30 juin 2019
Une allure de bourdon. Surtout en vol. Mais le corps est entièrement noir. Luisant. Hérissé de soies épaisses. C’est une mouche. La plus trapue qui soit. L’Échinomye grosse (Tachina grossa), la bien nommée. Tranchant sur la dominante sombre, la face est jaune orangé. Comme les nervures des ailes et l’extrémité des pattes.
Elle frise les deux centimètres. Alors, quand elle débarque sur une marguerite, c’est sauve-qui-peut. Même abeilles et leptures préfèrent s’éclipser. Il est vrai qu’elle ne laisse guère de place pour quiconque sur le cœur jaune ! Cela dit, malgré ses airs de bulldozer, c’est une inoffensive butineuse.
On ne dira pas la même chose de ses larves ! Parasites, elles se développent sur (ou plutôt dedans) les chenilles. Pas n’importe lesquelles. Madame Tachina choisit les plus charnues pour y pondre ses œufs. Comme celles du Bombyx du chêne. C’est qu’il en faut de l’énergie pour mériter un jour le qualificatif de « grossa » !
29 juin 2019
Le nid est à fleur d’eau. Dans le secret d’une grosse touffe d’Iris faux acore. On imagine ce qu’il faut d’autorité à la cane Colvert pour y contenir sa marmaille tout le jour durant. Une chaleur écrasante. Un temps à ne pas mettre même un caneton dehors !
Il faut attendre presque la nuit tombée pour que ce petit monde se jette à l’eau. Sans retenue. Passer d’un banc de nénuphar à l’autre. Y barboter en se disputant graines, insectes et larves en tous genres. La belle vie !
La fête reprend le lendemain, dès l’aube, dans l’eau verte de la Sèvre niortaise. Deux ou trois heures de chamailleries dans une relative fraicheur. Boire, s’amuser, gloutonner. Jusqu’à ce que la cane y mette le holà. Le soleil est maintenant trop brûlant. Il est temps de retrouver le nid. Un, deux, trois, quatre… neuf. Ils sont tous là. Vivement qu’ils découvrent la pluie. L’apprentissage sera plus reposant !
En perpétuel qui-vive
28 juin 2019
Comme toutes les libellules familières du jardin, l’Orthétrum réticulé (Orthetrum cancellatum) est un patient chasseur à l’affût. Qu’importe le poste d’observation. Dossier d’une chaise, tige de bambou, fleur ou légume… Les ailes rabattues vers l’avant, il est parfaitement immobile. Ou presque. De petits mouvements secs de la tête trahissent en effet son perpétuel qui-vive.
Il ressemble beaucoup à la Libellule fauve. Pas de brun orangé cependant, mais un jaune assez vif. Avec un abdomen souligné de deux bandes latérales noires. Du moins pour Madame. Car l’abdomen épais de Monsieur est recouvert d’une pruine bleutée.
Les ailes de l’Orthétrum réticulé sont entièrement transparentes. Elles se distinguent toutefois par un petit compartiment rectangulaire noir sur leur bordure avant. Et par certaines nervures nuancées de jaune.
Et quels yeux ! Deux gros haricots marron et vert olive. Les reflets du soleil y accentuent l’allure inquiétante d’une face jaunâtre sans équivoque. Il ne doit pas faire bon voler à proximité !
Le Petit trèfle jaune
27 juin 2019
Les amateurs de gazon ne l’apprécient guère. Mais le Petit trèfle jaune offre un excellent couvert aux allées et autres parties « enherbées » du jardin. Il s’y mêle au Trèfle blanc et à la Potentille. Sans oublier la Brunelle et les pâquerettes. Parmi bien d’autres.
Certes, il est envahissant ! Ses stolons ont tôt fait de quitter les allées pour s’aventurer sur les planches cultivées. À vrai dire, les « débordements » sont tout de même faciles à contenir.
Le Petit trèfle jaune - comme les autres trèfles - a surtout l’intérêt d’être très mellifère et de varier le menu des butineurs du potager. L’attrait de ses petites inflorescences jaunes profite ainsi aux tomates et aux haricots !
Bien sûr, il ne faut pas être maniaque de la tondeuse. Ni trop ras, ni trop souvent. Le jardin est ainsi divisé en plusieurs zones » tondues par rotation. De sorte qu’il y en ait toujours une ou deux où les plantes sauvages ont, un tant soit peu, la possibilité de fleurir.
26 juin 2019
Elle s’est posée au petit matin du bon côté de la haie. Celui qui, tout le jour, lui évitera les ardeurs du soleil caniculaire. Comme la plupart des papillons dits de nuit, l’Écaille martre (Arctia caja) a replié ses ailes en un « triangle de camouflage ». Le sien est brun foncé, parcouru de larges veines blanc-crème.
Dérangée, elle ouvre brusquement les ailes, découvrant le rouge vif orangé de ses postérieures, parsemé d’ocelles noirs aux reflets bleutés. Un réflexe censé surprendre et décourager l’intrus. Finalement, elle se réfugie dans un parfait immobilisme. Sa meilleure défense sans doute dans le secret contrejour de la haie. La tête rétractée dans une abondante fourrure brune, c’est à peine si l’on en distingue le collier rouge.
On l’appelle parfois l’Écaille hérisson. Une allusion aux épis de longues soies de sa chenille. Celle-ci apprécie notamment les feuilles du saule marsault, de l’ortie et de la reine-des-prés. Elle n’a que l’embarras du choix dans le marais.
25 juin 2019
La vieille génération de Robert le Diable a fait son temps ! Il y a trois à quatre mois, après un hiver d’hibernation, elle illuminait les prunelliers en fleurs. Un dernier tour de piste, le temps de rencontrer l’âme sœur, de pondre et de passer le relais.
La nouvelle génération vient d’arriver. Bien sûr, ses ailes ont la même forme très découpée. Et le revers aux allures de feuille morte présente la même étrange marque blanche. Mais la tonalité générale est moins flamboyante ! D’une saison l’autre, Robert le Diable a perdu ce rouge de braise qui semblait le consumer. L’avers des ailes s’est éteint dans une dominante brun-orangé plus terne.
Voilà, à dire vrai, une génération de transition assez éphémère. Elle ne verra guère l’été. La suivante apparaîtra dès juillet, plus rougeoyante que jamais, pour durer de longs mois. Elle se calfeutrera en hiver pour se réveiller au tout début du printemps. Quand les prunelliers refleuriront.
24 juin 2019
Un long brin de raphia à pleines mandibules… À quel étrange manège cette guêpe noire se livre-t-elle au potager ? L’Isodonte mexicaine (Isodontia mexicana) s’intéresse tout particulièrement aux tiges de bambou stabilisant les piquets de tomate.
Elle y enfourne le ruban de raphia puis moult brins d’herbes sèches. Quelques congénères font de même. Mais… n’est-ce pas une sauterelle que transporte l’une d’entre elles ?
C’est là la clé du mystère. Car c’est bien un nid qu’aménage ainsi l’Isodonte mexicaine… Un nid à plusieurs cellules séparées par des débris végétaux. Dans chacune d’elles, elle dépose un criquet ou un petit grillon, vivant, mais anesthésié, puis pond un œuf. In fine, elle bouche le tube de bambou.
Dès la naissance, les larves entameront leur casse-croute. En prenant soin de le garder vivant le plus longtemps possible. Au bout d’une quinzaine de jours, elles auront accumulé assez d’énergie pour se métamorphoser. Il leur suffira d’éjecter le bouchon d’herbe sèche pour sortir.
23 juin 2019
Oh, évidemment, les autres butineurs n’y sont pas indifférents. Les bourdons surtout visitent ainsi régulièrement les superbes trompettes rouge vif du Penstémon. Mais la plus assidue, dans son vol noir bleuté, est certainement l’Abeille charpentière.
Enfin une fleur à sa mesure au jardin ! La longue corolle lui va comme un gant. Elle s’y engouffre sans peine. C’en est presque un jeu. D’une fleur l’autre, elle fait le tour de la touffe, comme pour prendre son élan, choisit une nouvelle bouche béante. Et go !
Délicatement posé sur le lobe central de la lèvre inférieure, le style unique, blanc, attend son heure. Les étamines font comme une haie d’honneur juste au-dessus. À ce rythme-là, la fécondation ne tarde pas. Les corolles rouges se laissent bientôt tomber au sol. Mission accomplie ! De nouveaux boutons prennent le relais. Et la touffe génèrent de nouvelles tiges. Le manège durera tout l’été.
22 juin 2017
On a déjà vu le Grand bombyle (Bombylius major) parmi les premiers butineurs de la fin d’hiver. Plus petit mais toujours haut sur pattes, voici un de ses cousins, le Bombyle noir (Bombyllela atra). Lui aussi est fortement velu. Plus éparse, sa fourrure est à l’unisson de son corps noir piqueté de blanc.
Au jardin, il navigue au raz du sol, passant de Trèfle blanc en Pâquerette, de Géranium découpé en Véronique de perse. Avec une préférence pour le Petit trèfle jaune, il est vrai très abandonnant en cette saison dans les parties enherbées du potager.
Spécialiste du vol stationnaire, le Bombyle noir aborde les fleurs du bout des pattes. Il s’y pose à peine. Sa longue trompe n’a guère besoin de point d’appui pour être extrêmement précise ! Mais, hélas, le vol stationnaire lui est utile pour autre chose. La femelle largue ainsi ses cargaisons d’œufs à l’entrée des terriers d’abeilles sauvages. En particulier des Andrènes. Les larves n’auront qu’à se servir.
21 juin 2019
Comme tous les « noyaux » du jardin, l’an passé, les cerises avaient « coulé » en totalité. Cette année, c’est plutôt l’inverse. Les branches ploient sous la charge ! Pas question évidemment de les alléger comme on peut le faire avec les pommiers et les poiriers. Advienne que pourra.
Hélas, pluie, fraîcheur, manque de soleil, et sans doute fatigue du vieux cerisier : les fruits pourrissent dans l’arbre avant complète maturité. Qu’importe pour les chapardeurs ! Mésanges, merles, pigeons et même l’écureuil se partagent l’aubaine. Les grives également, mais plutôt au pied de l’arbre. Elles n’ont guère à attendre pour se régaler des fruits tombés à terre !
Pas vraiment de récolte dans ces conditions. Les cerises cueillies ne se conservent pas. Autant les grappiller sur place comme les oiseaux. Malgré tout, pour élargir le cercle du partage, quoi de mieux qu’une salade de fruits avec fraises, framboises et groseilles. Ou quelque clafoutis.
20 juin 2019
C’est chaque année la même délicate question. Est-ce trop tôt pour récolter les pommes de terre ? Il est vrai que, si la pluie n’a pas trop fait défaut ces dernières semaines, le manque de chaleur, surtout la nuit, distille une fois de plus le doute. Et l’envie malgré tout d’y aller voir de plus près.
Pas de mildiou à l’horizon. C’est déjà ça. Croisons les doigts. Et, voilà enfin les premières fleurs. Premier test sur le premier pied de la planche des primeurs. La surprise est doublement belle. Les pommes de terre sont aussi nombreuses que saines. Aucune attaque de taupin. Pourvu que cela dure.
En cuisine pour le déjeuner. Simple cuisson à l’eau et dégustation avec une noix de beurre. Quel plaisir ! À nouveau au dîner, avec carottes primeurs cette fois, ail et oignons nouveaux, et une poignée des dernières fèves de la saison. Comment dire ? Avec un verre de rosé de Loire, imagine-t-on plus savoureuse invitation à retourner au jardin le lendemain matin ?
19 juin 2019
Autant le dire d’emblée. Le qualificatif de cette étonnante orchidée sauvage fait référence à… l’odeur de l’animal. Mais que l’on se rassure. Il faut vraiment avoir le nez sur l’épi floral de l’Orchis bouc (Himantoglossum hircinim) pour en percevoir les relents. Et encore. Un jeune bouc sans doute !
Cela dit, l’odeur est bien là et c’est - une nouvelle fois - une de ces duperies dont la famille des orchidées a le secret. Pas de nectar, mais un « fumet » propre à attirer les butineurs.
La surprise vient dès l’éclosion des boutons floraux. Un « serpentin » brun-rouge sort en premier et se déroule pour pendre en longue spirale, cantonné de deux autres fines lanières beaucoup plus courtes. Il s’agit des trois « lobes » du labelle qui, à l’entrée du « casque », se fait blanc maculé de pourpre.
Dans les parties enherbées du jardin, l’Orchis bouc est restée plusieurs années à l’état de rosette rase. La haute hampe se développe lentement depuis le printemps. Et commence aujourd’hui à s’épanouir. Lanière après lanière.
18 juin 2019
Comment ne pas tomber sous le charme ? La Cantharide officinale (Lytta vesicatoria) est d’abord un superbe coléoptère. Entièrement vert métallique, avec des nuances bleutées ici et là, mais surtout cuivre et bronze sur les élytres.
Tant qu’elle est isolée, c’est un plaisir d’en admirer les reflets changeants sous le soleil. Mais gare aux colonies ! Car la bestiole a bel appétit et, la loi du nombre aidant, les dégâts peuvent être rapides et considérables pour le feuillage des frênes, lilas, troènes et autres sureaux notamment.
Pas d’autre solution alors que le ramassage. En ayant le cœur bien accroché. La Cantharide officinale dégage en effet une odeur « de souris » pour le moins dissuasive pour se défendre. Mais aussi dans l’excitation collective d’un « grand banquet ». C’est un peu la signature olfactive de son forfait.
Pourquoi officinale ? Elle était jadis collectée, séchée et réduite en poudre à des fins thérapeutiques. On lui prêtait notamment des vertus aphrodisiaques. Une petite pastille verte en quelque sorte.
17 juin 2019
On l’a déjà vue fin mai se repaître de pollen sur les inflorescences du Cornouiller sanguin. Rien d’étonnant donc à ce que la Trichie commune (Trichius zonatus) soit actuellement au rendez-vous des ronciers en fleurs !
Cousine de la Cétoine dorée et du Drap mortuaire, elle en diffère notamment par la forte pilosité rousse de son thorax. Par ses courts élytres également. Jaune pâle, ils sont marqués de trois larges taches noires et laissent entrevoir l’extrémité de l’abdomen, également velue, jaune vif.
Petit bijou lorsqu’elle butine, la tête enfouie parmi les étamines, elle est moins à son avantage lorsqu’elle se déplace. Hirsute, dégingandée sur ses hautes pattes noires, elle n’est pas très à l’aise. Et préfère s’envoler pour passer d’une fleur à l’autre. Quoi qu’il en soit, en petit nombre, la Trichie commune n’est d’aucun danger au jardin. Bien au contraire. Ses larves participent à la décomposition du compost et surtout des bois morts.
17 juin 2019
L’an passé, elles avaient surtout utilisé un gros caillou, à l’abri des regards, derrière les grandes touffes d’artichaut. Les grives musiciennes sont moins cachotières cette année. Il est vrai qu’à l’occasion du réaménagement de la petite mare, la bordure de pierres plates a (provisoirement) perdu son couvert de lierre. Voilà donc autant d’enclumes certes moins discrètes, mais tellement pratiques pour décortiquer les escargots !
Il y avait deux nichées au début du printemps dans les haies du jardin. Tout ce petit monde s’en donne à cœur joie depuis quelque temps avec les averses quasi quotidiennes. Pas besoin d’aller fouiller les broussailles pour déloger petits gris et consorts. Ils courent partout au potager.
Bien sûr, pour varier les plaisirs, cerises et fraises sont aussi au menu de la petite troupe de musiciennes. On leur pardonne volontiers. Avec leur œil exercé et leur solide appétit, les plants de salade n’ont rien à craindre des escargots !
15 juin 2019
La confiture de mûres, ce sera dans quelques semaines. Syrphes, abeilles et bourdons commencent à y travailler activement dans les haies.
La Ronce commune amorce en effet sa floraison. La concurrence est certes rude actuellement auprès des butineurs. Mais, pour un amateur de pollen, il n’y a pas photo ! Les cinq pétales blanc rosé s’étalent largement, puis se rabattent vers l’arrière, libérant un impressionnant bouquet d’étamines.
Blanc rosé également, les petits sacs de pollen sont légion. Les carpelles ne le sont pas moins. Plus discrètement ramassés en petit fagot, au centre, ils ne tarderont pas à être fécondés dans tout ce remue-ménage ! Chacun d’entre eux deviendra une des petites drupes, noires, parfumées et juteuses, agglomérées au sein de la future mûre.
La maturation durera tout l’été. Pour l’heure, pas d’inquiétude, même si les nuits sont encore fraîches. Pour ne pas dire froides en cette mi-juin. La Ronce commune est moins exigeante que tomates, aubergines, piments et courgettes qui commencent à s’impatienter au potager.
15 juin 2019
Parmi les insectes auxiliaires, le Téléphore fauve est avant tout amateur de pollen. On le rencontre donc surtout sur les fleurs et notamment les ombellifères. Il est ici en inspection sur un pied de Gaura blanche. Il lui tarde sans doute que chaleur et soleil la fassent enfin fleurir. Il n’est pas le seul.
Cela dit, le petit coléoptère orangé n’est pas seulement végétarien ! Il apprécie aussi pucerons, chenilles et autres larves de ravageurs. Ses propres larves sont davantage encore utiles au potager. Carnivores, elles restent au sol et se délectent notamment de petites limaces.
Seuls l’extrémité des élytres, les longues antennes annelées, les pièces buccales, la pointe de pattes et les yeux sont noirs. Le reste est loin d’être uniforme : tête rouge, corselet, fémurs et tibias rouge-orangé, élytres brun-fauve, abdomen jaune-orangé.
Le Téléphore fauve est parfois envahissant. Son appétit de pollen peut alors malmener certaines fleurs. Il suffit de ramasser le surnombre. Mais comment se plaindre d’avoir trop d’auxiliaires au jardin ?
13 juin 2019
Comme une marquise au-dessus de la porte d’entrée. La lèvre supérieure à deux lobes de la Scrofulaire aquatique (Scrophularia auricula) est parfois comparée à des oreillettes. D’où son qualificatif latin. Elle protège quatre étamines jaunes à peine débordant de la petite corolle béante. D’un brun rouge soutenu, c’est aussi un signal à l’adresse des butineurs.
Du plus gros au plus petit, ils semblent apprécier. Qui le nectar. Qui le pollen. Avec plus ou moins de délicatesse. L’avidité de la guêpe paraît ainsi disproportionnée au regard de la minuscule fleur. Elle s’y agrippe fermement, la tête plongée sous la « casquette » rouge. Le Syrphe est plus subtil. Il se régale en prenant tout juste appui du bout de pattes.
Les pieds dans l’eau, la Scrofulaire aquatique compte parmi les vigoureuses hôtes des rives de la Sèvre. Elle est remarquable par la section carrée de ses hautes tiges ramifiées. Et par ses feuilles joliment nervurées et dentées dont le pétiole est doté de deux oreillettes. Décidément !
12 juin 2019
Sa tenue de camouflage a belle allure. Et ses grands yeux bleus pointés de noir attirent irrésistiblement le regard. L’Arlequinette jaune - Acontia (emmilia) trabeatis - s’est réfugiée parmi les fleurs de bourrache pour attendre la nuit. Bourdons et abeilles ne la dérangent pas. Le photographe davantage. Elle passe ainsi de fleurs en feuilles pour chercher un couvert. Et finit par s’envoler en quête d’un gîte plus tranquille.
Loin du costume multicolore d’Arlequin, la livrée de l’Arlequinette alterne plus sobrement noir et jaune pâle, dans un jeu de taches et de larges lignes sinueuses. Jusque sur sa tête minuscule sommée de deux longues antennes. Et sur les pointes de ses vigoureuses pattes.
Comme celles du Ptérophore blanc, ses chenilles ne s’intéressent pas aux légumes du potager. Elles sont plutôt inféodées à la mauve et surtout au liseron. Décidément, ce fichu liseron ne manque pas d’intérêt pour les bestioles du jardin.
Des bois morts au potager
11 juin 2019
Comme son cousin, le Lepture fauve, c’est un grand amateur de pollen. Au jardin comme au bord des haies, on rencontre donc le Lepture tacheté (Rutpela maculata) sur les ombellifères aux étamines nombreuses et facilement accessibles. Ici plus modestement sur une fleur de mûrier.
Plus grand que le fauve, il frise les 20 mm. Hors antennes naturellement. Celles-ci, noires, les articulations marquées de jaune, sont d’ailleurs plus longues que le corps. Ainsi affublé, haut sur pattes, la silhouette fuselée, il ne manque pas d’élégance. Outre une barre et deux grosses taches noires, il tient son qualificatif d’une ligne de points plus ou moins prononcés à l’avant de ses élytres jaune-ocre.
Si vous rencontrez un Lepture tacheté dans votre jardin, tant mieux. Sans doute y a-t-il dans les environs quelque arbre mort. C’est là, parmi bien d’autres organismes, que se développent ses larves, friandes de fibres en décomposition. Elles participent ainsi à leur manière au développement d’une biodiversité de proximité dont bénéficie votre potager !
10 juin 2019
Évidemment, ce ne sont pas de véritables plumes. Le Ptérophore blanc (Pterophorus pentadactylus) est bien un papillon ! Mais les lobes de ses ailes - deux à l’avant, trois à l’arrière - sont joliment « frangés ».
Comme beaucoup de petits papillons de nuit, il s’accroche à l’arrière d’une feuille ou sur la tige d’une graminée pour se faire oublier le jour. Toujours les « bras » en croix. Ou plus exactement en « T », tant sa tête est peu proéminente. L’abdomen pendant et les interminables pattes arrière ballantes. Des pattes frêles pourvues de longues « épines » qui contribuent à l’étrangeté de la silhouette.
Même posé sur ses six pattes (c’est rarement le cas), le Ptérophore blanc garde ses ailes plumeuses étendues. Comme un perpétuel orant. Peut-être pour nous implorer de ne pas éradiquer la principale nourriture de ses chenilles. Le liseron. Il est vrai que le volubile envahisseur a rarement libre cours au jardin. Du moins peut-il vagabonder sans contrainte dans les haies et sur les clôtures.
9 juin 2019
Sureau, troène, chèvrefeuille… Les haies du halage ne manquent pas de parfum en ce début juin. À ce jeu-là, l’Églantier semble presque réservé. Mais tellement délicat pour qui veut bien s’en approcher un peu !
Celui-ci est particulièrement spectaculaire. Un églantier, vraiment ? Plutôt un rosier liane cultivé qui s’est ensauvagé. Vigoureux en diable, il grimpe allègrement et mêlent haut son feuillage vert intense à celui du merisier et de l’aubépine qui lui font la courte-échelle.
Les cinq larges pétales - plus pâle chez l’églantier véritable - sont ici d’un rose soutenu, mettant d’autant mieux en valeur la forêt d’étamines jaunes. Une splendeur éphémère. Mais constamment renouvelée. Par grappes, de nouveaux boutons sont déjà prêts à prendre le relais.
Dans quelques mois, après la torpeur de l’été, le rosier liane s’illuminera à nouveau. Comme l’églantier. Ses cynorhodons passeront du vert à l’orangé puis au rouge. Tout l’automne. Les fameux gratte-culs !
8 juin 2019
Trois points de part et d’autre. Un septième au centre, à cheval sur les deux élytres, à l’arrière du corselet. Voilà donc la Coccinelle à sept points (Coccinella septempunctata). Rouge orangé. Bien ronde. Surtout lorsqu’elle est au repos, la tête entièrement rétractée. Mais ici, sur un pied de bourrache, pas question de repos !
Quelques pétioles sont en effet envahis de pucerons. Un début d’invasion vite repéré à l’occasion d’une scrupuleuse tournée d’inspection. Certes moins vorace qu’à l’état larvaire, elle ne se fait pas prier. Nullement troublée par le bourdonnement des butineurs sur les petites fleurs bleues alentours, elle croque à tout va.
À force de voir les Coccinelles asiatiques (Harmonia axyridis) un peu partout, avec leurs couleurs multiples et leur nombre de points « indéterminé », on finirait presque par oublier l’autochtone Bête à bon Dieu ! Elle est plus que jamais présente au jardin cette année. Et très active. Facile à distinguer. Sept points, c’est tout !
7 juin 2019
Par facilité, on parle souvent de « la » Noctuelle pour évoquer un des principaux ravageurs du potager. Le vers gris. La chenille particulièrement vorace d’un papillon de nuit. Mais la famille « des » noctuelles est si nombreuse ! Voici sans doute, hélas, l’une des plus familières du jardin, la Noctuelle fiancée (Noctua pronuba), autrement appelée Le Hibou.
Sont-ce les petits cœurs ornant ses ailes antérieures brunes qui lui valent le surnom de fiancée ? Ou bien peut-être ses ailes postérieures jaunes bordées de noir que la « belle » dévoile avec parcimonie, à la manière d’un jupon, lorsqu’elle prépare pudiquement son envol…
Quoi qu’il en soit, délogée ici de sa retraite diurne, à l’occasion d’un désherbage des artichauts, elle est en cette saison à son affaire. Pondre dans la terre fraichement travaillée pour les plantations et les semis. Une terre chaude, humide et meuble où ses chenilles pourront facilement s’enfoncer et se déplacer, mais surtout trouver de quoi se repaître. Notamment des salades !
6 juin 2019
Les bourdons sont pourvus d’une abondante fourrure. Bien utile pour la collecte du pollen. Mais, hélas, cette pilosité peut leur être fatale si la femelle du Sicus ferrugineux (Sicus ferruginosus) passe à proximité. L’étrange mouche est en effet spécialiste des attaques aériennes. Elle pond ainsi ses œufs, un à un, en vol, de telle manière que chacun tombe sur le dos d’un bourdon. Les poils facilitent la réception. Sitôt l’éclosion, la larve perce la peau de son hôte involontaire, s’installe et se repaît… à l’intérieur. Elle en ressortira, devenue mouche, au printemps suivant, la pupe ayant passé l’hiver bien à l’abri dans le cadavre desséché du bourdon.
Large face jaune, dominante rouille, thorax taché de noir, abdomen recourbé vers l’intérieur : le Sicus ferrugineux est certes un paisible butineur au jardin. Pourtant, on a envie de lui demander de passer son chemin. Pour que vivent paisiblement les bourdons !
5 juin 2019
Son nom latin est peu engageant : l’Iris foetidissima. Fétide ! D’aucuns préfèrent évoquer les étranges relents de grillade de son feuillage froissé. Voilà donc l’Iris gigot, sans doute un des iris les plus discrets. Du moins en cette saison.
Il apprécie les prairies et les bosquets des milieux humides. Ses solides hampes émergent actuellement de longues et denses touffes de feuilles luisantes. Les premières fleurs s’épanouissent en ce début juin, un peu chétives au regard de leurs cousines cultivées. Et même de l’iris faux-acore qui lance pour quelques jours encore ses derniers feux au bord des fossés.
Les tépales jaunâtres puis mauves, veinés de violet, sont aussi modestes que les fruits seront spectaculaires. Quand leurs capsules vertes puis brunes exploseront, l’automne prochain, des grappes de graines rouge-orangé illumineront le pied des haies. C’est d’ailleurs pour elles, plus que pour la floraison, que l’Iris gigot est parfois proposé en jardinerie.
4 juin 2019
Brun taché d’orangé. Dans un coup d’œil rapide, on peut le confondre avec le Tircis. Mais le Myrtil (Maniola jurtina) a le vol bien plus sombre. Surtout le mâle. L’avers de ses ailes est en effet presque uniformément brun très foncé, à peine nuancé de roux autour d’un petit ocelle noir pointé de blanc. Madame est moins tristounette. Sa livrée brune s’illumine davantage de fauve. Surtout au soleil.
Le revers des ailes de l’un et l’autre est plus coloré. En toute sobriété ! Avec une large plage orangée aux antérieures et un dégradé de beige traversé d’une ligne sinueuse rousse aux postérieures.
Est-ce l’effet du coup de chaud de ces derniers jours ? Le Myrtil vient de faire son grand retour, par dizaines, dans les prairies alentour. Lorsqu’il passe au jardin, ce sont plutôt les sauvages qui ont sa préférence. Pâquerettes, boutons d’or, brunelle et véronique notamment. Avec un penchant pour le trèfle.
3 juin 2019
Quand on aime pollen et nectar, la planche de phacélie est un passage obligé au jardin. Le Lepture fauve (Strictoleptura fulva) y a passé la nuit. Au petit matin, il est toujours là. Perlé de rosée, il ne tarde pas à entamer son petit-déjeuner. Pourtant, comme perturbé par le retour du va-et-vient des abeilles et des bourdons, il préfère bientôt s’envoler vers des inflorescences ensoleillées plus tranquilles. Sur le halage sans doute.
Tête, très longues antennes annelées, thorax, pattes, abdomen : tout est noir chez le Lepture fauve qui tient toutefois son nom de ses étroits élytres brun-orangé aux pointes noires. Autre petite concession : la face ventrale est rayée de bandes claires.
Le potager n’a rien à redouter de ce coléoptère tranquille. Ni de ses larves qui naissent et se développent dans les bosquets et fourrés tout proches. Il peut revenir quand il le souhaite !
Tendres pousses de Pimprennelles
3 juin 2019
On aurait tort de ne pas laisser la Pimprenelle (Sanguisorba minor) s’exprimer pleinement. Les pollinisateurs adorent ces petits globes, inflorescences serrées mêlant les toupets pourpres des fleurs femelles aux petits sacs jaunâtres des fleurs mâles. Cela dit, ce sont ses feuilles qui lui valent sa place parmi les aromatiques du jardin.
Mieux vaut les cueillir jeunes. À maturité, d’un vert soutenu, elles deviennent trop coriaces et un brin amères. Généreuse, la Primprenelle produit de nouvelles et tendres pousses en permanence, au fur et à mesure de la cueillette. Il suffit d’effeuiller les petites folioles dentées qui apporteront leur douce saveur de concombre aux salades, veloutés et sauces.
Et puisque nous sommes au printemps, quoi de plus simple et savoureux qu’un bol de fèves fraîches rehaussées de poivrons confits et d’une belle poignée de feuilles de Pimprenelle ciselées ? Avec une vinaigrette relevée d’une pointe d’ail nouveau écrasée et d’un hachis d’oignon blanc. Nouveau également bien sûr.
1 juin 2019
Fourragère, couvre-sol, engrais vert : la Vesce commune (Vicia sativa) a toutes les qualités. Excellente mellifère, c’est actuellement sa pleine saison.
Les petites fleurs de cette messicole papilionacée vont par deux, à l’aisselle des feuilles aux multiples folioles. Mauve veiné de pourpre, le large étendard focalise l’attention des pollinisateurs sur le violet plus vif de la carène dont les deux pétales protègent étamines et pistil. Rien de très spectaculaire, mais petits bourdons, syrphes et abeilles n’y résistent pas.
Au jardin, elle a passé le relais aux légumes depuis quelque temps déjà, après avoir assuré le couvert hivernal en compagnie de la phacélie. À l’état sauvage, elle rampe et grimpe ici et là au pied des haies. Et surtout dans les prairies alentours naturellement. À la faveur de vigoureuses vrilles, ses tiges rameuses s’agrippent à tout ce qui se dresse à proximité. En particulier aux graminées. Quand on a de toutes petites fleurs, mieux vaut les hisser le plus haut possible !
12/01/2019
Dumotteron
Il ne faut pas confondre Le Gaillet Gratteron et Le Guilleret Gratton ! Meilleurs voeux au Jardinier du Marais et au Père Narcisse
27/08/2018
Mamina
Bonjour. Ce fut une balade savoureuse, merci. J'ai noté quelques légumes qui sont dans mon tout nouveau jardin, ça met du baume au coeur. Bravo pour les commentaires ourlés de pointe d'humour et de fraîcheur. C'était comme si j'y étais.
28/06/2018
CAYLUS
tres belles images commentaires adéquats bcp d'humour merci michel si ça peut vous rassurer le sud n'a pas été gaté mais le soleil est revenu jardinement votre
08/06/2018
Loune
Toutes ces choses qui me paraissaient banales au jardin prennent avec vous une autre dimension....Je vais m’attarder un peu plus devant ces petits détails maintenant.
01/06/2018
Ledrôledegratton
Cette chronique d'un jardin dans le Marais poitevin est un vrai enchantement. Si ce jardinier-poète cultive la terre avec autant de bonheur que les mots, la récolte devrait être belle ! Au plaisir de se saluer un jour prochain en bord de Sèvre...
Vivaces, annuelles, bisannuelles, vous aimez les fleurs, ces pages peuvent vous intéresser.
Les conseils d'amatxi :
Taillez les arbustes à fleurs: Éliminez les fleurs fanées et les branches mortes.
Protégez les plantes sensibles au froid: Ramassez les bulbes de dahlias et de glaïeuls, et mettez-les à l'abri du gel.
Après un nettoyage, installez des nichoirs: Offrez un abri aux oiseaux pour l'hiver.
Autres travaux :
Réparez les outils de jardinage: Profitez de cette période pour vérifier l'état de vos outils et les réparer si nécessaire.
Préparez votre matériel de jardinage: Rangez soigneusement votre matériel pour l'hiver.
En résumé, au début du mois de novembre, concentrez-vous sur la récolte, le nettoyage de votre potager, la protection de vos plantes et la préparation de votre jardin pour l'hiver.