Les jardins de nos grands-mères

Les jardins de nos aïeules étaient un gai fouillis de plantes aux floraisons généreuses. Dans les campagnes, ils faisaient l’orgueil de nos grands-mères. Pour créer votre jardin en s’inspirant d’un plan des jardins de nos grands-mères, suivez ces quelques conseils.

Il existait autrefois dans nos campagnes deux sortes de jardins :

_Les jardins de maison de maitre avec un jardinier : Là, les massifs étaient rigoureux avec des tracés géométriques. Les plantes utilisées étaient invariablement les mêmes : sauges, agératums, œillets d’Inde, etc.

_ Les jardins de nos grands-parents, souvent des ouvriers ou paysans cultivateurs, dans les années 50, étaient certes modestes, mais leur floraison était souvent exubérante. À cette époque-là, il y avait peu d’argent à dépenser, on faisait appel à des valeurs sures. Les plantations du « jardin d’agrément » étaient confiées à nos grands-mères. C’est le devant de la maison qui lui était dévolu. Les fleurs annuelles choisies étaient issues de semis en pleine terre, de semis spontané, de dons, d’échanges de graines ou de jeunes plants, de boutures ou de drageons. De solides plantes vivaces prenaient aussi place dans ce joyeux décor.

Ici, pas de mode, mais des plantes qui avaient fait leur preuve. Elles adoraient les fleurs comme les nigelles de Damas, les cosmos, la centaurée-bleuet, les zinnias qui, l’année suivant leur plantation, se ressemaient seuls et repartaient à la conquête du jardin. Les fleurs étaient souvent affublées de nom à consonance religieuse comme le cœur de Marie, l’œil du Christ, la trompette des anges, croix de Jérusalem.

D’autres se voyaient attribuer des noms évocateurs : queue de renard, clochette d’Irlande, crête de coq, griffes de sorcière, l’immortelle la plante aux œufs au plat! …

Il est temps de réintroduire dans nos massifs d’été toutes ces fleurs injustement délaissées.

Comment créer des massifs à floraison d’été en s’inspirant des jardins de nos grands-mères ?

Un maitre mot : le fouillis ! Oui, mais un fouillis pensé et organisé.

Le massif est fait de plusieurs strates :

Les plantes de couverture font la première strate. Ce sont les plus nombreuses, elles font de 10 à 40 cm. Elles s’alternent avec plusieurs variétés pour former des graphismes denses et tapissants sur les bords. (alysse corbeille d’or, belle-de-jour, némophile, nolana paradoxa, godétia, carthame officinal, gilia, ect…)

Des plantes que j’appelle intermédiaires représentent la deuxième strate. Elles font de 0m50 à 0, 80 m. (Lavatère annuelle, zinnias, cosmos, pied d’alouette, réséda odorant, salpiglossis etc.… ) Elles sont moins nombreuses et leur implantation dans le massif est pensée pour éviter tout effet d’entassement.

Une troisième strate est occupée par des plantes architecturales. Elles font de 1 m à 2 m de hauteur. Elles sont employées en petit nombre qui varie selon la taille du massif. Des graminées annuelles comme le millet, des plantes à fleurs blanches comme le tabac géant blanc.

Plan de jardin de nos grands-mères

Massif:

1_ Alysse

2_Monopsis unidentata" Blue Papillio

3_Mélampodium

4_Pied d’alouette

5_Reine marguerite » Pompon «

6_Millet ornementale

7_Tournesol

8_Thlaspi

9_Penstémon

10_Nigelle de damas

11_Plante aux œufs aux plat : Limnanthes douglasii

12_Pourpier à grandes fleurs

L'humeur du père Narcisse 

Ha ! c’était mieux autrefois et bio !                             

« Tout ce qui était récolté dans les jardins autrefois était de bien meilleure qualité... » Pourtant... S’il y avait déjà quelques précurseurs dans les années 50 ou 60 qui ne voulaient pas employer ce qu’ils appelaient « la chimie », la majorité des jardiniers utilisaient ce qu’elle pensait être un progrès. Lorsque l’on parcourt les anciens traités de jardinage ou des revues de l’époque, on est effaré par les produits employés. Exemples : « ... en ce qui concerne le doryphore... on y parvient de façon fort efficace avec les bouillies arsenicales, le D. D. T., etc. » « Pour le désherbage, on achètera dans le commerce du bisulfite de soude et on en fera une solution à 45 % ou de l’arsénite de soude à 5 %... la renouée disparaîtra sans aucun doute avec des doses de 8 à 10 % d’acide sulfurique à 65°. »

Nos grands-parents dans leur majorité employaient « les trucs » mis en avant dans une quantité de livres uniquement parce qu’ils ne pouvaient avoir accès aux intrants et produits phytosanitaires pour des raisons économiques.

La vérité c’est que nos jardins sont cultivés en ce début de 21e siècle de façon plus saine que dans les années 40, 50 ou 60 au 20e siècle, mais c’est moins vendeur que la nostalgie !