L’Arum d’Italie passe à l’orange
31 juillet 2019
Tout a commencé en décembre pour l’Arum d’Italie (Arum italicum). Au bord des haies. Avec un superbe feuillage sagitté au vert profond veiné de blanc crème.
La floraison printanière a fait pâle figure en comparaison. D’étranges « paraboles ». Jaune vert, diaphanes, éphémères. Nul besoin de durer, il est vrai, avec un dispositif aussi diaboliquement efficace !
Pas de nectar, mais une odeur… d’excrément et d’urine. Les mouches n’y résistent pas et forcent le passage vers le diffuseur de ces suaves effluves. À la base de chaque « parabole ». Elles s’y retrouvent piégées. Et se chargent de pollen à force de se démener. Jusqu’à ce que les cils qui leur faisaient barrage se flétrissent et les libèrent. Pour transporter le pollen avec d’autres inflorescences.
Et voilà comment sont nés les hauts épis verts qui, en ce milieu d’été, commencent à passer à l’orange. Puis au rouge. Mais gare, quelle qu’en soit la couleur, les baies sont très toxiques !
30 juillet 2019
Elle n’a pas de nom populaire. Dommage. Elle l’aurait bien mérité. Son allure n’est en effet pas si banale. Et, surtout, sa présence est bien utile au potager !
Outre ses yeux rouge foncé, la Cylindromyia bicolor se distingue d’abord par son long abdomen. Cylindrique et légèrement arqué. Rouge, orné d’un triangle noir dans sa partie antérieure. Hérissé d’épaisses soies noires : la marque de fabrique des mouches tachinaires.
Les ailes fumées, fortement nervurées, c’est une butineuse assidue. Ici sur la Menthe des champs qu’elle explore du haut de ses longues pattes noires. Est-il besoin de préciser qu’elle ne pique pas et reste parfaitement inoffensive en toute circonstance ?
Sauf pour les punaises. Et plus particulièrement la Punaise nébuleuse qu’elle cible pour installer sa progéniture. Certes, ladite punaise, piqueuse de légumes et suceuse de sève, n’est pas une calamité tant qu’elle reste en petit nombre. Mais c’est un peu grâce à la Cylindromyia bicolor que l’on doit sa régulation.
29 juillet 2019
La famille des charançons est extrêmement nombreuse. Et n’a pas vraiment bonne réputation. Celui-ci visite les fleurs de dahlia du jardin. Est-ce pour mieux cacher son jeu ? Il fait en effet penser au Lixus de la betterave. Mais la planche desdites betteraves est indemne. Ouf ! Plutôt le Lixus poudreux (Lixus pulverulentus) alors. Encore que l’examen n’en soit pas simple.
Car, s’il est bien pulvérulent, pubescence et pruine blanchâtre empêchent d’en bien voir la couleur des élytres. Brun et noir semblent s’y mêler. Du moins la silhouette est-elle sans équivoque. À la fois fuselée et trapue. Avec deux antennes coudées en forme de massue. Et, surtout, ce long rostre légèrement arqué. L’arme emblématique de la famille, déjà rencontrée ici avec le Charançon couronné.
C’est avec lui que la femelle perfore les tiges des plantes où elles installent ses larves. Pour le Lixus poudreux, c’est plutôt, entre autres plantes sauvages, la Mauve sylvestre. Mais aussi les fèves au jardin. Trop tard !
28 juillet 2019
Ah çà ! On ne risque pas de la confondre. L’Épeire fasciée (Argiope bruennichi) présente un abdomen particulièrement replet. Du moins la femelle. Le mâle est un peu plus fluet. Mais l’un et l’autre présentent le même jeu de bandes jaune vif et blanches animées de lignes noires. Ce graphisme éclatant lui vaut nombre de sobriquets. Araignée guêpe ou frelon notamment.
On la reconnait également à l’étrange et épais zigzag de soie blanche dont elle équipe l’axe vertical de sa large toile circulaire. Stabilisateur, tenseur, voire « trompe-l’œil » propre à éclipser visuellement le reste du piège ? Quoi qu’il en soit, l’Épeire fasciée se tient imperturbablement au centre du dispositif. La tête en bas. À l’affût.
Elle évolue d’ordinaire plutôt en milieu sec. Elle n’en est pas moins très présente dans ce coin de marais où pullulent, il est vrai, ses « victimes » favorites. Libellules et criquets. Avec pareilles énergiques proies, la toile est vite malmenée. Qu’importe. Elle est consciencieusement retissée chaque matin.
27 juillet 2019
Il était temps qu’il pleuve. Même le petit Azuré commun (Polyommatus icarus) commençait à s’impatienter. Il est pourtant, en nombre, resté fidèle au potager. Retenu peut-être par son péché mignon, le trèfle blanc des allées qui, vaille que vaille, a résisté à la longue sécheresse.
Lorsqu’il butine, les ailes repliées, difficile de distinguer femelle et mâle. Sinon, pour ce denier, par le bleu soutenu marquant l’abdomen et la naissance des ailes par ailleurs identiques d’un sexe l’autre. Fauves, bordées d’une ligne de lunules orangées, elles sont constellées d’ocelles blancs pointés de noir.
Changement complet de décor quand l’un et l’autre ouvrent les ailes. Les lunules orangées sont toujours là chez la femelle mais sur un fond uniformément brun foncé. Elles ont disparu chez le mâle au profit d’une éblouissante marbrure bleue violacée.
Deux jours de pluie suffiront-ils à revivifier le jardin ? Après tout, nous ne sommes que fin juillet. L’Azuré commun serait alors récompensé de sa fidélité.
26 juillet 2017
Voilà un cousin éloigné de l’Oedipode turquoise inféodé aux zones humides. Pas étonnant donc de trouver le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum) dans le Marais poitevin. Ici dans une de ses positions favorites. Pour mieux prendre le soleil au bord d’un fossé. Et grignoter la tranche d’une feuille d’Iris faux-acore.
Ensanglanté ? Si la femelle est parfois maculée de taches pourpres, c’est loin d’être une généralité. Du moins observe-t-on a minima, d’un individu l’autre, une ligne rouge vif en bordure de la « cuisse » postérieure. Le tibia arrière est lui plutôt jaune, ponctué d’épines noires. Le reste au corps est à dominante verdâtre. Avec des nuances jaunes sur la face ventrale, des marbrures noires sur l’abdomen. Et, bien sûr, les deux courtes antennes propres aux criquets.
Sans rivaliser avec ce gringalet de Monsieur Thomise variable, le Criquet ensanglanté mâle est nettement plus petit que la femelle. À moins que ce soit elle qui soit plus gironde.
L’Anthidie et la Salicaire
25 juillet 2019
Sur le grand chandelier d’une Salicaire proche du jardin, gare à tout butineur « étranger », même plus ou moins cousin, qui ose s’approcher !
Il faut montrer pattes avant noires et jaunes pour espérer profiter de la manne des petites fleurs pourpres. Mais pas seulement. Encore faut-il avoir les ailes fumées, deux petits points jaunes à l’arrière de la tête et dix bandes jaune vif dessinant un grand V sur le fond noir de l’abdomen. Ah, encore une précision : les deux bandes antérieures doivent impérativement former comme une « virgule » décalée et descendre plus bas sur les côtés que les suivantes. Bref, il faut être ici une Anthidie septemspinosum ! Excusez du peu.
En tout cas, le mâle ne s’y trompe pas. Nettement plus gros que ses congénères femelles, il déloge tout intrus sans ménagement. Mais aussi les autres mâles. Chasse gardée. Et, de temps en temps, sans crier gare, le macho saute sur une butineuse. Un accouplement aussi furtif que brutal. Comment dit-on « Balance ton porc » chez les Anthidies ?
24 juillet 2019
Un bec si puissant pour de si petites proies ! Au jardin comme ailleurs, le Pic vert (Picus viridis) se nourrit en effet essentiellement de fourmis. Et s’il martèle le sol avec tant d’ardeur, c’est pour atteindre et crever une de leurs galeries. Ou mieux, leur nid. Il ne reste plus alors qu’à y insinuer la langue ! Et à se régaler.
Ce matin, le vieux mâle est accompagné d’un de ses rejetons. Celui-ci, les ailes déjà verdâtres, le poitrail juvénile encore moucheté, arbore un début de calotte rouge. Mais toujours pas de tache noire autour des yeux. Mâle ou femelle ? La couleur de la future moustache (noire pour Madame, rouge pour Monsieur) le dira bientôt.
Quand l’apprentissage du merleau n’était déjà pas si simple, on imagine le défi ici pour le jeune Pic vert… Car il ne s’agit pas de tambouriner le sol au hasard. Comment repérer une galerie quelques centimètres sous terre ? Heureusement, à défaut de fourmi, on peut toujours se consoler avec une larve ou une mouche de rencontre.
23 juillet 2019
Dans la série des guêpes solitaires utiles au jardin, voici la Scolie hirsute (Scolia hirta). Elle est immédiatement repérable lorsqu’elle butine. Ici sur l’origan en fleurs. Grâce à sa taille respectable, mais surtout aux deux larges bandes jaune vif qui barrent son abdomen. Les ailes fumées, elle se distingue encore, d’où son qualificatif, à la pilosité dense qui brille au soleil sur l’ensemble du corps.
Butineuse assidue, la Scolie est surtout la bienvenue au potager pour le mets de choix qu’elle réserve à sa progéniture. Non pas des sauterelles comme l’Isodonte mexicaine ou des grillons comme le Sphex gryllivore, mais les larves du hanneton. Autrement dit les trop fameux vers blancs !
Ses solides antennes les repèrent sous terre. Elle creuse alors jusqu’à les trouver. Pour pondre un œuf sur chacun d’eux. Certes, elle peut aussi faire de même avec les larves de la Cétoine dorée, utiles à la décomposition du compost. Du moins permet-elle d’en réguler les populations.
22 juillet 2019
On a vu la Fauvette à tête noire (Sylvia atricapilla) tenir la dragée haute à ces galopins de merleaux autour de la mare. À tête noire ? Encore une vision quelque peu machiste. Car si le mâle arbore bien une calotte noire, large et luisante, celle de la femelle est plutôt brune. Presque rousse.
Le reste du plumage est assez comparable d’un sexe l’autre. Grisâtre dessus, blanchâtre dessous. Encore que, noire ou rousse, la couleur de la calotte se diffuse ici et là, sur la nuque, la poitrine et les ailes.
La Fauvette à tête noire chasse rarement au sol. Alors, les fruitiers et les arbustes du jardin lui conviennent parfaitement, comme les haies, les taillis et les broussailles de ses abords. Elle s’y faufile avec aisance et discrétion pour débusquer petits insectes, chenilles et araignées. Au début de l’été, elle appréciait aussi cerises, framboises et groseilles. En attendant les mirabelles.
21 juillet 2019
Il a beau se dresser sur ses ergots, ici au bord de la mare, le Troglodyte mignon n’en reste pas moins le lilliputien du jardin. Il est d’ordinaire moins facile à repérer. Un peu comme l’Accenteur mouchet, il furète en effet le plus souvent au pied des haies, dans les fourrés et les broussailles, traquant petits insectes et araignées. On l’aperçoit aussi furtivement inspectant les berges de la Sèvre et des fossés alentour.
Il est d’autant plus discret que son plumage s’harmonise parfaitement avec son habituel environnement de feuilles mortes. Brun roussâtre, strié de lignes noires, surtout sur les ailes, le troglodyte mignon présente de longs sourcils clairs ainsi qu’un bec effilé légèrement recourbé. Il se distingue surtout par son emblématique petite queue rousse constamment relevée. Parfois à la verticale lorsqu’il se tapit au sol.
À dire vrai, on l’entend régulièrement plus qu’on ne le voit. Un chant pas forcément mélodieux, mais si sonore et très haut perché. À faire pâlir le rouge-gorge de jalousie.
21 juillet 2019
Pas aussi facile qu’on l’imagine la vie de papillon. Ce malheureux myrtil l’a sans doute échappé belle lors d’une récente et brutale rencontre avec un oiseau du potager. Mais il en a perdu les ailes postérieures. Tant bien que mal, il volète encore. Alors, heureusement, il y a les zinnias !
Car les sources revigorantes de nectar se tarissent au jardin comme dans les prairies alentour. Un mois et demi sans pluie. Un soleil et un vent qui dessèchent tout. Les grandes ombellifères du halage sont déjà passées à graines. Même trèfle et brunelle ont fini par lâcher prise.
L’arrosage aidant, les parterres fleuris bravent malgré tout la canicule. Particulièrement les zinnias. Les papillons y côtoient abeilles et bourdons venus se changer là des tomates et des aromatiques. Fascinante couronne d’or ! Pas question d’en perdre la moindre goutte. Les trompes explorent consciencieusement chaque petit fleuron. Comme autant de petites cornes d’abondance.
19 juillet 2019
Haies, arbres fruitiers, piquets de clôture ou de tomates : les postes d’observation ne manquent pas. Le Gobemouche gris (Muscucapa striata) navigue régulièrement de l’un à l’autre. Sa petite taille et sa livrée passe-partout en font un hôte particulièrement discret du potager.
Avec de grands yeux noirs, le regard aussi vif que le vol, le bougre ne gobe pas que les mouches ! Sa vivacité lui permet de fondre sur papillons, andrènes, petites demoiselles. Et même les punaises. En l’air comme au sol.
Le noir franc du bec et des pattes tranche avec les multiples nuances du plumage : dos brun, ventre gris, reflets roux notamment sur les ailes, flammèches brunes sur la calotte et, plus délicatement, la poitrine.
Comme bien d’autres pensionnaires du jardin, le Gobemouche gris a ses habitudes aux abords de la mare. Il y est à la fois si hardi et furtif dans ses rapides libations que les merleaux ont renoncé à lui faire la chasse !
18 juillet 2019
On a déjà vu ici une Volucelle se donner des allures de Bourdon. Celle-ci est plus ambitieuse encore. Par la taille et le jeu des couleurs, la Volucelle zonée (Volucella zonaria) évoque en effet ni plus ni moins que le frelon. Un moyen efficace pour tenir les prédateurs à distance. Mais, surtout, pour installer sa progéniture sans trop de danger.
Car la grosse mouche est téméraire ! Elle va pondre ses œufs à l’intérieur même des nids de frelons. Avec pareil « costume », l’intrusion est quasi incognito. Ses larves y feront d’abord le ménage, dévorant cadavres et déchets divers, pour terminer avec le couvain.
La gourmande sirote là le jus sucré d’une poire entamée par… un frelon ! Manque d’eau et canicule aidant, les « Williams » sont en effet devenues blettes avant même de mûrir vraiment. Par dizaines hélas, les frelons s’en régalent. Au coucher du soleil, la Volucelle zonée n’aura qu’à les suivre pour trouver leur nid.
17 juillet 2019
Dans l’effervescence de l’origan en fleurs, parmi abeilles et papillons, voici une grosse guêpe qui n’est pas sans rappeler l’Isodonte mexicaine. À plus d’un titre ! Comme son qualificatif le suggère, le Sphex gryllivore (Sphex funerarius) chasse en effet grillons et sauterelles. Non pour sa consommation personnelle. Il préfère le nectar et le pollen des fleurs. Mais pour ses larves.
C’est la femelle qui s’en charge. Elle creuse des terriers où elle aménage des loges. Et y traine ses proies anesthésiées avant de pondre un œuf sur chacune d’elles.
Cela dit, si le comportement et l’allure générale sont les mêmes, le Sphex gryllivore est nettement plus gros que l’Isodonte mexicaine. Il s’en distingue en outre par un rouge orangé soutenu à l’avant de l’abdomen, une forte pilosité blanche sur les côtés du thorax, argentée sur la face.
Une précision. Sa taille et son vol bruyant peuvent faire craindre le pire. Mais c’est un imperturbable butineur. Inoffensif. Enfin, pour l’homme.
16 juillet 2019
Tout le contraire de la Sylvaine ! Elle est petite, vive et trapue. Il est majestueux. Au repos comme dans ses longs vols planés. Elle est quasi impossible à suivre du regard. Quel plaisir de se laisser embarquer par les amples acrobaties du Flambé (Iphiclides podalirius)… Sans aucun doute l’un des papillons les plus spectaculaires du jardin.
Sur fond jaune pâle, ses zébrures noires évoquent davantage la suie que les flammes. Il n’en est pas moins lumineux. Mais ce sont ses ailes postérieures qui retiennent particulièrement l’attention. Avec leur feston de demi-lunes bleutées. Leur large ocelle souligné de rouge orangé. Et surtout, bien sûr, leur longue queue effilée pointée de blanc.
Le Flambé prend ici le soleil sur les feuilles du mirabellier et des artichauts. Il est un peu ici chez lui. Ses chenilles se développent en effet sur les pruneliers et les aubépines des haies voisines. Il apprécie, dit-on, les milieux secs. Il est servi au potager cette année !
15 juillet 2019
On appelle ça pudiquement des « appendices anaux ». Au moins, on sait où les trouver ! Cela dit, rien à voir avec la fonction digestive des libellules. C’est plutôt lors de leurs acrobatiques accouplements que lesdits appendices sont utiles. Pour s’accrocher l’un l’autre. Chez le Gomphe à pinces (Onychogomphus forcipatus), ils sont assez spectaculaires. Du moins pour le mâle qui arbore ici une véritable petite « pince à sucre ».
Ailes transparentes marquées d’une seule cellule noire sur les bords antérieurs, gros yeux verts : le jaune et le noir se partagent le reste du corps, sur les pattes, la face et le thorax, avec quelques touches gris-bleu sur l’abdomen.
Le Gomphe à pinces est ici à l’affût sur l’épi d’une graminée. On pourra le comparer avec un autre habitué du jardin, le Gomphe à pattes noires, dont les « appendices anaux » sont beaucoup plus modestes. Cela dit, on imagine l’efficacité de la « pince à sucre ». Mais bonjour la tendresse !
14 juillet 2019
Voilà un petit papillon taillé pour les démarrages en trombe ! Avec de petites ailes nerveuses ramassées sur un corps trapu… N’essayez pas de le suivre des yeux, il est bien trop vif et rapide pour vous ! Rassurez-vous, si la source de nectar lui a plu, la Sylvaine (Ochlodes sylvanus) ne tardera pas à y revenir.
Actuellement, elle apprécie tout particulièrement les inflorescences de chardon et de cardère. Évidemment, elle n’en trouve pas au jardin. Plutôt le long des haies voisines. Mais quelques artichauts en voie de floraison devraient bientôt lui plaire !
Outre de grands yeux sombres, la Sylvaine arbore de solides antennes rousses en forme de massues. Elle se distingue encore par la couleur de ses ailes : fauve verdâtre dessous, lumineux orangé bordé et veiné de brun dessus. Des ailes disposées de façon originale au repos. Antérieures et postérieures sont ainsi amenées vers l’arrière et forment un angle de 45°. Prête à partir au quart de tour !
13 juillet 2019
Pas de vraie pluie depuis plus d’un mois. C’est peu dire que le jardin et ses résidents tirent la langue. Heureusement, il y a la petite mare. Sous le couvert des grands peupliers, vive la relative fraicheur de la buvette du jardin !
Encore affublés de leurs livrées juvéniles roussâtres, les turbulents merleaux aimeraient bien y faire la loi. Il faut dire que les nichées du printemps ont connu une belle réussite. Ils sont nombreux les bougres ! Mais les grives musiciennes ne s’en laissent pas compter. Elles continuent à décortiquer leurs escargots sur les pierres de la margelle…
L’écureuil est tout aussi indifférent aux gesticulations des ados. Il vient là régulièrement entre deux cabrioles et prend tout son temps pour se désaltérer. De quoi encourager les passereaux. Néanmoins prudent, le verdier se faufile parmi les touffes de myosotis pour accéder discrètement à l’eau. La fauvette à tête noire est plus téméraire. Au diable ces balourds de merleaux !
12 juillet 2019
Elle ne pouvait choisir plus bel écrin au jardin. Tant pis pour l’homochromie dont la Grande sauterelle verte (Tettigonia viridissima) est familière dans l’herbe des allées et parmi les légumes du potager ! Postée au cœur d’une rose, elle est quasi immobile. Hormis ses très longues antennes brunes. Aux aguets.
Car, contrairement aux criquets, amateurs de graminées, son régime n’est pas végétarien. Elle n’est donc pas venue là pour les pétales ou le pollen. Mais bien pour les visiteurs de la fleur. Ses puissantes mandibules en font en effet une redoutable carnassière : chenilles, mouches, pucerons à l’occasion.
D’un vert intense, elle présente une large bande brunâtre qui, depuis la tête, va s’amenuisant jusque sur la tranche des ailes. Quant à ce qui pourrait ressembler à un long aiguillon arrière, il s’agit simplement de l’organe de ponte par lequel la femelle dépose ses œufs au sol. Pas de panique donc ! La Grande sauterelle verte ne pique pas.
11 juillet 2019
Quatre pétales blancs ou roses dressés en éventail. Huit longues étamines pendantes. Avec, dans l’axe, un peu perdu dans toute cette mise en scène, un style unique, quadrifide, attendant d’être fécondé. Le Gaura n’a pas choisi la facilité.
D’ailleurs, nombre d’abeilles filent directement au centre du dispositif, vers l’entrée du tube nectarifère, sans même toucher au faisceau d’étamines. Qu’importe. À vrai dire le Gaura ne compte pas vraiment sur elles.
Vive leurs consœurs collectrices de pollen ! En ouvrières spécialisées (à chacune son job), elle boude le calice pour se focaliser sur les anthères. Dans un jeu de pattes aussi précis que mystérieux, elles accumulent ainsi la précieuse poussière sur leurs peignes arrière. Et, bénéfice collatéral, l’extrémité du style s’en trouve tout enrobé au passage.
Bien sûr, aussi spécialisées soient-elles, les collectrices de pollen ne dédaignent pas, de temps en temps, puiser un peu de nectar. Histoire de reprendre des forces sans doute. Avant d’aller décharger leur fardeau. Et de reprendre la collecte.
10 juillet 2019
On pourrait croire à un Myrtil de petite taille. Cependant, même les ailes repliées, l’Amaryllis (Pyronia tithonus) se distingue par une dominante davantage roux orangé. Et, surtout, l’ocelle noir de l’aile antérieure y est nettement marqué de deux petites pupilles blanches.
Les points blancs des ailes postérieures sont plus discrets. Ils interviennent au centre de deux halos brunâtres, en bordure d’une large bande intermédiaire, irrégulière et claire, sur fond fauve.
L’Amaryllis fait toute la différence quand il ouvre les ailes. Bordées de brun foncé, elles n’en sont pas moins lumineuses, tant est vive leur large plage rousse centrale. Surtout chez le mâle.
Si l’Amaryllis vient au jardin, c’est uniquement pour butiner. Le vol rapide, notamment familier des fleurs de ronce, il y pratique aussi volontiers le farniente ensoleillé. Mais il préfère les prés alentour pour établir sa progéniture. Ses chenilles se développent ainsi sur pâturin, fétuque et chiendent. Parfait !
9 juillet 2019
On est plus habitué à le voir - ou plutôt l’apercevoir - dans sa version gris-bleu. L’Oedipode turquoise ((Oedipoda caerulescens), champion du camouflage, arbore ici une tenue un peu plus vive. Fauve. Presque orangée. L’homochromie fonctionne malgré tout très bien lorsqu’il reste tapi sur le paillis de feuilles mortes du potager. Mais, évidemment, la magie se dissipe dès qu’il s’aventure sur le trèfle encore à peu près vert des allées.
Cela dit, le criquet a plus d’un tour dans son sac. Si vous l’approchez d’un peu trop près, il vous fera le coup de l’éclair bleu ! Une brusque envolée dévoilant ses ailes turquoise. Vous essayez de le suivre des yeux ? Peine perdue. Il s’est déjà reposé. Fondu parmi les mottes de terre ou les feuilles mortes.
Encore un peu de patience ! La sécheresse aidant, hélas, les allées du jardin grillent chaque jour davantage. Bientôt, le discret criquet pourra y grignoter les graminées, même en plein jour, sans crainte d’être repéré.
8 juillet 2019
Encore une mouche aussi jolie qu’utile au jardin. Bien en harmonie avec le cœur jaune des marguerites qu’elle fréquente assidument ! La Phasie crassipenne (Ectophasia crassipennis) présente au moins deux signes distinctifs facilement identifiables. D’abord ses ailes fumées, fortement nervurées, tachées de noir, le plus souvent relevées à 45° lorsqu’elle butine. Et surtout son abdomen, large et plat, jaune d’or, marqué d’une épaisse bande médiane noire.
On retiendra également une tête assez étrange. Plutôt plate, avec deux grands yeux rougeâtres sur une face jaune démesurée, nettement plus large que le thorax brun maculé de jaune.
Ce sont surtout les larves de la Phasie crassipenne qui sont de précieux auxiliaires. Elles parasitent en effet les larves d’autres insectes. En particulier des punaises ! Mieux encore que la célèbre Trichopoda pennipes dont la réputation est essentiellement attachée à la Punaise verte ponctuée. La Phasie n’est pas si regardante. Tant mieux. Car, pour en réguler les populations, les « suceuses » n’ont guère de prédateurs.
7 juillet 2019
Les petites trompettes roses de l’Escallonia semblent taillées sur mesure pour la longue langue des bourdons. Ils ne s’en privent pas. Elles n’ont qu’un seul défaut pour ces impatients : les grappes florales de l’arbuste échelonnent leur épanouissement. Une fleur après l’autre.
Tant mieux à dire vrai, car le spectacle s’éternise d’autant. Les boutons blancs puis roses s’allongent lentement, avant d’ouvrir et de recourber les lobes de leur corolle. Mais que de frustration pour le bourdon de passage !
N’y tenant plus, et sachant d’expérience sans doute que les boutons les plus avancés produisent déjà du nectar, il n’hésite pas à y pénétrer par effraction. En quelques coups précis de mandibules, il a tôt fait de perforer le tube et d’y plonger sa trompe. Avec gourmandise.
Cela dit, il se lasse vite. Trompettes pour trompettes, le voilà parti vers le Penstémon, le Volubilis et les courgettes qui ont le bon goût de ne pas trop abuser du supplice de Tantale.
6 juillet 2019
Parmi les petits coléoptères des massifs fleuris du jardin, le Sténoptère roux (Stenopterus rufus) se distingue au premier coup d’œil. Par sa dominante rousse bien sûr. Mais aussi par les renflements de ses fémurs. Et pas uniquement sur les pattes arrière du seul mâle comme chez l’Oedémère noble.
Ce sont d’ailleurs les petites protubérances des pattes avant et médianes qui retiennent d’abord d’attention. Leur noir bien tranché fait écho à celui de la tête, du corselet et des « épaulettes » des élytres. Les renflements sont plus fuselés sur les pattes arrière uniformément rouge-orangé.
Enfin, certes réduits à la portion congrue, les élytres n’en ont pas moins des allures d’élégante queue-de-pie ! Roux plutôt foncé, bordés d’un fin galon d’or, ils laissent entrevoir un abdomen rayé de jaune.
Comme celles des Leptures, ses larves se développent sur les bois morts des haies et des fourrés. Lui préfère le pollen. Particulièrement des marguerites et des cosmos dont les pétales lui tiennent lieu de piste d’atterrissage. Et de rampe de lancement lorsqu’il est repu.
5 juillet 2019
Dans l’inépuisable série des punaises du jardin, voici le Tentatome méridional (Carpocoris mediterraneus). Sous une dominante rouge-brique mêlée de jaune, les traits distinctifs de la tribu sont bien visibles : pattes orangées, « épaulettes » noires et saillantes du corselet, tête marquée de lignes sombres se prolongeant en taches diffuses sur le corselet…
Il serait passé inaperçu sous les pétales d’une marguerite sans l’étrange comportement d’une Thomise variable. D’ordinaire si prompte à sauter sur tout ce qui bouge, « l’araignée-crabe » semble là aussi excitée qu’hésitante. J’y vais, j’y vais pas ? Il est vrai que ce n’est pas le moment. Sur le dos de la belle, un mâle explore en effet le volumineux abdomen, bien décidé à en percer le mystère.
Même si Monsieur ne fait pas le poids chez les Thomises, celui-ci a dû se montrer persuasif. L’odeur répulsive de la punaise aussi sans doute. Le Tentatome méridional finit par s’éclipser. Laissant la belle à ses amours.
4 juillet 2019
Papillons, abeilles, bourdons et guêpes s’y côtoient en bonne intelligence. La Mélisse officinale (Mellissa officinalis) fait l’unanimité au jardin. Davantage encore que le romarin au sortir de l’hiver.
Constamment renouvelées d’un jour l’autre, les petites fleurs blanches pointent d’abord leur bouton jaune pâle au creux d’un long calice vert et velu. Leur corolle blanche s’ouvre en fin de matinée. Toute proportion gardée, elles ressemblent un peu à celles, bleu-violacé, de la Brunelle commune. Tout aussi simples et attractives. Avec une production de nectar ici à son maximum sous le soleil du milieu d’après-midi.
C’est alors le bon moment pour la cueillette. Pour des infusions apaisantes et rafraîchissantes mêlant à la fois sommités florales et feuilles gaufrées au vert tendre. Et pourquoi pas en cuisine où leur parfum citronné relève tant poissons que pâtisseries ?
Bien sûr, il est possible de les faire sécher pour en faire provision. Mais il faut se faire une raison. Rien ne vaut la Mélisse fraiche. À cueillir au fur et à mesure des besoins.
3 juillet 2019
Il a bien la silhouette d’un Lepture ! Élégant, haut sur pattes, le corps effilé, les longues antennes annelées… Ses élytres sont rouge et noir. Un rouge-sang bien soutenu. Et une tache noire dont le dessin lui vaut le sobriquet de Lepture porte-cœur (Strictoleptura cordigera).
La pointe dudit cœur est épaisse. Elle se prolonge jusqu’à l’extrémité des élytres. Également noire. Une livrée qui ne passe pas inaperçue sur les grandes marguerites blanches du jardin.
Comme la plupart des membres de la famille, c’est un inoffensif amateur de pollen. Coutumier des grandes ombellifères du halage et des prairies alentour, il est également à son affaire au potager. De marguerites en cosmos, de soucis en zinnias. Quant à ses larves, les branches mortes des haies et des fourrés leur vont très bien. Elles se développent en effet exclusivement sur le bois en décomposition. Rien à voir donc avec la sournoise stratégie des Clairons !
2 juillet 2019
Le Petit trèfle jaune souffre de la canicule dans les allées du jardin. Recroquevillé, en position de survie, c’est à peine s’il sort de sa léthargie pour profiter de la rosée ou des brumes matinales. La Brunelle commune (Prunella vulgaris) est nettement moins stressée. Son feuillage garde son joli vert bien franc et ses épis floraux serrés leur délicate vigueur.
Avec le Trèfle blanc, elle assure ainsi la continuité du service mellifère des fleurs sauvages au potager. Entre deux virées sur les planches des légumes, abeilles et bourdons ne manquent jamais de visiter ces petites fleurs bleu violacé. Une lèvre trilobée pour accueillir les insectes, un casque légèrement échancré juste au-dessus pour protéger l’entrée du tube nectarifère. On ne peut pas faire plus simple. Pas besoin de sophistication quand on produit un nectar si sucré !
Les butineurs ne sont pas seuls à apprécier. Alors que les parties enherbées grillent chaque jour un peu plus, cette persistance verte et bleue est réjouissante. N’empêche. Il va être temps qu’il pleuve !
1 juillet 2019
Les grandes marguerites blanches du jardin ont actuellement beaucoup de succès auprès des amateurs de pollen et de nectar. Le Clairon des ruches (Trichodes alvearius) n’est pas le dernier. Très velu, notamment sur le thorax verdâtre, ce coléoptère se reconnaît aisément à ses élytres rouges barrés de noir.
Brouteur certes, mais pas uniquement. Il ne dédaigne pas en effet agrémenter son menu en croquant les petits insectes de rencontre. Coup double.
Et même triple pour la femelle qui pond ses œufs au cœur des fleurs. Or, ses larves ne sont pas végétariennes ! Elles s’accrocheront plutôt aux abeilles sauvages de passage qui vont, bien involontairement, les transporter jusqu’à leur nid. Les intruses y dévoreront tout ce qui peut l’être. Une variante de la stratégie du Méloé dont la progéniture est également adepte de cette pratique sournoise du covoiturage !
12/01/2019
Dumotteron
Il ne faut pas confondre Le Gaillet Gratteron et Le Guilleret Gratton ! Meilleurs voeux au Jardinier du Marais et au Père Narcisse
27/08/2018
Mamina
Bonjour. Ce fut une balade savoureuse, merci. J'ai noté quelques légumes qui sont dans mon tout nouveau jardin, ça met du baume au coeur. Bravo pour les commentaires ourlés de pointe d'humour et de fraîcheur. C'était comme si j'y étais.
28/06/2018
CAYLUS
tres belles images commentaires adéquats bcp d'humour merci michel si ça peut vous rassurer le sud n'a pas été gaté mais le soleil est revenu jardinement votre
08/06/2018
Loune
Toutes ces choses qui me paraissaient banales au jardin prennent avec vous une autre dimension....Je vais m’attarder un peu plus devant ces petits détails maintenant.
01/06/2018
Ledrôledegratton
Cette chronique d'un jardin dans le Marais poitevin est un vrai enchantement. Si ce jardinier-poète cultive la terre avec autant de bonheur que les mots, la récolte devrait être belle ! Au plaisir de se saluer un jour prochain en bord de Sèvre...
Vivaces, annuelles, bisannuelles, vous aimez les fleurs, ces pages peuvent vous intéresser.
Les conseils d'amatxi :
Taillez les arbustes à fleurs: Éliminez les fleurs fanées et les branches mortes.
Protégez les plantes sensibles au froid: Ramassez les bulbes de dahlias et de glaïeuls, et mettez-les à l'abri du gel.
Après un nettoyage, installez des nichoirs: Offrez un abri aux oiseaux pour l'hiver.
Autres travaux :
Réparez les outils de jardinage: Profitez de cette période pour vérifier l'état de vos outils et les réparer si nécessaire.
Préparez votre matériel de jardinage: Rangez soigneusement votre matériel pour l'hiver.
En résumé, au début du mois de novembre, concentrez-vous sur la récolte, le nettoyage de votre potager, la protection de vos plantes et la préparation de votre jardin pour l'hiver.