31 aout 2019
La plus grosse des guêpes maçonnes. De l’envergure d’un frelon. Pas de panique cependant. L’Eumène unguiculé (Delta unguiculatum) est aussi pacifique qu’impressionnant. Il se laisse volontiers photographier, trop occupé ici à butiner la Menthe sauvage.
Sa silhouette évoque bien sûr la petite Guêpe potière (Eumenes pomiformis) mais en taille XXL ! Comme elle, son abdomen effilé présente un premier renflement, avant de l’épanouir en forme de poire à l’extrémité envahie de jaune. Outre le gabarit bien sûr, il s’en distingue par de larges taches rouges de part et d’autre de l’étranglement. Un rouge plutôt bordeaux qui vient également discrètement animer le thorax finement velu et l’attache des ailes fumées.
L’Eumène unguiculé construit lui aussi des « pots » de terre mêlée de salive pour héberger sa progéniture. Il y enfourne des chenilles anesthésiées pour assurer la subsistance des futures larves. Avec une préférence pour les noctuelles. Réputée méditerranéenne, l’imposante guêpe ne cesse de progresser vers le nord. Réchauffement climatique aidant, la voilà dans le Marais poitevin.
Diaboliques pique-assiettes
30 aout 2019
Comment parasiter un nid-d’abeilles ? La Stenoria analis, ici au repos sur le feuillage d’un cosmos, a trouvé une solution originale. Un peu comparable, mais autrement plus diabolique que celle du Méloé dont la progéniture, née au sol, doit escalader les fleurs pour s’accrocher aux butineuses de passage…
Sitôt l’éclosion, les larves du petit coléoptère aux courts et étroits élytres orangés font preuve d’une remarquable cohésion. Elles forment, ensemble, une petite boule compacte qui pend généralement à la branche où elles sont nées. Le « collectif » émet alors des phéromones propres à séduire les abeilles sauvages mâles alentour. Le temps de réaliser la méprise, les malheureux sont déjà investis par quelques larves accrochées à leur fourrure. Le transfert sur une abeille femelle a lieu lors d’une copulation en bonne et due forme. Reste alors aux larves de la Stenoria analis à se laisser conduire vers le terrier. Et à s’y gorger de miel.
La Timandre aimée
29 aout 2019
De la mythologie grecque au jardin, il n’y a qu’un pas avec la Timandre aimée (Timandra comae). Cela dit, inutile de trop disserter sur la vie tumultueuse de la fille de Tyndare et Léda puisque, dans leur grande sagesse, les entomologistes l’ont résumée en un qualificatif attendrissant. Et comment ne pas l’aimer en effet ce discret papillon de nuit, original tant par la forme que par la délicate harmonie de ses couleurs ?
Des ailes anguleuses frangées de rose vif, une large ligne courbe et rousse barrant les antérieures en diagonale et les postérieures à l’horizontale, le tout sur fond brun clair et pointillé. Un décor somme toute très sobre.
La Timandre aimée ne vient pas au potager pour pondre. Elle y butine la nuit et volète un peu le jour lorsqu’elle est dérangée. Ses chenilles sont plutôt les hôtes de plantes des prairies, renouée, arroche et oseille sauvage. On peut donc l’admirer sans arrière-pensée.
La Mante religieuse
28 aout 2019
L’élégante Mante religieuse (Mantis religiosa) est à l’affût parmi les hautes herbes en bord de haie. D’une taille impressionnante, six bons centimètres, elle est pourtant d’allure fluette. Un mâle sans doute.
Dérangé, celui-ci toise l’intrus de ses grands yeux verts. Mais ne s’envole pas. Il passe plutôt d’une tige l’autre. Du bout des pattes. Précieusement. Tout en pivotant la tête pour ne pas perdre l’importun du regard.
Ce faisant, il dévoile son arme irrésistible. Un crochet acéré et recourbé sur chacun des tarses roussâtres avant. De quoi harponner n’importe quelle proie. Même les plus grosses. Puissamment pris en tenaille, entre tarses et tibias épineux, criquets, mouches ou araignées peuvent d’autant moins se dépêtrer que les mandibules sont aussitôt à l’œuvre !
Allez, assez de dérangement. Laissons-le reprendre son affût. Le potager à tout à y gagner. Un auxiliaire de plus. En attendant qu’il trouve bientôt l’âme sœur. Une congénère de rencontre. Plus grande que lui encore. Et qui le trouvera beau à croquer.
27 aout 2019
Très présente au jardin au début du printemps, la Carte de géographie (Araschnia levana) avait disparu du paysage depuis plusieurs semaines. Comme si les canicules successives avaient anesthésié les chrysalides estivales. Les conditions étant sans doute plus favorables ces jours-ci, la seconde génération vient de faire son apparition.
C’est toujours un étonnement de voir une telle différence d’une génération l’autre ! De mars à juin, c’est le fauve orangé qui dominait, avec de nombreuses taches noires et quelques blanches à la pointe des antérieures. Aujourd’hui, c’est plutôt l’inverse. La dominante est noire. Avec deux lignes de taches, l’une blanche assez large, l’autre plus fine et orangée, surtout aux postérieures.
Seules constantes : l’abdomen noir finement rayé de blanc et le revers des ailes. Fauve aux reflets rougeoyants en cette saison. Barré de blanc et de noir, il présente comme au printemps ce réseau de lignes claires qui lui valent son nom populaire. L’appellation latine (Araschnia) évoque davantage la toile d’araignée. Mais, à quelques jours de la rentrée scolaire, va pour la carte de géo !
26 aout 2019
C’est pourtant vrai qu’elle est belle. Hélas ! Car c’est bien pour les qualités ornementales de son feuillage et de son abondante floraison jaune vif que la Jussie à grandes fleurs (Ludwigia grandiflora) a été introduite en Europe au XIXe siècle. Originaire d’Amérique du Sud, elle a fini par échapper aux bassins qui lui étaient destinés pour prendre ses aises dans la plupart des zones humides. Notamment dans le Marais poitevin.
Une calamité en vérité. La colonisation est telle en effet que toute autre végétation en est asphyxiée. Dans les fossés plus ou moins envasés et même les « baisses » des prairies.
Seule consolation, les éclatantes fleurs à cinq pétales sont très mellifères. Cela dit, la Jussie n’a pas vraiment besoin des abeilles pour proliférer. Elle compte surtout sur ses stolons et sa grande facilité de marcottage.
Et la belle n’a guère de « prédateur » pour en limiter l’expansion. Peut-être le ragondin en grignote-t-il un peu. Lui aussi a été introduit d’Amérique du Sud au XIXe siècle. Avec le succès que l’on sait.
25 juillet 2019
Plus discret que la grande demoiselle métallique, le Leste vert (Chalcolestes viridis) est omniprésent au jardin en cette fin août. Une taille assez nettement au-dessus de la plupart des autres agrions, il se reconnaît aisément.
Les yeux bruns, virant au bordeaux selon l’orientation du soleil, il (ou elle puisque les deux sexes sont identiques) arbore un joli vert bronze. Depuis le thorax jusqu’à la pointe enflée de son long abdomen. Les ailes parfaitement transparentes présentent une large cellule blanche bordée de noir.
Comme ses cousines, libellules ou demoiselles, il est en chasse permanente. On l’aperçoit ainsi lors de brefs affûts sur une feuille ou la tige d’une graminée. Mais c’est en vol qu’il capture ses proies. En particulier les petites mouches. À ce titre, c’est un plutôt bon auxiliaire au potager. Cela ne l’a empêché pas ici de jeter son dévolu sur une petite coccinelle jaune. Revenu à son poste d’observation, il la décortique goulument de ses puissantes mandibules. En laissant ailes et élytres de côté.
23 aout 2019
Évidemment pas de pélargonium au jardin. Mais, il est vrai, les pseudo géraniums sont encore légion ici et là, dans les certaines jardinières alentours. La plante est originaire d’Afrique du Sud. Le petit Brun des pélargoniums aussi. Il a donc suivi le mouvement !
De la taille d’un Argus, il présente des ailes au revers marbré de blanc, de fauve et de brun plus ou moins foncé. À proximité d’un petit ocelle noir, les postérieures portent une fine queue brune et blanche. On retrouve l’un et l’autre sur l’avers, uniformément brun clair, bordé d’une franche blanche.
Importé accidentellement à la fin des années 1990, le Brun des pélargoniums est considéré comme invasif et ravageur. Ses chenilles minent tiges et feuilles des dites plantes d’ornement. Exclusivement. Puisque, pour l’heure, les géraniums vrais, sauvages ou cultivés, ne sont pas concernés. Vos jardinières en ont subi les attaques ? Le moment est sans doute venu d’en varier les plantations !
Le coton Maraîchin
22 aout 2017
Sur les prairies humides comme au bord des fossés, l’Épilobe velu (Epilobium hirsutum) a déjà commencé la dispersion de ses graines. Aigrettes et vent aidant. La canicule et la sécheresse ont hâté le mouvement. Pourtant, le temps plus clément et les pluies du début août semblent avoir redonné du tonus à cette solide Maraîchine. Et c’est reparti pour une nouvelle et abondante salve rose vif !
Très prisées par les abeilles, les petites fleurs veinées de violet sont reconnaissables entre toutes. D’abord avec quatre pétales largement échancrés d’où émerge un long style blanc doté de quatre stigmates en croix. Ensuite, et peut-être surtout, avec un très long calice pourpre et vert aux allures de pétiole.
C’est la future gousse qui, après le passage des abeilles, se gonflera pour éclater et libérer bientôt des centaines de petites graines aux longues aigrettes blanchâtres. Jadis récoltées et filées, celles-ci constituaient une matière première inattendue pour la fabrication de mèches rustiques. Le coton des Maraîchins.
Ah, siroter une petite mirabelle…
22 aout 2019
Il a beau avoir une superbe trompe jaune fluo, le Petit mars changeant a un régime alimentaire assez peu ragoûtant. Car s’il recherche ordinairement divers miellats dans les arbres, il descend parfois au sol pour butiner… crottes et cadavres d’animaux !
Depuis quelques jours, son menu est plus « convenable » au jardin. On l’y trouve ainsi régulièrement sous le mirabellier où le jus sucré des prunes à terre semble le réjouir. Il choisit les mirabelles les plus blettes, dont la queue est tombée, et y plonge sa trompe avec délectation. Mais le plus surprenant est dans la couleur de ses ailes. Le Petit mars changeant présente en effet deux aspects différents : dessus brun foncé avec taches blanches et ocelles orangés pour la forme Apatura ilia ilia, même décor, mais dans une dominante fauve pour la forme Apatura ilia clytie. Et comme si cela ne suffisait pas, l’une et l’autre se parent de reflets bleutés selon l’orientation du soleil.
20 aout 2019
Rabelais fait allusion à l’Eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum) dans les derniers chapitres de son Tiers-Livre. Sans doute l’a-t-il rencontrée lors de son séjour de jeunesse à Maillezais. Dans ce qui allait devenir le Marais poitevin alors en cours d’aménagement… Il en fait la forme « saulvaginée » d’une « herbe merveilleuse » dont son héros aurait découvert et expérimenté les « admirables vertus ». Le Pantagruelion. Autrement dit le chanvre.
Quoi qu’il en soit, voilà bien une haute et solide plante familière des milieux humides. À deux pas du jardin, elle fait bon ménage avec la Pulicaire sur les rives de la Sèvre. Ses capitules pourpres pâles s’épanouissent en cette fin d’été. Le parfum n’en est pas forcément agréable. Il n’en séduit pas moins les papillons. Du Vulcain à l’Amaryllis en passant par l’Azuré des nerpruns.
Les feuilles de l’Eupatoire chanvrine étaient jadis réputées cicatrisantes et ses racines purgatives. On récoltait celles-ci à l’automne. « Quand les cigales commencent à s’enrouer ». Pour reprendre la plaisante expression de Rabelais.
20 aout 2019
Peut-être les capsules vertes et surtout les boules blanches de la Symphorine rappellent-elles des souvenirs à la Guêpe potière (Eunemes pomiformis). Elles ressemblent un peu en effet aux petits pots de terre mêlée de salive qu’elle façonne pour installer sa progéniture.
Des petits pots ronds, guère plus gros, pareillement pourvus d’un col ourlé qu’elle prend soin de reboucher après y avoir pondu. Un seul œuf par pot. Elle y dépose également des chenilles vivantes, mais paralysées. On devine pourquoi. Un peu comme l’Isodonte mexicaine avec les sauterelles.
Pour l’heure, les ailes fumées à demi relevées, l’élégante petite guêpe butine les dernières fleurs de la Symphorine. Solitaire, elle est cependant venue au jardin en petite bande et ne laisse personne d’autre s’approcher des petites clochettes rose pâle. Pas même les bourdons qui préfèrent abdiquer. Ils en sont pourtant d’ordinaire très friands. Mais le butinage est réservé aujourd’hui.
18 aout 2019
Il y a bien une treille au jardin. De là à attirer le Grand sphinx de la vigne… C’est pourtant bien sa chenille ici à l’escalade, en bord de haie, sur une tige de gaillet. Un de ses autres repas favoris.
Impressionnante ! Sept bons centimètres. Un corps noirâtre replet. Des lignes de petites tâches beiges et bleutées. On jurerait des écailles. Pour parfaire l’illusion du serpent, la chenille se tortille, se balance de droite et de gauche au moindre dérangement.
Son museau en forme de groin, qui lui vaut le surnom de Petit pourceau, est alors vite rétracté. La tête se gonfle d’autant. Ses quatre ocelles prennent ainsi l’allure de gros yeux noirs aux paupières fardées de bleu et de gris.
Pas d’autre chenille serpentine à l’horizon. Pas de Grand sphinx de la vigne non plus. Il est vrai que l’imposant papillon rose et brun est nocturne. Il est aussi réputé ne pas apprécier les zones humides. L’exception qui confirme la règle sans doute.
17 aout 2019
Si les Hespéries du jardin sont difficiles à distinguer entre elles, notamment celle des potentilles et de la mauve, pas de confusion possible ici. L’Hespérie de la Passe-Rose, alias la Grisette, est en effet plus marbrée que tachetée.
Malgré son nom populaire, le gris est loin de dominer. Il n’intervient qu’assez discrètement, pour veiner des plages allant du brun foncé au châtain clair en passant par le vieux rose. Il s’y diffuse aussi un peu partout sous l’effet notamment d’une pilosité assez fournie.
Comme la plupart des membres de la famille, la Grisette présente un corps plutôt massif, une large tête, de gros yeux noirs saillants et de solides antennes aux pointes noires recourbées en petits crochets.
Parmi les signes distinctifs de l’Hespérie de la Passe-Rose, le feston des ailes postérieures évoque (avec beaucoup d’imagination) les dents acérées du Carcharodon, autrement dit du… Grand requin blanc. D’où son nom latin. Carcharodus. Qui a dit que les entomologistes sont trop sérieux ?
Trois petits points blancs
16 juillet 2017
On a vu ce printemps comment la petite mouche Trichopoda pennipes se taille une solide réputation en parasitant la Punaise verte ponctuée (Nazara viridula). D’accord, mais pourquoi « ponctuée » et quelle différence avec la punaise verte « ordinaire » (Palomena prasina) ?
On les distingue assez facilement. La première porte en effet, d’où son nom, trois petits points blancs entre deux points noirs à la limite entre corselet et écusson. Par ailleurs, la transparente de la pointe de ses ailes est d’un vert nettement soutenu alors qu’elle est brune chez la seconde.
Au jardin, elles sont aussi peu désirables l’une que l’autre. Mieux vaut les ramasser avant la ponte ! Mais on peut donc aussi compter sur leurs parasites. L’ordinaire présente ainsi ici un petit œuf blanc à gauche derrière la tête. Peut-être celui d’une Phasie crassipenne. Dès l’éclosion, la larve trouvera vite la faille pour pénétrer son hôte involontaire et s’en nourrir. Vivent les mouches auxiliaires !
Le coup de soleil du Bronzé
15 aout 2019
Il illuminera le jardin quasi jusqu’aux premières gelées. Trois générations de Cuivré commun (Lycaena phlaeas) se succèdent tout l’été et une partie de l’automne. Les petites chenilles de la dernière se camoufleront aux temps mauvais. Elles reprendront des forces au printemps sur les jeunes pousses d’oseille sauvage.
On l’appelle aussi l’Argus bronzé. Un cousin de l’Azuré commun donc. Aussi petit, mais pas une once de bleu sur une livrée où dominent le brun et l’orangé mêlé de rouge. Ce n’est plus du bronzage, c’est un coup de soleil !
Avec une discrète petite excroissance, il n’a certes pas de quoi rivaliser avec l’Azuré porte-queue. Mais c’est juste assez pour mettre en valeur la bordure orangée pointée de noir des ailes postérieures.
Le revers est un peu plus neutre. Sauf à contre-jour. Le fond brun clair est alors éclipsé par des lumineuses transparences rouge orangé. En cette mi-août, le Cuivré commun a encore deux bons mois pour jouer ainsi avec le soleil.
14 aout 2017
Ce matin, la Belle-Dame (Cynthia cardui) semble vouloir prendre un bain de soleil incognito. Elle fait ainsi halte sur le paillis du potager. Sa livrée, un peu passée, il est vrai, s’y fond dans les contrastes mordorés des feuilles mortes.
D’ordinaire d’un jaune orangé soutenu, la dominante est devenue plus fauve. Elle n’en retient pas moins l’attention, parsemée de points et de taches sombres, en écho à la pointe brune mouchetée de blanc des ailes antérieures.
Lorsqu’elle s’envole, boudant les fleurs, c’est pour se reposer sur une feuille de tomate. Les ailes vite repliées. Paradoxalement, sa poste favorite de camouflage est là presque plus voyante. L’orangé des antérieures ressort en effet davantage. Apparemment plus sobres, les postérieures jouent de multiples nuances beiges, brunes et fauves que souligne un fin réseau de lignes blanches. Quatre petits ocelles pointés de noir parachèvent ce décor finalement très structuré.
Ce n’était qu’une halte. La Belle-Dame disparaît bientôt. Pas assez de chardons et de cirses sans doute au jardin !
13 aout 2017
Une toute petite abeille sauvage. On ne sait trop ce qui frappe le plus. De ses grands yeux verts ou de la dense pilosité de ses tibias arrière ? De véritables pièges à pollen ! La belle est difficile à identifier. Peut-être l’Anthophore bimaculata, cousine de l’Anthophore plumeuse rencontrée au printemps sur le romarin en fleurs.
Être abeille solitaire ne l’empêche pas de communiquer et de partager les bons filons. Elles sont en effet ici une bonne dizaine au rendez-vous des boutons jaune orangé de la Pulicaire sur les bords de Sèvre.
Outre les yeux émeraude tachés de noir, la petite troupe partage la même abondante fourrure. Roussâtre sur le dessus de la tête et du thorax. Plutôt beige sur les côtés et sur la face. Beige encore pour les rayures de l’abdomen courtaud. Et pour les tibias bien sûr. Quand le pollen de la pulicaire ne les a pas poudrés d’or !
12 aout 2017
Voilà a priori un petit papillon de seconde génération. Les bandes pourpres violacées de l’Ensanglantée de l’oseille (Lythria cruentaria), envahissantes chez les individus printaniers, sont ici beaucoup plus étroites. Elles barrent le fond fauve des ailes antérieures. Les postérieures sont d’un jaune orangé plus franc et immaculé. Hormis une frange dont le pourpre vire au brunâtre.
Elle prend le soleil de-ci de-là au potager. Sur l’herbe rase comme sur la terre ou le paillage des planches cultivées. Si vous vous approchez trop près, elle volète sur quelques mètres. Juste assez pour vous signifier qu’elle préfère ne pas être dérangée. Et si vous insistez, elle ne tarde pas à passer la clôture pour se réfugier dans la prairie voisine.
Déjà sévèrement malmenée par la Mineuse et la Tenthrède du même nom, l’oseille du jardin ne semble pas l’intéresser. Tant mieux. À vrai dire, ses larves préfèrent la Petite oseille sauvage. La Vinette comme on dit ici.
11 aout 2019
Oh, évidemment, l’appendice en question fait un peu riquiqui au regard du majestueux Flambé ! Un simple petit fil flottant au vent à l’arrière de chaque aile postérieure. Bleu, noir, blanc. L’attribut de l’Azuré porte-queue (Lampides boeticus) n’en est pas moins joliment mis en scène. Il émerge ainsi entre deux grands « yeux » orangés aux larges pupilles noires soulignées de bleu.
Ce minuscule et subtil décor surprend d’autant plus qu’il intervient sur un fond presque neutre. Ocre cendré, traversé d’une bande et de lignes ondoyantes plus claires. De quoi intriguer, voire inquiéter d’éventuels prédateurs ?
En bon Azuré, la couleur s’invite davantage à l’avers des ailes. Surtout chez le mâle avec un bleu violacé soutenu souligné de noir. Plus sobre, la femelle arbore un uniforme brun à peine nuancé de bleu. Pour l’un comme pour l’autre, les « yeux » se réduisent alors à deux taches noires sur fond blanc au niveau des petites queues. Encore faut-il qu’ils consentent à ouvrir les ailes !
10 aout 2019
D’assez petite taille, ce n’est pas la libellule la plus spectaculaire du jardin. Sinon par la couleur vive du mâle. Le Sympétrum rouge sang (Sympetrum sanguineum) ne prête guère à confusion. Avec ses pattes entièrement noires, son abdomen à l’extrémité enflée et marquée de deux traits noirs sur le dessus.
Naturellement, c’est le rouge sanguinolent du mâle qui retient d’abord l’attention. Sur la face, l’attache des ailes et l’ensemble de l’abdomen où transparaissent quelques nuances jaunes et noires. Le rouge des grands yeux est plus foncé et tire vers le bordeaux.
Madame est légèrement plus petite encore. Avec toutefois, dans une dominante jaune, les mêmes pattes noires, l’extrémité de l’abdomen enflée et marquée de noir. Mais ses grands yeux sont à la fois bruns et verdâtres.
Comme l’Orthétrum réticulé notamment, le Sympétrum rouge sang abandonne régulièrement la Sèvre pour venir chasser au jardin. Fidèle à ses postes de repos et d’observation. Graminées, ombellifères ou piquets de tomate !
9 aout 2019
Encore une mouche auxiliaire du jardin qui gagne à être (re)connue ! La Peletaria rubescens n’a pourtant pas de nom populaire. Il est vrai qu’elle n’est pas si courante. Et qu’on peut aisément la confondre avec la Tachinaire sauvage avec laquelle elle partage notamment des lignes de soies épaisses sur un abdomen orangé où se mêlent quelques reflets argentés.
Mais les pattes sont noires, l’allure plus allongée et la bande noire médiane, moins large, n’est pas constituée d’une succession de losanges. Plutôt une suite de trois triangles effilés, le premier se confondant avec la pointe noire de l’abdomen.
Comme la plupart de ses cousines tachinaires, elle parasite les chenilles de noctuelle. En déposant ses œufs au sol. À charge pour les larves de trouver « l’hébergement » ad hoc. D’y pénétrer pour s’en nourrir jusqu’à devenir elles-mêmes autant de mouches. Quelles noctuelles ? Il y en a tant et tant. La Paletria rubescens reconnaîtra les siennes !
9 aout 2019
On peine à croire qu’il s’agisse du même petit papillon. En pause sur une feuille de Coqueret du Pérou, l’Hespérie des potentilles (Pyrgus armoricanus) est plutôt lumineuse. Fortement nervurées, ses ailes repliées mêlent ainsi un blanc verdâtre à de larges marbrures brun clair nuancé de jaune. Comme la Sylvaine, sa cousine, elle arbore de grands yeux noirs qui tranchent ici sur une petite tête à la fourrure blanchâtre.
C’est le jour et la nuit lorsqu’elle ouvre les ailes ! Le brun foncé y règne, avec quelques reflets fauves aux antérieures. Rehaussé d’une marge blanche entrecoupée de brun, l’ensemble est semé de taches claires, blanches aux antérieures, plus grisâtres aux postérieures.
Hespérie des potentilles ou de la mauve ? Plutôt ici la première puisque la seconde ne vole plus en cette saison. Mais bien malin, en vérité, qui peut les distinguer sur le terrain. Les spécialistes opèrent quelques prélèvements intimes pour les identifier avec précision. On peut s’en dispenser au jardin !
7 aout 2019
Une libellule bleue. La livrée est quasi uniforme. Des yeux jusqu’à la pointe de l’abdomen. Voilà donc a priori Monsieur Orthétrum bleuissant (Orthetrum coerulescens). Encore qu’il ne faille jurer de rien avec les libellules !
Car si leur couleur change d’une espèce et d’un sexe l’autre, elle évolue aussi avec l’âge. Généralement pour perdre de son éclat. En témoigne cet autre mâle dont la pruine s’est estompée sur le thorax et en partie sur l’abdomen.
Quoi qu’il en soit, l’affût du premier est ici très particulier. L’accouplement vient d’avoir lieu. Pas question qu’un concurrent importune sa belle pendant la ponte. Il pourchasse ainsi farouchement les intrus pendant que Madame, à dominante jaune, zigzague à fleur d’eau et, toujours en vol, y plonge l’abdomen pour déposer ses œufs. Ici et là. Le fossé est peu profond et grouille de larves en tous genres. Celles de l’Orthétrum bleuissant ne tarderont pas à s’en repaître.
6 aout 2019
Quand il a les ailes repliées, il ressemble un peu à l’Amaryllis et au Myrtil. Mais le Fadet commun (Coenonympha pemphilus) est d’une taille nettement en dessous du premier. Et plus encore du second.
On le croit ici, il est déjà là-bas. Et se fond dans le paysage, à la pointe d’une graminée ou sur un paillis d’herbes sèches. Mais consent parfois à se mettre un peu mieux en évidence sur fond de trèfle. Le fauve orangé des ailes antérieures trouve un discret écho sur les légères massues des antennes. Un ocelle noir s’y détache nettement, pointé de blanc et cerclé de beige. Plus passe-partout, les postérieures jouent sur des nuances de brun plus ou moins foncé, de part et d’autre d’une ligne sinueuse.
La légende voudrait qu’il ait été engendré par un lutin malicieux. D’où son nom. Et voilà peut-être pourquoi il fait tourner le photographe en bourrique dans les allées du jardin !
5 aout 2019
Fuligineux ? Le qualificatif évoque la couleur et l’aspect de la suie. Discret par la force des choses, on aurait presque pu, il est vrai, l’appeler le petit ramoneur ! Même le revers des ailes du Cuivré fuligineux (Lycaena tityrus) paraît ainsi terni sous quelques salissures noirâtres.
Semé de nombreuses taches noires, il arbore malgré tout une ligne orangée plus ou moins estompée sur les bords extérieurs. On est cependant loin de l’éclat de la plupart des membres de la famille, notamment du Cuivré commun.
Et la terne livrée s’éteint complètement quand il ouvre les ailes. C’est à peine si quelques taches sombres et une ligne extérieure de lunules orangées se détachent sur ce fond charbonneux. Seule fantaisie : un reflet bleu violacé sur les antérieures. Encore faut-il que l’orientation du soleil soit bonne !
Le Cuivré fuligineux se consolera avec deux petites braises qui seules semblent encore incandescentes. Un peu à la manière de la Piéride de la moutarde. À la pointe de ses antennes.
3 aout 2019
Les récentes pluies ont redonné de la vigueur à la Menthe des champs dans la peupleraie proche du jardin. Une superbe station, perdue dans les hautes graminées, parmi rejets de frênes, cirses, guimauves et épilobes dispersant déjà leurs aigrettes. Quelles senteurs ! Au petit matin et plus encore à la tombée de la nuit.
Les butineurs y sont légion. Et pas seulement abeilles et bourdons. On a déjà vu ici la mouche Cylindromyia bicolor affairée sur les inflorescences bleu pâle. Elle y côtoie notamment le Myrtil, la Scolie hirsute et l’Éristale des fleurs.
La station est si étendue et si dense que la cueillette de quelques poignées de feuilles ne la mettra pas à mal. Des feuilles bien vertes, pubescentes, finement dentées. Et tellement parfumées. Quelques épis floraux aussi. En mélange avec la généreuse mélisse du jardin, voilà qui promet une rafraichissante infusion. Décidément, ça sent bon l’été !
2 aout 2019
Son nom de famille fait frémir tout jardinier. La Pyrale pourprée (Pyrausta purpuralis) a beau être jolie, elle n’en compte pas moins au nombre des ravageurs du potager. Encore qu’elle ait des goûts de luxe et se limite aux plantes aromatiques. Particulièrement la menthe. Au jardin comme dans les champs. Elle fait une pause ici sur une feuille de sauge.
Minuscule, pas plus grosse qu’une pièce de 2 centimes au repos, elle saute pourtant aux yeux avec sa superbe livrée. La dominante des ailes antérieures est pourpre, illuminées d’un magnifique fleuron et de flammèches jaune d’or soulignées de noir. Les postérieures sont plus sombres, mais néanmoins rehaussées d’or.
Ce n’est pas tant la Pyrale pourprée, paisible butineuse, de jour comme de nuit, qui est susceptible de ravages. Mais ses chenilles. Pour l’heure, rien d’inquiétant. Sans doute a-t-elle préféré la belle station de menthe sauvage de la peupleraie voisine pour installer sa progéniture. Tant mieux.
1 aout 2019
On a vu voilà peu l’Anthidie particulièrement active sur les salicaires du bord de Sèvre. En cette saison, elle apprécie également les épineuses inflorescences de la cardère. Mais, pour être hyperactive, il lui arrive aussi de dormir ! Et pas seulement la nuit. Surtout le mâle. Alors, il n’est pas rare de surprendre le sommeil de l’Anthidie. Même sous le soleil. Une petite sieste n’a jamais fait de mal à personne.
Bien sûr, comme tout un chacun, il lui arrive de faire une pause sur la première feuille venue. Mais là, rien de vraiment sérieux. Non, pour dormir, vraiment, sa position favorite est plus étonnante.
Elle choisit d’extrémité d’une haute tige sèche. Comme beaucoup d’insectes sans doute. Certes, mais sans les pattes ! Comment tient-elle ? Ce sont ses puissantes mandibules qui s’accrochent à la tige. Et lui permettent alors de se détendre. À l’horizontale. Les antennes relâchées. Les pattes ramenées en arrière ; ou tout simplement pendantes. Benaise, comme on dit en Poitou.
12/01/2019
Dumotteron
Il ne faut pas confondre Le Gaillet Gratteron et Le Guilleret Gratton ! Meilleurs voeux au Jardinier du Marais et au Père Narcisse
27/08/2018
Mamina
Bonjour. Ce fut une balade savoureuse, merci. J'ai noté quelques légumes qui sont dans mon tout nouveau jardin, ça met du baume au coeur. Bravo pour les commentaires ourlés de pointe d'humour et de fraîcheur. C'était comme si j'y étais.
28/06/2018
CAYLUS
tres belles images commentaires adéquats bcp d'humour merci michel si ça peut vous rassurer le sud n'a pas été gaté mais le soleil est revenu jardinement votre
08/06/2018
Loune
Toutes ces choses qui me paraissaient banales au jardin prennent avec vous une autre dimension....Je vais m’attarder un peu plus devant ces petits détails maintenant.
01/06/2018
Ledrôledegratton
Cette chronique d'un jardin dans le Marais poitevin est un vrai enchantement. Si ce jardinier-poète cultive la terre avec autant de bonheur que les mots, la récolte devrait être belle ! Au plaisir de se saluer un jour prochain en bord de Sèvre...
Vivaces, annuelles, bisannuelles, vous aimez les fleurs, ces pages peuvent vous intéresser.
Les conseils d'amatxi :
Pensez à mettre un fagot de branches dans les bassins en bétons par temps de grand gel afin d’éviter qu’ils ne fendent.
Faites vos plantations d’arbres et arbustes tant que le sol n’est pas gelé.
Surveillez l'état sanitaire des bulbes et rhizomes mis à l'abri du gel.
Mettez des noyaux de pêche à stratifier.