La mésange à longue queue
31 janvier 2019
Une adorable petite boule blanche et rosée. Furtive dans les arbres du jardin, la Mésange à longue queue ne risque pas d’être confondue avec ses homonymes. Aussi agile et acrobate que les charbonnières, nonnettes, bleues et consorts, c’est assurément la plus gracile de toutes.
Mais, naturellement, on la distingue d’abord à sa fine et très longue queue noire ourlée de blanc. Presque aussi longue que le reste du corps ! Sur un plumage à dominante claire, elle fait écho aux bordures sombres des ailes et à d’épais sourcils courant jusque sur la nuque.
A contrario, le bec de la Mésange à longue queue est si menu qu’on le distingue à peine. Pas de quoi broyer les graines ! Dès lors, c’est surtout de branche en branche, sous le lichen et la mousse qu’elle débusque son ordinaire. Elle n’en est que plus active. Particulièrement en cette saison où les larves ne sont pas légion. Courage !
30 janvier 2019
À défaut de neige, un tapis de feuilles mortes ! Fidèle au rendez-vous de la fin janvier, le Perce-neige a bien failli cette année se faire doubler par jonquilles et primevères qui, déjà, pointent leurs boutons.
La timide touffe feuillagée émerge à peine. Bravant pluie et vent, les courtes hampes hissent tant bien que mal leur précieuse pendeloque immaculée. Et, sous la fine crosse de la gaine qui voilà peu l’enveloppait, chaque fleur semble attendre un brin de soleil pour s’épanouir pleinement.
Quelques téméraires
commencent néanmoins à entrouvrir leur cape blanche, laissant entrevoir la parure émeraude de leur jupon. Pas trop vite ! Rien ne presse encore. Mais, assurément, voilà de quoi titiller les premiers butineurs. Ils finiront bien par sortir de leur torpeur. Comment résister à pareille tendre invitation ?
28 janvier 2019
Ce n’est pas un autochtone, mais ses rhizomes galopants apprécient la terre noire et humide du Marais poitevin. Échappé peut-être d’un jardin d’agrément, l’Héliotrope d’hiver colonise ici les bords d’un fossé près de Coulon. Son feuillage est resté vert et, déjà, portées par de solides hampes, ses petites fleurs blanc rosé diffusent leur subtil parfum vanillé.
Chaque capitule est curieusement organisé. Accrochez-vous ! Aux coroles centrales étoilées la production du pollen. À la couronne périphérique, la fécondation des pistils protégés par autant de longs pétales en forme de langue. Comment s’assurer qu’abeilles et bourdons n’oublient personne ? L’Héliotrope d’hiver a trouvé la feinte avec des pieds sexués : la couronne du pied mâle est stérile, autant que peut l’être le cœur étoilé du pied femelle. Ainsi, d’un pied à l’autre, le moment venu, les butineurs n’auront pas le choix. Pas si compliqué finalement. Qu’importe le flacon en effet, pourvu qu’on ait le nectar !
27 janvier 2019
Avait-il vraiment cessé de fleurir ? Tout l’été, et jusqu’en automne, le romarin du jardin s’est discrètement illuminé par délicates petites touches blanches, souvent veinées de rose ou de bleu. Rien de comparable toutefois avec l’exposition qui s’amorce aujourd’hui.
Chacun des jeunes rameaux surgis de la vieille souche au printemps dernier porte une multitude de boutons qui commencent à s’ouvrir. Le spectacle est réjouissant en cette fin janvier. Si le blanc vire une nouvelle fois au rose ici, au bleu là, la dominante est mauve, voire violacée, jusque sur les étamines et les stigmates.
Les pollinisateurs ne se bousculent évidemment pas au portillon. L’hiver s’ouvre à peine ! Mais la promesse de floraison semble assez dense pour se prolonger des semaines… Souhaitons-le. Syrphes, abeilles et bourdons seront alors bien accueillis.
25 janvier 2019
On jurerait des bûches sorties du poêle, en partie calcinées. Avec des boulets de charbon accrochés ici et là. Elles n’ont pourtant jamais connu le feu. Voilà des lustres qu’elles sont entassées là, parmi bien d’autres, dans le tas de bois cher au hérisson.
C’est la Daldinie concentrique qui les « consume » ainsi, propageant et incrustant loin son mycélium noir. Elle parachève une décomposition déjà bien avancée. Étrange champignon ! Ici à maturité, sa croute charbonneuse, nuancée de bleu, est devenue friable. Des morceaux se sont détachés, laissant apparaître les cernes grises et noires concentriques de sa croissance. D’où son nom.
De nouvelles excroissances globuleuses sont en formation. Tant qu’il y aura des fibres ! La Daldinie concentrique a trouvé un bon filon. Sous le lierre et les ronces, il y a tout un tas de bois à coloniser. Avec la couleur de l’emploi.
24 janvier 2019
Évidemment, le spectacle est moins éblouissant qu’en plein été ! Mais, pour peu que le soleil de janvier s’en mêle un peu, la maturité des fruits secs du laurier rose se fait aussi délicate qu’explosive.
Les milliers de petites fleurs sont tombées depuis longtemps. Elles ont fait place à des grappes de longues gousses. Vertes puis brunâtres. Noires désormais. Leur ouverture progressive laisse admirer le parfait alignement des graines et de leur plumet sagement resserré au creux des deux étroites loges accolées. Les demi-gousses ne tardent pas à se tordre et se recroqueviller. Les graines expulsées épanouissent aussitôt leur plumet comme autant de ressorts. Les longs poils fauves s’entrecroisent. Et le gracieux désordre améliore d’autant la prise au vent. N’est-ce pas le but du jeu ?
23 janvier 2019
Un peu de délicatesse dans la grisaille de l’hiver. Le Laurier-tin amorce sa floraison dans la petite cour près de la maison. Regroupés en denses ombelles, des centaines de minuscules boutons éclatent au gré d’un harmonieux hasard.
Les premières fleurs peuvent s’épanouir à leur aise. Elles se presseront bientôt en une boule si compacte que les rares pollinisateurs de l’hiver en auront le tournis. Mais attention, pas de fouillis pour autant.
Les petites fleurs blanches, parfois tachées de rose, sont en effet légèrement corsetées. Les étamines, « collées » aux points de soudure des cinq pétales, constituent autant de fines armatures qui maintiennent l’ouverture de la corole. Le pistil et ses trois stigmates, également soudés, resteront ainsi toujours facilement accessibles. Avec les petits sacs de pollen juste au-dessus. Le laurier-tin a tout prévu. Y compris un léger parfum.
22 janvier 2019
Elle avait disparu depuis quelques semaines. Revoilà la Grive musicienne. Et, pour que nul ne l’ignore, elle se lâche joyeusement, en de longues et puissantes vocalises, perchée à la cime d’un peuplier. Le rouge-gorge a beau hausser le ton, c’est bien elle qui s’impose, et de loin, dans cette compétition matinale improvisée !
Elle s’interrompt de temps à autre pour faire le tour du propriétaire. Alternant petits bonds et vives accélérations, elle passe et repasse dans les allées du jardin. Avant d’aller fouiller la couverture de feuilles mortes des platebandes. Les intermèdes ne sont jamais très longs. L’important ce matin, c’est bien le concert. Qu’on se le dise ! La musicienne est de retour. Elle va reprendre l’exploration des haies. Tant pis pour les petits gris.
21 janvier 2019
Les feuilles velues du Lamier pourpre, inégalement dentées, peuvent rappeler celles de l’ortie. Mais rien à craindre ! Cette petite sauvage du jardin est parfaitement inoffensive. Vite envahissante, on peut toutefois lui lâcher la bride jusqu’au printemps. Les fleurs ne sont pas si nombreuses en cette saison !
Minuscules, violacées, les pâles coroles comportent ici deux lèvres. L’une fait office de parapluie et protège les étamines. L’autre, fortement échancrée, accueille les pollinisateurs et les guide vers l’entrée du calice. Cela dit, fin janvier, ils ne se bousculent pas encore…
Raison de plus pour laisser le lamier pourpre prendre un peu ses aises. Sa structure rameuse en fait un bon couvre-sol sur les planches en attente de plantations printanières. Dans quelques semaines, il y aura ainsi un peu de nectar pour les premières trompes ! Et, le moment venu, il sera facile de l’arracher. Avec une soupe en prime. Presque aussi goûteuse qu’une soupe d’ortie.
20 janvier 2019
Bien sûr, il peut compter sur ses réserves, cachées un peu partout au jardin. De quoi passer l’hiver sans trop de difficultés. Pas question pour autant de se la couler douce. Car, en cette mi-janvier, commence la saison des amours pour l’écureuil. La quête n’est pas forcément de tout repos. D’autant que, parallèlement, il faut retaper le nid !
La grosse boule de brindilles est bien calée entre deux solides branches d’un peuplier. L’entrée est sur le côté, invisible depuis le sol. On pourrait croire à un nid de corneilles. Si le refuge a fait ses preuves depuis quelques années, le moment est venu de renouveler son confort. Herbes sèches, feuilles mortes, mousses… Aussi malin qu’industrieux, l’écureuil a l’art et la manière de confectionner des ballots bien serrés qu’il transporte à pleine gueule. C’est qu’il en faut des matériaux tout là-haut ! En prévision des rigueurs d’un hiver qui débute à peine. En prévision surtout de la future nichée.
17 janvier 2019
Il n’a pas attendu le forsythia pour lancer sa floraison. Depuis quelque temps déjà, la ramure échevelée du Jasmin d’hiver prend le relais des petites boules blanches finissantes de la Symphorine. Pas une feuille évidemment en cette saison, mais un fouillis de longs sarments verts au bord de la mare. Et une multitude de bourgeons violacés. Les petites trompettes jaunes qui en surgissent donnent l’illusion d’une construction à cinq pétales. Il s’agit plutôt d’une corole fortement lobée, à l’extrémité d’un long tube nectarifère.
Au bout de quelques jours, sous l’effet de la pluie et du gel peut-être, le pigment doré se dissipe çà et là. Mais une fleur devenue translucide tombée, dix de retrouvées ! Jusqu’au printemps. Certes, contrairement à la plupart de ses cousins, le Jasmin d’hiver n’exhale aucun parfum. Qu’importe. Contentons-nous des senteurs de la mousse et des feuilles mortes.
Tenaces les œilletons !
16 janvier 2019
Quand on sélectionne les œilletons d’une vieille souche d’artichaut, pour créer une nouvelle planche, il y a nécessairement quelques rebuts. Voilà quelques mois, sans trop de regrets, ils sont partis sur le tas de compost, rejoints pêle-mêle par tout ce que le jardin produit de déchets verts. Avec in fine une épaisse couche de feuilles mortes pour linceul en fin d’automne.
Mais les artichauts ont parfois la vie dure ! Après un long été de dormance, deux vigoureux œilletons ont ainsi émergé des feuilles mortes au début de l’hiver. Une telle ténacité appelle le respect. Et une seconde chance. Pour l’heure, laissons les deux rescapés parfaire leur enracinement. Au printemps, ils iront rejoindre leur ancienne fratrie. Avec une bonne dose de ce compost qui leur réussit si bien.
15 janvier 2019
D’où lui vient cet air renfrogné ? Peut-être pousse-t-il le mimétisme jusqu’à se mettre au diapason du ciel maussade de cette matinée d’hiver… La tenue nuptiale du Moineau domestique n’y change rien. Au contraire. Ainsi, la petite calotte grise du futur marié descend très bas sur le front, presque jusqu’au bec, comme s’il fronçait des sourcils imaginaires. Et la petite tache blanche, au coin de l’œil, lui donne un regard curieusement sévère. Ramassé en boule, le plumage ébouriffé sous le vent, il semble bouder dans les haies du jardin.
En fait, il est tout simplement repu, figé comme la troupe de ses congénères dans une longue sieste silencieuse. Il en ressortira bientôt à l’appel de tonitruants guilleris. Quand sonnera l’heure d’une nouvelle virée dans les aulnes et les frênes du bord de Sèvre. Les graines y sont nombreuses en cette saison. À moins qu’un coin de ciel bleu ne le sorte prématurément de sa torpeur. Quel plaisir alors de prolonger un peu le farniente au soleil !
14 janvier 2019
On se souvient de l’Euphorbe réveille-matin dont le latex blanc très urticant est réputé faire fuir taupes et campagnols. La tradition attribue aussi cet usage un peu barbare à l’Euphorbe épurge que voici. Oublions ! Car, toxique il est vrai, elle n’en mérite pas moins l’attention. C’est en effet une superbe sauvage au port original.
Elle pousse actuellement au bord des chemins. À ce stade, la tige solidement dressée n’est pas encore ramifiée. Elle le sera au printemps prochain et étalera d’autant mieux sa floraison. En attendant, elle peaufine sa parfaite géométrie.
Dès le raz du sol, elle étage ainsi ses fines feuilles pointues à intervalles très réguliers. Mais ce n’est pas tout. Elle les oppose à chaque étage dans un alignement impeccable que soulignent de longues nervures blanches sur fond vert bleuté. Enfin, elle pousse la perfection jusqu’à les disposer selon des angles rigoureusement droits d’un étage à l’autre. L’Euphorbe épurge a le compas dans l’œil !
13 janvier 2019
C’est maintenant que ça se joue pour la Molène. Elle a passé tout l’été et l’automne à muscler sa longue racine pivotante. La rosette a déjà fière allure. Sur les bords du halage, perlées de rosées, ses amples feuilles charnues et veloutées commencent à prendre le dessus. La concurrence n’est pas de taille ! Même arum et carotte sauvage n’y résistent pas. Une prometteuse vitalité.
Cela devrait être suffisant pour passer l’hiver. Le gel est rarement terrible dans le Marais poitevin. La Molène en a certes besoin pour s’endurcir, encore faut-il tenir le choc tout en continuant, surtout, à faire le plein d’énergie. Elle n’en aura jamais trop au printemps pour lancer sa superbe mais très gourmande hampe florale jaune ! Faute de quoi, elle passera son tour et attendra encore un an pour entrer dans la cour des grandes…
12 janvier 2019
Mi-janvier. Le temps des amours est lancé pour le noisetier. Et ce sont ces dames qui ouvrent le bal. Oh, très discrètement. De timides houppettes pourpres percent de branche en branche l’extrémité de gros bourgeons. Ce sera tout. Si, si. Peut-on parler de fleurs ? On n’en verra que les pointes rouges des stigmates. Pour le reste, l’intimité des bourgeons préservera le mystère. Et quel ! Puisqu’il s’y fabriquera à la fois feuilles et noisettes.
En attendant, le signal étant donné, aux chatons mâles maintenant de se libérer ! Les bougres prennent leur temps. C’est à peine si, depuis quelques semaines, ils ont viré au jaune pâle. Mais il leur faut encore gonfler un peu avant de relâcher puis d’ouvrir leurs écailles. Viendra alors l’explosion de pollen. Des nuages soufrés que le vent portera jusqu’aux minuscules houppettes. Pour l’heure, ces dames sont prêtes. Elles patientent ! Si ces messieurs veulent bien se donner la peine…
Comme chaque début d’hiver, le Gaillet gratteron est déjà parti. Cela ne l’empêchera pas de courir ! C’est même sa spécialité. Dans les haies, sur les grillages des clôtures et le long des chemins. Les premières tiges sont encore basses naturellement. Elles se hisseront ou serpenteront à plus de deux mètres. Sans compter leurs nombreuses ramifications qui, elles aussi, s’accrocheront au moindre support.
Autant dire que le Gaillet gratteron n’est pas vraiment bienvenu au jardin. Il aurait tôt fait de l’envahir et de l’étouffer. Inutile d’attendre. À ce stade, il est facile à arracher. Laissons-lui les bords du halage, les fourrés et les haies alentour. Il y est à l’aise et prend ses marques en cette saison. La multitude de petits crochets de ses feuilles et de ses tiges rugueuses l’aideront bientôt à grimper. Une technique éprouvée. La même qui permet à ses graines de voyager.
10 janvier 2019
Des touffes de longues feuilles effilées, tubulaires, avec une subtile odeur d’ail lorsqu’on les froisse : pas de doute, c’est bien de la ciboulette sauvage ! Elle pousse un peu partout au potager. Au point d’être envahissante. Rien d’étonnant. Elle n’a en effet pas forcément besoin de fleurir pour se multiplier. À l’image de l’ail ou de l’échalote, c’est d’abord sous terre que cela se passe ! La production de bulbilles y va bon train. N’imaginez donc pas en venir à bout à la seule binette. Encore moins au motoculteur qui ne fera que diffuser plus largement les bulbilles. Le seul moyen, certes fastidieux, comme pour l’Oxalis ou la renoncule, est bien d’extirper la plante entière, solidement enracinée, à l’aide d’un transplantoir.
Mais il serait assurément dommage de tout exterminer ! Puisque la Ciboulette sauvage est bien implantée, pourquoi ne pas lui réserver une petite planche, là où, spontanément, ses touffes sont les plus vigoureuses ? Car, bien plus parfumée que sa cousine cultivée, jusque dans son petit bulbe allongé, la sauvageonne a toute sa place au nombre des aromatiques du jardin.
9 janvier 2019
Une pierre dans un coin du jardin. Parmi celles dont la Grive musicienne se sert comme enclume, durant la belle saison, pour décortiquer ses Petits-gris. Les petits coussins de mousse qui s’y agrippent, racornis tout l’été, sont à nouveau gorgés d’eau. C’est la commune Barbule des murs. Hérissée de longs fils de soie jaune-orangé et de petites capsules cylindriques brunes, elle libérera bientôt ses spores.
Au pied des peupliers aussi, il est temps de préparer la relève. L’Hypne cyprès y forme d’épaisses chausses où les oiseaux en quête d’insectes aiment venir fouiller. D’un rouge-brique bien soutenu, fils et capsules tranchent sur le vert changeant des brins de mousse. Qui a dit que le jardin ne fructifiait pas en hiver ?
8 janvier 2019
An neuf ou pas, allez donc cueillir un brin de Gui à la cime des peupliers du marais ! Sur les branches d’un géant couché par la tempête, celui-ci est presque accessible. À raison d’un nouveau segment seulement par an, quel âge ont donc ces énormes touffes aux ramifications enchevêtrées ? Le Gui semble avoir l’éternité devant lui. Ne confie-t-il pas ses hypothétiques rejetons aux seuls oiseaux ? La Fauvette à tête noire notamment. Friande des petites baies blanches, elle en extrait la pulpe sucrée et se débarrasse des graines gluantes en s’essuyant le bec aux branches voisines. Tant mieux pour les mésanges qui en raffolent ainsi décortiquées ! Quelques rares rescapées parviendront peut-être à germer. Elles devront alors s’agripper solidement à l’écorce pour y enfoncer un « suçoir » propre à pomper la sève. Au total, un semis bien hasardeux. Heureusement pour les peupliers. Et les populiculteurs.
7 janvier 2019
Il suffit de lâcher un peu la bride au jardin pour faire le bonheur du Séneçon commun. C’est une des premières « sauvages » à profiter des vacances hivernales de la binette ! Une rosette dentée d’abord. Puis une hampe violacée et de longues feuilles, très découpées, un peu chiffonnées.
Le Séneçon commun pousse où et comme il peut au jardin. A la va-vite. Prudent, il préfère assurer. Une dizaine de centimètres à peine et le voilà qui lance déjà sa première grappe florale.
Pour le moins modestes, sans pétale, les capitules de petites fleurs jaunes débordent à peine de leur gaine cylindrique verte pointée de noir. Même en hiver, elles fructifieront sans peine. Le vent dispersera alors les graines rassemblées en une vaporeuse petite boule de soie blanche. Si les oiseaux qui en raffolent lui en laissent le temps.
6 janvier 2019
Dans la grande famille des « mineuses », le jardin n’a hérité pour l’heure « que » de celle du bouton-d’or ! Poireaux, choux et ail, notamment, en sont épargnés. Les arbres fruitiers aussi. Croisons les doigts.
Les mineuses ? Des petits insectes qui installent leurs larves entre les deux épidermes des feuilles, de façon très spécialisée. Ici, c’est une mouche, la petite Phytomysa ranunculi, dont les minuscules asticots « minent » exclusivement les feuilles de renoncules, notamment du bouton d’or.
Par transparence, les galeries sont très visibles. On y perçoit même l’asticot, ses excréments, et parfois, en bout de galerie, la petite pupe, qui bientôt, se transformera à son tour en mouche.
Tant qu’il s’agit du bouton-d’or ! Mais à la moindre alerte sur les légumes, mieux vaut arracher et brûler les plants atteints. Sans attendre la prolifération. Et la transformation du potager en champ de mines !
5 janvier 2019
S’il est une plante sauvage très bienvenue au jardin, c’est à coup sûr la doucette ! L’ancêtre de la mâche cultivée abonde dans les prairies alentour. Les oiseaux aidant, ses graines font florès dans la terre meuble du potager. En cette saison, les larges rosettes s’épanouissent ici et là sur les planches qui n’ont pas reçu un couvert de feuilles mortes ou d’engrais vert.
Est-il besoin de préciser que le désherbage les épargne soigneusement ? Évidemment, éparses, elles sont moins abondamment disponibles que celles de la mâche semée à l’automne. Raison de plus pour les bichonner.
Car la texture et la saveur de la doucette sauvage sont incomparables ! Pas question de la récolter à la va-vite. Une cueillette minutieuse, juste au-dessus du collet, permettra une nouvelle pousse. La gourmandise se mérite.
4 janvier 2019
Les marais boisés des bords de Sèvre : un territoire d’une variété infinie comme les aime le Pinson des arbres. Frênes, aulnes et peupliers, haies, prairies et jardins : il passe de l’un à l’autre, toujours en joyeuse petite bande. Joues et poitrail roux -vineux pour les mâles, dominante gris-olive pour les femelles. Avec, plus ou moins prononcés, les mêmes liserés jaunes sur fond noir à la queue et la pointe des ailes. Au-delà d’une même barre blanche.
Quand la troupe fait halte au potager, le rituel est souvent le même. D’abord une brève station sur les pommiers. Le temps de vérifier que la voie est libre. La volée s’éparpille alors au sol pour un long et sautillant pâturage. Verdure et graines au menu en cette saison. Heureusement, lorsque viendra le temps des semis, le Pinson aura changé de régime. Vers et chenilles n’auront qu’à bien se tenir !
3 janvier 2019
L’exception confirmant la règle, voici un superbe pied, début janvier, au bord d’un fossé du marais mouillé de Magné. Il y a une semaine à peine, il émergeait de la première inondation hivernale !
À contretemps et pourtant vigoureux. Ses solides tiges rougeâtres portent de longues feuilles vert clair, terminées par une large foliole trilobée caractéristique. Mais c’est évidemment son nuage de petites fleurs blanches et parfumées qui retient l’attention.
Toutes ne sont pas encore écloses. La gerbe aura-t-elle le temps de s’épanouir pleinement avant les gelées ? Quoiqu’il en soit, d’ordinaire très mellifère, il n’y a guère d’insectes pour la visiter en ce début janvier. Une seule reine des prés ne fait pas le printemps.
2 janvier 2019
Elle accroche ses graines à tout ce qui passe pour les confier à Mercure, dieu des voyageurs, qui, en retour, lui a donné son nom. Encore faut-il que le pollen de la Mercuriale annuelle arrive d’abord à bon port. Et ce n’est pas gagner d’avance. Les pieds femelles voisinent les pieds mâles. Seuls les épis floraux jaune-vert de ces derniers sont bien visibles. Même en ce début janvier. Plus pudiques, les femelles cachent leurs petites fleurs sous l’aisselle de leurs feuilles. La fécondation est d’autant moins gagnée d’avance que ni l’une ni l’autre ne produit de nectar… Il ne faut donc pas compter sur les insectes pour véhiculer le pollen. Alors, quand celui-ci est bien mûr, les fleurs mâles explosent littéralement. En espérant que la précieuse poussière arrive à bon port. Avec la complicité du vent.
12/01/2019
Dumotteron
Il ne faut pas confondre Le Gaillet Gratteron et Le Guilleret Gratton ! Meilleurs voeux au Jardinier du Marais et au Père Narcisse
27/08/2018
Mamina
Bonjour. Ce fut une balade savoureuse, merci. J'ai noté quelques légumes qui sont dans mon tout nouveau jardin, ça met du baume au coeur. Bravo pour les commentaires ourlés de pointe d'humour et de fraîcheur. C'était comme si j'y étais.
28/06/2018
CAYLUS
tres belles images commentaires adéquats bcp d'humour merci michel si ça peut vous rassurer le sud n'a pas été gaté mais le soleil est revenu jardinement votre
08/06/2018
Loune
Toutes ces choses qui me paraissaient banales au jardin prennent avec vous une autre dimension....Je vais m’attarder un peu plus devant ces petits détails maintenant.
01/06/2018
Ledrôledegratton
Cette chronique d'un jardin dans le Marais poitevin est un vrai enchantement. Si ce jardinier-poète cultive la terre avec autant de bonheur que les mots, la récolte devrait être belle ! Au plaisir de se saluer un jour prochain en bord de Sèvre...
Si vous aimez le potager, au fil des saisons ces pages peuvent vous intéresser.
Les conseils d'amatxi :
Pensez à mettre un fagot de branches dans les bassins en bétons par temps de grand gel afin d’éviter qu’ils ne fendent.
Faites vos plantations d’arbres et arbustes tant que le sol n’est pas gelé.
Surveillez l'état sanitaire des bulbes et rhizomes mis à l'abri du gel.
Mettez des noyaux de pêche à stratifier.