Printemps - été 2022-
21 septembr 2022
On a déjà rencontré ici une jolie noctuelle aux ailes mordorées - la Plusie chalcite - dont les chenilles sont notamment friandes de légumes-fruits. En voici une autre, à la livrée moins clinquante mais dont la progéniture est tout aussi ravageuse. En témoigne son nom populaire sans équivoque : la Noctuelle de la tomate, alias l’Armigère (Helicoverpa armigera), butinant ici la menthe aquatique d’une prairie humide.
Trapue, la silhouette fuselée, elle présente une dominante fauve, avec des yeux globuleux verdâtres, de longues antennes et une trompe rouille. Sur un fond beige charbonneux, les ailes antérieures se distinguent par deux petites taches sombres et une large bande brune plus ou moins estompée. Les postérieures sont davantage contrastées, gris clair, avec une large marge noirâtre.
Les tomates donc au menu des chenilles. Mais pas que. La plupart des légumes du jardin leur conviennent très bien. Aubergines, courges, concombres, poivrons et même artichauts. Pas d’autres solutions que de traquer les fruits minés et de les détruire pour éviter la prolifération.
19 septembre 2022
Semés au printemps, les zinnias du jardin ont végété tout l’été. Du moins ceux qui, tout juste enracinés, ont survécu à la canicule de juin. Figés en mode survie, toujours en boutons, ils ont tant bien que mal enduré les touffeurs de juillet puis d’août. Pour un peu, on les aurait arrachés et mis au compost.
Allons donc ! Comme par magie, les premières averses et la relative douceur de septembre ont réveillé tout ce beau monde. De conserve avec les cosmos et les ipomées notamment, les zinnias rescapés sont alors assez vite sortis de leur longue léthargie.
Oh bonnes gens ! Les voilà plutôt chétifs, atteignant 50 centimètres à grand-peine, mais bien fleuris. N’est-ce pas là l’essentiel ? Et, une fois encore, au creux de leurs écrins aux vives couleurs, les couronnes d’or font merveille auprès des butineurs. La Belle-dame et de Souci, sans oublier le Bourdon terrestre et l’Abeille domestique, font honneur aux petits fleurons jaunes. On n’y croyait plus !
17 septembre 2022
Comme chez les autres guêpes, les Polistes gaulois (Polistes dominula) ne s’encombrent pas de mâles avant la fin de l’été. Auparavant, les reines produisent uniquement des ouvrières. Autrement dit des individus asexués. Le meilleur moyen d’avoir une colonie industrieuse. Sans bisbille inutile. Sans autre préoccupation que d’entretenir le nid et chasser pour nourrir les larves. Encore et encore.
Et puis, à l’approche de l’automne, la colonie est devenue assez vigoureuse pour une ultime mission. Choyer une dernière couvée. Et quelle ! Les futures reines. Et les mâles appelés à les féconder.
On commence actuellement à les voir au jardin. Quoiqu’un peu plus grosses, les jeunes femelles ressemblent beaucoup aux ouvrières. Ces messieurs s’en distinguent notamment par leur face triangulaire jaune, leurs yeux verts et l’extrémité recourbée de leurs antennes.
Ils ne vivront pas bien longtemps. Fauchés comme les ouvrières par les premières gelées. Seules les futures reines passeront l’hiver. À l’abri d’un arbre creux, d’un terrier ou d’un cabanon. Elles émergeront en avril. Avec une obsession. Trouver quelque endroit discret pour fonder leur propre colonie.
L’Héliotrope d’Europe
15 septembre
Triste été au jardin. La première canicule, en juin, a anesthésié semis et plantations. Avec la seconde, en juillet, tout a grillé ou presque. Et la troisième en août a parachevé le massacre. De sorte que même le liseron n’a guère pointé le bout de son nez ! Bref, sur des planches quasi nues, écrasées de chaleur, les conditions étaient idéales pour l’Héliotrope d’Europe (Heliotropium europaeum), alias l’Herbe aux verrues.
Face à cette invasion inattendue, mieux valait faire contre mauvaise fortune bon cœur. Après tout, avec les picrides notamment, il y avait là une des rares sources estivales de nectar pour les butineurs du jardin. Des petites fleurs par milliers, à cinq lobes blancs, comme une couronne autour de l’entrée jaune-vert du tube nectarifère. Une aubaine pour les papillons, particulièrement les petits Azurés et Cuivrés.
Si l’Héliotrope apprécie les fortes chaleurs, les premières pluies lui conviennent assurément aussi ! N’empêche, dans un jardin qui se requinque progressivement, il va falloir trouver une autre solution pour habiller les planches avant l’hiver. Il n’est pas trop tard pour semer l’engrais vert.
12 septembre2022
Tout aussi imprévisible qu’au jardin ! En cette fin d’été, le voilà sur les fleurs d’une prairie humide du marais. Le Fadet commun (Coenonympha pamphigus). On l’appelle aussi parfois le Procris en référence aux amants terribles de la mythologie grecque. Beauté, passion, jalousie, mort tragique… Finalement, quitte à évoquer une légende, celle des petits lutins malicieux lui ressemble davantage. Essayez de l’approcher, vous comprendrez pourquoi !
De petite taille (2 à 3 cm d’envergure), il folâtre discrètement dans la végétation basse. Avec sa dominante brun-gris, plutôt pâle, timidement rehaussée d’orangé sur les antérieures, on le remarque à peine. Et on a tôt fait de le perdre de vue lorsqu’il zigzague. Il se pose ici où là, démarre en trombe à vos pieds, semble prendre un malin plaisir à jouer à cache-cache avec vous.
À bien regarder, s’il vous en laisse le temps, le Fadet commun arbore un ocelle noir, pupillé de blanc, cerclé de fauve, à l’apex antérieur. Ça c’est facile. Moins évidente : une ligne d’ocelles blancs cerclés de brun, à peine perceptibles aux postérieures. Sinon, celles-ci évoquent la montée d’un orage avec un ciel et un soleil voilés sur lesquels avance une masse nuageuse que l’on imagine tourmentée.
10 septembre
Elle ne paye pas de mine, dans les prairies humides du marais, aux côtés de la Pulicaire dysentérique et de la menthe aquatique. Sans l’éclat doré de la première ni le frais parfum de la seconde ! La Lycode d’Europe (Lycopus europaeus), alias le Chanvre d’eau ou la Patte-de-loup, évoque l’ortie avec ses feuilles lancéolées et profondément dentées. Mais pas de poils urticants ici. Ni la moindre odeur.
Les butineurs n’en sont pas moins friands de leurs minuscules fleurs. De délicates corolles blanches regroupées en petites couronnes autour de la solide hampe. À l’aisselle des feuilles. Quatre lobes ponctués de pourpre y introduisent le tube nectarifère. Deux étamines porteuses de pollen en émergent, encadrant un épais style bifide.
Parmi les commensaux de la Lycope, quelques bourdons et quelques guêpes mais surtout des mouches. On y retrouve ainsi le Syrphe ceinturé et le petit Gymnosome dont l’abdomen, arrondi, rouge-orangé, évoque la coccinelle. Et bien d’autres dont la Mouche automnale qui délaisse un temps les bovins et leurs bouses pour un peu de douceur plus sucrée.
8 septembre 2022
Ah, le voilà enfin dans de bonnes dispositions ! Que de frustrations en effet jusqu’à présent lors des passages au jardin du Petit nacré (Issoria lathonia)… Impossible de le surprendre les ailes repliées. Et par conséquent d’apercevoir les fameuses taches blanc nacré qui lui valent son nom.
Est-ce la menthe des prairies humides qui le rend plus accessible ? Tout à son odorante dégustation, il se laisse ici facilement approcher. Tour à tour à demi ou entièrement relevées, les ailes dévoilent alors leur revers. Superbe.
D’abord les antérieures. Même fond vif orangé que le dessus mais plus rougeoyant, avec un même semi de petites taches noires. Seul l’apex annonce (timidement) la singularité du genre avec quelques petites taches nacrées. Simple prélude.
Car la distinction vient surtout des postérieures. Ah çà ! Une douzaine de larges plaques argentées, harmonieusement réparties, finement soulignées de noir. Comble du raffinement : une ribambelle submarginale de petits ocelles bruns trouve un discret écho au centre de l’aile. Pupillés de nacre naturellement.
6 septembre 2022
Elle est réputée apprécier les milieux calcaires et plutôt secs. L’Hespérie des potentilles, alias l’Armoricain (Pyrgus armoricanus), n’en est pas moins familière du Marais poitevin où, en cette saison, elle visite assidument la Pulicaire dysentérique et la Menthe aquatique.
Comme tous les membres de la famille Hespérie, voilà un papillon très discret. Par sa taille (30 mm d’envergure), ses couleurs assez ternes, son vol vif, le plus souvent dans la végétation basse.
La plupart de ses cousins et cousines lui ressemblent beaucoup. Même silhouette ramassée, gros yeux sombres et globuleux, marges blanches ponctuées de picots bruns, antennes aux extrémités crochetées, ailes souvent à 45° au repos… Et des mouchetures blanches sur fond brun-noir pour seul décor. Plus clair au revers avec de larges plages blanches.
L’Hespérie des potentilles présente malgré tout quelques détails distinctifs. Notamment des postérieures assez estompées. Et parmi les taches blanchâtres, une marque rectangulaire dont l’échancrure se prolonge, presque de bout et en bout, d’un filet qui lui donne une allure de pince à linge ancienne !
Mégère et Satyre
3 septembre 2022
Des appellations peu amènes. La référence mythologique - différente pour la femelle et le mâle de cette même espèce - suggère la lubricité pour Monsieur et la cruauté pour Madame. Le langage courant d’aujourd’hui est aussi peu flatteur. Allez savoir pourquoi ! Certes, le Satyre et la Mégère (Lasiommata megera) sont plutôt farouches et ne se laissent guère approcher. Mais sans la moindre once d’agressivité bien entendu.
Avec un peu de patience, ils finissent même par accepter les paparazzi. Le jeu en vaut la chandelle. Car, parmi les papillons orangés quadrillés de brun, voilà sans doute un des plus élégants. Cela tient à la finesse de la marqueterie parcourue de lignes en zigzag. Comme les zébrures obliques d’un éclair. Celles-ci sont plus épaisses chez le Satyre. Avec la même rythmique d’ocelles d’un sexe l’autre : un à l’apex des antérieures, quatre en bordure des postérieures.
C’est surtout à leur revers que Mégère et Satyre font montre de raffinement. Dans des tonalités certes un peu ternes, les postérieures s’animent ainsi de sequins et de festons. Des fanfreluches comme un pied de nez à la rudesse de leurs noms.
29 aout 2022
Le mot est tombé en désuétude. La Grisette ! Il désignait jadis, avec un brin de condescendance, une jeune femme à la fois modeste et coquette. Aujourd’hui encore, c’est aussi, accessoirement, le nom populaire de l’Hespérie de l’alcée (Charcadodus alcène). Sans offense pour cet énergique petit papillon, infatigable butineur familier du jardin.
Il est vrai que, dans la famille Hespérie, on la joue habituellement plutôt humble, avec de ternes livrées toutes plus ou moins semblables. Piquetées de taches grises sur fond brun-noir. Comme l’Hespérie des potentilles par exemple. Dès lors, notre Grisette se distingue sans peine entre toutes.
Oh, pas de fantaisie ostentatoire ! Mais, tout de même, une harmonieuse gamme colorée pour une mise marbrée dont les variations passent du brun au fauve, du gris à l’orangé, avec quelques nuances de vieux rose. Le tout comme souligné d’un galon de croquet brun mêlé de gris.
Pour autant, les fondamentaux de la famille sont bien là. Silhouette massive, gros yeux sombres, antennes aux extrémités crochetées, ailes bien étalées ou repliées à 45° au repos. Et un vol aussi vif qu’imprévisible. Impossible à suivre. La Grisette n’en fait qu’à sa tête !
27 aout 2022
Exit déjà les grandes ombellifères, mais aussi les cardères, les bardanes, les épiaires et les reines-des-prés. L’été caniculaire a eu raison des hautes mellifères du marais. Quelques-unes cependant font de la résistance. Salicaires, pulicaires et bidents illuminent toujours les berges des fossés. Et, avec elles, l’Eupatoire à feuilles de chanvre (Eupatorium cannabinum), autrement appelée du joli nom de Chanvrine. Il est vrai que la belle a l’habitude de fleurir en fin d’été. Jusqu’en automne.
Ses inflorescences échevelées ne ressemblent à aucune autre. Voilà des bouquets à dominante vieux rose. Avec des dizaines de petites fleurs tubulaires d’où émergent de longs et fins styles blancs. Les papillons en raffolent. Abeilles, bourdons, guêpes et même coléoptères également.
Quant aux fameuses feuilles de chanvre, la comparaison vient en effet à l’esprit, avec trois à cinq foliotes lancéolés et dentés. Mais si la Chanvrine compte parmi les plantes médicinales du marais, pas de fumette en perspective. C’est en décoction ou infusion surtout (feuilles et racines) que la tradition lui accorde quelque vertu pour remédier notamment à certains troubles hépatiques.
24 aout 2022
Ce n’est pas le moment de faire la fine trompe ! Certes, le Cirse des champs (Cirsium arvense) n’a pas l’envergure, ni l éclat de son compère le Cirse commun (Cirsium vulgare). Mais, sous la canicule et avec cette interminable sécheresse, il n’y a pas de petite source de nectar !
Comme une chevelure en broussaille sur de petites têtes ovales : des dizaines de fleurs tubulées, mauves, élégamment sirotées par les papillons. Pour sa part, courte langue oblige, le Bourdon terrestre n’hésite pas à littéralement y plonger. Tête la première. La brouteuse Cétoine dorée également, à pleines mandibules.
Au-dessous, les bractées lancéolées, verdâtres, glabres, restent sagement serrées les unes contre les autres. Pour être aiguisées, leurs pointes brun-rouge n’en sont pas moins modestes au regard de celles, hérissées et épineuses, du Cirse commun. À chacune sa manière de protéger les futures graines dont les aigrettes blanchâtres voleront bientôt au vent.
20 aout 2022
Oh bien sûr, il y a aussi les éclats rose vif de la Salicaire et de l’Épilobe. Les capitules jaunes de la Pulicaire et les inflorescences vieux rose de l’Eupatoire. Mais non. S’il ne les ignore pas, le Souci (Colias crocea) n’y fait que de brèves haltes pour toujours revenir à son péché mignon. La Menthe aquatique (Mentha aquatica).
Il n’est pas le seul. En ce début août caniculaire, les prairies humides du marais embaument et trouvent là leur meilleure ambassadrice auprès des papillons, des syrphes et des abeilles sauvages.
Un rendez-vous également immanquable pour le photographe ! D’autant que le Souci est bonne pâte. Même s'il n’ouvre jamais les ailes lorsqu’il butine. Sinon, dans une dominante jaune-orangé et jaune-vert, il laisse volontiers admirer ses petites coquetteries. Outre les points noirs des antérieures, de subtiles touches rousses ici et là : liseré alaire, pattes, antennes, cerclages de deux taches blanches aux postérieures… Et comme une crête iroquoise sur le dessus de la tête.
17 aout 2022
Exposée plein sud, la Bignone de la maison semble apprécier la canicule. L’exception qui confirme la règle ! Son feuillage reste bien vert et son abondante floraison fait peu à peu place aux lourdes grappes de ses gousses chargées de graines. Voilà un grouillant terrain de jeu pour de nombreux insectes, particulièrement abeilles et guêpes en tous genres.
Les premières butinent assidûment les ultimes trompettes orangées. Les secondes patrouillent avec frénésie, en quête de proies propres à garnir le garde-manger de leur progéniture. Ainsi l’élégante Pélopée maçonne (Sceliphron caementarium), bien reconnaissable entre toutes.
Son abdomen notamment est caractéristique : un long et fin pétiole pour un bulbe harmonieusement fuselé. La dominante est noire, scandée de discrètes taches jaunes : naissance des antennes, attache des ailes fumées, avant et arrière du thorax, pointe avant du bulbe. Sans oublier les pattes !
La Pélopée chasse des araignées, petites et grosses, qu’elle enfourne - vivantes mais anesthésiées - dans les cellules de son nid. Celui-ci est façonné avec de la boue dans un endroit abrité. Les larves s’en repaîtront et passeront l’hiver au nid sous forme de pupes. Pour une émergence en fin de printemps.
14 aout 2022
Pas vraiment de forêt dans la vallée de la Sèvre niortaise. Même si le marais est par ici réputé boisé. Quoi qu’il en soit, le Bourdon forestier (Bombus sylvarum), alias le Bourdon grisé, en est familier. En ce début août, les ouvrières sont particulièrement actives auprès des fleurs sauvages des prairies humides. Les corbeilles de collecte commencent ici à être bien chargées sur les pattes arrière.
La dominante hésite entre gris et jaunâtre, avec une large plage noire sur le dessus du thorax. La fourrure orangée des derniers segments de l’abdomen parachève le portrait, sans égaler toutefois l’éclatante rousseur du Bourdon des prés ou du Bourdon des pierres.
Un petit détail caractéristique enfin : une frange de poils clairs scande la partie postérieure de chaque segment abdominal. Ainsi affublé, plutôt de petites tailles, environ 12-13 mm, le Bourdon forestier niche au raz du sol, parmi les herbes hautes des prairies où il compte parmi les aficionados de la Menthe des champs.
11 aout 2022
Ainsi va la vie des abeilles sauvages et des bourdons. À rude épreuve actuellement, avec cette interminable sécheresse qui tarit les sources de nectar, il leur faut aussi compter avec les parasites. À chaque espèce son « coucou » attitré ! Ainsi le Spithyre des rochers (Bombus rupestres), mauvais génie du Bourdon des pierres.
Ils se ressemblent un peu. Ce qui facilite les choses au premier pour aller pondre sans vergogne dans le nid du second. Cependant, à y regarder de près, la fourrure noire est beaucoup moins dense chez le Psithyre. Notamment sur le thorax. Quant à l’éclatant « cul rouge » qui caractérise le Bourdon des pierres, il cède la place à un orangé assez terne.
Grisonnant en outre à l’avant de l’abdomen, le coucou est donc moins franchement contrasté que sa cible. Même le mâle Bourdon des pierres est plus pétant avec son collier jaune d’or. Ultime différence : pas de corbeille collectrice sur les pattes arrière des femelles. Inutile puisque ce sont les « hôtes » qui font le travail !
9 aout 2022
C’est la revanche des sauvageonnes. Quand tout ou presque est grillé au jardin, sous les coups de chaud de canicules à répétition, elles seules tirent leur épingle du jeu. La sécheresse ? Peu importe à la Picride fausse épervière (Picris hieracioides) par exemple. Son solide enracinement lui permet d’aller chercher l’eau en profondeur.
Ses capitules jaunes, teintés de rouge au revers des fleurs périphériques, rappellent une proche cousine, la Picride fausse-vipérine, tout aussi à l’aise dans la fournaise ! Mais le feuillage notamment les distingue. Verruqueux chez cette dernière, il est couvert de poils rêches chez la Fausse-épervière.
Quoi qu’il en soit, voilà bien, avec séneçons, chardons et cirses, les dernières sources de nectar, en attendant que d’hypothétiques averses revivifient le jardin. Alors, pas question de passer la tondeuse et tant pis pour cet ensauvagement estival. Du moins abeilles sauvages et papillons y trouvent-ils un peu leur compte !
17 juin 2022
Il y a des appellations qui sonnent comme un acte d’accusation. Le Clairon commun (Trichodes alvearius), alias le Clairon des ruches, passe ainsi pour un ravageur apicole. Une légende. Remarquez, à tout prendre, les Osmies, Mégachiles et autres Andrènes aimeraient sans doute autant que ce soit vrai. Ce sont en effet les nids d’abeilles sauvages - et non domestiques - qui sont la cible de ce petit coléoptère aussi coloré que poilu.
Des taches noires de part et d’autre d’une suture bien marquée. Sur un fond rouge pétant. Les élytres eux-mêmes sont abondamment velus. Comme le thorax et la tête, noirs aux reflets métalliques bleutés.
On le repère aisément lorsqu’il se gave de pollen au soleil. Il se laisse alors volontiers approcher. Le temps d’apprécier ses très solides antennes en forme de massue.
Il s’agit ici d’une femelle, reconnaissable à l’absence de renflement du tibia arrière. Quoiqu’en la matière, ces Messieurs soient moins ostentatoires que l’Oedémère noble ! Elle pond d’avril à août à proximité des nids d’abeilles solitaires. Ses larves y pénètrent et dévorent tout ce qui peut l’être. Pas vraiment un insecte auxiliaire !
Le Panicaut, alias le Chardon bleu
14 juin 2022
Rien à voir avec le chardon. Sinon les épines. Mais il est bien bleu. Du moins le devient-il progressivement. Tiges, feuilles, bractées et capitules naturellement. C’est même là le signal auquel les butineurs ne résistent pas. Pollen et nectar sont à disposition. Qu’on se le dise !
Séduire, d’accord, mais pas tout d’un coup. Il faut savoir faire durer le feu d’artifice sur la grande carcasse rameuse. Tout commence, par vagues ascendantes, au plus près des collerettes de bractées. Et quand les capitules centraux envoient ainsi leurs premières salves, leurs satellites sont encore loin de leur maturité.
Les fleurons ont une drôle d’allure. Pas de pétales ? Voire. Cinq en vérité. Bleus bien sûr. Mais recourbés vers l’intérieur comme pour mieux protéger les deux stigmates qui émergent au centre. On ne saurait être plus clair : c’est là qu’il faut passer la langue. Ou la trompe !
Mine de rien, les étamines ont déjà sorti le grand jeu. Impossible d’éviter leurs anthères bleu foncé chargées de pollen. Abeilles, coléoptères, papillons et même l’Isodonte mexicaine, se chargeront de la diffuser.
12 juin 2022
Cela fait déjà des semaines, sinon des mois, depuis la fin de l’hiver, que les syrphes et leurs larves font la chasse aux pucerons. Il en manquait un. Et non des moindres. Le Syrphe pyrastre (Scaeva pyrastri), alias le Syrphe du poirier, est un des plus costauds. Jusqu’à 15 mm. Plutôt du genre estival, il émerge généralement en juin avec les premières chaleurs. Il est servi cette année !
On l’appelle parfois Syrphe à croissants. Allusion aux lunules blanches qui scandent son abdomen noir brillant. Les deuxièmes et troisièmes paires sont obliques et ne touchent pas le bord des tergites. Le thorax sombre s’anime d’une pilosité roussâtre sur les côtés. Et, finement velus, les yeux bordeaux tranchent sur une face blanche.
Plusieurs générations se succéderont d’ici l’automne. Avec, à chaque fois, de nouveaux bataillons de chasseresses de pucerons. Puis, dès les premiers frimas, les dernières larves chercheront un abri. Au creux d’une écorce ou sous la litière de feuilles mortes. Là, elles deviendront pupes et attendront la fin du prochain printemps pour émerger.
Le Charançon influent
10 juin 2022
En bon charançon, le petit Dorytome à longues pattes (Dorytomus longimanus) arbore un solide rostre à l’avant de la tête. En l’occurrence très long et courbe. Mais ce sont plutôt ses fémurs et tarses avant qui ont inspiré son nom. Il est vrai qu’ils sont impressionnants. Surtout chez le mâle. D’où le clin d’œil de cet autre sobriquet : le Charançon influent. On ne saurait mieux dire qu’il a… le bras long !
Revenons au rostre. Sa bouche en vérité. L’outil semble bien adapté au glanage estival de nectar et de pollen. Ici sur une inflorescence d’Oenanthe Lachenal. Au printemps, la femelle en fait un tout autre usage : perforer les bourgeons des peupliers. C’est là en effet qu’elle installe sa progéniture.
Silhouette fuselée, dominante brun clair, élytres fortement striés et maculés de beige, yeux sombres proéminents… Notre charançon se distingue encore par ses antennes coudées. Implantées au milieu du « nez », à la manière de binocles, elles lui donnent un air étrangement sérieux. Vous avez dit influent ?
Le Jonc fleuri
7 juin 2022
Emblématique du Marais poitevin, le Jonc fleuri (Butomus umbellatus), alias le Butome en ombelle, est actuellement en pleine floraison. Au bord, voire dans les fossés plus ou moins envasés. Ici du côté de Bessines. On en trouve parfois des plans en jardinerie, ou en ligne, pour agrémenter les abords de bassin. La formule est simple : les pieds dans l’eau, la tête au soleil !
Si le fouillis acéré des touffes basales n’a rien de spectaculaire, c’est pour mieux lâcher un somptueux feu d’artifice d’ombelles au milieu du printemps. Tout commence par la montée en flèche de solides hampes. Sans feuille aucune. Puis leur épanouissement en plusieurs dizaines de rayons - jusqu’à cinquante - porteurs de petits boutons roses et blancs.
Et voilà alors la régalade pour les butineurs de tous poils. Bourdons et abeilles sauvages y puisent un nectar facilement accessible, suintant au pied des pistils rassemblés en un petit fagot central rouge foncé. Quant aux étamines, également d’un rouge bien franc à l’éclosion, elles ne tardent pas à s’ouvrir pour libérer un abondant pollen jaune. Syrphes et coléoptères en raffolent. Pas étonnant que nombre d’araignées y soient à l’affût. Le petit Thomise Napoléon patiente ainsi au revers d’une corole. The place to be !
L’Heuchère sanguine
5 juin 2022
Elle souffre un peu de la concurrence de ses opulents voisins. Notamment des Scabieuses, irrésistibles auprès des papillons. Et des Penstemons qui, quelle qu’en soit la couleur, vont tellement comme un gant aux bourdons ! Mais, pour faire moins d’esbroufe, l’Heuchère sanguine (Heuchera sanguinea) ne manque cependant pas de charmes.
Tout ici respire le raffinement. Du coussin de feuillage vert tendre aux fines et dansantes hampes florales. Loin de la cohue alentour, nectar et pollen y semblent autant d’offrandes réservées à quelques butineurs esthètes !
Des centaines de clochettes, cramoisies ici, rouge orangé là, sonnailles précieuses, tout en légèreté. La bordure festonnée des corolles fait ainsi alterner larges lobes rouges et fins oves laiteux. Pour mieux cibler l’essentiel. Les cinq petites perles jaunes de pollen puis les deux carpelles dressés du pistil. Délicat passage obligé pour atteindre la libation sucrée qui suinte tout au fond.
31 mai 2022
Elle volète vivement parmi la végétation basse du jardin. Avec une préférence pour le trèfle blanc des allées. Plutôt nocturne, la Noctuelle de la cardère (Heliothis viriplaca) n’en est pas moins à l’aise sous le soleil. En prenant le temps de visiter un à un les petits fleurons rosés.
Une dominante beigeâtre rend sa silhouette trapue difficile à distinguer, au sol comme en vol. Surtout dans l’herbe hélas déjà pailleuse. Heureusement, le trèfle résiste bien à la sécheresse et facilite ici l’observation.
De gros yeux verts pointés de sombre. Une fourrure thoracique et abdominale fauve clair. Les ailes enfin retiennent (un peu) l’attention en jouant sur des contrastes plus ou moins estompés. Avec notamment une large bande médiane brune aux antérieures et une marginale noire aux postérieures. On en retrouve des échos en gris et noir au revers.
Trèfles, crépis, silènes, centaurées… Les plantes hôtes de sa progéniture sont de taille modeste au regard de la cardère - alias le Cabaret des oiseaux - retenue pour son appellation traditionnelle. Il est vrai que les seules feuilles basales de la sauvageonne géante ont de quoi rassasier les chenilles les plus gloutonnes.
La Physide du plantain
29 mai 2022
Une allure de fétu de paille. Lorsqu’elle est au repos, la Physide du plantain (Homoeosoma sinuella) ramasse soigneusement ses ailes le long du corps. La silhouette est d’autant plus longiligne qu’elle se prolonge de deux solides antennes souvent dressées en avant.
Fauve clair, parcourue de trois lignes sinueuses brunes, elle présente deux gros yeux sombres et un toupet de fourrure rousse à l’avant de la tête. Réputée nocturne, elle n’en volette pas moins le jour, sans trop chercher à se cacher à l’atterrissage. Son mimétisme suffit à sa protection.
Membre de la grande famille des pyrales, elle n’a cependant pas une réputation de ravageuse. Il est vrai que, comme son nom le suggère, la plante hôte favorite de ses chenilles n’est pas cultivée. Ni dans les champs, ni au jardin. Les différentes espèces de plantains passent ainsi à graines actuellement dans les prairies naturelles comme au long des chemins. Les feuilles basales sont assez touffues pour régaler les futures physides !
Le Néphrotome commun
25 mai 2022
On ne compte plus les « cousins » dans la très grande famille des tipules ! Avec de nombreuses ressemblances, dont les fameuses interminables pattes et une allure de gros moustique. Grisâtres ou orangés, ils sont sporadiquement légion au jardin. Y compris le Néphrotome commun (Nephotoma quadrifacia), qui mérite bien un peu d’attention.
De la tête à l’extrémité abdominale, il présente en effet un graphisme sophistiqué ici et là, notamment sur le thorax, avec d’harmonieux contrastes jaunes, beiges, orange et noirs. L’espèce se distingue en outre par ses ailes, avec le zigzag traversant d’une ligne diffuse, juste en dessous d’un pterostigma noir bien marqué. Et un écho enfumé à l’apex.
Une allure de moustique, certes, mais pas de panique ! La pointe abdominale n’a rien d’un aiguillon. Il s’agit de l’ovipositeur d’une femelle. Et c’est là, hélas, que les choses se gâtent. Car, quelle que soit l’espèce, les larves de tipule se développent sous terre, aux dépens des racines et du collet des jeunes plans. On se consolera en pensant que voilà aussi autant de proies faciles, notamment pour les oiseaux.
La Centaurée jacée
21 mai 2022
À tout seigneur, tout honneur ! Parmi les butineurs les plus assidus de la Centaurée jacée (Centaurea jacea), voilà bien sûr le Grand damier. Et pas seulement pour le casse-croûte. Il y tient d’ailleurs son autre nom : la Mélitée des centaurées, principales plantes hôtes de ses chenilles.
En bordure d’une prairie voisine, la belle, il est vrai, a de quoi séduire. Avec un cœur rose lilas de fines fleurs tubulaires dressées, serrées les unes contre les autres. Et une couronne plus échevelée : des fleurs longuement frangées qui mêlent leurs cinq lobes étroits dans un superbe désordre.
Hélas, un peu lâche, le port ramifié n’est pas toujours à la hauteur. Le vent et la pluie en rabattent facilement la silhouette. Cela dit, en l’occurrence, la Centaurée peut compter sur le soutien des graminées alentour pour porter ses capitules au plus haut. Et puis, quoiqu’il arrive, papillons, coléoptères et abeilles sauvages trouveront toujours le chemin !
19 mai 2022
Voilà un charmant petit coléoptère qui trouve tout naturellement sa place parmi les auxiliaires du jardin. Il passerait inaperçu sans le signal qui lui vaut son nom. Deux taches rouges à l’apex des élytres vert métallique. D’un vert aussi profond que la pierre malachite bien connue des joailliers.
Petite la Malachie à deux taches (Malachius bipustulatus) ? Pas plus de 6-7 millimètres en effet. Elle n’en donne pas moins l’impression d’être légèrement replète. Surtout la femelle. Avec un abdomen débordant des élytres, laissant apparaître un fuseau pointu, noir rayé de blanc, les flancs envahis de rouge orangé.
Sa progéniture se développe dans le bois mort où elle traque les larves d’insectes xylophages. Son régime à elle est plus éclectique. Du pollen le plus souvent. Sans rechigner sur les petits insectes de rencontre. Particulièrement les pucerons. Bienvenue au jardin donc !
16 mai 2022
Dans la famille des Damiers, la base du décor est toujours la même. Un jeu de lignes noires sur fond orangé. Et tant pis si elles forment plus ou moins des zigzags chez la Mélitée du Plantain (Melitea cinxia) : l’impression générale est bien celle d’un quadrillage. Avec - discrète coquetterie - une spécificité aux postérieures : les petits carrés orangés de l’alignement submarginal sont pointés de noirs.
De passage au jardin, elle ne s’intéresse d’abord qu’aux boutons d’or, dédaignant pâquerettes, trèfle et lierre terrestre. Et cette habituée des prairies alentour snobe les premières salves colorées des fleurs vivaces !
Enfin, elle prend malgré tout le temps d’une vraie dégustation sur la floraison finissante de la sarriette. Elle ferme alors les ailes et laisse admirer la fantaisie de leur revers. Du moins aux postérieures. Loin du strict quadrillage de l’avers. Avec notamment une succession de bandes sinueuses. Des lunules et des taches dansantes, crème, jaunes et orange.
14 mai 2022
Comme sa cousine la Cicadelle verte, le Cercope sanguin (Cercopis vulnerata) a une sacrée détente ! Tels de puissants ressorts, ses pattes médianes et arrière le propulsent à un mètre ou deux de là à la moindre alerte. Le saut peut se prolonger d’un véritable vol en cas de réel danger.
Autre particularité de la famille : l’écume dont se recouvrent les larves pour se protéger. Les fameux « crachats de coucou ». Le plus souvent, on trouve ces amas spumeux sur la partie aérienne des plantes sauvages. Le Lychnis par exemple. Plutôt à l’aisselle des feuilles pour éviter le glissement du manchon le long de la tige. Mais les larves préfèrent parfois s’établir au niveau du sol. Voire des racines. Toujours enveloppées d’écume. Cela semble être le cas pour le Cercope sanguin.
Les ailes rouges et noires en bâtière, voilà un « piqueur-suceur » qui - comme sa progéniture - se nourrit de sève. Sauf infection massive, il n’y a pas de véritable dégât à craindre. Pas même pour le « crachat » qui s’évanouit très vite après la nymphose printanière.
11 mai 2022
Quand il passe au jardin, d’un vol rapide et imprévisible, on peut le confondre avec son cousin l’Azuré des nerpruns. Surtout le mâle au-dessus bleu vif surligné de noir. Mais il suffit que l’Azuré de la faucille (Cupido alcetas) s’arrête quelques instants dans les allées visiter le Petit trèfle jaune. On comprend vite alors son autre nom vernaculaire : l’Argus Rase-queue !
Pour le moins rase en effet. À peine une petite pointe. Sans le filet noir extérieur des postérieures, elle passerait inaperçue. Autre indice : un point noir tout à côté, coiffé d’une lunule grise, avec un écho estompé à proximité. Chez certains individus, lesdites lunules sont teintées d’orangé.
D’un sexe l’autre, le revers des ailes hésite entre bleu clair et gris. Le dimorphisme intervient surtout lorsque s’ouvrent les ailes. Avec une dominante brun foncé, pour ne pas dire noire, chez la femelle. Particulièrement lumineux, avec une simple et fine bordure noire, le mâle balance pour sa part entre bleu soutenu et violet.
10 mai 2022
Un petit bijou au creux d’une corolle de bouton d’or. On songe à la Chrysomèle de la menthe. Mais c’est un cousin à la silhouette moins ramassée. Certes, le Crytocéphale soyeux (Cryptocephalus sericeus) est tout aussi vert métallique. Mais les élytres, davantage oblongs, présentent une ponctuation très marquée : un aspect granuleux qu’accentue ici le saupoudrage de pollen.
Où est passée la tête ? Souvent les coléoptères ont la faculté de la rétracter au repos ou en cas de danger. En l’occurrence, comme le suggère le nom latin du genre (cryto = caché), elle est en permanence incrustée sous le pronotum. Seuls émergent deux grands yeux sombres sur une face plate, également verte. Et bien sûr les longues antennes annelées.
A priori rien à craindre au jardin de sa progéniture qui trouve plutôt son ordinaire auprès de diverses plantes sauvages. Cela dit, les larves sont difficiles à apercevoir. Elles se protègent à l’intérieur d’un fourreau aménagé et régulièrement agrandi à partir de leurs propres excréments. Mais ça, c’est avant de devenir un petit bijou !
Le Célioxe quatre-dents
7 mai 2022
Un costume en noir et blanc. Pourpoint grisonnant avec rappel facial. Abdomen triangulaire taché et rayé de blanc : une large marque latérale sur le premier segment puis des bandes feutrées rétrécies en leur milieu. Voilà une petite abeille sauvage émergeante chaque année au début du mois de mai. Depuis quelques jours, plutôt précoce, ce Célioxe quatre-dents (Coelioxys quadritentata) a pris ses habitudes ici sur la nappe de sarriette en fleurs.
Quatre dents ? Allusion aux épines qui hérissent la pointe abdominale des mâles. Elles sont six à vrai dire mais bien quatre « grosses » centrales avec une plus petite de part et d’autre. De véritables armes dont usent ces messieurs pour défendre leur territoire.
Les femelles ne semblent pas encore arrivées. Rien ne presse il est vrai. Car, en bonnes abeilles-coucous, elles calquent leur cycle de vie que celui de leurs cibles. En l’occurrence les « coupeuses de feuilles », les Mégachiles, dont les premiers bataillons débarqueront d’ici une quinzaine.
L’Halicte doré
4 mai 2022
7 à 8 mm, pas davantage. La petite abeille sauvage retient pourtant l’attention sur la nappe de sarriette en fleurs. Courtes antennes coudées, fines bandes abdominales feutrées, court sillon longitudinal à la pointe de l’abdomen… Un Halicte femelle. Oui, mais difficile d’en préciser l’espèce. Peut-être l’Halicte doré (Seladonia subaurata).
Ce qui retient surtout le regard, ce sont les reflets métalliques de la cuticule sur l’ensemble du corps. Particulièrement l’abdomen. Dorés donc. Encore que, selon l’orientation du soleil, ils paraissent le plus souvent bronze.
Il n’y a pas encore de mâles en cette saison. Il s’agit là d’une femelle fécondée l’été dernier. Elle a passé l’hiver au creux d’un terrier et s’apprête à fonder son propre couvain. L’émergence aura lieu à partir de juillet. D’un nid à l’autre, ce sera alors le temps des amours. Puis, assez vite, mâles et matriarches, tout le monde succombera. Seules perdureront les jeunes femelles nouvellement fécondées. Avec bientôt une seule préoccupation : rechercher un abri pour passer l’hiver.
1 mai 2022
Avec le printemps, voici venue la saison des abeilles sauvages du genre Andrène, nombreuses au jardin depuis début mars. Sur les fleurs sauvages, les fruitiers, les prunelliers et l’aubépine des haies. Et qui dit Andrènes, dit Nomades ! Des abeilles-coucous spécialisées souvent difficiles à distinguer les unes des autres. Ici sans doute un mâle de la Nomade bifasciée (Nomada bifasciata).
Une allure de petite guêpe, avec des taches thoraciques et des bandes abdominales jaunes sur fond noir. Un sobre décor enrichi d’une troisième couleur, un lumineux orangé omniprésent, des pattes aux antennes, des yeux à la naissance des ailes. Jusqu’aux mandibules ! Et même sur l’abdomen, en face ventrale comme sur le premier segment, avec un rappel plus ou moins débordant sous les taches et lignes jaunes suivantes.
On peut la confondre avec la Nomade poils-de-carotte, hormis l’absence ici d’une pilosité thoracique rougeâtre, alors que l’orangé, plutôt clair, tranche avec le rouille assez foncé de sa cousine.
29 avril 2022
Voilà un joli et sobre papillon de nuit, familier des zones humides, notamment des peupleraies. De nuit certes, mais la Marginée (Lomaspilis marginata) ne dédaigne pas voleter le jour, dans la fraîcheur des sous-bois et des haies. Ici dans le jeune feuillage de l’aubépine.
Si elle se réfugie parfois sous les feuilles, il n’est pas rare de la rencontrer, relativement bien en vue, les ailes grandes ouvertes. Une position plutôt rare chez les papillons nocturnes. Elle révèle alors, sur une dominante blanche laiteuse, de larges taches irrégulières en périphérie, hésitant entre le chocolat et le café noir, selon la réverbération du soleil. Le tout souligné d’une marge brun foncé.
La Marginée vient d’émerger, après un long hivernage, enterrée sous la litière de feuilles mortes, sous forme de chrysalide. Jusqu’en août-septembre, ses chenilles - de type arpenteuses - se développeront dans les arbres, peupliers et saules de préférence. Elles n’ont que l’embarras du choix dans le marais !
Vivaces, annuelles, bisannuelles, vous aimez les fleurs, ces pages peuvent vous intéresser.
Les conseils d'amatxi :
Pensez à mettre un fagot de branches dans les bassins en bétons par temps de grand gel afin d’éviter qu’ils ne fendent.
Faites vos plantations d’arbres et arbustes tant que le sol n’est pas gelé.
Surveillez l'état sanitaire des bulbes et rhizomes mis à l'abri du gel.
Mettez des noyaux de pêche à stratifier.