31 janvier 2023
Faut-il vraiment s’en réjouir ? Quelques jours seulement après les fugaces gelées de décembre, le jardin frise les 17° ce 2 janvier après-midi ! Ciel bleu, douceur quasi printanière, jours qui commencent (un peu) à rallonger… De quoi tromper l’horloge interne des premiers butineurs. Témoin ce premier syrphe de l’année. Un Syrphe des corolles.
Des corolles ? Facile à dire en cette saison ! Heureusement, les premières pâquerettes pointent timidement le bout de leur nez. Un ou deux pissenlits aussi. Un peu court cependant pour ces quelques intrépides… Ils comprendront vite qu’avant l’heure, ce n’est pas l’heure ! En l’occurrence, il s’en faut de deux mois.
La pluie et le rafraîchissement annoncés pour les prochains jours devraient remettre les pendules à l’heure. Encore quelques semaines d’hivernage. Les abris ne manquent pas au jardin : litière de feuilles mortes ici et là, tas de bois, haies, anfractuosités de l’écorce des peupliers alentour… Allez, patience. Et rendez-vous fin février, début mars.
3 fevrier 2023
Quelques timides allées et venues du côté du laurier-tin. Au dernier jour de janvier, on est évidemment loin de la vrombissante agitation printanière. Mais une petite escouade d’abeilles domestiques est bien là, affairée sur les denses bouquets de petites fleurs blanches.
À bien y regarder, pas question ici d’oisive et gourmande promenade. Il s’agit bel et bien d’ouvrières au travail. En témoignent les pelotes de pollen dans les corbeilles de leurs pattes arrière. La première récolte de l’année va bon train.
C’est tout l’intérêt du laurier-tin. Fleuri depuis la fin de l’automne, sa production de nectar et de pollen est disponible pour les butineurs les moins frileux quand la plupart des autres sources sont taries.
Alors, après les pluies et les gelées de ces dernières semaines, est-ce là le signe d’un redoux plus ou moins durable pour février ?
4 février 2023
7 février 2023
Il suffit de lâcher un peu la bride au potager pour faire le bonheur du Séneçon commun (Senecio vulgaris). Voilà donc une des premières « sauvages » à profiter des vacances hivernales de la binette.
Une rosette dentée d'abord. Puis une hampe violacée et de longues feuilles, très découpées, un peu chiffonnées. Souvent recouvertes d'une sorte de feutrage. Comme une toile d'araignée.
Tout compte fait, s'il pousse en toutes saisons, l'hiver lui convient parfaitement. Il peut ainsi se développer sans trop de concurrence. Avec un jardinier moins sourcilleux ces mois-ci face aux « mauvaises herbes » !
Certes, en hiver, il n'y a guère d'insectes pour le polliniser. Qu'importe. Nécessité faisant loi, le Séneçon commun se débrouille alors très bien tout seul. D'ailleurs, côté séduction, ses fleurs font le service minimum. Jaunes, tubulaires, sans pétales périphériques, elles sont réunies en petits fagots, engoncées dans une gaine de longues bractées vertes pointées de noir.
Insectes ou pas, la fructification ne tarde pas. Et le vent disperse bientôt les graines rassemblées en une vaporeuse petite boule de soie blanche. Si les oiseaux qui en raffolent lui en laissent le temps.
10 février 2023
Même sous le soleil, on remarque à peine sa frêle silhouette. Le syrphe Meliscaeva auricollis - désolé, il n’a pas de nom français ! - est si petit. Moins d’un centimètre. Mais sa discrétion tient surtout aujourd’hui à sa sombre livrée hivernale. Dès le mois de mars, le fin abdomen des générations suivantes s’illuminera de lunules jaune d’or bien plus vif. Et les ailes actuellement fumées deviendront hyalines.
Ce sont les femelles qui hivernent. Fécondées à l’automne, elles attendent les premiers beaux jours pour pondre. Comme souvent chez les syrphes, leurs larves se gaveront de pucerons, au potager, mais également sur les arbres.
Une dizaine de générations se succéderont ainsi sans discontinuer de début février à décembre. Autant dire que le petit Meliscaeva auricollis est quasi présent toute l’année au jardin. Et ses bataillons chasseurs de pucerons aussi. Respect ! Une telle constance mérite bien qu’on l’appelle par son nom. Aussi latin soit-il.
- Dominante sombre pour la génération hivernale.
- Générations suivantes plus lumineuses.
Elle figurerait sans doute en bonne place au palmarès des insectes les moins frileux ! Pas étonnant donc de voir la Mouche bleue (Calliphora vicina), début février, fréquenter assidûment le Laurier tin. Car, si elle est réputée familière des cadavres et des excréments, c’est surtout pour y installer sa progéniture. Sinon, comme tout butineur qui se respecte, elle apprécie le sucre du nectar.
Les reflets sont ici moins éclatants qu’avec la Mouche verte aux mœurs parfois aussi peu ragoûtantes. Il faut en effet un peu de soleil pour faire ressortir le bleu. Métallique sur l’abdomen, grisé sur le thorax. Le tout hérissé d’épaisses soies noires.
Contrairement aux syrphes, la Mouche bleue n’attire guère la sympathie. On l’accuse volontiers de véhiculer divers agents infectieux. Reste que, pour être ingrat, le rôle positif de ses larves est loin d’être négligeable pour l’environnement. Ni plus ni moins que l’élimination des déchets organiques d’origine animale !
16 février 2023
20 février
Vers la Saint-Valentin, la Violette odorante (Viola odorata) redouble de vigueur. De nouvelles feuilles vert tendre - en forme de cœur naturellement - accompagnent ainsi l’émergence d’explicites corolles bleu-violacé.
Ah çà ! Les butineurs ne risquent pas de s’y perdre. Avec les deux étroits pétales du haut relevés, rejetés en arrière, comme on bombe le torse. Avec les deux larges pétales latéraux grand ouverts, comme on écarte les bras pour souhaiter la bienvenue !
Avec enfin le long pétale central, tout en bas, projeté vers l’avant, comme on déroule le tapis aux visiteurs de marque.
Un réseau de veines très foncées guide alors les éventuels hésitants. Sur fond de plus en plus blanc, elles convergent vers la gouttière qui, tout au fond, s’ouvre sur l’éperon nectarifère.
Encore un doute ? Alors les petits barbillons blanc nacré des pétales latéraux stoppent ceux qui s’écarteraient du droit chemin. Et même le stigmate central y met du sien ! Émergeant d’un faisceau serré d’étamines orangées, son extrémité coudée pointe l’entrée du Saint des Saints. Tout cela baigné d’un merveilleux parfum. Comment y résister ?
27 février 2023
2 mars 2023
Imaginez un grain de riz noir, fin et allongé, parmi les fleurons jaunes d’un capitule de pissenlit. 6 mm tout au plus. Il faut s’approcher au plus près pour réaliser : il s’agit bien d’une (très) petite abeille sauvage !
Rien à voir toutefois avec le Lasioglossum sp. rencontré voilà quelques jours. Celui-ci arborait une pilosité fine et « soignée », notamment des bandes feutrées à l’avant des tergites. La fourrure est ici plutôt clairsemée, ébouriffée sur le thorax, majoritairement fauve clair, plus sombre sur la face. Enfin, loin d’être feutrées, les étroites bandes abdominales sont hérissées de poils plutôt épais, à l’arrière des segments.
On pense alors à une Micro-andrène (Micrandrena). Cela dit, il en existe dit-on des dizaines d’espèces d’autant plus mal connues qu’elles sont difficiles à différentier. Va donc pour la plus commune, Andrena (Micrandrena) minutula, doublement bien nommée. Au cas où le préfixe « Micro » ne suffirait pas, l’adjectif « minutula » (minuscule ) enfonce ainsi le clou !
Quoi qu’il en soit, il semble apprécier tout particulièrement le jaune. Du pissenlit à la Ficaire fausse-renoncule. En passant par le cœur de pâquerette. Il est vrai qu’il s’agit là des principales fleurs de saison !
6 mars 2023
Une tout autre présence ! Loin de la chétive silhouette de Monsieur (9-11 mm), voici Madame Andrène à pattes jaunes (Andrena flavipes). Sur cette corolle de Ficaire fausse-renoncule, elle a le gabarit (12-13 mm) et un peu l'allure d'une abeille domestique. Mais c'est bien une solitaire qui s'apprête à creuser et aménager son nid.
Sur fond noir, la fourrure thoracique et faciale est brun pâle, avec un abdomen rythmé de bandes continues de poils ocre. Sans oublier les fameuses "pattes jaunes". L'apanage des femelles. Un manchon de fines soies jaune-orangé. Grâce à cette éclatante brosse de collecte, les tibias arrière se chargeront bientôt de pollen !
En attendant, mâles et femelles font le plein d'énergie avec la complicité des fleurs sauvages. Début mars, quand le mirabellier s'illuminera de corolles blanches, viendra le temps des amours. Le jardin et les prairies alentour produiront alors assez de nectar et de pollen pour le garde-manger des futures larves !
9 mars 2023
Sa petite taille (moins d’un centimètre) et sa dominante uniformément foncée en font un hôte très discret du jardin. Et pourtant, en plusieurs générations successives, l’Éristale bronzé (Eristalinus aeneus) y compte parmi les butineurs les plus actifs et assidus. De la fin février jusqu’en novembre.
Mâles et femelles viennent d’émerger. Ils ont passé l’hiver calfeutrés au creux d’une haie ou sous une litière de feuilles mortes. Comme souvent chez les mouches éristales, leurs larves amphibies participeront bientôt à l’épuration des eaux plus ou moins fangeuses dont elles filtrent les matières organiques.
À vrai dire, on n’y prêterait guère attention sans ces grands yeux si particuliers. Jointifs en l’occurrence chez le mâle, jaune clair, très finement velus sur le dessus, ils apparaissent constellés de minuscules points brun rougeâtre.
En attendant l’abondance du printemps, l’Éristale bronzé jette ici son dévolu sur des fleurs à sa mesure. Les petites corolles bleues de la Véronique de Perse. Entre deux virées sur le Laurier tin.
16 mars 2023
En cette fin d’hiver, les andrènes comptent sans nul doute parmi les abeilles sauvages les plus précoces du jardin. Celle-ci retient l’attention par son lumineux thorax roux. Le contraste est saisissant avec l'abdomen noir luisant, à peine rehaussé d'une fine pilosité latérale grise.
La taille (jusqu'à 16 mm chez la femelle) et l'allure générale évoquent l'Andrène thoracique (Andrena thoracica), davantage contrasté encore (roux/noir), sans les touffes fauve clair qui mâtinent ici la face, les côtés du thorax et les pattes. Quant à l'Andrène bicolore (Andrena bicolor) qui lui ressemble aussi, elle est beaucoup plus petite (8-11 mm) et présente une abondante fourrure faciale noire. Sans doute plutôt donc l'Andrène limpide (Andrena nitida), abeille solitaire terricole qui creuse son nid au sol. Dans les prairies alentour et les parties enherbées du jardin.
Dans l'attente de la très prochaine explosion fleurie des arbres fruitiers, ce sont les pissenlits qui ont sa préférence. Histoire de prendre des forces. Entre émergence et accouplement.
18 mars 2023
À dire vrai, les deux espèces se ressemblent beaucoup. Avec la réputation d’un difficile distinguo. Alors, Bourdon des jardins ou Bourdon des friches ? Voyons d’abord leurs points communs. Trois bandes jaune-orangé : à l’avant et à l’arrière du thorax puis sur le premier segment de l’abdomen. Et le « cul blanc » naturellement.
L’un et l’autre présentent en outre une forte tête allongée dotée d’une très longue langue, idéale pour explorer les tubes nectarifères les plus profonds.
Jusque là, l’individu rencontré ce matin sur un capitule de pissenlit coche toutes les cases. D’où vient donc cette impression de jamais vu ? Sans doute d’une dominante noire envahissante, ne laissant que la portion congrue aux bandes jaunes et même à la pointe grise !
Enfin, d’une manière générale, alors que la fourrure du Bourdon des jardins (B. hortorum) est abondante, souvent hirsute, celle-ci paraît plus courte et même presque rase sur le dessus du thorax. Alors ? Prenons le pari du Bourdon des friches (B.ruderatus) dont ce serait la première observation au jardin. Quoi qu’il en soit : voilà une jeune reine tout juste émergée, prête à fonder sa propre colonie.
20 Mars 2023
On a davantage l’habitude de la voir en plein été. Mais, en deux ou trois générations, la Noctuelle Gamma (Autographa gamma) est présente au jardin toute l’année. Ou presque. Avec son signe distinctif au centre des ailes antérieures : une marque blanche assimilée à une lettre grecque, lambda ou gamma selon le sens d’observation. À moins que ce ne soit l’image inversée d’un « y » !
Mieux vaut la découvrir sous le soleil. Quelques marbrures grises, brunes, orangées, voire verdâtres, animent alors sa livrée marronnasse. Autant de nuances estompées ici, à l’unisson d’un ciel printanier qui, ces jours-ci, hésite entre le noir et le gris.
Contrairement aux chenilles de la plupart des noctuelles, celles de la « Gamma » ne sont pas terricoles. Arpenteuses et vert clair, elles se développent surtout sur la carotte sauvage, le trèfle, la luzerne et les orties des prairies alentour. Mais une ponte au jardin est toujours possible. Avec une cible de prédilection : les choux du potager !
24 mars 2023
Une brosse de collecte orange vif sur les tibias arrière. Voilà qui rappelle le petit Andrène à pattes jaunes. C’est bien le seul point commun. Car, hormis ce manchon rouille, l’Andrène noir-bronze (Andrena nigroaena) ressemble davantage à une abeille domestique. Par sa plantureuse silhouette (jusqu’à 1,5 cm) comme par sa livrée contrastée.
Une tête entièrement noire. Un pelage thoracique dense, brun-roux, tirant vers le fauve clair. De fines bandes abdominales chamois sur un fond noir aux reflets bronze. Ultime détail : la fourrure noir intense du dernier segment.
Avec une seule génération annuelle, au printemps, l’Andrène noir-bronze vient d’apparaître au jardin. Jusqu’en juillet, on repère facilement cette tranquille abeille solitaire, à son allure dodue, sur les fleurs de saison. À commencer par les pissenlits et les premiers prunelliers en fleurs. C’est surtout, le moment venu, un excellent pollinisateur des arbres fruitiers. Il sera alors temps, pour chaque femelle, de creuser et d’aménager le nid de sa progéniture. Et de charger de pollen le fameux manchon orangé !
29 mars 2023
Ses larges et denses rosettes s’étalent actuellement au bord du halage. Avec de longues feuilles composées, aux folioles gaufrées et dentées, d’un vert bien franc, l’Érodium musqué (Erodium moschatum) amorce du même coup sa timide floraison rose pâle.
Regroupées en discrètes ombelles, les corolles diffusent leur petite musique à cinq temps. Cinq courts sépales veinés de vert pâle. Cinq pétales ovales, lilas, un peu fripés. Cinq anthères noirâtres libérant bientôt un pollen jaune-orangé, autour de cinq stigmates translucides.
Rien de très spectaculaire. La surprise vient plutôt de la fructification. Chaque fleur engendre en effet un akène en forme de long bec dressé. D’où le nom de « bec de grue » ordinairement donné à l’Érodium musqué et à ses cousins. À maturité, ledit bec desséché s’enroulera en spirale pour constituer une sorte de tarière. Et, ainsi équipée, chaque graine aura alors la capacité de s’auto-enfouir ! Mais ça, c’est une autre histoire…
8 avril 2023
Voulez-vous faire plaisir à l’Andrène dorsale (Andrena dorsata) ? Semez-lui une planche ou deux de Moutarde blanche ! Chaque début de printemps, immanquablement, elle fera honneur au généreux couvert hivernal en fleurs. Entre deux parades nuptiales mouvementées !
Cette abeille solitaire de taille moyenne (environ 1 cm) se distingue notamment par un dense pourpoint roux. Ses fines bandes abdominales blanc crème s’interrompent plus ou moins en leur milieu. La première étant le plus souvent quasi inexistante.
Les femelles arborent une brosse finement peignée aux tibias arrière. Ici, la collecte vient de commencer. Alors, avec un manchon bien garni de pollen jaune pâle, fini le badinage ! Tant pis donc pour les mâles qui poursuivent leur sarabande effrénée… Fondant brusquement sur la belle, parfois à plusieurs, ils sont désormais vertement éconduits ! Car il y a un temps pour tout. Voici déjà venu celui de la ponte et de l’approvisionnement des futures larves. Au fond d’un puits creusé au sol. La nouvelle génération émergera en juillet. Faute de Moutarde blanche, elle n’aura que l’embarras du choix avec les fleurs sauvages ou cultivées du jardin. Pour pour butiner et batifoler à son tour.
10 avril 2023
En pause sur un pétale de tulipe rouge puis sur une feuille d’hortensia. Par cette matinée frisquette, l’Andrène agile (Andrena agilissima) semble recharger ses batteries au soleil de Pâques. Le temps de se faire admirer. Pas si fréquent pour cette abeille solitaire dont le qualificatif latin suggère à juste titre une hyper activité.
Elle ressemble à sa cousine l’Andrène cinéraire. Avec une fourrure thoracique noire et cendrée moins dense. Mais avec des touffes grises latérales à la pointe de l’abdomen, des brosses de collecte blanches et, surtout, des ailes fumées aux reflets métalliques bleutés.
L’Andrène agile émerge ordinairement en avril lorsque les arbres fruitiers du jardin amorcent leur floraison. Cela dit, pour garnir généreusement le garde-manger des nids creusés au sol, elle a aussi un faible pour la moutarde blanche. Ne l’appelle-t-on pas parfois l’Andrène des crucifères ?
12 avril 2023
Dans la série des « abeilles coucous » du jardin, on a déjà vu ici le petit Sphécode commun, reconnaissable à son abdomen à demi rouge-orangé. Voici son cousin, le Grand Sphécode, alias le Sphécode à labre blanc (S. albilabris) dont le rouge orangé envahit la presque totalité de l’abdomen. À l’exception d’une touffe terminale de poils noirs.
D’assez belle taille, frisant le centime et demi, d’où son nom, il vient d’émerger et butine assidûment dans les allées du potager. Avec une préférence pour les pâquerettes. En cette saison, il s’agit exclusivement de femelles. Elles seules, en effet, fécondées l’été dernier, passent l’hiver. Le moment est alors venu de remplir leur ultime mission : pondre. Mais pas n’importe où.
La plupart des abeilles-coucous ont ainsi une cible privilégiée. Pour le Grand Sphécode, c’est la Collète lapin (C. cunicularius), une solide abeille solitaire qui creuse son nid au sol. Après le discret tour de passe-passe, les larves parasites se repaissent des réserves accumulées par leur hôte involontaire. La nouvelle génération apparaît en juillet pour un nouveau cycle : accouplement, mort des mâles, hivernage des femelles fécondées…. Jusqu’au printemps suivant.
18 avril 2023
Revoilà la discrète silhouette triangulaire des pyrales. Mais, pas de panique, les chenilles de celle-ci ne s’attaquent ni au buis, ni aux légumes, ni au maïs, ni à la menthe…Comme son nom ne le suggère pas, la Pyrale des buissons (Pyrausta despicata) préfère confier sa progéniture aux prairies alentours. Avec une préférence pour le plantain, actuellement en fin de floraison.
Au repos, elle garde les ailes antérieures à demi écartées. Elle dévoile ainsi un peu des postérieures, brun foncé, barrées d’une large bande irrégulière et d’une ligne plus fine, toutes deux jaune-beige. Avec un clin d’oeil à l’abdomen, noirâtre, rythmés de fins anneaux blanc-crème.
La dominante des ailes antérieures est très changeante d’un individu l’autre. Sans toutefois égaler l’éclat de la Pyrale pourprée. Ni même de la Pyrale de la menthe. L’impression est le plus souvent assez terne, avec un camaïeu de brun plus ou moins clair, de gris, de beige et de chamois. Voire de roux ici sur le thorax.
20 avril 2023
Encore une noctuelle ! Une des plus communes en vérité. Le C-noir (Xestia c-nigrum) est d’autant plus répandu que ses chenilles ne sont pas difficiles… Les « vers gris tachetés » comme disent les Québécois se développent en effet autant sur les salades et les céleris que sur les orties, les rumex et le séneçon. Entre autres légumes ou plantes sauvages dont ils grignotent le feuillage. Et non pas les racines comme chez d’autres noctuelles.
Hésitant entre brun-gris et brun pourpre, la livrée de ce petit papillon le rend quasi invisible dans la végétation basse et les feuilles mortes où il se cache le plus souvent en journée. Mais, surtout nocturne, il volète encore au petit matin et s’attarde ici sur une feuille de capucine.
Comme souvent chez les noctuelles, malgré une dominante un peu passe-partout, un signe distinctif facilite son identification. En l’occurrence une marque noire rectangulaire évidée d’une tâche triangulaire beige, évoquant peu ou prou un grand C d’imprimerie noir. D’où son nom.
22 avril 2023
Au pied d’une haie où court et s’épanouit le Grémil bleu pourpre. Chaque printemps, en mars-avril, on y rencontre notamment deux abeilles sauvages inséparables. La Mélecte commune (Melecta albifrons) et l’Anthophore plumeuse (Anthophora plumides). Un duo mortifère.
Elles ne se ressemblent guère. La première est à dominante noire, le thorax brun grisâtre, les pattes et les flancs animés de petites touffes blanches. La silhouette plus ramassée, la seconde a un côté nounours, avec une fine fourrure gris fauve. C’est surtout une stakhano du butinage. Vive, toujours en mouvement, insaisissable.
La Mélecte aussi butine. Mais tranquille. Avec une seule bouche à nourrir. La sienne ! Alors que l’industrieuse Anthophore, elle, doit garnir le garde-manger de sa progéniture.
On l’aura compris : la première est une abeille-coucou, la seconde sa cible. Avec une stratégie toute simple : surveiller les allées et venues de l’Anthophore pour profiter de son absence au nid. Le temps d’une nouvelle collecte. Juste assez pour aller pondre : un œuf par cellule. Sitôt éclose, chaque larve intruse croquera sa concurrente pour mieux s’approprier ses réserves de nectar et de pollen.
24 avril 2023
Non, ce n’est pas une parade nuptiale ! À les voir ainsi enlacés, on jurerait pourtant un couple de Mouches de saint Marc (Biblio marci) surpris dans ses préliminaires. Mais l’histoire est plus macabre que cela…
Il est vrai que c’est actuellement la pleine saison de la Mouche de saint Marc qui tient son nom de la date approximative de son émergence : le 25 avril. Entièrement noire, velue, le thorax rebondi, elle volète ces jours-ci en quête de l’âme soeur. Un vol pataud qui ne va jamais très loin. Les pêcheurs « à la mouche » se savent bien qui en ont fait leur appât de prédilection. Tant elle est appréciée des truites notamment et facile à attraper !
Mais il n’y a pas que les pêcheurs et les poissons pour lui faire la chasse. L’Empis ciliata - qui lui ressemble beaucoup - en est particulièrement friand. Et lui, loin d’être molasson, est particulièrement vif. Il l’attrape donc en vol, la promène dans une sorte de ballet aérien, faisant des pauses ici et là… Tout en la dégustant ! Il faut dire qu’il est solidement armé pour cela : une longue trompe dirigée vers le bas, bien visible ici. Elle lui permet de percer la cuticule de ses proies pour mieux en aspirer les fluides internes.
27 avril 2023
Au jardin, on la voit depuis quelques temps sur la Moutarde blanche et sur les pommiers en fleurs. Et voilà déjà la période de nidification pour l’Andrène agile (Andrena agilissima) dont les femelles, hyper actives, creusent et aménagent les galeries souterraines où elles vont bientôt pondre.
Pour cela, elles apprécient ordinairement les parois verticales. Un talus en bordure de fossé par exemple fait très bien l’affaire. Ou une vieille grange. Mais là, en toute simplicité, elles ont une tout autre ambition : ni plus ni moins que le mur nord de l’église Sainte-Catherine !
Les joints de mortier séculaires se prêtent il est vrai merveilleusement aux excavations. Elles sont ainsi plusieurs dizaines à s’affairer. Cela dit, la promiscuité à ses limites. Car l’Andrène agile reste une abeille solitaire. Ensemble, elles vont constituer une petite « bourgade ». Soit. Pour autant, chacune chez soi !
Chaque « terrier » desservira une véritable nurserie organisée en une douzaine de cellules. Avec un œuf et son « garde-manger » par cellule. Sitôt l’éclosion, chaque petite larve trouvera son casse-croute : une belle boulette de pollen mêlé de nectar. De quoi préparer la nymphose puis la longue attente avant l’émergence. Au printemps prochain. Sous la protection de sainte Catherine !
29 avril 2022
Dans la série des « abeilles coucous » déguisée en petites guêpes, les « Nomades » (Nomada sp.) ont toutes un air de famille. Avec une dominante noire tachée de jaune au thorax et rythmée de bandes jaunes à l’abdomen. Une troisième couleur s’y invite le plus souvent avec plus ou moins d’intensité : le rouge brique. Ainsi, la Nomade fardée (N. ducata) tient sans doute son nom de ses multiples touches rouges : premier segment de l’abdomen, attaches des ailes, pattes, antennes et yeux.
Le fard est cependant plus discret que celui de la Nomade rouille (N. lathburiana) dont le brun-rouge envahit jusqu’au thorax, au point d’être appelée Poils-de-carotte !
Plus sobre, le thorax ici est bien noir, avec deux petites taches latérales jaunes et une seule plus larges à l’arrière. C’est la seule espèce de la famille à présenter cette tache arrière unique qui fait écho à un fin collier jaune, peu lisible, à l’avant.
Chez les « Nomades », les femelles parasitent les nids d’autres abeilles solitaires. Avec une préférence pour celles du genre Andrène. Chacune sa spécialité ! Pour la Nomade fardée, c’est l’Andrène à pattes jaunes. L’une et l’autre fréquente actuellement les pissenlits. Mais une seule récolte du pollen pour approvisionner sa progéniture. Devinez laquelle !
4 mai 2023
Étrange mouche. La Myope peinte (Myopa picta), ici sur la phacélie en fleurs, retient d’abord l’attention par ses joues blanches. Ses bajoues plutôt ! Pendantes, un peu flasques, elles évoquent une baudruche dégonflée. L’effet est accentué par une épaisse barbe en collier. Cette curieuse coquetterie est rehaussée de quelques taches noires. Comme le front jaune-orangé d’ailleurs.
C’est tout l’inverse sur le noir du thorax et des pattes, mais aussi sur le brun-rouge de l’abdomen où des petits rehauts blancs argentés illuminent (un peu) une dominante sombre.
Enfin, comme chez le Sicus ferrugineux, un cousin déjà rencontré au jardin, la pointe de l’abdomen, recourbée par en dessous, vient se loger entre les pattes arrière, dans une attitude caractéristique.
Ce n’est pas le seul point commun avec le Sicus. Hélas ! Car la Myope peinte, par ailleurs tranquille butineuse, est une redoutable parasite des abeilles sauvages. Les femelles vont pondre directement sur la fourrure de leurs cibles. Sitôt l’éclosion, les larves en percent la cuticule et commencent leur festin. Tout en gardant leur hôte vivant le plus longtemps possible. Le pupaison a lieu dans l’enveloppe vide. Pour une émergence au printemps suivant.
6 mai 2023
N’allez pas croire que la Punaise dentée (Coriomeris denticulatus) soit une croqueuse ! Non, comme toute punaise qui se respecte, c’est bien une piqueuse-suceuse pourvue d’un long rostre pour siphonner la sève des végétaux. Son nom vernaculaire ne fait donc pas allusion à ses pièces buccales !
Les dents dont il est question visent en effet les sortes d’épines blanches qui, à la manière d’un fin croquet, soulignent les bords latéraux du pronotum.
Finement velue, jusqu’à ses épaisses antennes, la petite punaise présente une silhouette étroite, un peu à la manière de sa cousine du noisetier. Elle est cependant plus chétive encore (8-10 cm) et d’un brun plus soutenu.
Réputée friande de légumineuses, la Punaise dentée ne semble pas s’intéresser aux fèves ni aux petits pois du potager. Pas même aux jeunes plants de lupin. Non, elle a jeté son dévolu sur la Luzerne lupuline qui illumine ici et là les allées du jardin de ses petites inflorescences jaune vif. Il est vrai que le tapis en est particulièrement généreux ce printemps.
7 mai 2023
Svelte, noire, les ailes fumées, les premiers segments de l’abdomen rouge-orangé et de très longues pattes épineuses… Voilà une petite guêpe Pompile. Sa famille compte une centaine d’espèces en Europe, très difficiles à distinguer entre elles. Pompile sp. donc. Elle butine paisiblement ici les généreuses touffes d'euphorbe.
Mais les pompiles sont aussi de sacrées chasseuses. Les femelles du moins. Furetant en permanence, au jardin, dans les prairies alentour, les longues antennes toujours en mouvements, elles traquent inlassablement leurs proies. Pour nourrir leurs larves. Avec une cible privilégiée. Les araignées. Même les plus grosses tant les audacieuses n’ont peur de rien. Avec une seule stratégie : l’attaque et une piqure rapide. La victime est alors le plus souvent démembrée à coups de mandibules pour en faciliter le transport.
Une araignée et un œuf dans un nid creusé au sol. Encore et encore. La progéniture émergera en été pour s’accoupler aussitôt. Les mâles n’y survivront pas. Les femelles fécondées passeront l’hiver dans un terrier. Pour chasser les araignées au printemps.
11 mai 2023
Il est des mâles qui roulent les mécaniques avec leurs gros bras. Pour l’Oedémère noble (Oedemera nobilis), l'ostentation virile passe plutôt par les « cuisses ». Ou plus exactement les fémurs des pattes postérieures. Impressionnants !
Luisants, incroyablement gonflés, ils sont vert-métallique comme l’ensemble du corps. En particulier les élytres qui vont s’amenuisant vers l’arrière, découvrant abdomen et ailes membraneuses.
Pourtant de taille comparable, la femelle paraît presque fluette sans les prétentieux attributs du mâle. Cela dit, l’un et l’autre ont les mêmes goûts. Leur péché mignon, c’est le pollen. Pas étonnant donc de les voir ici affairés parmi les étamines d’un mûrier sauvage !
Inoffensif, l’Oedémère noble se laisse aisément approcher lorsqu’il broute les fleurs du jardin ou des haies. Moins vorace que la Cétoine dorée ou le drap mortuaire, il se contente des petits sacs de pollen. Noble et délicat !
12 mai 2023
Comment est-elle arrivée là ? Depuis deux ans, une petite colonie de Fraisiers des Indes (Potentilla indica) s’est implantée dans un coin du jardin. Elle commence à faire son job de couvre-sol. Réputée invasive, elle a toutefois fort à faire ici face au Trèfle blanc et à la Luzerne lupuline qui l’assaillent de toutes parts.
Autant le dire d’emblée, il s’agit d’un faux fraisier ! Même si ses fruits rouge vif, brillants, font penser à la délicieuse fraise des bois. En l’occurrence, gourmands s’abstenir ! Car la chair, blanche, n’est pas seulement sèche et insipide. Elle est toxique. Avec une colique à la clé.
N’était sa propension à pousser toujours plus loin ses stolons, ce cousin des potentilles ne manque pas de qualités graphiques. Avec les trois folioles de ses feuilles dentées. Avec ses fleurs jaune vif, ceintes d’une couronne de bractées vertes joliment découpées. Les mêmes qui sertissent ensuite les petits rubis charnus.
15 mai 2023
On a déjà vu ici son cousin, le vert Membracide bison (Strictocephala bisonia), un petit piqueur-suceur, doué d’une prodigieuse détente dans le saut tant en hauteur qu’en longueur. Le Centrote cornu (Centrotus cornutus) est tout aussi vif et lilliputien (7-8 mm) mais un peu moins discret. Surtout en cette saison sur les feuilles de la Sauge de Jérusalem !
Deux petits yeux ronds, brun clair, tout en bas de la tête. Un front très haut, brun-gris, couronné de deux « cornes » pointues, avec une troisième excroissance, lancéolée, ondulée et étirée vers l’arrière. L’ensemble forme un « casque » étrange auquel fait écho le surnom de Demi-diable. On l’appelle également Cigale épineuse en référence à ses ailes caractéristiques, aux nervures aussi rougeâtres que les pattes.
Comme celles des cicadelles ou des cercopes, ses larves se développent actuellement à l’aisselle des feuilles de nombreuses herbacées. Sous la protection des fameux « crachats de coucou ». Adultes et progéniture se nourrissent de la sève siphonnée sur feuilles et tiges tendres. Sans grands dommages pour les plantes hôtes.
17 mai 2023
Il y a des appellations qui sonnent comme un acte d’accusation. Le Clairon des ruches (Trichodes alvearius) passe ainsi pour un ravageur apicole. Une légende. Ce sont en effet les nids d’abeilles sauvages - et non domestiques - qui sont la cible de ce petit coléoptère aussi coloré que poilu.
Des taches noires de part et d’autre d’une suture bien marquée. Sur un fond rouge pétant. Les élytres eux-mêmes sont abondamment velus. Comme le thorax et la tête, noirs aux reflets métalliques bleutés.
On le repère aisément lorsqu’il se gave de pollen de fleur en fleur. Il se laisse alors volontiers approcher. Le temps d’apprécier ses très solides antennes en forme de massue.
Il s’agit ici d’une femelle, reconnaissable à l’absence de renflement du tibia arrière. Quoiqu’en la matière, ces Messieurs soient moins ostentatoires que l’Oedémère noble ! Elle pond d’avril à août à proximité des nids d’abeilles solitaires. Ses larves y pénètrent et dévorent tout ce qui peut l’être. Pas vraiment un insecte auxiliaire !
20 mai 2023
Il est des qualificatifs qui, pour être explicites, sont peu flatteurs. C’est le cas pour la Volucelle enflée (Volucella inflata). Injuste en vérité pour cette jolie mouche aux rondeurs avantageuses !
Deux gros yeux brun-rouge joints (un mâle donc, ici sur le Cornouiller en fleurs) dominant une face jaune-orangé. Y compris les courtes antennes. Des ailes transparentes fortement nervurées, teintées d’orange puis comme taguées de noir. Une double ligne rouge-brique sur les bordures du corselet, en écho au scutellum également brique. Et enfin, deux demi-lunes orangées à l’avant de l’abdomen noir. Avouons que tout cela ne manque pas d’harmonie.
La Volucelle enflée ne déroge guère aux lois du genre : inoffensive, vol rapide, butinage des ombelles et larves microphages participant à la maturation de l'humus. Tout pour plaire. Il faudrait vraiment être gonflé pour ne pas l’apprécier !
21 mai 2023
Voilà une cousine des tenthrèdes, toute parée de jaune orangé et de noir. La Pamphilie du bouleau (Pamphilius betulae) ne déroge pas à la règle de la grande famille des « mouches à scie ». Au printemps, les femelles incisent les jeunes pousses de leur plante-hôte pour y installer leur progéniture. Avec une allure de « fausse chenille », les larves s’y développeront aux dépens du feuillage. Celui du bouleau en l’occurrence. Sans oublier les peupliers ici dans le marais.
Peu farouche, elle est assez facile à reconnaître, avec sa dominante jaune, des pattes jusqu’au bout des longues antennes filiformes. Le noir intervient avec parcimonie : thorax, premiers/derniers segments de l’abdomen, petits yeux ronds, ocelle frontal et puissantes mandibules.
Si les larves sont phytophages, les adultes fréquentent les fleurs de saison. Pollen et nectar de Lychnis notamment sur les prairies et ombelles de Cornouiller sanguin dans les haies. Cela dit, avec pareilles mandibules, la Pamphilie du bouleau ne rechigne pas devant les petits insectes de rencontre !
25 mai 2023
Encore une sauvageonne venue d’on ne sait où ! Cela dit, rien de vraiment étonnant à rencontrer la Barbarée commune (Barbarea vulgaris) au jardin. Elle apprécie en effet ordinairement les terres de marais. Celle-ci a trouvé sa place en bordure de la planche des fraisiers. D’un vert bien franc, sa large rosette automnale a échappé à la binette. Juste pour voir…
Tant mieux pour les amateurs de nectar et de pollen. Robuste, la touffe est actuellement en pleine floraison. Abeilles sauvages et domestiques s’y donnent rendez-vous : de belles grappes jaunes dont les petites fleurs crucifères sont également appréciées des syrphes.
Comestible, la Barbarée commune était jadis consommée crue en salade et surtout cuite, à la manière des épinards. Voire même des brocolis s’agissant des jeunes pousses florales. Les optimistes diront qu’elle présente une vigoureuse saveur de cresson. Les autres seront rebutés par sa forte amertume !
29 mai 2022
Malgré sa petite taille, 7-9 mm, elle ne passe pas inaperçue. Surtout sous le soleil. La Chloromyie agréable (Chloromyia formosa) ne tient pas son nom de son comportement il est vrai tranquille. Elle est avant tout agréable à l’œil. Pour peu qu’on s’y arrête un peu.
Au repos, les ailes brun clair sont le plus souvent repliées sur l’abdomen. Comme pour mieux attirer l’attention sur le thorax. Vert bronze métallique. Deux petits pincements latéraux y donnent, avec la suture du scutellum, vert lui aussi, une allure de masque énigmatique.
Finement velus, les grands yeux n’en sont pas moins à l’unisson de ce look rutilant. Jointifs, ils indiquent ici un mâle dont l’éclatant abdomen, tout aussi métallique, hésite entre doré et cuivré. Les femelles sont en tous points identiques, sauf les yeux écartés et l’abdomen bleuté.
Active butineuse, familière des milieux boisés, plutôt humides, cette petite mouche abandonne sa progéniture sur le bois mort et le couvert de feuilles mortes. Les larves participent ainsi à l’élaboration de l’humus du sol.
2 juin 2023
Le soleil du soir aidant, la livrée de la Noctuelle en deuil (Tyta luctuosa), alias La Funèbre, devient davantage mordorée qu’à l’ordinaire. Cela dit, par contraste avec les larges plages claires centrales, et malgré des nuances de brun, d’orangé, de crème, voire même de bleu, l’impression générale reste malgré tout assez tristounette.
Réputée nocturne, la Funèbre apprécie aussi les lumineuses soirées printanières puis estivales. Butineuse assidue, la nuit comme le jour, elle apprécie notamment ici le nectar de la Centaurée blanchâtre.
La première génération vient d’émerger. Elle volètera au jardin et dans les prairies alentour jusqu’au milieu de l’été. Une seconde génération suivra en juillet-août et n’abdiquera qu’aux premiers frimas. Ses chenilles passeront alors l’hiver à l’abri d’un cocon enterré. En attendant, à la belle saison, elles se nourrissent principalement de feuilles et de fleurs en boutons. Avec une prédilection pour le Liseron des champs. On le leur laisse bien volontiers !
4 juin 2023
Ornée ? Si, si ! Rien de spectaculaire certes mais tellement raffiné. Laissez-vous donc prendre au charme diaphane de la Phalène ornée (Scopula ornata). Une blancheur envoûtante, voilée de gris, délicatement mouchetée de noir et, surtout, bordée d’une bande ondoyante de dentelle comme on n’en fait plus !
La petite phalène ne fait d’ailleurs pas mystère de ses atours surannés. Papillon de nuit certes, elle volète aussi le jour et, lorsqu’elle se pose, elle étale sans vergogne tout son falbala… Mais, gare, si vous approchez trop près, elle ira se fondre dans la végétation basse.
Présente tout l’été au jardin et sur les prairies voisines, elle installe sa progéniture sur diverses aromatiques. Des petites « arpenteuses » friandes notamment de menthe, thym, mélisse, origan… Sans compromettre à vrai dire infusions et bouquets garnis !
6 juin 2023
De drôles de papillons. Et une très mauvaise réputation avec ça ! Il est vrai que les chenilles de la famille Sésie sont xylophages et creusent des galeries dans le bois vivant. Pommier, peuplier ou lilas notamment selon les espèces. Cela dit, la Sésie de l’Oseille (Pyropteron chrysidiformis) est, comme son nom l’indique, moins ambitieuse.
Encore s’agit-il de l’oseille sauvage et plus généralement des rumex. La femelle pond ainsi sur les hautes hampes que ses larves perforent pour s’y nourrir et progressivement migrer vers les racines charnues où elles passent l’hiver.
Comme la plupart de ses cousines, la Sésie de l’oseille se donne une allure d’hyménoptère censée rebuter les prédateurs. Elle présente donc un long corps massif, luisant, noir rayé de blanc. Et d’étroites ailes transparentes margées de noir. Avec une fantaisie qui la rend unique : d’éclatantes touches rouge orangé sur les ailes, les pattes et la pointe de l’abdomen.
8 juin 2023
Amateur de composées jaunes, le Cryptocéphale à corselet rugueux (Cryptocéphalus rugicollis) apprécie notamment les crépides en bordure du jardin. En attendant les marguerites. On le dit « rugueux » par allusion à son thorax bombé, noir luisant, ponctué et très finement couvert de courtes soies blanches. À peine visibles à vrai dire.
Cela dit, jaune orangé, bordés de noir, les élytres sont également ponctués et pubescents. Ils se distinguent ici par deux épais traits noirs, l’un à l’avant, l’autre plus diffus à l’arrière. Quand à la tête, engoncée sous le thorax (crypto = caché), on n’en voit généralement que les yeux et les solides antennes annelées.
Les Cryptocéphales appartiennent à la grande famille des Crysomèles, généralement considérées comme ravageuses. Pas de panique ici ! Les minuscules coléoptères (moins de 5 mm) se nourrissent plutôt sur les fleurs. Et leurs larves, éclectiques, sur les feuilles d’arbres divers, saules, aulnes, noisetiers, aubépines, peupliers… Avec cette particularité familiale : elles se confectionnent un fourreau protecteur avec leurs propres excréments !
11 mai 2023
C’est plutôt frustrant de côtoyer une abeille hélicophile au jardin sans jamais l’avoir encore vue à l’œuvre ! Hélicophile ? Ce penchant pour les escargots n’a évidemment rien à voir avec celui de la Grive musicienne, experte dans leur décorticage. Pour mieux les bouloter. Non, il s’agit ici d’utiliser une coquille vide pour y aménager son nid ! Comme d’autres creusent un terrier, perforent un bois mort, évident une tige de ronce ou squattent une des cavités d’un hôtel à insectes.
Même si elle n’a pas l’apanage d’une telle pratique, l’Osmie hélicicole (Osmia aurulenta) lui doit son nom vernaculaire. Alors, comment installer sa progéniture dans pareil habitat tirebouchonné ? Comme toujours chez les abeilles sauvages. Quel que soit le lieu. En aménageant des loges individuelles successives, chacune accueillant un œuf et son garde-manger. Avec ici un matériau original pour tapisser les parois, séparer les loges, façonner l’opercule de fermeture de la coquille : un ciment végétal fabriqué en mâchouillant des fibres fraîches.
On aimerait voir ça ! En attendant, thorax brun-rouge, court abdomen rythmé de fines bandes claires, brosse ventrale de collecte rouge : voici Madame Osmie hélicicole affairée sur un épi de Salicaire. La coquille ne doit pas être très loin !
16 juin 2023
Des tarses avant nettement aplatis, laiteux, rehaussés d’une frange de soies blanches. Voilà qui évoque le mâle de la Mégachile poignets-laineux (Megachile lagopoda), familier des artichauts en fleurs chaque début d’été. Un proche cousin assurément. Mais Monsieur Mégachile des jardins (Megachile willughbiella) est d’un moindre gabarit (10-12 mm). Et, petite coquetterie, ses franges tarsales sont mâtinées d’orangé.
Abondante sur le thorax et la face, où elle varie du brun roux au gris fauve selon les individus, la fourrure se raréfie sur l’abdomen, limitée à de fines bandes grisâtres pour en rythmer les segments.
Sans fanfreluches aux tarses avant, la femelle se distingue surtout par sa brosse ventrale de collecte. Rouge orangé, celle-ci vire au noir sur la pointe et les côtés de l’abdomen. Coupeuse de feuilles, Madame récolte ainsi des « confettis » pour tapisser et aménager son nid creusé dans du bois mort. Souvent d’anciennes galeries d’insectes xylophages.
Pour reconnaitre les insectes présents au jardin, utiles ou nuisibles, ces pages peuvent vous intéresser.
Les conseils d'amatxi :
Pensez à mettre un fagot de branches dans les bassins en bétons par temps de grand gel afin d’éviter qu’ils ne fendent.
Faites vos plantations d’arbres et arbustes tant que le sol n’est pas gelé.
Surveillez l'état sanitaire des bulbes et rhizomes mis à l'abri du gel.
Mettez des noyaux de pêche à stratifier.