- Fin d'été automne 2020 -
En bordure de Sèvre niortaise, là où le fleuve commence à prendre ses aises pour former le Marais Poitevin, le sol de ce jardin hésite entre la terre noire maraichine et celle de la butte calcaire de Magné, la première du chapelet d’îles de l’ancien golfe des Pictons. On y accède par le halage devenu piste cyclable reliant Niort à Coulon.
Cette chronique a pour modeste ambition de vous faire partager les mille et une petites choses qui, jour après jour, animent le potager et ses allées. Merci à « Plan de jardin - Jardin biologique » de l’accueillir. Et au père Narcisse pour ses précieux conseils.
Retrouver le jardinier du marais poitevin sur son blog pour de belles découvertes.....
12 novembre 2020
Dans la nature, il faut un œil particulièrement aiguisé pour la différencier de sa cousine la Guêpe commune (Vespula vulgaire). Car si la Guêpe germanique (Vespula germanica) s’en distingue par une silhouette légèrement plus longue, la principale particularité est plus subtile. Trois petits points noirs disposés en triangle sur le clypeus jaune !
Autre spécificité de la Germanique : les petites bandes jaune vif qui bordent les côtés du thorax sont discrètement renflées en leur centre. Le distinguo est décidément très ténu… Pour le reste, l’une et l’autre ont un mode de vie très semblable.
Prédatrices, elles capturent les mouches et autres petits insectes du jardin, tant pour elles-mêmes que, surtout, pour nourrir les larves de leur colonie. Elles raffolent également du jus sucré des fruits, mais aussi du nectar des fleurs. Ici celui du lierre, incontournable en cette saison. Jusqu’à la mi-novembre. Parfois au-delà. Mais les premières gelées auront raison de la ténacité des ouvrières.
9 novembre 2020
Le lierre, c’est un peu le « marronnier » automnal du jardin ! Si sa floraison est peu spectaculaire, du moins est-elle source d’un abondant nectar et, par là, le rendez-vous de tous les butineurs alentour. Avec quelques incontournables clichés de saison en perspective !
À tout seigneur, tout honneur… Le grand Vulcain compte parmi les principaux aficionados des rondes ombelles hérissées d’étamines jaune pâle. Ici, c’est open-bar ! Depuis quelques semaines, les petits disques nectarifères vert tendre sont en effet à portée de trompe. La Piéride du chou ne s’en prive pas non plus.
Sans oublier les mouches… À commencer par l’une des plus grosses d’entre elles, le Bombyle hottentot. Mais c’est bien entendu la Collète du lierre la plus assidue. Et pour cause ! Car ce n’est pas un hasard si la petite abeille sauvage émerge en septembre-octobre. Ses larves se nourrissent ainsi d’une bouillie à base de nectar et de pollen de lierre. Exclusivement.
6 novembre 2020
C’est, avec le Sympétrum rayé notamment, une des libellules les plus tardives du marais. Bien sûr, le gros de la troupe de l’Æschne bleue (Aeshna cyanea) est estival, mais quelques individus font ainsi de la résistance jusqu’à la mi-novembre… Et, jusqu’au bout, ils n’ont de cesse que de trouver l’âme sœur. Plutôt deux fois qu’une !
L’accouplement débute en vol. Puis, si le tandem est compatible, les amours se poursuivent, longuement, à l’accroche ici d’une branche de charme.
Sacrée gymnastique. Le mâle saisit fermement la femelle par la nuque à l’aide de ses solides pinces anales. Consentante, Madame replie alors son abdomen jusqu’à toucher le deuxième segment de Monsieur. Bingo ! Car c’est au prix de cette inconfortable contorsion que les deux acrobates peuvent mettre en contact leurs pièces copulatrices…
La femelle ira pondre seule dans un fossé envasé où ses larves se développeront pendant un à deux ans. Les amours automnales ne sont pas terminées pour autant… Au hasard de nouvelles rencontres. Jusqu’aux gelées !
3 novembre 2020
De petite taille (5/7 mm), elle est assez facile à distinguer. Yeux rouge-bordeaux sur face blanc-argenté. Thorax et scutellum noirs rayés de gris. Abdomen trapu nettement plus court que les ailes hyalines. Assez passe-partout - noir pruiné de gris - chez la femelle, il s’illumine de jaune clair ici chez le mâle.
Très commune à la campagne, particulièrement en zone d’élevage, la Mouche automnale y accompagne habituellement le bétail. C’est elle en effet qui agace en permanence vaches et chevaux en venant lécher leurs sécrétions nasales ou oculaires. Avant d’installer leur progéniture sur les bouses des champs. Ce qui ne l’empêche pas de butiner à l’occasion !
30 octobre 2020
Il faut bien avouer que son véritable nom est plus avenant que la plupart de ses sobriquets… Lucilie soyeuse (Lucilia seritacata), c’est quand même plus sexy que Mouche verte, Mouche à viande ou Mouche des cadavres !
À vrai dire, il existe une vingtaine de « mouches vertes » plus ou moins différentes. Celle-ci est une des plus communes. Elle se distingue notamment, d’où son nom, par ses longues soies noires. Avec une disposition thoracique caractéristique : en deux lignes transversales à l’avant de la suture et trois à l’arrière.
Reste que si ladite mouche apprécie nectar, pollen et fruits blets, elle se régale aussi de jus de viande plus ou moins décomposée ! Elle y installe d’ailleurs sa progéniture. Dans la nature, les larves font ainsi utilement le ménage sur la carcasse des animaux morts. Revers de la médaille, cette fréquentation des charognes — et des excréments — lui vaut la sale réputation de véhiculer divers agents pathogènes. Jusque sur les tables de pique-nique !
28 octobre 2020
Seules les jeunes femelles fécondées échapperont à l’hécatombe automnale. Les futures reines de la saison prochaine ! Avec un impératif pour l’heure : trouver un abri - terrier abandonné ou cavité d’un vieil arbre - pour passer l’hiver. Aux premiers beaux jours, il reviendra à chacune d’entre elles de fonder une nouvelle colonie.
En attendant, les pauses plus fréquentes facilitent l’observation. Aucune confusion possible avec le cousin asiatique. Le jaune sur fond noir domine, de l’abdomen à la face, avec des nuances orangées sur les mandibules. Quelques touches roussâtres, ici et là, des pattes jusqu’à la naissance des antennes. Le tout dans une superbe indifférence. On est loin de la réputation belliqueuse du frelon. Il est vrai qu’il n’y a aujourd’hui, plus de nid à défendre.
26 octobre 2020
Après la fauche estivale des bords de routes et de chemins, quelques fleurs tentent à nouveau leur chance parmi le regain d’automne. Oh bien sûr la Molène blattaire (Verbascum blattaria) sait bien que le temps lui est compté avant les premières gelées. Elle n’aura guère le loisir d’élever très haut sa hampe florale. Mais ses corolles sont toujours aussi lumineuses !
D’abord rouge-orangé, les petits boutons s’ouvrent un à un. Cinq lobes bien ronds s’épanouissent alors, d’un éclatant jaune vif. Avec ostentation, cinq étamines y dressent leur anthère orangée au-dessus d’une pilosité blanchâtre et violacée. Au centre, un seul long style verdâtre attend d’être pollinisé…
Hélas, abeilles et bourdons ne sont plus légion en cette fin octobre. Qu’importe. Ce n’est là qu’un baroud automnal. Pas de précipitation : l’important est dans les rosettes qui, ici et là, s’apprêtent à passer l’hiver pour mieux s’élancer au printemps. Ainsi va la vie des bisannuelles !
22 octobre 2020
Et dire que la vaste toile était parfaite ! L’Épeire diadème (Araneus diadematus), alias l’Épeire porte-croix, l’avait soigneusement tendue au petit matin entre deux pommiers du jardin. En quelques secondes, la voilà dépenaillée, secouée par les soubresauts d’une abeille soudainement prise au piège.
À vrai dire, l’agitation désespérée ne dure que quelques secondes. Jusqu’alors bien cachée, la grosse araignée surgit de nulle part et se rue sur sa proie. Celle-ci est vite « emmaillotée ». Plus aucun mouvement n’est possible dans cette camisole de soie blanche.
Avec l’automne, l’Epeire diadème est parvenue à pleine maturité. Brun-orangé, marquée ici et là de rouille, notamment sur les pattes, elle présente une large croix blanche sur le dos. Il s’agit là d’une femelle à l’abdomen bien rebondi. Il sera bientôt temps de pondre. À l’abri d’un cocon jaunâtre, dans quelqu’anfractuosité d’une écorce où les oeufs passeront l’hiver. La nouvelle génération apparaitra dès les premiers beaux jours.
19 octobre 2020
Autant elle peut être vive dans l’eau, même très basse, autant elle semble se traîner parmi les herbes de cette prairie voisine du jardin. Sans doute la traverse-t-elle pour passer d’un fossé à l’autre. Maculée de vase, elle hésite entre gris et brun, mais s’illumine de rouge au moindre rayon de soleil : une Écrevisse de Louisiane (Procambarus clarkii).
À l’approche de l’intrus, elle se dresse en prenant appui sur sa large nageoire caudale. Prête à l’attaque… Elle écarte ses puissantes pinces hérissées de petits tubercules rouges. Approche si tu l’oses !
La bravache aurait mieux fait de filer à l’anglaise. Car, vorace, invasive, elle se développe, ici comme ailleurs, aux dépens notamment de sa cousine autochtone à pattes blanches. Mieux vaut ne pas la laisser proliférer. Torsion de la pointe abdominale. Son sort est vite réglé. Elle ne tardera pas à faire le bonheur d’un prédateur. Héron ou loutre. Sans compter les insectes. À moins qu’une de ses congénères passe à son tour par là…
15 octobre 2020
Contrairement aux autres syrphes du jardin, on ne voit guère la Xlote indolente (Xylota segnis) naviguer de corolles en capitules. Elle furète plutôt sur le feuillage des haies ou des légumes. Mais qu’y cherche-t-elle ?
À proprement parler, elle ne chasse pas. Elle n’est en effet pas carnivore. Non. Elle est plutôt en quête de gourmandises à lécher sur les feuilles. Du pollen dispersé par le vent et surtout divers miellats produits par des insectes parasites, pucerons, aleurodes ou cicadelles.
En faisant ainsi le ménage, consciencieusement, elle coupe court à la prolifération d’autres amateurs de ces excrétions sucrées. Les champignons tels que l’indésirable fumagine par exemple. Sans oublier les fourmis. Pas de miellat, pas d’élevages de pucerons !
Avec son thorax bronze et ses ailes légèrement fumées, la Xylote indolente est facile à reconnaître. Grâce surtout à ses longues pattes arrière. Avec de solides fémurs noirs tachés de blanc dessus, hérissés d’épines dessous. Et des tibias jaunes et noirs fortement arqués.
12 octobre 2020
Souvent de belle taille, comme l’Éristale tenace, les membres de la tribu présentent parfois une livrée ornée de jaune vif, comme l’Éristale des fleurs. Voilà donc l’exception qui confirme la règle. L’Éristale bronzé (Eristalinus aeneus) est courtaud (7/8 mm) avec, comme son nom le suggère, une dominante luisante plutôt sombre.
Malgré sa petite taille, on le repère assez facilement à son thorax noir rayé de gris, à son court abdomen sans tache aux reflets bronze et, surtout, à ses grands yeux clairs piquetés de taches brunes. En outre, ses ailes hyalines arborent la fameuse nervure « en V » emblématique des éristales.
Inféodé aux zones humides, il installe sa progéniture dans les eaux peu profondes et dormantes des fossés. Ses larves s’y nourrissent des végétaux morts et autres matières organiques en décomposition. Lui préfère le nectar et le pollen. Il butine assidûment les fleurs sauvages des marais et pousse parfois jusqu’au jardin. Avec une prédilection pour les corolles et les capitules jaunes.
10 octobre 2020
Sale temps pour les dernières abeilles sauvages de la saison ! Après la sécheresse qui a sérieusement limité les sources de nectar, voici les fortes pluies quotidiennes… Les fenêtres de tir s’en trouvent réduites d’autant pour les ultimes sorties de butinage. En l’occurrence, ce n’est pas vraiment un problème pour le Sphécode commun (Sphecodes ephippius).
Pas besoin de réserves de nectar et de pollen en effet pour les abeilles-coucou ! Bien sûr, le Sphécode commun butine. Mais en dilettante. Égoïstement, ses besoins se limitent à sa consommation personnelle. Avec le seul souci de trouver le nid d’une abeille plus industrieuse que lui pour y abandonner sa progéniture. Généralement celui d’une haclicte. Ses larves y détruiront le couvain pour mieux en dévorer le garde-manger.
Petite taille (7/8 mm), solides antennes annelées, dominante noire : l’espèce se distingue surtout par son abdomen en partie orangé. De nombreux cousins lui ressemblent beaucoup. Avec un distinguo notamment dans la proportion plus ou moins grande de cet orangé abdominal.
7octobre 2020
Certes, la blancheur de la petite tête ronde la distingue un peu. Les grands yeux rouge-bordeaux aussi. Mais la dominante est passe-partout. Gris jaunâtre, piquetée de taches plus sombres, hérissée de solides soies noires, tant sur l’abdomen que sur le thorax. Et même sur les pattes où alternent gris, noir et rougeâtre.
Reste que ladite mouche est bienvenue au jardin. Songez ! Malgré sa petite taille, ses qualités de chasseuse lui valent le surnom de Mouche tigresse. Et ses larves ne sont pas en reste. Petits vers et petits insectes au menu… Avec une prédilection, dit-on, pour la Mouche de l’oignon. Rien que pour cela, on lui pardonne volontiers d’aller aussi parfois chercher ses proies sur quelques cadavres ou excréments !
3 octobre 2020
C’est parti ! Le Mahonia confusa amorce la floraison de ses longues hampes jaune-citron. Parfumés, les milliers de petits boutons regorgent de nectar. Une aubaine pour les butineurs du jardin malmenés par la sécheresse depuis quelques semaines. Finie la disette…
Las. Du matin au soir, le superbe arbuste est squatté par les frelons asiatiques du secteur. Pas de problème pour les bourdons. Surtout le Bourdon des prés que rien ne semble pouvoir intimider. Mais les abeilles préfèrent s’abstenir. Il est vrai que le monstre n’a pas son pareil pour les capturer et les croquer.
L’appétence du frelon asiatique pour le Mahonia confusa s’explique peut-être par leur origine commune. En effet, si quelques espèces de mahonias proviennent d’Amérique du Nord, confusa est un cultivar obtenu par croisements de plusieurs espèces asiatiques, notamment chinoises. Bien qu’acclimaté depuis belle lurette à l’Europe, au point d’y devenir invasive, le grand frelon orange et noir est-il sentimental à ce point qu’il ne résiste pas au parfum « du pays » ?
1 octobre 2020
Chez les « Mouches coccinelles », l’abdomen est bien rond, luisant, jaune ou rouge orangé, orné d’une ligne médiane de figures géométriques noires. Des petites taches circulaires le plus souvent. D’où l’allusion aux coccinelles. Plutôt des triangles et des losanges pour ce Gymnosome. Peut-être Gymnosoma nudifrons.
Quoi qu’il en soit, cet individu-ci ne déroge pas aux caractères dominants du genre. Petite taille (6 mm), naissance des ailes jaune, yeux rouge bordeaux, stabilisateurs blanchâtres bien visibles, pattes noires, longues et solides antennes… Par contre, membre de la grande famille des mouches tachinaires, il s’en distingue par l’absence de fortes soies noires tant sur l’abdomen que le thorax.
Reste le plus important : comme les autres tachinaires, les gymnosomes sont de précieux auxiliaires du jardin. Les femelles pondent en effet leurs œufs un à un en ciblant les punaises. Notamment les Punaises vertes. Les larves y pénètrent et s’y développent aux dépens de leurs fluides internes. Elles y passent l’hiver pour en héberger au printemps et s’enterrer aussitôt en vue de leur pupaison.
29 septembre 2020
Parmi les guêpes maçonnes du jardin, on se souvient du petit Eumène pomiforme et de son cousin au format XXL, l’impressionnant Eumène unguiculé. Dans une taille intermédiaire, voici le sobre Discoellius zonalis, un euménide plutôt rare. Ici sur la Renouée poivre d’eau.
Comme souvent dans la famille, l’abdomen, d’abord filiforme, présente un premier bourrelet, avant de s’épanouir en un élégant fuseau. Loin d’être massive, la silhouette allongée est alors plutôt harmonieuse : tête, thorax et abdomen s’équivalent ainsi dans leur plus grande largeur.
Discrètement velu et ponctué, surtout sur la tête et le thorax, le corps est à dominante noire. Il s’en faut de peu d’ailleurs qu’il le soit entièrement ! Trois bandes jaune vif font chichement exception. La première souligne l’étranglement abdominal. La plus large - légèrement échancrée - marque le renflement du fuseau. Enfin, immédiatement derrière, la troisième est réduite à une simple ligne. À peine visible. Un décor décidément minimaliste.
27 septembre 2020
On a déjà rencontré au jardin la belle rouge et noire Chrysomèle du peuplier. Voici une de ses cousines. La Chrysomèle de la menthe (Chrysolina menthastri), beaucoup plus menue (7/8 mm) et d’un superbe vert métallique aux reflets cuivrés.
Comme la plupart des membres de la famille, elle a une silhouette de coccinelle, ovale et bombée, sans autre décor ici que ses vives nuances colorées. On la reconnaît encore à ses solides antennes annelées. Mais aussi à la ponctuation, très marquée et irrégulière, des élytres et comme de la bordure du pronotum.
Phytophages, larves et adultes se nourrissent principalement de feuilles de menthe. En colonie, elles peuvent causer d’importants dommages sur la planche de aromatiques. À vrai dire, on les trouve surtout sur les prairies humides où foisonnent diverses espèces de menthe sauvage en cette saison. Et si elles s’aventurent en trop grand nombre au jardin, leur couleur et leur caractère indolent les rendent faciles à repérer et à collecter.
24 septembre 2020
Aussi à l’aise sur l’eau que dans la végétation des berges ! La Dolomède commune (Dolomedes fimbriatus), alias l’Araignée des marais, prend place ici sur les cailloux d’un gué, là sur une feuille morte à la dérive. Elle peut ainsi « pêcher » larves, mollusques et mêmes alevins, tout en restant relativement l’abri des prédateurs…
En cette saison, on rencontre surtout des individus immatures. Leurs pattes hérissées de soies noires sont encore verdâtre presque translucides. Thorax et abdomen commencent à peine à brunir. Adultes, ils seront davantage sombres. Les bandes blanches latérales contrasteront alors plus fortement. De même que les deux lignes de points blancs sur l’abdomen.
Les jeunes Dolomèdes s’aventurent volontiers sur les prairies du marais. Jamais très loin d’un fossé ou d’une conche. Elles peuvent rester figées des heures, tapies au creux d’une feuille ou au revers d’une inflorescence. Pour saisir les insectes de passage. Des mouches surtout. Mais aussi des papillons ! Pas besoin de tisser une toile. Sur l’eau comme sur terre, il suffit de beaucoup de patience. Et d’une sacrée détente le moment venu.
22 septembre 2020
Voilà un auxiliaire réputé pour sa contribution à la lutte biologique contre les criquets. Particulièrement en Afrique où les invasions endémiques du Criquet pèlerin font des ravages. Évidemment, dans ce coin de marais, les enjeux ne sont pas les mêmes ! La Mouche des criquets (Stomorhina lunata) n’en est pas moins présente.
Ses cibles ? Notamment deux autochtones inféodés aux zones humides. Le Criquet ensanglanté et le Criquet des roseaux. La femelle pond sur leurs oothèques. Ces sortes de poches, camouflées au sol parmi les herbes, sont censées protéger la couvée. Mais, le temps d’incubation n’étant pas le même, elles ne résistent pas aux petits asticots qui dévorent les œufs avant même leur éclosion.
Sans rivaliser toutefois avec la Rhingie champêtre, la Mouche des criquets présente une petite protubérance faciale pour abriter le fourreau de sa langue. De petite taille (7/8 mm), sa livrée grise et noire la rend très discrète. C’est à peine si l’on distingue les six rayures rouges de ses yeux. Et les bandes abdominales jaunes du seul mâle.
19 septembre 2020
Fasciée Décidément, l’Argiope frelon (Argiope bruennichi), alias l’Épeire fasciée, ne ressemble à aucune autre araignée. On connaissait sa livrée rayée blanc-jaune-noir et l’étrange « zigzag » de sa toile. Voici son étonnant cocon en ferme de montgolfière retournée ! Un petit chef d’œuvre qui annonce l’arrivée vue l’automne. Car, mine de rien, si l’été semble s’éterniser, les jours raccourcissent et les nuits sont frisquettes. Madame Argiope sent bien que le moment est venu de passer le relais. Pondre, évidemment, mais pas n’importe comment. Ni n’importe où. Alors, en une nuit, avec un mystérieux savoir-faire, elle a tissé sa superbe nurserie. Suspendue à de grandes feuilles jaunissantes de carex. Au petit matin, elle s’y agrippe encore comme pour la protéger. Avant bientôt, se laisser mourir… L’enveloppe de soie a déjà commencé à durcir et brunir. Les mauvais jours peuvent venir, le cocon sera invisible parmi les herbes sèches. Plusieurs centaines d’œufs puis de petites larves passeront l’hiver dans cette carapace imperméable et douillettement feutrée. Si tout va bien, elles en émergeront début mai.
16 septembre 2020
Originaire d’Amérique du Nord, introduit au XIXe siècle, le Bident feuillé (Bidens frondosa L.) s’est bien adapté aux zones humides européennes. Au point d’y devenir invasif. Ses hautes tiges rameuses, rougeâtres, frisent ici les deux mètres en bordure d’un fossé du Marais poitevin.
Sa floraison jaune orangé éclôt en fin d’été et jusqu’en automne. Elle est la bienvenue pour les butineurs à une saison où les sources de nectar commencent à se raréfier. Les petits capitules serrés rassemblent des dizaines de fleurs tubulaires au centre d’une couronne verte caractéristique. Ce sont les bractées extérieures de l’inflorescence qui rayonnent ainsi autour de chaque « bouton ».
Jadis on récoltait l’abondant feuillage du Bident. Non pas pour l’usage prohibé que son nom populaire de Chanvre d’eau pourrait suggérer… Mais pour les vertus anti-inflammatoires de ces folioles lancéolées et dentées préparées en infusion !
14 septembre 2020
Rien de vraiment spectaculaire. La Renouée poivre d’eau (Persicaria hydropiper) ne manque cependant pas d’allure. Avec de hautes tiges souples où alternent de longues feuilles lancéolées légèrement ondulantes. En cette fin d’été, la floraison y bat discrètement son plein. Au bord des fossés du marais, le rose vif se mêle ainsi au blanc pur en de fins épis retombants.
Comme son nom l’indique, voilà une aromatique certes oubliée, mais dont les saveurs piquantes et poivrées font merveille en salade. En petite quantité bien sûr comme avec la plupart des condiments. Ce sont, non les fruits, mais les feuilles qui se récoltent, jeunes et bien tendres. Inutile de les faire sécher en espérant les conserver : elles perdent alors toutes leurs vertus culinaires…
À défaut de passer en cuisine désormais, la Renouée poivre d’eau séduit plus que jamais les butineurs. Et pas seulement les papillons ! Même la Mouche-scorpion est tombée sous le charme…
12 septembre 2020
Décidément, l’étrange Rhyngie champêtre (Rhingia campestris), alias le Syrphe à long nez, est sacrément photogénique. Elle n’est pourtant pas bien grande. 8/9 mm. On l’avait déjà remarquée au jardin sur la Sauge bleue. La voici davantage dans son élément. Une prairie du marais.
Grands yeux bordeaux, corselet gris rayé de noir, scutellum rougeâtre translucide, ailes fumées, abdomen rouge-orangé bordé de noir… En fait de « long nez », le rostre qui pointe à l’avant protège le fourreau d’une langue démesurée. La Rhyngie peut ainsi puiser le nectar au creux des corolles les plus profondes.
Avec pareil équipement, l’active butineuse s’adapte à toutes les fleurs sauvages de saison. D’avril-mai à septembre-octobre. Actuellement, c’est l’incontournable menthe des champs qui régale ! Ses larves ont un tout autre régime. À défaut d’avoir le bec sucré, elles se délectent de matières organiques. La Rhingie pond donc ses œufs sur l’herbe des pâturages. À proximité immédiate d’une bouse de vache. Délicate attention !
10 septembre 2020
Pourtant relativement communes, les petites guêpes du genre Ectemnius n’ont pas de nom vernaculaire. Malgré leur petite taille (9/12 mm), on les repère facilement lorsqu’elles sont en chasse. Elles patrouillent assez lentement de fleur et fleur pour fondre brutalement sur leurs proies. Des mouches le plus souvent.
En voici deux espèces très voisines. Avec une semblable grosse tête au carré ! Une particularité de la famille de Crabronidés. Pour le reste, la livrée est noire et jaune bien sûr. Trois rayures abdominales interrompues chez celle-ci en vol (sans doute Ectemnius continuus). Cinq chez cette autre qui vient de saisir une proie (sans doute Ectemnius lituratus). Sinon, tibias et tarses sont à dominante jaune. Comme le premier segment des antennes.
Les proies ne sont pas pour leur propre consommation. Elles préfèrent en effet le nectar. Mais leurs larves sont carnivores. Les nids sont creusés dans du bois mort. Une dizaine de loges avec deux mouches anesthésiées par loge. Leur progéniture ne manquera pas de protéine !
8 septembre 2020
Le langage courant amalgame parfois la Cicadelle verte (Cicadella viridis), familière des prairies humides, et la Cicadelle des grillures (Empoasca vitis), ravageuse de la vigne. Il est vrai que la seconde est d’un vert bien franc. La confusion n’est cependant pas possible avec la première, verte certes, mais plutôt joliment turquoise, mêlée de jaune-vert. Pour sa part, le mâle se distingue avec des ailes bleu foncé à l’avant, bleu ciel à l’arrière.
Avec une allure de petite cigale (6/9 mm), la Cicadelle verte pullule en cette saison sur les pâturages du marais. Excellente sauteuse, elle vole aussi très bien et se disperse vivement à l’approche des promeneurs.
Comme toutes les cicadelles, c’est un insecte piqueur-suceur qui - ses larves également - pompe la sève des végétaux. Mais, en l’occurrence, foin de la vigne, des arbres fruitiers ou des rhododendrons ! Cette cicadelle verte ci se contente des graminées, des joncs et autres carex. En cette saison, elle abonde pareillement sur les larges stations de menthe des champs.
5 septembre 2020
On ne va pas se mentir. Si - pour la plupart - les mouches sont inoffensives, mieux vaut ne pas fréquenter le Taon jaune (Atylotus loewianus) de trop près. Encore que… Les femelles uniquement. Non pas qu’elles soient belliqueuses : elles ont simplement besoin de quelques gouttes de sang pour concocter leurs œufs !
Pas étonnant donc de les rencontrer essentiellement sur les pâturages où elles peuvent opérer leurs ponctions auprès du bétail. Mais, si vous passez par là, elles pourraient se laisser tenter… Or, efficace à travers le cuir des vaches et des chevaux, la piqure est plutôt douloureuse pour l’homme.
Dommage, car, dans une famille où le gris et le noir dominent, le Taon jaune est plutôt joli. Avec cette fourrure dorée et ces énormes yeux jaune-vert. Des yeux joints ici : il s’agit donc d’un mâle. Dès lors, pas de piqure à craindre. Monsieur est en effet dépourvu d’organe piqueur-suceur. Une simple langue pour butiner. Ouf !
3 septembre 2020
Le soleil du matin aidant, la livrée de la Noctuelle en deuil (Tyta luctuosa), alias La Funèbre, devient ici presque chatoyante. Du moins son habituelle dominante noirâtre devient-elle davantage mordorée. Jusqu’aux yeux étrangement à l’unisson avec des reflets roux.
Cela dit, le dessin des lignes sinueuses comme des bandeaux plus ou moins foncés ne change pas pour autant. Notamment celui des larges taches blanches dont le contraste renforce une impression générale malgré tout assez tristounette.
Réputée nocturne, la Funèbre apprécie aussi les lumineuses matinées estivales. Butineuse assidue, la nuit comme le jour, elle ne résiste pas notamment au nectar de la Salicaire.
La seconde génération vient d’émerger. Elle volètera au jardin et dans les prairies alentour jusqu’en octobre. Ses chenilles passeront l’hiver à l’abri d’un cocon enterré. En attendant, elles se nourrissent principalement de feuilles et de fleurs en boutons. Avec une prédilection pour le Liseron des champs. À ce titre, voilà une noctuelle particulièrement utile !
1 septembre 2020
Avec son drôle de « bec » doté de solides mandibules, la Mouche-scorpion (Panorpa vulgaris) est principalement carnassière. Elle ne chasse pas pour autant et se contente de tailler en pièces les cadavres de rencontre. Notamment les dépouilles de mouches en tous genres.
Cela dit, opportuniste autant qu’audacieuse, elle n’hésite pas à chiper les insectes pris au piège d’une toile d’araignée, au nez et la barbe de la maîtresse des lieux. Surtout si, comme les proies de l’Épeire fasciée par exemple, ils sont « emmaillotés » et prêts à la dégustation…
Tout cela est certes assez peu ragoutant. Mais la Mouche-scorpion sait aussi se faire délicate. Elle apprécie notamment nectar et pollen des fleurs. Puis, avec la fin de l’été, vient le temps d’une de ses principales gourmandises : les mûres ! Un jeu d’enfant pour le rostre que de percer la fine peau noire et luisante des petites drupes. Et d’en aspirer le jus sucré.
30 aout 2017
Dans la série des « petits bleus » du jardin, l’Azuré des anthyllides (Cyaniris semiargus) ne manque pas de sobriquets : Demi-Argus, le Petit bleu indigo, l’Argus violet. Et même parfois Le Mazarin. Non pas en référence au Cardinal, mais bien plutôt à la couleur du mâle : loin du rouge cardinalice, un bleu foncé, tirant sur le violet. Bref, le « Mazarine blue » cher à nos amis anglais.
Ce bleu n’est pas uniforme, mais fortement veiné et bordé de brun puis souligné d’une frange blanche. On retrouve celle-ci chez la femelle dont le dessus des ailes est par ailleurs uniformément brun.
Le revers des ailes est identique pour les deux sexes. Un semis central de taches blanches pointées de noir s’y détache ainsi sur fond beige mâtiné de gris. Avec des suffusions bleutées près de l’abdomen. Mais aucune tache orangée ou noire à la marge. D’où le surnom de Demi-Argus qui souligne cette absence…
27 aout 2020
La Volucelle zonée peut aller se rhabiller ! Oh bien sûr, son costume de frelon fait illusion… quelques instants. Mais il ne soutient guère la comparaison face à celui de l’étrange Milésie faux-félon (Milesia crabroniformis). Surtout en vol.
Avec près de trois centimètres de long, ce syrphe imposant est en effet bluffant lorsqu’il patrouille, lourd et bruyant, de fleur en fleur. Rien à voir avec la silhouette plus massive et la grande vivacité de la volucelle.
Cela dit, là encore, l’illusion se dissipe assez vite. Car, le frelon ne visite pas les fleurs pour leurs sécrétions sucrées : carnassier, il passe de corolle en capitule pour y surprendre et capturer les butineurs. La milésie, elle, prend le temps de s’arrêter et de siroter le nectar !
Du moins, parfaitement inoffensive, laisse-t-elle ainsi admirer son alternance de jaune, de rouille et de noir, depuis le long abdomen jusqu’à la face, en passant par des pattes aux tibias puissants. Il est vrai qu’ainsi affublée, elle ne risque pas d’être agressée !
24 aout 2020
D’une aile l’autre, ledit collier est fortement contrasté sur fond marron, alors qu’il est souvent en partie estompé, voire incomplet chez les femelles d’autres espèces. À noter encore une frange blanche bien marquée et, plus discret, un petit trait noir au centre des antérieures.
Moins uniforme, le revers des ailes présente un semis de taches blanches pupillées de noir, sur un fond beige entièrement bordé de lunules orangées. Cela dit, ailes repliées, la description vaut pour nombre de cousins Argus. Avec toutefois de subtils distinguos, notamment dans la disposition des taches blanches.
21 aout 2020
On songe tout d’abord à l’Abeille charpentière. Mais le noir est moins profond et les ailes, sans reflet bleu métallique, sont simplement légèrement fumées. Voilà plutôt, presqu’aussi bruyant, le Bourdon variable dans sa forme la plus sombre (Bombus humilis tristis).
Car, comme son nom l’indique, sa pilosité varie d’un individu à l’autre. La forme la plus lumineuse - abdomen fauve et thorax roux - est très proche du Bourdon des champs. Mais le brun plus ou moins foncé domine généralement. Avec de multiples combinaisons possibles.
Ici la fourrure du thorax est marron très soutenu. Mâtinée de roux sous le soleil. Et les tergites noirs de l’abdomen sont bordés de poils bruns allant s’éclaircissant vers la pointe.
Le Bourdon variable ne creuse pas de galeries. Il aménage son nid à même le sol. Sous des touffes d’herbes par exemple. Il n’est pas rare de trouver des individus aux fourrures différentes dans une même nichée !
19 aout 2020
D’abord une première couronne centrale de petites fleurs rose lilas : de fines corolles tubulaires enchâssées dans une forêt de longues bractées épineuses. Puis, la première couronne étant fanée, l’épanouissement se poursuit par vagues successives, à la fois vers la pointe et vers la base du capitule.
Les bractées acérées ne découragent pas papillons, bourdons et abeilles sauvages qui, tout au contraire, y prennent appui pour siroter le nectar. La fécondation va bon train. Sous le soleil brûlant, la floraison n’en est que plus éphémère. Bientôt, chaque capitule recèlera plus de 500 petites graines… Pour le régal automnal des chardonnerets.
17 aout 2020
Pas toujours simple d’identifier les abeilles sauvages du jardin ! Du moins celle-ci ne cache-t-elle rien là de la nervation de ses ailes. Ainsi, avec trois cellules cubitales et une nervure basale à peine arquée, voilà bien un Andrène. Oui, mais, lequel ? Peut-être l’Andrène fulvago.
Ce sont les brosses bien peignées des tibias postérieurs qui frappent tout d’abord. Elles retiennent d’autant mieux l’attention que leur couleur orangée tranche sur le noir dominant de cette abeille sauvage de taille moyenne. Un centimètre environ.
Glabre à l’avant, l’abdomen est rythmé de trois bandes blanches, la première étant légèrement interrompue. Il s’achève sur une pointe en brosse brunâtre. Enfin, la face comme les côtés du thorax présentent ici une pilosité courte mais drue, blanchâtre, presque blonde.
Faute de références suffisamment diversifiées sur cette espèce, on l’imagine évidemment solitaire et terricole comme les autres andrènes. Le hasard de nouvelles rencontres permettra peut-être de compléter le portrait…
Retrouvez le fil de la chronique en 2019-2020
Les conseils d'amatxi :
Pensez à mettre un fagot de branches dans les bassins en bétons par temps de grand gel afin d’éviter qu’ils ne fendent.
Faites vos plantations d’arbres et arbustes tant que le sol n’est pas gelé.
Surveillez l'état sanitaire des bulbes et rhizomes mis à l'abri du gel.
Mettez des noyaux de pêche à stratifier.