhingie champêtre (Rhingia campestris) n’a pas besoin d’enfourner tête et thorax dans la corolle de la sauge bleue. D’une fleur l’autre, elle se tient bien campée, presque à la verticale. Les pattes arrière prennent ainsi appui sur la lèvre inférieure, les quatre autres s’accrochent au casque supérieur.
Dans cette confortable position, elle n’atteint tout de même pas le fond du tube nectarifère. N’exagérons rien. Elle se contente ici de lécher les petits sacs de pollen situés au creux dudit casque. C’est déjà loin. Mais sa langue peut s’étirer sur près d’un centime. Presque aussi longue que le corps tout entier !
Où la rétracte-t-elle lorsqu’elle ne butine pas ? Sous le long rostre roussâtre aux allures de nez pointu qui lui donne cette silhouette si particulière. La Rhingie champêtre se distingue en outre par un abdomen orangé rayé et bordé de noir. Délicate au jardin, elle l’est aussi, mais différemment pour ses larves qu’elle installe, bien au chaud, sur… les bouses de vache des prairies alentour.
13 septembre 2019
C’est la pleine saison pour cette élégante sauterelle verte. Les adultes du Phanéroptère méridional (Phaneroptera nana) émergent en effet fin août, après une longue évolution des immatures depuis le printemps.
Ce sont les yeux proéminents et bicolores qui frappent tout d’abord chez cette tranquille végétarienne. Verts et rose ! L’ensemble du corps est par ailleurs vert jaunâtre piqueté de points sombres. Particulièrement le pronotum dont les lobes latéraux arrondis sont relativement courts.
Avec une allure de queue de pie, les ailes membraneuses dépassent largement des élytres parcourus d’un réseau de nervures claires. Voilà une sauterelle douée pour les vols au long cours.
Outre des antennes démesurées et l’oviscapte en forme de faucille de la femelle, on retiendra encore une sorte d’excroissance rouge vif à hauteur des coudes des pattes avant. Tout simplement, si on peut le dire ainsi, le « tympan » par lequel le Phanéroptère méridional perçoit les vibrations alentour.
12 septembre 2019
De moindre envergure que sa cousine l’Æschne bleue, voilà malgré tout une libellule d’un gabarit respectable avec six bons centimètres de longueur. L’Æschne affinis (Æschna affines) chasse tant à l’affût qu’en vol : mouches et autres insectes, voire des petits invertébrés sur les berges de la Sèvre.
C’est surtout le mâle qui vient longuement patrouiller au jardin. Brun à l’avant, le thorax est jaune vert sur les côtés, avec des sutures finement soulignées de noir. L’abdomen est bleu et noir avec, sur les deux premiers segments, un dessin étrange évoquant un masque fantomatique.
Dominant une face verdâtre au front barré de noir, les deux grands yeux sont jointifs sur le dessus. Ils présentent une superbe palette colorée, du bleu pâle au bleu foncé, presque noir.
Comme souvent chez les libellules, la femelle est moins vivement colorée, dans une gamme allant du verdâtre au jaune et au brun. Elle ne semble pas vouloir honorer le jardin de sa visite. Il est vrai qu’elle est moins facile à repérer.
11 septembre 2019
Heureusement, il y a l’effet de groupe. Sinon, pour chacune de ses petites fleurs, le Cleome hassleriana fait service minimum pour séduire et guider les butineurs. Mais c’est aussi ce qui fait le charme et l’étrangeté de ces larges inflorescences ébouriffées.
Pas de corolle à proprement parler. Simplement quatre pétales roses, ovales, regroupés et dressés presque à la verticale. Leurs longues attaches effilées pointent l’entrée du tube nectarifère. Comme autant de petits panneaux indicateurs. C’est par ici !
Six très longues étamines émergent du tube. Immanquablement, abeilles et bourdons frôleront l’une d’elles au passage et disperseront le pollen. Le style unique central ne tardera pas à être fécondé pour engendrer une des longues gousses vertes qui prolongeront l’élégance du Cléome bien après la floraison.
Oui, mais dans la rude concurrence des mellifères du jardin, comment s’attirer les bonnes grâces des butineurs avec une architecture florale aussi peu conventionnelle ? Le parfum ! Aussi léger qu’irrésistible.
10 septembre 2019
Le Bourdon roux serait-il plus traditionaliste ? À moins que ce soit le Bourdon des saussaies qui soit plus malin ! Le premier persiste à butiner la Sauge bleue dans les règles d’art. Il prend ainsi appui sur la large lèvre inférieure et plonge la tête sous l’étroit casque. Reste alors alors à étirer sa longue langue pour atteindre le fond du tube nectarifère.
N’a-t-il pas remarqué que toutes les fleurs ou presque ont été « aménagées » par le second pour un butinage plus simple et surtout plus rapide ? Le Bourdon des saussaies a en effet perforé la plupart des tubes juste au-dessus du calice. Il utilise ce raccourci à chacun de ses passages. Le rendement de la collecte de nectar est assurément meilleur.
Mais le Bourdon roux s’en fiche. Il semble avoir tout son temps. Une seule fleur quand l’autre en a déjà visité deux ou trois ? Et alors… Lui préfère butiner à l’ancienne !
Jusqu’au dernier rayon de soleil
9 septembre 2019
Dans la lumière rasante d’une fin d’après-midi de septembre dans le jardin du Père Narcisse. L’effervescence ne faiblit pas sur les larges corymbes du Sédum spectabile. Les abeilles y travailleront jusqu’au dernier rayon de soleil.
Les canicules successives et la sécheresse n’ont pas malmené le port superbement dressé de la succulente. Elle en a vu d’autres. N’est-ce pas sa spécialité que de se contenter de peu ? C’est à peine si le vert bleuté du printemps s’est estompé sur son feuillage charnu. Voilà bien, comme l’Orpin de palmer, toute proportion gardée, une plante généreuse propre à enchanter jardinier et butineurs, quoi qu’il arrive !
Surtout en cette fin de saison. Avec un foisonnement compact de milliers de petites fleurs étoilées. Le vert tendre puis le blanc nacré des sépales s’y mêlent au rose pâle pointé de pourpre plus vif des pétales. La source de nectar semble inépuisable pour l’automne à venir.
8 septembre 2019
Quand le regard s’aiguise un peu au jardin, les petites demoiselles commencent à se distinguer les unes des autres. C’est assez facile pour l’Agrion élégant (Ischnura elegans) à raison de son très fin abdomen noir. Et de l’anneau bleu qui en marque l’extrémité en forme de légère massue.
Le thorax et la naissance de l’abdomen sont bleus, rayés de noir. Avec deux petits points bleus à l’arrière de la tête. Les deux sexes sont quasi semblables, jusqu’aux pattes noires aux stries longitudinales bleues. Sauf chez les sujets immatures dont la couleur est variable sur tout l’avant du corps. Plutôt verdâtre pour les jeunes mâles. Plutôt bleu lilas, parfois rose orangé comme ici, pour les jeunes femelles.
Accentuée par la finesse de l’abdomen, la petite taille de l’Agrion élégant (trois centimètres tout au plus) le rend particulièrement discret. Il n’en tient pas moins son rang, solitaire ou en petite bande, parmi les chasseurs du potager.
Le Membracide bison
7 septembre 2019
Avec son air aussi charmant qu’étrange, le petit Membracide bison (Strictocephala bisonia) n’a pas bonne réputation. Notamment dans les vergers et les vignes.
C’est surtout la ponte, sous l’écorce incisée des jeunes rameaux, qui est susceptible de dégâts. Du moins en cas d’invasion importante. Les larves descendent ensuite au sol où, piqueuses suceuses comme les adultes, elles se nourrissent essentiellement au dépend de la végétation herbacée, trèfle et luzerne notamment.
Le Membracide bison est surtout remarquable par la forme pyramidale de son pronotum. Avec une longue épine teintée de jaune à l’arrière, deux « cornes » noirâtres à l’avant et, juste en dessous, deux petits yeux noirs globuleux. D’où cette allure rappelant vaguement le bison.
D’ordinaire, en cas d’invasion, il peut suffire de collecter le surnombre. Mieux vaut ne pas y compter ici. À la moindre approche, excellent sauteur, le « bison » s’éclipse avec une étonnante vivacité. Cela dit, outre les fruitiers, la femelle pond le plus souvent sur les jeunes pousses de frêne, de saule, d’aubépine et de peuplier.
6 septembre 2019
Oh, bien sûr, le Frelon asiatique est un butineur. Il ne dédaigne pas un peu de nectar même si, en cette saison, la pulpe sucrée des pommes ou des poires blettes tombées au sol ont plutôt sa préférence.
C’est aussi un redoutable carnivore. Chasseur certes, mais aussi opportuniste. Il ne résiste pas ici à la tentation d’une abeille tout juste prise au piège d’une Épeire fasciée. La malheureuse vient à peine d’être « emmaillotée ». Il fonce sur la toile et en chasse méchamment la tenancière qui préfère s’éclipser.
Quelle voracité ! Moins d’une minute montre en main pour débarrasser l’abeille anesthésiée de sa gangue de soie blanche et pour la dévorer. À commencer par l’abdomen.
Un peu plus loin, c’est une mouche éristale qui est capturée en vol. La première haute herbe sèche venue fait l’affaire pour le casse-croute. Accroché par une seule patte, dans un curieux équilibre, le frelon asiatique dévore plus qu’il ne déguste. Pour finalement s’envoler en laissant la tête.
5 septembre 2019
Comme les nombreuses autres libellules du jardin, le Sympétrum rayé (Sympetrum striolatum) y vient chasser en voisin depuis la Sèvre niortaise. Il s’agit ici d’une femelle dont le corps brun clair se teinte parfois de jaune, notamment sur les grandes plaques thoraciques. Nettement soulignées d’une ligne noire, les sutures de celles-ci ont donné son qualificatif à l’espèce. Un aspect « rayé » renforcé par la succession de traits longitudinaux noirs de l’abdomen.
Un soupçon de rouge apparaît à l’attache des ailes. Il rappelle la couleur rougeâtre du mâle dont la livrée est toutefois bien moins éclatante et uniforme que celle du Sympetrum rouge sang. Les deux sexes présentent des pattes épineuses noires aux tibias et fémurs marqués d’une ligne claire, plutôt jaune, bien distincte.
Pour ses affûts, le Sympétrum rayé n’est guère attiré par les piquets des tomates. Il préfère les grandes herbes des bords de haies. Sans doute les proies de passage y sont-elles plus nombreuses…
4 septembre 2019
Il faut la complicité d’un contre-jour pour percevoir (un peu) l’éclat orangé du Souci (Colias crocea), pointé et largement bordé de noir. Car le superbe papillon, cousin des piérides, n’a qu’un seul défaut. Il n’ouvre jamais les ailes au repos ou lorsqu’il butine. Par contre, il se laisse volontiers approcher.
La dominante du revers est verdâtre, marginée d’un brun rouille que l’on retrouve sur le dessus velu de la tête. L’ensemble s’illumine d’une large plage jaune d’or rehaussée de taches noires sur les antérieures.
Mais l’attention est d’abord retenue par une marque blanche cerclée de roux au centre des postérieures. Avec un discret chapelet de tirets et de points roussâtres rayonnant autour d’elle. Comme les stigmates d’une maladie foliaire déjà rencontrés chez le Citron.
Le Souci passe régulièrement au jardin, de son vol rapide, mais ne s’y arrête guère. En ce début septembre, ses yeux verts sont surtout en quête d’Eupatoire chanvrine et de menthe sauvage. Il suffit de le suivre.
3 septembre 2019
Les agrions plus ou moins bleus sont aussi nombreux que variés au jardin. Pas toujours facile de les distinguer les uns des autres. Encore moins de les identifier avec précision. Sauf pour la petite Naïade aux yeux bleus (Erythromma lindenii) !
Ce ne sont pas lesdits yeux qui font la différence. Ils ne sont bleu vif en effet que chez le mâle quand ceux de la femelle sont plutôt jaune verdâtre. À l’unisson, à vrai dire, de la couleur dominante d’un sexe à l’autre.
C’est surtout à l’arrière de la tête de Monsieur comme de Madame que se situe « le » signe distinctif : trois tirets assez épais. Bleus pour le mâle, verdâtres pour la femelle bien entendu.
En cette saison, le ballet de la Naïade aux yeux bleus est incessant au jardin. Dès que le soleil est suffisamment haut. De courtes pauses sur fleurs et légumes. Elle ne tient pas en place. Toujours en chasse.
2 septembre 2019
De très longues antennes filiformes. Beaucoup plus longues que le corps lui-même. Voilà donc non pas un criquet, mais bien une sauterelle. La Decticelle cendrée (Pholidoptera griseaptera) est occasionnelle au jardin. Elle fréquente surtout les haies et les fourrés voisins.
Plus claire que le mâle, la femelle est effectivement gris cendré. Elle se distingue notamment par le long appendice arqué, noirâtre, dressé entre deux cerques, à la pointe de l’abdomen. Pas de piqure à craindre ! Il s’agit simplement de l’oviscapte par lequel elle injecte ses œufs dans les bois morts où ses larves se développeront.
Les deux sexes partagent l’originalité de leur pronotum, en forme de selle et souligné d’un fin liseré blanc. À l’arrière de celui-ci, le mâle présente deux élytres très courts, blanchâtres, davantage atrophiés encore chez la femelle. L’un et l’autre n’ont d’ailleurs quasi pas d’ailes. Mais ils sont prompts à sauter sur leurs proies. Mouches, pucerons et chenilles.
1 septembre 2019
Originaire d’Amérique centrale, la Sauge farineuse (Salvia farinacea) apprécie la chaleur. Elle a été servie cette année ! Ses hauts épis floraux bleu violacé sont le rendez-vous des butineurs en cette fin août. Chacun avec sa technique.
Le long tube nectarifère est facile d’accès pour les abeilles et les bourdons qui vont droit au but en prenant appui sur la large lèvre inférieure de la corolle. Pas de difficulté non plus pour le grand Flambé : il lui suffit de se présenter à la verticale et de s’accrocher aux fleurs voisines. L’affaire est plus délicate pour le petit Azuré porte-queue.
Pas d’autres solutions que de se poser sur le tube lui-même. Sur le côté pour éviter l’obstacle de la lèvre supérieure. Inutile toutefois de trop se pencher. À la trompe de faire le reste : il la projette en biais et la coude pour atteindre le Saint des Saints. Un peu d’acrobatie pour une goutte sucrée !
12/01/2019
Dumotteron
Il ne faut pas confondre Le Gaillet Gratteron et Le Guilleret Gratton ! Meilleurs voeux au Jardinier du Marais et au Père Narcisse
27/08/2018
Mamina
Bonjour. Ce fut une balade savoureuse, merci. J'ai noté quelques légumes qui sont dans mon tout nouveau jardin, ça met du baume au coeur. Bravo pour les commentaires ourlés de pointe d'humour et de fraîcheur. C'était comme si j'y étais.
28/06/2018
CAYLUS
tres belles images commentaires adéquats bcp d'humour merci michel si ça peut vous rassurer le sud n'a pas été gaté mais le soleil est revenu jardinement votre
08/06/2018
Loune
Toutes ces choses qui me paraissaient banales au jardin prennent avec vous une autre dimension....Je vais m’attarder un peu plus devant ces petits détails maintenant.
01/06/2018
Ledrôledegratton
Cette chronique d'un jardin dans le Marais poitevin est un vrai enchantement. Si ce jardinier-poète cultive la terre avec autant de bonheur que les mots, la récolte devrait être belle ! Au plaisir de se saluer un jour prochain en bord de Sèvre...
Vivaces, annuelles, bisannuelles, vous aimez les fleurs, ces pages peuvent vous intéresser.
Les conseils d'amatxi :
Pensez à mettre un fagot de branches dans les bassins en bétons par temps de grand gel afin d’éviter qu’ils ne fendent.
Faites vos plantations d’arbres et arbustes tant que le sol n’est pas gelé.
Surveillez l'état sanitaire des bulbes et rhizomes mis à l'abri du gel.
Mettez des noyaux de pêche à stratifier.