31 mai 2020
Voilà un proche parent de l’Agrion orangé. À tel point que les femelles sont très difficiles à distinguer. Mais le mâle de l’Agrion à larges pattes (Platycnemis pennipes) est à dominante bleu clair. Avec de larges marques noires sur les derniers segments de l’abdomen.
Plus discrète, la couleur de la femelle varie d’un individu l’autre. De l’orangé délavé au bleu très pâle, en passant par le jaune verdâtre. Avec deux lignes noires finement disjointes en face dorsale de l’abdomen.
Carnassier, vorace, il participe ainsi sans crier gare à l’équilibre du jardin. Chasseur à l’affût, il bondit sur les proies de passage. Des insectes de toutes tailles (ou presque) qui sont vite pris au piège des fameuses « larges pattes ». Car, davantage aplatis encore que chez l’Agrion orangé, leurs tibias sont également munis de longues soies noires. La capture en vol s’en trouve facilitée. De fins, mais solides râteaux qui interdisent toute échappatoire !
29 mai 2020
Guère plus de 3 centimètres. De la tête à la pointe de l’abdomen. Avec un tel modeste gabarit, l’Agrion orangé (Platycnemis acutipennis) passe d’autant mieux inaperçu qu’il volette au sol parmi les graminées. Et c’est sa couleur dominante qui retient (un peu) l’attention. Du moins chez le mâle.
Yeux bleus et abdomen orange. Le cocktail n’a pas d’équivalent parmi les agrions du jardin. La tête est assez volumineuse, avec un épais trait noir reliant les globes oculaires. Quant au cylindre abdominal, sa couleur rousse est uniforme, hormis trois marques noires latérales sur les derniers segments. Avant la touche terminale blanchâtre des cerques.
Voilà une Demoiselle taillée pour la chasse aux petits insectes. Avec des pattes caractéristiques. Blanches, soulignées d’un filet noir. Leurs fémurs élargis sont hérissés de soies noires. Une arme redoutable en vérité. Pour attraper et retenir les proies en vol. Avant de les déguster, une fois reposé.
27 mai 2020
Comme nombre d’arbustes ou de légumes du jardin, le groseillier est sensible à la prolifération des pucerons. Les colonies vertes s’accumulent sous les feuilles, auprès des nervures dont elles piquent et sucent la sève. C’est là que Madame Syrphe du groseillier (Syrphus ribesii) pond ses œufs. Les larves aux allures de sangsue ont tôt fait de « siphonner » les ravageurs.
Thorax bronze et gros yeux bordeaux, les adultes sont amateurs de nectar et de pollen. Paisibles butineurs, ils passent ici des inflorescences du cornouiller sanguin aux ombellifères des bords du halage.
L’abdomen noir présente des taches jaune vif, caractéristiques, disposées par paires. Disjointes à proximité du scutellum, également jaune, elles semblent « soudées » ensuite, avec une jonction marquée d’un trait orangé.
Heureusement, si elle a certes une préférence, Madame Syrphe du groseillier n’a pas la ponte monomaniaque. Qu’importe finalement l’arbuste, le légume ou la fleur, pourvu qu’il y ait des pucerons à l’horizon !
24 mai 2020
C’était il y a quelques semaines sur un des fruitiers en fleurs… Dans l’effervescence des butineurs, une abeille sauvage singulière. Et pas seulement en raison de son thorax roux. Car, comme son nom le suggère, c’est surtout par ses antennes que se distingue l’Eucère longicorne (Eucera longicornis).
De longues, très longues antennes. Un peu encombrantes d’ailleurs au cœur des corolles de pommier ! Ces spectaculaires attributs sont l’apanage du mâle. Un peu comme chez l’Halicte de la scabieuse dont la femelle est plus modestement « encornée ».
Cela dit, depuis cette fugitive apparition printanière, plus de longues antennes à l’horizon… Pas même à proximité de la colonie d’Orchis abeille dans les parties enherbées du jardin. Les mâles de l’Eucère longicorne sont pourtant réputés être amateurs des « sex-toys » de la belle orchidée sauvage. Encore faut-il être là au bon moment pour l’y surprendre.
20 mai 2020
Voilà un syrphe singulier à plus d’un titre. D’abord parce qu’il est rare. Au point qu’on ne lui connait aucun nom vernaculaire. Va donc pour son appellation latine. Ceriana conopsoides. Rare et quasi sans référence. Mais il suffit de l’examiner, ici sur les grandes ombellifères du halage, pour souligner quelques-uns de ses traits caractéristiques.
D’abord un abdomen fuselé, noir et luisant, rayé d’étroites bandes jaunes. Jusque là, rien d’étonnant. Mais aussi des ailes nettement divisées en deux zones, fumées et hyalines. Avec une petite pointe en forme d’accent circonflexe à la frontière de l’une et de l’autre. Enfin, la configuration des longues antennes est pour le moins originale. Émergeant d’un tronc commun frontal, elles affectent la forme d’un grand Y.
La singularité de ce syrphe tient par ailleurs à son comportement. La femelle pond en effet dans les cavités des vieux arbres. Les larves s’y développent en filtrant les microorganismes contenus dans un substrat alimenté notamment par des écoulements de sève.
18 mai 2020
Un noir bien franc rayé de jaune vif. De la face à la pointe de l’abdomen. On songe à un membre de la famille des Chrysotoxes, champions dans l’imitation de la guêpe. Mais le Syrphe des fourmilières (Xanthogramma pedissequum) s’en distingue notamment par des pattes entièrement jaunes. Sauf les postérieures, brunâtres à partir de l’extrémité des tibias.
Par ailleurs, les bandes abdominales jaunes sont étroites et disjointes, hormis les antérieures qui, épaissies à la base, sont plutôt triangulaires. À noter enfin des ailes fumées, tachées de noir, avec des reflets métalliques.
Comme la plupart de ses cousins, voilà un auxiliaire très utile au jardin. Il installe en effet ses larves là où elles sont assurées de trouver leur mets favori. Des pucerons ! Pas n’importe lesquels en l’occurrence. La ponte a ainsi lieu sur une fourmilière – celle de la Fourmi jaune par exemple – spécialisée dans l’élevage souterrain de pucerons piqueurs-suceurs de racines.
16 mai 2020
On a déjà vu à l’œuvre ici les redoutables larves de la Tenthrède de l’oseille. Heureusement beaucoup plus rare, la progéniture de la Tenthrède temula (Tendredo temula) est tout aussi grégaire, avec des allures de fausses – mais voraces – chenilles.
L’adulte se repère assez facilement lorsqu’il butine. Ici sur les grandes ombellifères du halage. Avec une dominante bicolore.
Jaune sur la face ventrale, surtout chez le mâle. Y compris les pattes. Un jaune vif qui déborde un peu sur la face dorsale. À la pointe de l’abdomen, mais aussi sur les 3e et 4e segments : un bandeau transversal auquel sont accolées deux taches semi-circulaires sur les côtés. En outre, les ailes fumées, nervurées de brun, présentent un bord antérieur plus sombre, noir et rougeâtre.
Et sur quels feuillages la Tenthrède temula jette-t-elle ordinairement son dévolu ? Elle est réputée cibler plutôt le troène des haies. Avec également un faible pour les touffes d’origan au potager. Cela dit, elle n’a encore jamais sévi sur la planche des aromatiques.
14 mai 2020
Un abdomen large et plat. Brun bordé de jaune d’or chez la femelle. Bleu ciel chez le mâle. En ce début mai, la Libellule déprimée (Libellula depressa) fait ses premiers tours de piste au jardin. Elle prend ses repères. Branches, piquets de clôture ou de tomates… Tout est bon pour l’observation et l’affût !
Outre l’abdomen plat (d’où le qualificatif de « déprimée »), femelle et mâle présentent les mêmes taches sombres nervurées de jaune à la naissance des ailles. Triangulaires pour les postérieures. Oblongues pour les antérieures. Mais pas de zone sombre supplémentaire en pointe comme chez la Libellule fauve.
Le mâle présente un autre signe distinctif : des petites taches ovales - blanchâtres, jaunes et brun clair - en bordure de l’abdomen. Sans ménagement, il veille jalousement sur son territoire. Surtout aux abords de la petite mare du jardin où il accompagne ses belles jusqu’à la ponte. Voraces, leurs larves s’y développeront deux ans. Et voilà pourquoi il n’y a pas de moustiques au jardin !
12 mai 2020
Une solide silhouette fuselée, noire, dominée par de longues antennes annelées… Le Petit capricorne (Cerampyx scopolii) ne prête guère à confusion. Il en impose, ici en bordure de haie, sur une inflorescence de cornouiller sanguin.
Petit ? La comparaison avec l’Oedémère noble, tout proche sur le cliché, montre combien sa taille est respectable ! Près de 3 cm. Plus du double en comptant les antennes chez la femelle. Plus encore chez le mâle. Le thorax et les élytres présentent un aspect fortement granuleux. L’ensemble du corps est noir, sauf l’extrémité grise bleutée des antennes et des pattes.
Les adultes se délectent de nectar et de pollen. Ou tout simplement de soleil. Leur progéniture a un tout autre régime. Le bois de feuillus. De préférence sur des arbres morts ou mal en point. Du chêne au peuplier et au noisetier, en passant par les vieux fruitiers. Les œufs sont injectés sous l’écorce où se développement les larves. Deux ans jusqu’à la nymphose. Sauf invasion, les dégâts sont assez négligeables au jardin.
10 mai 2020
De moindre envergure que ses ternes cousines, la Tipule orangée (Lunatipula lunata) n’en a pas moins la même allure dégingandée. Avec des pattes aussi démesurées qu’encombrantes.
Mêlée de brun et de jaunâtre, la couleur orangée met notamment en exergue les petites billes brunes des yeux et à l’avant d’une minuscule tête ronde, un curieux museau suceur. Ainsi armée, la tipule fréquente actuellement les grandes ombellifères du halage, généreuses en nectar.
Un abdomen en forme de massue noueuse distingue le mâle. Plus effilée, la pointe abdominale de la femelle a une allure d’aiguillon. Pas de risque de piqure cependant ! Il s’agit tout simplement de son organe de ponte. Pour injecter les œufs en terre. Voire les disséminer à la volée. Gare aux larves… Surtout par temps humide. Elles se régalent de racines, au potager comme dans la pelouse. Heureusement, les oiseaux en sont friands.
La Cétoine à tarière
7 mai 2020
Plus petite encore que le Drap mortuaire, la Cétoine à tarière, alias la Cétoine punaise (Valgus hemisterus) présente une livrée tout aussi tristounette. La dominante est noire, à peine rehaussée par les stries profondes des élytres et quelques taches grisâtres.
Un peu comme chez la Trichie fasciée, les courts élytres ne couvrent pas l’ensemble de l’abdomen. Les deux derniers segments en débordent, pourvus d’une toison grise, fine et serrée. Il s’agit ici d’un mâle. La femelle s’en distingue en effet en arborant une puissante tarière à la pointe abdominale.
Organe de ponte, ladite tarière injecte les œufs dans les bois plus ou moins pourris. C’est là que se développent les larves. Un petit coléoptère bien utile donc, qui contribue à la décomposition des vieilles souches d’arbres morts. On pardonnera dès lors aux adultes de brouter les fleurs au lieu de les butiner. D’autant plus facilement que les dégâts sont minimes. Sauf rare invasion. Il suffit alors de les collecter.
5 mai 2020
Abeilles sauvages et bourdons apprécient cette généreuse floraison. Particulièrement le foisonnement échevelé d’étamines, promesse d’une abondante récolte de pollen. Les coléoptères ne sont pas en reste. Du moins ceux qui, comme l’Oedémère noble et le Lepture tacheté, se régalent d’anthères aussi facilement accessibles.
Plus modeste que celle de la ronce commune, la fructification est également moins gourmande. Recouvertes d’une pruine bleutée, les drues sont surtout plus acides. À portée de « marquage de territoire », elles appellent enfin à la prudence. Mieux vaut les laver abondamment et s’abstenir d’un grappillage sur place !
30 avril 2020
Une assez grosse mouche, haut perchée sur des pattes hérissées de longues soies noires. Le tableau est certes peu engageant. On aurait tort cependant de faire la moue. L’Empis marqueté (Empis tessellata) mérite mieux que cela.
Difficile de le confondre avec une autre mouche. D’abord avec ses ailes aux attaches et aux bordures roussâtres. Un thorax gris bleuté ensuite, fortement marqué de bandes longitudinales noires. Une petite tête ronde enfin, bien dégagée, dominée par des yeux globuleux bordeaux et des antennes plumeuses.
C’est surtout son mode de vie qui le rend intéressant au jardin. Avec un régime alimentaire mixte. Grand amateur de nectar, c’est un excellent butineur. Mais il est aussi carnassier et participe ainsi à la régulation des espèces printanières. Le mâle notamment qui, pour mieux séduire ses belles, est actuellement constamment en chasse. Quelle meilleure offrande en effet qu’un insecte fraichement capturé ? Si Madame le dévore, la rencontre est bien engagée…
27 avril 2020
Lorsqu’il fait halte sur un parterre fleuri, ici sur les inflorescences de la phacélie, il ouvre largement sa voilure à dominante jaune et noire. Sur les antérieures, triangulaires, le noir est poudré ou marqueté de jaune clair. Outre leur fine queue soulignée d’un trait noir, les postérieures, du même jaune clair, rehausse l’ensemble avec une large bande sombre ponctuée d’ocelles bleus et rouge-orangé.
La progéniture du Machaon apprécie notamment les carottes sauvages. Sans rechigner sur les carottes cultivées à vrai dire. Ni sur l’aneth, le persil, le fenouil et le panais… Pas de panique pour autant. La ponte est toujours très clairsemée. Et les chenilles jamais grégaires. Très voyantes (noir et orange sur fond vert), il suffit de les ramasser pour les conduire dans une prairie voisine. Ou de laisser faire s’il s’agit d’un ou deux individus isolés. Le spectacle du Machaon vaut bien un petit grignotage !
24 avril 2020
On a tellement l’habitude de prendre les syrphes en exemple pour illustrer la régulation naturelle des pucerons ! Il fallait bien une exception pour confirmer la règle… Loin d’être auxiliaire au jardin, le Syrphe des narcisses (Mérodon equestris) peut en effet se révéler ravageur. Du moins en cas d’invasion sur certaines fleurs, telles que narcisses, lys, tulipes… Les femelles y pondent en fin de floraison et les larves vont s’installer dans les bulbes aux dépens desquels elles vont se développer. Pour émerger au printemps suivant. Une larve par bulbe !
Le Syrphe des narcisses compte parmi les « mouches aux allures de bourdon ». Très velu, thorax roux et abdomen gris fauve, il évoque ainsi le Bourdon des champs. Jusque dans les vrombissements. Il présente en outre un signe distinctif à nul autre pareil : des fémurs noirs très épaissis aux pattes arrière. Et fortement arqués, au point d’inspirer son qualificatif latin. Equestris.
21 avril 2020
La première génération du Géomètre à barreaux, alias le Réseau, alias la Phalène réticulée (Chiasmia clathrata), vient d’apparaître au jardin. Pour le printemps. En juillet, elle cédera la place à une génération estivale dont les chenilles arpenteuses passeront l’hiver dans leur chrysalide.
Comme nombre de ses cousines phalènes, il vole et butine de jour comme de nuit. Sa livrée passe-partout le rend d’autant plus discret. Sur un fond blanc hésitant entre crème et jaunâtre, des lignes brunes y forment un réseau plutôt tourmenté, identique sur le dessus et le dessous des ailes. Un jeu de quatre lignes concentriques, assez épaisses, est ainsi ponctué de traits plus fins. Comme les barreaux d’une échelle. Avec une frange bien marquée où alternent poils blancs et marrons.
Légumes et arbres du jardin n’ont pas à redouter le Géomètre à barreaux dont la femelle installe plutôt sa progéniture sur les plantes sauvages. En particulier diverses espèces de trèfle, de vesce et de gaillet.
18 avril 2020
Regroupées en grappes un peu brouillonnes, ses petites fleurs verdâtres ne payent pas de mine. Comme celles du lierre, elles peuvent se résumer à un disque nectarifère d’où émergent étamines et styles. Sans véritable corolle pour les protéger et les mettre en scène.
Cela dit, si les inflorescences sont quelque peu relâchées, loin du port rigoureux des ombelles sphériques du lierre, elles n’en sont pas moins bigrement attractives. Auprès des abeilles sauvages. Mais aussi des syrphes. Il est vrai que l’épaisse trompe de l’Éristale des fleurs (Myatropa florea), notamment, est là tout à son aise. Aucune difficulté pour atteindre et lécher les luisants petits boutons verts. Suintants de nectar.
16 avril 2020
Aussi minuscule que trapue, l’Osmie rousse (Osmia rufa), alias l’Osmie à deux cornes (Osmia bicornis), frise tout au plus le centimètre. Comme sa cousine, l’Osmie cornue (Osmia cornuta), elle porte deux étranges petites cornes sur une tête entièrement noire. Entre antennes et mandibules.
La confusion est cependant impossible entre les deux cousines. L’Osmie cornue est en effet beaucoup plus grande (1,5 cm). Elle présente surtout une fourrure plus voyante et tranchée. Rouge brique sur l’abdomen, noire intense sur le thorax et la tête. Celle de la petite Osmie rousse est plus sobre.
Au gris jaune du pourpoint, succèdent le brun orangé de l’abdomen puis le noir de l’extrême pointe. Finalement, c’est la face ventrale qui se repère le mieux, avec une brosse collectrice de pollen dense et franchement rousse.
Sans surprise, le mâle est un peu plus petit encore. Et plus discret. S’il présente des antennes plus longues que celles de la femelle, sa livrée est globalement plus terne. Et, comme chez Cornuta, il ne présente pas de cornes mais un toupet grisâtre au front.
12 avril 2020
Elle vient d’émerger au jardin. En même temps que les andrènes. En particulier les andrènes cendrés. Normal. Puisqu’elle se reproduit à leurs dépens. La Nomade rousse est en effet une « abeille coucou ». Autrement dit, elle installe sa progéniture dans le nid d’un hôte involontaire.
À cette fin, elle cible et surveille quelques entrées de terriers. Un sixième sens semble l’avertir des pontes récentes. Elle profite alors de l’absence de la maîtresse des lieux pour entrer dans le nid et y pondre à son tour. Ses larves dévoreront le couvain puis les réserves de nectar et de pollen… Cela n’empêche pas la Nomade rousse de butiner. Mais pour son seul propre compte !
10 avril 2020
La demi-lune dorée du thorax donne le ton, rehaussant le bronze joliment patiné du thorax. Ailes et pattes sont à l’unisson alors qu’un anneau d’or cercle le troisième segment de l’abdomen.
Membre de la grande famille des syrphes, l’Épistrophe élégant en a hérité une belle aisance dans la pratique du vol stationnaire. Et, loin de se complaire dans les eaux fangeuses comme celles des Éristales, ses larves sont les très bienvenues au jardin où elles font une grande consommation de pucerons !
7 avril 2020
On l’appelle parfois Syrphe à tête de mort. Il faut cependant avoir quelque imagination pour percevoir le macabre dessin parmi les lignes blanchâtres qui marquent le thorax noir de l’Éristale des fleurs (Myatropa florea) ! Mais cette grosse et jolie mouche est bien membre de la famille des syrphes dont elle adopte volontiers le vol stationnaire.
Cela dit, si la plupart des larves de syrphes sont siphonneuses de pucerons, celles de la tribu des éristales ont un régime moins ragoutant. Elles s’épanouissent dans les eaux fangeuses et sont munies d’une sorte de tuba qui leur vaut le surnom de « vers à queue de rat ». Elles n’en sont pas moins utiles puisqu’elles contribuent à purifier les eaux chargées en matières organiques.
Avec son abondante et lumineuse pilosité jaune, l’Éristale des fleurs se distingue aisément de sa cousine l’Éristale tenace, plus sombre. L’une et l’autre ont des mœurs comparables. Au jardin, elles butinent avec beaucoup de constance. Mais elles apprécient aussi les bains de soleil au bord des haies.
4 avril 2020
Il fréquente régulièrement le potager depuis fin février. Cela dit, jusqu’alors, le Vulcain (Vanessa atalanta) ne faisait que passer. Sauvages ou pas, les fleurs du jardin semblaient ne pas lui convenir. Et puis les fruitiers ont commencé à s’illuminer de blanc…
Cerisiers, mirabellier et maintenant poiriers : du nectar, en veux-tu, en voilà ! Comment résister à pareille spectaculaire abondance ? Le Vulcain n’est évidemment pas seul. La ruée mêle abeilles sauvages, bourdons et syrphes. Mais aussi Azuré des Nerpruns, Tircis, petites Aurores et Piérides en tous genres.
N’empêche, en cette saison, il n’y a guère que le Paon du jour pour rivaliser avec la somptueuse envergure du Vulcain. Des pointes noires tachées de blanc et quatre bandes rouge orangé formant une lumineuse couronne sur fond châtain veiné de rouille. Même le revers rehausse sa fonction mimétique de blanc, de rouge, de fauve et de bleu.
L’effervescence des fruitiers durera quelques semaines. Même si, déjà, la floraison des cerisiers commence à décliner. Celle des pommiers s’apprête à prendre le relais. Et l’aubépine des haies ne devrait pas tarder.
31 mars 2020
Pour autant, il n’est pas là en quête de nourriture. Il sait d’ailleurs parfaitement où trouver du nectar et ne s’en prive pas avec de brèves incursions dans la spectaculaire floraison du mirabellier.
Il veille tout simplement sur son territoire. Prêt à chasser le moindre concurrent et à conter fleurette aux belles de passages. Car c’est bien ici un mâle, on le reconnait aisément à l’étroite bande noire qui pointe le dessus de ses antérieures. Celle des femelles est plus large.
De tous les « petits bleus » du jardin, l’Argus à bandes noires est le plus précoce et l’un des plus remarquables par le bleu lumineux de son vol. Un bleu clair, mais intense dessus, plus pâle et parsemé de pointillé dessous.
Amours printanières
30 mars 2020
Y a-t-il plus bel endroit qu’un mirabellier au printemps pour conter fleurette ? Ces deux Andrènes cendrés (Andrena cineraria) n’y ont pas résisté. Il faut dire qu’à défaut d’être romantique, Monsieur su se montrer persuasif. Pour ne pas dire expéditif.
Comme souvent chez les abeilles sauvages, le mâle n’a pourtant rien d’un gros bras dominateur. Sans être aussi riquiqui que celui de l’araignée-crabe, il est cependant d’une taille nettement en dessous de la femelle. Celle-ci a d’ailleurs vite fait de s’en débarrasser lorsqu’elle reprend ses esprits !
Sitôt la copulation proprement dite, Madame repasse donc rapidement en mode butinage. Sans effusion excessive envers son Roméo qu’elle traîne quelque temps à la pointe de son abdomen. Mais le fardeau semble bientôt l’indisposer. Un coup de reins et le voilà qui valse… Les choses sérieuses commencent. Creuser un nid en terre, y aménager des cellules, pondre, amasser des réserves de pollen et de nectar pour les futures larves. Le mirabellier y contribuera largement.
27 mars 2020
Deux semaines après ces messieurs, Madame Osmie cornue vient de faire son apparition au jardin. Pas de barbichette blanche, mais une face velue entièrement noire d’où émergent deux petites cornes, entre antennes et mandibules.
À peine émergée et déjà un travail ! Car, chez les Osmies, le temps est compté et rien n’est laissé au hasard. Dès l’éclosion, les femelles sont ainsi assaillies par les mâles alentour qui piaffent d’impatience depuis une quinzaine de jours. Sitôt fécondée, chacune aménage alors son propre nid. Dans un tube de bambou par exemple. Un peu de boue pour y façonner une dizaine de cellules. Beaucoup de nectar et de pollen pour approvisionner la nurserie. Un œuf par cellule et une boulette de « miel » pour chacun.
Peut-être un second nid si les conditions météo s’y prêtent. Quoi qu’il en soit, fin juin au plus tard tout sera terminé. Pour une longue maturation jusqu’au sortir de l’hiver prochain. Mais par quelle mystérieuse ponte sélective les œufs des futures femelles sont-ils installés les premiers au fond du tube ?
25 mars 2020
Tout un automne et un long hiver de pluies ! Voilà déjà plus de cinq mois que les planches cultivées du jardin sont inaccessibles. Et la terre y reste engorgée. Il faudra des semaines d’anticyclone pour qu’elle puisse se ressuyer avant les travaux de printemps. En attendant, vive le couvert des plantes sauvages !
La grande douceur hivernale a favorisé leur développement. Tant mieux. Ainsi la pluie n’a-t-elle pas battu et bétonné les planches qui n’ont pas eu la chance d’un manteau de feuilles mortes ou d’engrais vert. En ce début de printemps, c’est tout bénéfice pour les butineurs !
De ce point de vue, le tiercé gagnant des « mauvaises herbes » distingue sans conteste le Lamier pourpre (Lamium purpureum), la Véronique de perse (Veronica persica) et le Lierre terrestre (Glechoma hederacea). Les unes et les autres ont par ailleurs en commun un enracinement léger. Elles seront d’autant plus faciles à arracher, le moment venu, au fur et à mesure de la reprise des semis printaniers et des plantations.
24 mars 2020
Rendez-vous des butineurs, les clochettes attirent certes les abeilles sauvages, à commencer par l’Anthophore plumeuse. Mais ce sont assurément les Bourdons les plus nombreux.
Le plus discret d’entre eux - le minuscule Bourdon des prés (Bombus pratorum) - compense le handicap de sa courte langue en engouffrant sa petite tête au creux des fines coroles tubulaires.
Les plus gros (Bourdon terrestre et Bourdon des pierres) manquent encore à l’appel. Mais leurs cousins n’ont pas résisté. Ainsi, d’une taille intermédiaire déjà respectable, le Bourdon des saussaies et le Bourdon roux se laissent aller à l’ivresse du cassis-fleur. Le printemps est bien lancé !
20 mars 2020
Trop grande également pour une Andrène bicolore (Andrena bicolor) qui, en outre, aurait présenté une abondante fourrure faciale noire. Sans doute plutôt donc une Andrène thoracique (Andrena thoracica), remarquable par son allure très contrastée. Entre la dense pilosité rouille vif du thorax et le noir luisant de l’abdomen.
Dans l’attente de la très prochaine explosion fleurie des arbres fruitiers, ce sont les pissenlits qui ont sa préférence. Elle s’y plonge et s’y frotte avec délice, faisant provision de pollen sur les brosses de ses pattes noires.
18 mars 2020
Les premiers butineurs ne pouvaient rêver meilleur comité d’accueil, en complément de l’incontournable le romarin. À commencer par la très active Anthophore plumeuse (Anthophora plumides) dont le mâle est aisément reconnaissable ici aux longues soies de ses tibias médians. Mais aussi l’impressionnante Abeille charpentière (Xylocopa violacea) et la petite Osmie cornue (Osmia cornuta).
Les tiges souvent éclatées et noircies, les vieilles carcasses de bourrache s’épuiseront sans doute vite. Mais déjà de nouveaux plants émergent ici et là. Le retour enfin du soleil, annoncé pour les prochains jours, devrait accélérer le mouvement. Le relai ne devrait pas tarder. De la bourrache toute l’année ?
17 mars 2020
Guère plus d’un centimètre ! L’Andrène à pattes jaunes (Andrena flavipes) est une des abeilles sauvages les plus petites et les plus précoces du jardin. Avec deux fleurs de prédilection tout juste émergées de la récente inondation : le pissenlit et la pâquerette. Elle s’y charge de pollen, notamment sur les brosses jaune-orangé de ses tibias arrière.
Alors que le thorax bien noir s’illumine à peine d’une pilosité brun clair, c’est surtout l’abdomen qui retient l’attention. D’étroites bandes blanc cassé s’y détachent en effet sur un fond noir bien franc.
Solitaire et terricole, l’Andrène à pattes jaunes apparaît ordinairement dès le mois de mars. Cette année, malgré les crues à répétition, c’est l’abondance ! Faute de gelées hivernales, les fleurs sauvages envahissent ainsi prairies comme jardins. Et les arbres fruitiers piaffent déjà d’impatience. Ce n’est pas forcément bon signe.
12 mars 2020
Abeilles et bourdons s’y affairent au moindre rayon de soleil. Notamment la petite Osmie cornue (Osmia cornuta), facilement reconnaissable à son flamboyant abdomen rouille vif. De taille modeste (12 mm), elle présente par ailleurs un thorax velu hésitant entre noir et brun. Avec des nuances rousses jusqu’aux pointes des pattes.
En cette saison, l’exploration du potager est l’affaire des mâles. Pas de confusion possible. Ils arborent en effet une barbichette grisonnante, mais pas de petites cornes, apanage des seules femelles. Celles-ci émergeront dans quelques semaines. Début avril. Quand cerisiers et mirabelliers seront en fleurs.
Retrouvez le fil de la chronique en 2019-2020
12/01/2019
Dumotteron
Il ne faut pas confondre Le Gaillet Gratteron et Le Guilleret Gratton ! Meilleurs voeux au Jardinier du Marais et au Père Narcisse
27/08/2018
Mamina
Bonjour. Ce fut une balade savoureuse, merci. J'ai noté quelques légumes qui sont dans mon tout nouveau jardin, ça met du baume au coeur. Bravo pour les commentaires ourlés de pointe d'humour et de fraîcheur. C'était comme si j'y étais.
28/06/2018
CAYLUS
tres belles images commentaires adéquats bcp d'humour merci michel si ça peut vous rassurer le sud n'a pas été gaté mais le soleil est revenu jardinement votre
08/06/2018
Loune
Toutes ces choses qui me paraissaient banales au jardin prennent avec vous une autre dimension....Je vais m’attarder un peu plus devant ces petits détails maintenant.
01/06/2018
Ledrôledegratton
Cette chronique d'un jardin dans le Marais poitevin est un vrai enchantement. Si ce jardinier-poète cultive la terre avec autant de bonheur que les mots, la récolte devrait être belle ! Au plaisir de se saluer un jour prochain en bord de Sèvre...